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les princes sorciers

By: Alb
folder French › Originals
Rating: Adult
Chapters: 32
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Disclaimer: This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
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Joël et Kaël

Un dicton des éphémères dit : les cimetières sont remplis de gens indispensables. Ils ont certainement raison, mais Kaël n’est pas un éphémère et il n’ira donc jamais dans un de leur cimetière.
Il est un prince sorcier et les siens ne meurent pas. Ils laissent la place. C’est ainsi que ça se passe.
Il est trop tôt pour lui. Son projet démarre à peine et il est le seul à pouvoir le mener à terme.
Il réussira.
Ce qui compte, c’est de rester constant, de ne pas perdre de vue l’objectif fixé…

C’est un chien berger qui conduit. Leur chef, fidèle parmi les fidèles. Kaël a oublié son prénom. Ils sont trop nombreux pour qu’il se soucie encore de retenir leur identité. De toute façon, à quoi bon ? Ils finissent toujours par disparaître.
Un autre le remplacera le moment venu. C’est leur destin.

Il est le seul à disposer d’une meute. L’idée lui en est venue après qu’il ait dû admettre son échec sur l’île.
Lorsqu’ils se sont affrontés, ces chiens bergers lui ont donné un avantage certain sur Zhio. Ils ont fait la différence.

La voiture s’arrête devant le petit immeuble de 4 étages qui abrite son bureau. Il se trouve au milieu d’un parking entouré d’entrepôts. Le tout est protégé par un grillage électrifié et des gardes.
- La Cité des temps nouveaux, murmure Kaël, atterré. Comment ai-je pu donner un nom pareil à cet endroit ?
Le chauffeur sort de la voiture et lui ouvre la portière. Kaël lui octroie un sourire tout en s’extrayant de la limousine.
- J’ai un sens de l’humour exécrable, non ?
- S’il s’agit de votre seul défaut, j’ai bien fait de miser sur vous.
Joël, il s’appelle Joël, se souvient subitement le prince sorcier, triomphant. C’est lui qui a ramené Moz.

Il veut subitement en savoir plus. Les éphémères, depuis toujours, sont un mystère pour lui et les siens. Ils savent les manipuler, les transformer en zombies sans volonté, mais il subsiste une part d’ombre en eux.
C’était déjà le cas avant que le parasite venu de l’espace ne les infecte, mais c’est devenu bien plus flagrant depuis.
- Pourquoi es-tu avec moi ? demande-t-il à Joël. Pourquoi acceptes-tu de me suivre.
L’homme a un sourire entendu.
- Il n’y a pas de pourquoi, fait-il. Pourquoi ? C’est une question pour les gogos, ça sert à rien… Disons qu’il vaut mieux être un chien qu’un mouton. En tout cas, moi, ça me convient.
Kaël secoue la tête de droite à gauche, perplexe. Joël éclate alors d’un rire tonitruant.
Il redevient sérieux et explique :
- Avant de vous rencontrer, je n’étais rien. Il n’y avait pas d’avenir pour moi, aucune reconnaissance de mes efforts, aucun espoir en quoi que ce soit… Juste une vie à remplir.
Il réfléchit avant d’ajouter :
- Quand je vois un film ou une série à la télé, je me sens toujours plus proche des méchants que des gentils. Je déteste les gentils. Ils sont chiants… Ils m’ennuient. Alors, quand un vrai méchant vient me dire qu’il a besoin de mes services, je ne vais pas faire l’erreur de refuser.
Kaël n’est pas satisfait.
- Tu n’as pas mieux ? insiste-il.
- Je préfère ouah ouah à bêêêeee, plaisante le chauffeur.
Aussitôt après avoir dit ça, il semble mal à l’aise. Ses yeux plongent vers le sol avant qu’il ne laisse échapper en un chuchotement à peine perceptible :
- Tu as donné un sens à ma vie. Tu es le doigt qui indique la direction. Peu importe la direction, c’est le doigt qui compte.
Kaël ne dit rien. Il contemple l’homme. Il n’a rien de particulier. Pourtant, il est unique, comme tous les éphémères, malgré leur nombre.
C’est grâce au parasite qui a détruit mon peuple.
Il opte finalement pour un hochement de tête, comme s’il venait de comprendre ce que l’autre disait, avant de s’éloigner, se dirigeant vers l’entrée du bâtiment.
En réalité, il n’a rien compris. Il ne comprendra jamais un éphémère.
Ainsi sont les bergers, se dit-il. Ils ignorent ce qui fait avancer le troupeau.

Silona a toujours été dirigé par la Gauche. Toujours signifie depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Ce qu’il a baptisé la Cité des Temps nouveaux est ce qui subsiste des ambitions d’une équipe motivée, se heurtant aux réalités d’un monde trop différent de leur idéal. Il s’agit d’une zone artisanale, construite aux frais du contribuable et qui n’a jamais accueilli le moindre artisan.
La municipalité a fini par jeter l’éponge en le louant pour une bouchée de pain à Kaël.
Il n’y a toujours aucun artisan. Juste un berger, ses chiens et son troupeau. Vu de l’extérieur : un petit malin comme il en existe tant qui a décidé de s’enrichir en fondant une secte.

Y a-t-il plus ?
Le genre de plus qui attire l’attention de ceux dont c’est le métier ?
La question a été posée. La réponse, c’est une surveillance discrète de ses activités par les services de l’Etat.
Ils sont deux. Le premier attend la retraite avec impatience et évite de faire la moindre vague pour ce qui sera certainement sa dernière mission. Silona est une petite ville agréable et il se considère en préretraite.
Le second vient de débuter. Il compte faire carrière et fait donc comme son collègue, en attendant le poste où il saura briller aux yeux de sa hiérarchie.
Kaël les connaît. Il les juge inoffensifs et les laisse faire.
Les rapports doivent se suivre, s’accumuler dans un bureau quelconque sans que personne n’y jette un coup d’œil. Ils finiront aux archives.
Renouveau Spirituel est une secte parmi d’autres. Kaël, un gourou parmi d’autres. Il ne fait de l’ombre à personne d’important.
Tout va bien.
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