Remonter à la surface
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French › Originals
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Chapitre 11
CHAPITRE 11
Mathilda, la barmaid, suivit Noah des yeux jusqu’à ce que le petit brun franchisse la porte du bureau de leur patron. Elle finit d’essuyer un verre qu’elle posa ensuite sur l’étagère en fer et miroir derrière elle. Comme tout le monde dans le club, elle avait remarqué l’absence de Noah ces trois derniers jours, c’était quelque chose qui ne passait pas inaperçu. En glanant des informations, elle avait compris que le garçon avait été mis en ‘arrêt maladie’ à cause d’une petite blessure et qu’il ne devait pas remettre les pieds ici avant le week-end suivant. Sid donnait rarement congé à ses employés, alors quand ça arrivait, personne n’était assez fou pour revenir ne serait-ce qu’une seconde avant la fin de leur temps libre. Voir Noah présent était donc assez troublant.
Elle appuya ses avant-bras sur le comptoir et se pencha vers Jin.
_ « Ne me dis pas que le travail lui manquait, pourquoi est-ce qu’il est déjà de retour ? »
Le Japonais n’avait pas quitté la porte des yeux. Il aurait donné n’importe quoi pour être avec Noah à ce moment précis.
La jeune femme constata que Jin ne faisait pas attention à elle, et claqua des doigts devant son nez pour y remédier.
_ « Tu disais ? » La questionna-t-il.
Elle se contenta de faire un mouvement du menton en direction du bureau de Sid.
_ « Il a des emmerdes. »
Mathilda écarquilla les yeux. Non, Noah n’avait jamais d’emmerdes, il savait toujours s’en tirer, Dieu seul sait comment.
Devant l’expression interrogative de la barmaid, Jin continua :
_ « Il fricotte, quelqu’un l’a vu, l’a reporté à Sid, Sid l’a convoqué… »
_ « Oh my God…C’est pour ça qu’il avait pas l’air 100% rassuré. »
Le jeune homme aux cheveux noirs secoua la tête. Il posa à son tour les bras sur le comptoir et y plaça son menton.
_ « Je lui ai menti…hier j’ai entendu la conversation du patron et de son indic’. Quand Sid a entendu ça, j’ai vu une lueur de rage s’allumait dans ses yeux. J’ai compris que Noah y était vraiment cette fois. »
Mathilda versa le contenu d’un shaker dans un verre et lui tendit le cocktail. Jin posa une main sur le pied du verre.
_ « Sid m’a demandé de dire à Noah qu’il l’attendait ce soir. Et quand j’ai fais passé le message, je lui ai dit que je savais pas pourquoi…je ne voulais pas qu’il panique encore plus. »
Il remua la paille dans son verre puis soupira lourdement.
_ « Tu crois que j’ai mal fait ? »
La jeune femme haussa les épaules en signe d’ignorance. Le Japonais laissa tomber sa tête sur son bras et refocalisa son regard sur la porte.
La tension montait de plus en plus au fil de ses pas. Noah avançait vers la porte du bureau de Sid. Il n’osa pas se retourner de peur de voir une expression peu encourageante sur le visage de Jin. Il posa la main sur la clenche. Son cœur battait beaucoup trop vite à son goût. Il prit une grande inspiration et ouvrit la porte. Il entra dans l’entre chambre du bureau. Comme à l’accoutumée, deux hommes habillés de noir se tenaient devant la double porte menant à Sid.
Le garçon s’avança jusque devant la porte puis fut forcé de stopper quand un des deux gardes posa une main sur son épaule, lui intimant silencieusement de s’arrêter. Le second franchit la porte.
Noah resta sans bouger, le regard fixé devant lui, une expression défaitiste sur son visage. Puis la porte s’ouvrit et une voix lui parvint.
_ « Entre. » C’était un ordre, pas une invitation.
Automatiquement, le petit brun avança et alla se placer en face de Sid, l’homme était assis dans son siège dans une position détendue qui ne trompa pas Noah. Après avoir fixé son garçon pendant quelques instants, Sid se leva, fit le tour de son bureau et vint se placer derrière lui.
