les princes sorciers
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French › Originals
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Adult
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32
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Kaël et Moz
11. Kaël et Moz
Kaël trône derrière un bureau imposant, tout de noir, et contemple le vieil homme qui se tient devant lui avec un mélange de compassion et de mépris.
Derrière lui, une grande baie vitrée montre les toits en tôle ondulée de la Cité des Temps nouveaux.
Deux de ses hommes, vêtus de noir, les yeux vides, zombies dociles et immobiles, encadrent le vieillard.
- Il a fallu des années pour te trouver, Moz, fait Kaël.
- Qu’ai-je donc pu faire pour mériter un tel effort ? rétorque le vieil homme d’une voix sarcastique.
Kaël laisse échapper un long soupir nostalgique. Il songe au passé, lorsqu’ils étaient encore tous unis face à l’adversité, avant que tout ne s’écroule et les laisse sans objectif, ni avenir.
- Tu n’es plus avec Rhon ? finit-il par demander.
- Tu n’es plus avec Zhio ? persifle Moz.
Kaël a un petit sourire triste. Il laisse un petit temps de silence s’installer avant de dire :
- Tu te cloîtrais dans une vieille maison perdue dans les Vosges, loin des éphémères et des tiens, loin de tes responsabilités, considérant que ton désespoir te donne tous les droits, y compris négliger tes devoirs… Tu es un prince sorcier.
- Ça sonne comme une accusation, rétorque Moz d’un ton amusé. C’est vrai, je suis un prince sorcier, comme toi… Mais moi, je n’ai pas trahi.
- Tu trahis, en renonçant.
Moz éclate d’un petit rire sarcastique.
Kaël laisse échapper un soupir découragé.
- Notre nombre est fini, dit-il. Il ne changera jamais… Nous sommes trop peu nombreux pour accepter que l’un de nous cherche à échapper à ses devoirs.
Moz secoue la tête d’un air accablé, comme assailli par un flot d’inepties.
- Es-tu le mieux placé pour me faire la leçon ?
Kaël ne réagit pas. Une image en provenance du passé, profondément enfouie en lui, vient de resurgir : Zhio qui le contemple avec adoration après qu’il ait dit : Il nous faut réagir. Et il entend distinctement le chuchotement de Joël qui lui dit : Peu importe la direction, c’est le doigt qui compte.
Je ne comprends pas les éphémères, songe-t-il. Mais les miens non plus, je ne les comprends pas.
Kaël revient au présent.
- Tu es déjà convaincu, fait-il. Tu n’es que le dernier d’une liste, celle des nôtres qui ont accepté de laisser leur place.
Il respire un grand coup avant d’ajouter :
- Jadis, nous étions les gardiens. Notre mission était simple : veiller sur les éphémères. Te souviens-tu de cette époque, lorsque notre vie avait encore un sens ? Crois-tu que les anciens seraient fiers de voir ce que nous sommes devenus ?
Moz relève la tête et se métamorphose. Il n’est plus un vieillard, anéanti par le poids des années, vaincu par le désespoir, mais un prince sorcier. D’un mouvement des bras, sans y penser, il repousse au loin les deux zombies qui l’encadrent.
Il avance vers Kaël qui a gardé son aspect humain, le dominant de toute sa taille, avant de se pencher vers lui, les yeux brûlants d’un ressentiment que rien ne parait pouvoir éteindre.
- Nous te devons notre échec, s’écrie-t-il, furieux. Aucun de nous ne l’a oublié. Tu parles des anciens ? Que penseraient-ils de ce que tu as fait, toi ?
Il serre les poings avec force, sans prendre garde aux deux zombies qui se relèvent avec lenteur, tout en restant à distance respectueuse des deux démons qui s’affrontent.