_ « Noah… » Dit-il d’une voix chantante « Noah, Noah, Noah…qu’est-ce que je vais faire de toi, dis moi ? »
Il posa ses deux mains sur les épaules du garçon et se pencha pour lui parler à l’oreille.
_ « Tu sais de quoi je parle évidement. »
Noah reprit enfin un peu de courage et se décida à parler.
_ « Pourquoi vouliez-vous me voir Sid ? » dit-il, feignant l’innocence.
L’homme eut un rire sans joie, ironique.
_ « Mon petit…cesses donc de jouer. Je sais que tu sais, et je sais aussi que tu n’es pas stupide. Donc arrête ton petit jeu. »
Noah regarda son patron dans les yeux et avala difficilement sa salive.
_ « Dis moi, toi qui est si brillant, tu croyais vraiment que cette histoire allait passer inaperçue ? »
Le garçon était retombé dans son mutisme.
_ « Crois-tu que je vous laisse vous balader en toute liberté sans vous tenir à l’œil ? Me prends-tu pour un imbécile ? »
_ « Non Sid ! » Sur ce coup là, il eut le réflexe chanceux de répondre.
_ « Alors qu’est-ce que tu comptais faire ? Sortir avec ce garçon, comme si tu étais un adolescent normal ? Comme c’est touchant… » Le visage de Sid affichait désormais un sourire mi-sarcastique, mi-coléreux.
Dans la seconde qui suivit, il eut sa réponse, quoi que totalement inattendue. Noah commença à rire. Mais pas le rire joyeux dont il gratifiait ses amis. Un rire froid, presque machiavélique, la tête rejetée en arrière dans une attitude totalement pédante.
_ « Sid, croyez-vous vraiment que je suis du genre à avoir un petit ami ? Qui plus est un garçon de bonne famille comme celui-là ? Savez-vous qui je suis ? » Un rictus sardonique se dessina sur ses lèvres, l’expression de son regard avait changé. Ses grands yeux bleu-nuit brillaient d’une étincelle étrange et son regard était froid et hautain. Il avait posé une main sur sa hanche, l’autre pendait dans le vide, cette posture l’obligeait à se déhancher légèrement.
Sid sourit à son tour, son sourire à lui paraissait plutôt illuminé, comme s’il venait de comprendre quelque chose.
_ « Qu’es-tu entrain de me dire Noah ? »
_ « Je vous dit simplement que j’avais trouvé le pigeon idéal…j’ai su de source sûre qu’il avait eu un coup de foudre pour moi, j’en ai jouais tout simplement. »
Sid recula lentement, et l’air pensif, il retourna s’asseoir à son bureau.
_ « Tu essayes de me dire que tout ça n’était qu’un…coup monté ? Tu me prends vraiment pour un con… »
_ « Voyons…réfléchissez. Sa famille est plutôt aisée, je le vois bien dans le genre de vêtements que lui ou sa sœur portent, ou dans les accessoires qu’ils ont. Il rêve de sortir avec moi. Je joue le jeu, je le rends dépendant de moi et quand il est accro, je lui avoue que notre relation est trop dangereuse, que je suis un prostitué et que je ne peux pas risquer de continuer à le voir sans me faire payer… »
Le visage de Noah gardait la même expression. Un sourire insolent sur ses lèvres. Une sorte de confiance en soi qui passerait plus pour une grande estime, voir du narcissisme s’échappait de son attitude. Il ne cillait pas sous le regard inquisiteur de son patron. Il était sincère.
Les yeux de Sid s’écarquillèrent, une lumière de satisfaction les éclaira. Se pourrait-il que ce garçon soit aussi distant et réfléchi ?
_ « Comme une Veuve Noire Sid…Ce garçon est tellement naïf que ça en devient presque risible ! Je pourrais lui faire payer la moindre minute passée avec moi…et au prix fort. » Sourit Noah.
Ce fut au tour de Sid d’éclater de rire. Pendant une bonne minute, la pièce fut remplie par les rires du quinquagénaire. Quand il reprit son sérieux, son regard se fixa dans celui de Noah.