- Tu nous as rendu l’espoir, je te le concède, fait encore Moz d’une voix redevenue calme. C’est toi qui nous as baptisés de ce sobriquet ridicule dont nous nous sommes tout de suite emparés : princes sorciers. Nous n’avions plus rien. Tu nous as donné ça : une identité. Et aussi un objectif. Pourquoi as-tu tout détruit ? Je n’arrive pas à croire que ce soit à cause d’un éphémère.
- Je n’ai jamais perdu espoir, Moz. Cela n’arrivera jamais… J’ai simplement changé mes plans, et aussi commis une erreur en me battant contre Zhio. Crois-tu que je l’ignore ?
Moz lève les yeux au ciel sans rien dire.
- Pourquoi ne t’es-tu pas défendu ? lui demande alors Kaël. Tu aurais pu te débarrasser des éphémères que je t’ai envoyés sans même y penser. Tu ne l’as pas fait. Tu as accepté de les suivre. Pourquoi ?
- Est-il utile d’en discuter ? sourit Moz.
Après ces mots, il reprend son aspect de vieillard et revient à sa place, entre les deux zombies. C’est un signe de reddition, se dit Kaël en le suivant du regard.
- Pourquoi es-tu venu me déranger ? lui demande Moz. Que veux-tu ? Que j’intercède en ta faveur auprès des autres ? Si c’est ça ton idée, tu es stupide. D’abord parce qu’ils t’évitent, ensuite parce que je n’ai plus aucun contact avec eux. Je les fuis…
- Même Rhon ?
- Surtout Rhon.
Kaël réprime un sourire avant de dire :
- Il est étrange que tu me voies comme un problème alors que je suis la solution. Je viens te libérer d’une charge que tu ne désires plus remplir. Laisse la place.
Moz lui rie au nez.
Kaël secoue la tête avec pitié avant d’ajouter :
- L’espoir, c’est l’avenir. Toi, tu n’es que l’empreinte d’un passé révolu. Ces deux mots, espoir et avenir, n’ont aucun sens pour toi.
- L’empreinte d’un passé révolu, répète Moz. Quel compliment. Nous le sommes tous, une empreinte. Ce monde n’est plus le nôtre. C’est celui des éphémères désormais et nous n’y avons plus notre place. Nous n’avons pas seulement échoué, Kaël, nous avons aussi tout perdu. Tu oublies l’essentiel : nous ignorons notre passé. Nous ne savons rien sur les éphémères, rien sur notre race, rien sur ce qui s’est vraiment passé cette nuit-là… Accepte cette réalité et renonce.
- Je n’ai pas perdu l’espoir, fait Kaël. Toi, oui…
Moz lui envoie un regard peu amène, mais reste silencieux, comme résigné.
- Tu es venu à moi parce que je représente un avenir potentiel, dit Kaël. Il n’est question ni de toi, ni de moi. Il est juste question de demain. Or, demain, c’est désormais au-delà de tes possibilités. Tu n’en rêves même plus. C’est parce que tu le sais que tu es ici. C’est à ça que tu dois répondre. Pas à mes projets, pas à notre passé… Non, juste demain, et tu n’y as pas ta place.
Kaël reprend sa respiration avant de faire :
- Alors, qu’as-tu à proposer, vieil homme, si ce n’est de laisser la place ?
Moz éclate une nouvelle fois de rire.
- Tu es fou, dit-il finalement. Tu l’as toujours été… En tout cas, je ne t’en veux pas suffisamment pour accepter ta proposition. Tu cours après une illusion, mais je t’accorde que je n’en ai aucune, moi. Alors, accroche-toi à cette illusion. Il n’y en aura plus d’autre après, quand tu l’auras perdu.
Il baisse la tête avant d’ajouter :
- Tout ça est pesant, sans intérêt. Je suis fatigué, j’en ai assez.
- Tu acceptes, alors ?
Moz a un petit sourire avant de faire non de la tête.
- Disons que je vais y réfléchir.
Il éclate une nouvelle fois de rire en voyant la tête désappointée de Kaël.
- Tu n’es qu’un vieillard sans avenir, s’écrie ce dernier, furieux.
- Et toi, un gosse sans repères…
Kaël trône derrière un bureau imposant, tout de noir, et contemple le vieil homme qui se tient devant lui avec un mélange de compassion et de mépris.
Derrière lui, une grande baie vitrée montre les toits en tôle ondulée de la Cité des Temps nouveaux.
Deux de ses hommes, vêtus de noir, les yeux vides, zombies dociles et immobiles, encadrent le vieillard.
- Il a fallu des années pour te trouver, Moz, fait Kaël.
- Qu’ai-je donc pu faire pour mériter un tel effort ? rétorque le vieil homme d’une voix sarcastique.
Kaël laisse échapper un long soupir nostalgique. Il songe au passé, lorsqu’ils étaient encore tous unis face à l’adversité, avant que tout ne s’écroule et les laisse sans objectif, ni avenir.
- Tu n’es plus avec Rhon ? finit-il par demander.
- Tu n’es plus avec Zhio ? persifle Moz.
Kaël a un petit sourire triste. Il laisse un petit temps de silence s’installer avant de dire :
- Tu te cloîtrais dans une vieille maison perdue dans les Vosges, loin des éphémères et des tiens, loin de tes responsabilités, considérant que ton désespoir te donne tous les droits, y compris négliger tes devoirs… Tu es un prince sorcier.
- Ça sonne comme une accusation, rétorque Moz d’un ton amusé. C’est vrai, je suis un prince sorcier, comme toi… Mais moi, je n’ai pas trahi.
- Tu trahis, en renonçant.
Moz éclate d’un petit rire sarcastique.
Kaël laisse échapper un soupir découragé.
- Notre nombre est fini, dit-il. Il ne changera jamais… Nous sommes trop peu nombreux pour accepter que l’un de nous cherche à échapper à ses devoirs.
Moz secoue la tête d’un air accablé, comme assailli par un flot d’inepties.
- Es-tu le mieux placé pour me faire la leçon ?
Kaël ne réagit pas. Une image en provenance du passé, profondément enfouie en lui, vient de resurgir : Zhio qui le contemple avec adoration après qu’il ait dit : Il nous faut réagir. Et il entend distinctement le chuchotement de Joël qui lui dit : Peu importe la direction, c’est le doigt qui compte.
Je ne comprends pas les éphémères, songe-t-il. Mais les miens non plus, je ne les comprends pas.
Kaël revient au présent.
- Tu es déjà convaincu, fait-il. Tu n’es que le dernier d’une liste, celle des nôtres qui ont accepté de laisser leur place.
Il respire un grand coup avant d’ajouter :
- Jadis, nous étions les gardiens. Notre mission était simple : veiller sur les éphémères. Te souviens-tu de cette époque, lorsque notre vie avait encore un sens ? Crois-tu que les anciens seraient fiers de voir ce que nous sommes devenus ?
Moz relève la tête et se métamorphose. Il n’est plus un vieillard, anéanti par le poids des années, vaincu par le désespoir, mais un prince sorcier. D’un mouvement des bras, sans y penser, il repousse au loin les deux zombies qui l’encadrent.
Il avance vers Kaël qui a gardé son aspect humain, le dominant de toute sa taille, avant de se pencher vers lui, les yeux brûlants d’un ressentiment que rien ne parait pouvoir éteindre.
- Nous te devons notre échec, s’écrie-t-il, furieux. Aucun de nous ne l’a oublié. Tu parles des anciens ? Que penseraient-ils de ce que tu as fait, toi ?
Il serre les poings avec force, sans prendre garde aux deux zombies qui se relèvent avec lenteur, tout en restant à distance respectueuse des deux démons qui s’affrontent.
- Tu nous as rendu l’espoir, je te le concède, fait encore Moz d’une voix redevenue calme. C’est toi qui nous as baptisés de ce sobriquet ridicule dont nous nous sommes tout de suite emparés : princes sorciers. Nous n’avions plus rien. Tu nous as donné ça : une identité. Et aussi un objectif. Pourquoi as-tu tout détruit ? Je n’arrive pas à croire que ce soit à cause d’un éphémère.