_ « Que comptais-tu faire avec cet argent ? »
_ « Mes propres profits…je sais que c’est interdit, mais j’avais trouvé le bon filon. »
_ « Mm Mm… » Se contenta de répondre l’homme.
Le silence retomba. Sid s’appuya contre le dossier de son siège en fixant le garçon. Celui-ci le regardait droit dans les yeux, sûr de lui et ses mots.
_ « Tu vas abandonner cette idée Noah. Je t’interdis de te faire utiliser par autres que tes clients tu m’as compris ? »
Noah soupira et prit un air buté. Il savait que Sid voulait que ses garçons se ‘préservent’ pour les clients qu’il leurs attribuaient.
_ « Très bien… » Dit-il en baissant les yeux.
_ « C’est la deuxième fois en une semaine que tu me crées des problèmes Noah, tu sais que je n’aime pas ça. »
_ « C’est la dernière fois Sid. »
_ » Je l’espère pour toi. Et je veux que tu reprennes demain soir. » Sur ces derniers mots, il fit pivoter son siège vers le mur derrière lui et ne se retourna plus. Noah prit ce geste pour une invitation à s’en aller et sortit de la pièce.
Le garde devant la porte le regarda de la tête aux pieds quand il sortit, puis referma la porte derrière le garçon. Sans crainte, Noah le fixa dans les yeux.
_ « Un problème ? » demanda-t-il éffrontement.
Le garde ne cilla pas, et se contenta de l’observer, les bras croisés sur sa poitrine, à travers ses lunettes noires.
Noah eut un petit ricanement et lui tourna le dos. Il attrapa la poignée de la seconde porte, l’ouvrit et sortit. Avant de la refermer, il lança un dernier regard au garde, lui fit un petit signe de la main en passant sa langue sur ses lèvres d’une façon suggestive. Quand il vit un rictus pervers apparaître sur les lèvres de l’homme en noir, il referma la porte.
La porte de la ‘salle d’attente’ du bureau de Sid s’ouvrit. En un saut, Jin fut en bas de son siège. Il resta debout sur place, le cœur battant. Noah en sortit peu de temps après, il le vit se tourner et faire face à quelque chose ou quelqu’un à l’intérieur, puis refermer la porte derrière lui. Rassuré de ne pas voir Noah couvert de bleus, il avança rapidement vers lui.
Noah s’appuya contre le mur adjacent à la porte. Il prit une grande inspiration et cacha son visage dans ses mains.
Le jeune homme asiatique vit Noah se prendre la tête dans les mains. On aurait dit qu’il était sur le point de pleurer. « Pas étonnant… » Se dit Jin. Il accéléra le pas.
Le petit brun ne bougeait pas. Il restait le visage enfoui dans ses mains, aucun sanglot ne s’échappait de lui, il ne pleurait pas.
Jin arriva devant lui et posa une main sur la tête de Noah. Celui-ci fit glisser lentement, très lentement ses mains sur chaque parcelle de son visage, comme pour en retirer de la peinture ou un masque.
Il regarda Jin d’un air épuisé, mais ses traits avaient retrouvés leurs expressions habituelles. Son regard cynique et froid était redevenu doux et calme, ses lèvres n’affichaient plus ce rictus ironique et sa posture était redevenue hésitante.
Le Japonais lui caressa la joue du dos de sa main.
_ « Comment ça s’est passé ? » Lui demanda-t-il, pas sûr de lui.
_ « C’était pas moi là-dedans… » Répondit Noah timidement avant d’enfouir son visage dans le torse de son meilleur ami.
Ce dernier le prit dans ses bras et les fit s’éloigner du bureau. Il aurait du s’en douter. Noah n’aurait pas réussi à surmonter ça sans ‘lui’. A chaque fois qu’il devait faire face à des choses trop dures pour lui, c’était ‘lui’ qui s’en occupait. Sa personnalité adjacente, le Noah de la nuit.
Jin secoua la tête en amenant Noah dehors. Il avait beau savoir, ça lui faisait toujours un choc de voir son petit frère agir comme ça. « Enfin… » Se dit-il « à chacun sa façon de gérer sa conscience… ».
Mathilda, la barmaid, suivit Noah des yeux jusqu’à ce que le petit brun franchisse la porte du bureau de leur patron. Elle finit d’essuyer un verre qu’elle posa ensuite sur l’étagère en fer et miroir derrière elle. Comme tout le monde dans le club, elle avait remarqué l’absence de Noah ces trois derniers jours, c’était quelque chose qui ne passait pas inaperçu. En glanant des informations, elle avait compris que le garçon avait été mis en ‘arrêt maladie’ à cause d’une petite blessure et qu’il ne devait pas remettre les pieds ici avant le week-end suivant. Sid donnait rarement congé à ses employés, alors quand ça arrivait, personne n’était assez fou pour revenir ne serait-ce qu’une seconde avant la fin de leur temps libre. Voir Noah présent était donc assez troublant.
Elle appuya ses avant-bras sur le comptoir et se pencha vers Jin.
_ « Ne me dis pas que le travail lui manquait, pourquoi est-ce qu’il est déjà de retour ? »
Le Japonais n’avait pas quitté la porte des yeux. Il aurait donné n’importe quoi pour être avec Noah à ce moment précis.
La jeune femme constata que Jin ne faisait pas attention à elle, et claqua des doigts devant son nez pour y remédier.
_ « Tu disais ? » La questionna-t-il.
Elle se contenta de faire un mouvement du menton en direction du bureau de Sid.
_ « Il a des emmerdes. »
Mathilda écarquilla les yeux. Non, Noah n’avait jamais d’emmerdes, il savait toujours s’en tirer, Dieu seul sait comment.
Devant l’expression interrogative de la barmaid, Jin continua :
_ « Il fricotte, quelqu’un l’a vu, l’a reporté à Sid, Sid l’a convoqué… »
_ « Oh my God…C’est pour ça qu’il avait pas l’air 100% rassuré. »
Le jeune homme aux cheveux noirs secoua la tête. Il posa à son tour les bras sur le comptoir et y plaça son menton.
_ « Je lui ai menti…hier j’ai entendu la conversation du patron et de son indic’. Quand Sid a entendu ça, j’ai vu une lueur de rage s’allumait dans ses yeux. J’ai compris que Noah y était vraiment cette fois. »
Mathilda versa le contenu d’un shaker dans un verre et lui tendit le cocktail. Jin posa une main sur le pied du verre.
_ « Sid m’a demandé de dire à Noah qu’il l’attendait ce soir. Et quand j’ai fais passé le message, je lui ai dit que je savais pas pourquoi…je ne voulais pas qu’il panique encore plus. »
Il remua la paille dans son verre puis soupira lourdement.
_ « Tu crois que j’ai mal fait ? »
La jeune femme haussa les épaules en signe d’ignorance. Le Japonais laissa tomber sa tête sur son bras et refocalisa son regard sur la porte.
La tension montait de plus en plus au fil de ses pas. Noah avançait vers la porte du bureau de Sid. Il n’osa pas se retourner de peur de voir une expression peu encourageante sur le visage de Jin. Il posa la main sur la clenche. Son cœur battait beaucoup trop vite à son goût. Il prit une grande inspiration et ouvrit la porte. Il entra dans l’entre chambre du bureau. Comme à l’accoutumée, deux hommes habillés de noir se tenaient devant la double porte menant à Sid.
Le garçon s’avança jusque devant la porte puis fut forcé de stopper quand un des deux gardes posa une main sur son épaule, lui intimant silencieusement de s’arrêter. Le second franchit la porte.
Noah resta sans bouger, le regard fixé devant lui, une expression défaitiste sur son visage. Puis la porte s’ouvrit et une voix lui parvint.
_ « Entre. » C’était un ordre, pas une invitation.
Automatiquement, le petit brun avança et alla se placer en face de Sid, l’homme était assis dans son siège dans une position détendue qui ne trompa pas Noah. Après avoir fixé son garçon pendant quelques instants, Sid se leva, fit le tour de son bureau et vint se placer derrière lui.