- Je n’ai jamais perdu espoir, Moz. Cela n’arrivera jamais… J’ai simplement changé mes plans, et aussi commis une erreur en me battant contre Zhio. Crois-tu que je l’ignore ?
Moz lève les yeux au ciel sans rien dire.
- Pourquoi ne t’es-tu pas défendu ? lui demande alors Kaël. Tu aurais pu te débarrasser des éphémères que je t’ai envoyés sans même y penser. Tu ne l’as pas fait. Tu as accepté de les suivre. Pourquoi ?
- Est-il utile d’en discuter ? sourit Moz.
Après ces mots, il reprend son aspect de vieillard et revient à sa place, entre les deux zombies. C’est un signe de reddition, se dit Kaël en le suivant du regard.
- Pourquoi es-tu venu me déranger ? lui demande Moz. Que veux-tu ? Que j’intercède en ta faveur auprès des autres ? Si c’est ça ton idée, tu es stupide. D’abord parce qu’ils t’évitent, ensuite parce que je n’ai plus aucun contact avec eux. Je les fuis…
- Même Rhon ?
- Surtout Rhon.
Kaël réprime un sourire avant de dire :
- Il est étrange que tu me voies comme un problème alors que je suis la solution. Je viens te libérer d’une charge que tu ne désires plus remplir. Laisse la place.
Moz lui rie au nez.
Kaël secoue la tête avec pitié avant d’ajouter :
- L’espoir, c’est l’avenir. Toi, tu n’es que l’empreinte d’un passé révolu. Ces deux mots, espoir et avenir, n’ont aucun sens pour toi.
- L’empreinte d’un passé révolu, répète Moz. Quel compliment. Nous le sommes tous, une empreinte. Ce monde n’est plus le nôtre. C’est celui des éphémères désormais et nous n’y avons plus notre place. Nous n’avons pas seulement échoué, Kaël, nous avons aussi tout perdu. Tu oublies l’essentiel : nous ignorons notre passé. Nous ne savons rien sur les éphémères, rien sur notre race, rien sur ce qui s’est vraiment passé cette nuit-là… Accepte cette réalité et renonce.
- Je n’ai pas perdu l’espoir, fait Kaël. Toi, oui…
Moz lui envoie un regard peu amène, mais reste silencieux, comme résigné.
- Tu es venu à moi parce que je représente un avenir potentiel, dit Kaël. Il n’est question ni de toi, ni de moi. Il est juste question de demain. Or, demain, c’est désormais au-delà de tes possibilités. Tu n’en rêves même plus. C’est parce que tu le sais que tu es ici. C’est à ça que tu dois répondre. Pas à mes projets, pas à notre passé… Non, juste demain, et tu n’y as pas ta place.
Kaël reprend sa respiration avant de faire :
- Alors, qu’as-tu à proposer, vieil homme, si ce n’est de laisser la place ?
Moz éclate une nouvelle fois de rire.
- Tu es fou, dit-il finalement. Tu l’as toujours été… En tout cas, je ne t’en veux pas suffisamment pour accepter ta proposition. Tu cours après une illusion, mais je t’accorde que je n’en ai aucune, moi. Alors, accroche-toi à cette illusion. Il n’y en aura plus d’autre après, quand tu l’auras perdu.
Il baisse la tête avant d’ajouter :
- Tout ça est pesant, sans intérêt. Je suis fatigué, j’en ai assez.
- Tu acceptes, alors ?
Moz a un petit sourire avant de faire non de la tête.
- Disons que je vais y réfléchir.
Il éclate une nouvelle fois de rire en voyant la tête désappointée de Kaël.
- Tu n’es qu’un vieillard sans avenir, s’écrie ce dernier, furieux.
- Et toi, un gosse sans repères…