_ « Noah… » Dit-il d’une voix chantante « Noah, Noah, Noah…qu’est-ce que je vais faire de toi, dis moi ? »
Il posa ses deux mains sur les épaules du garçon et se pencha pour lui parler à l’oreille.
_ « Tu sais de quoi je parle évidement. »
Noah reprit enfin un peu de courage et se décida à parler.
_ « Pourquoi vouliez-vous me voir Sid ? » dit-il, feignant l’innocence.
L’homme eut un rire sans joie, ironique.
_ « Mon petit…cesses donc de jouer. Je sais que tu sais, et je sais aussi que tu n’es pas stupide. Donc arrête ton petit jeu. »
Noah regarda son patron dans les yeux et avala difficilement sa salive.
_ « Dis moi, toi qui est si brillant, tu croyais vraiment que cette histoire allait passer inaperçue ? »
Le garçon était retombé dans son mutisme.
_ « Crois-tu que je vous laisse vous balader en toute liberté sans vous tenir à l’œil ? Me prends-tu pour un imbécile ? »
_ « Non Sid ! » Sur ce coup là, il eut le réflexe chanceux de répondre.
_ « Alors qu’est-ce que tu comptais faire ? Sortir avec ce garçon, comme si tu étais un adolescent normal ? Comme c’est touchant… » Le visage de Sid affichait désormais un sourire mi-sarcastique, mi-coléreux.
Dans la seconde qui suivit, il eut sa réponse, quoi que totalement inattendue. Noah commença à rire. Mais pas le rire joyeux dont il gratifiait ses amis. Un rire froid, presque machiavélique, la tête rejetée en arrière dans une attitude totalement pédante.
_ « Sid, croyez-vous vraiment que je suis du genre à avoir un petit ami ? Qui plus est un garçon de bonne famille comme celui-là ? Savez-vous qui je suis ? » Un rictus sardonique se dessina sur ses lèvres, l’expression de son regard avait changé. Ses grands yeux bleu-nuit brillaient d’une étincelle étrange et son regard était froid et hautain. Il avait posé une main sur sa hanche, l’autre pendait dans le vide, cette posture l’obligeait à se déhancher légèrement.
Sid sourit à son tour, son sourire à lui paraissait plutôt illuminé, comme s’il venait de comprendre quelque chose.
_ « Qu’es-tu entrain de me dire Noah ? »
_ « Je vous dit simplement que j’avais trouvé le pigeon idéal…j’ai su de source sûre qu’il avait eu un coup de foudre pour moi, j’en ai jouais tout simplement. »
Sid recula lentement, et l’air pensif, il retourna s’asseoir à son bureau.
_ « Tu essayes de me dire que tout ça n’était qu’un…coup monté ? Tu me prends vraiment pour un con… »
_ « Voyons…réfléchissez. Sa famille est plutôt aisée, je le vois bien dans le genre de vêtements que lui ou sa sœur portent, ou dans les accessoires qu’ils ont. Il rêve de sortir avec moi. Je joue le jeu, je le rends dépendant de moi et quand il est accro, je lui avoue que notre relation est trop dangereuse, que je suis un prostitué et que je ne peux pas risquer de continuer à le voir sans me faire payer… »
Le visage de Noah gardait la même expression. Un sourire insolent sur ses lèvres. Une sorte de confiance en soi qui passerait plus pour une grande estime, voir du narcissisme s’échappait de son attitude. Il ne cillait pas sous le regard inquisiteur de son patron. Il était sincère.
Les yeux de Sid s’écarquillèrent, une lumière de satisfaction les éclaira. Se pourrait-il que ce garçon soit aussi distant et réfléchi ?
_ « Comme une Veuve Noire Sid…Ce garçon est tellement naïf que ça en devient presque risible ! Je pourrais lui faire payer la moindre minute passée avec moi…et au prix fort. » Sourit Noah.
Ce fut au tour de Sid d’éclater de rire. Pendant une bonne minute, la pièce fut remplie par les rires du quinquagénaire. Quand il reprit son sérieux, son regard se fixa dans celui de Noah.
_ « Que comptais-tu faire avec cet argent ? »
_ « Mes propres profits…je sais que c’est interdit, mais j’avais trouvé le bon filon. »
_ « Mm Mm… » Se contenta de répondre l’homme.
Le silence retomba. Sid s’appuya contre le dossier de son siège en fixant le garçon. Celui-ci le regardait droit dans les yeux, sûr de lui et ses mots.
_ « Tu vas abandonner cette idée Noah. Je t’interdis de te faire utiliser par autres que tes clients tu m’as compris ? »
Noah soupira et prit un air buté. Il savait que Sid voulait que ses garçons se ‘préservent’ pour les clients qu’il leurs attribuaient.
_ « Très bien… » Dit-il en baissant les yeux.
_ « C’est la deuxième fois en une semaine que tu me crées des problèmes Noah, tu sais que je n’aime pas ça. »
_ « C’est la dernière fois Sid. »
_ » Je l’espère pour toi. Et je veux que tu reprennes demain soir. » Sur ces derniers mots, il fit pivoter son siège vers le mur derrière lui et ne se retourna plus. Noah prit ce geste pour une invitation à s’en aller et sortit de la pièce.
Le garde devant la porte le regarda de la tête aux pieds quand il sortit, puis referma la porte derrière le garçon. Sans crainte, Noah le fixa dans les yeux.
_ « Un problème ? » demanda-t-il éffrontement.
Le garde ne cilla pas, et se contenta de l’observer, les bras croisés sur sa poitrine, à travers ses lunettes noires.
Noah eut un petit ricanement et lui tourna le dos. Il attrapa la poignée de la seconde porte, l’ouvrit et sortit. Avant de la refermer, il lança un dernier regard au garde, lui fit un petit signe de la main en passant sa langue sur ses lèvres d’une façon suggestive. Quand il vit un rictus pervers apparaître sur les lèvres de l’homme en noir, il referma la porte.
La porte de la ‘salle d’attente’ du bureau de Sid s’ouvrit. En un saut, Jin fut en bas de son siège. Il resta debout sur place, le cœur battant. Noah en sortit peu de temps après, il le vit se tourner et faire face à quelque chose ou quelqu’un à l’intérieur, puis refermer la porte derrière lui. Rassuré de ne pas voir Noah couvert de bleus, il avança rapidement vers lui.
Noah s’appuya contre le mur adjacent à la porte. Il prit une grande inspiration et cacha son visage dans ses mains.
Le jeune homme asiatique vit Noah se prendre la tête dans les mains. On aurait dit qu’il était sur le point de pleurer. « Pas étonnant… » Se dit Jin. Il accéléra le pas.
Le petit brun ne bougeait pas. Il restait le visage enfoui dans ses mains, aucun sanglot ne s’échappait de lui, il ne pleurait pas.
Jin arriva devant lui et posa une main sur la tête de Noah. Celui-ci fit glisser lentement, très lentement ses mains sur chaque parcelle de son visage, comme pour en retirer de la peinture ou un masque.
Il regarda Jin d’un air épuisé, mais ses traits avaient retrouvés leurs expressions habituelles. Son regard cynique et froid était redevenu doux et calme, ses lèvres n’affichaient plus ce rictus ironique et sa posture était redevenue hésitante.
Le Japonais lui caressa la joue du dos de sa main.
_ « Comment ça s’est passé ? » Lui demanda-t-il, pas sûr de lui.
_ « C’était pas moi là-dedans… » Répondit Noah timidement avant d’enfouir son visage dans le torse de son meilleur ami.
Ce dernier le prit dans ses bras et les fit s’éloigner du bureau. Il aurait du s’en douter. Noah n’aurait pas réussi à surmonter ça sans ‘lui’. A chaque fois qu’il devait faire face à des choses trop dures pour lui, c’était ‘lui’ qui s’en occupait. Sa personnalité adjacente, le Noah de la nuit.
Jin secoua la tête en amenant Noah dehors. Il avait beau savoir, ça lui faisait toujours un choc de voir son petit frère agir comme ça. « Enfin… » Se dit-il « à chacun sa façon de gérer sa conscience… ».