L\'amant venu du passé
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French › Harry Potter
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Adult ++
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Disclaimer:
I do not own the Harry Potter book and movie series, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
Amour par procuration
Disclaimer : Pas à moi. Tout à J. K. Rowling.
Chapitre 12 : Amour par procuration
Severus revint avec à la main, une coupe de crème glacée à la vanille enrobée de chocolat. Il savait que Harry n’y résisterait pas.
Il trouva ce dernier, allongé sur le lit de son petit ami, faisant ses devoirs tranquillement.
« Je savais que je te trouverais là ! » sourit Sev en s’approchant de lui tandis que Harry relevait la tête et répondait à son sourire.
« J’ai l’impression que ta chambre est bien plus confortable que la mienne ! » se défendit le Survivant tandis que son vis-à-vis ricanait avec ironie.
« Tu parles ! » fit Severus en s’asseyant à côté de Harry qui aperçut la glace. « Ta chambre est plus grande que la mienne et toi, tu as une suite ! »
« Oui mais il n’y a pas ton odeur ! » répondit le brun à la cicatrice avec séduction. Son expression se fit mutine alors qu’il ajoutait « Et puis, chez moi, il n’y a pas l’œuvre originale du Kama Sutra ! »
Harry montra le livre qui était grand ouvert devant lui et Severus rougit en s’insurgeant « Hé ! Tu n’as pas le droit de le regarder ! Tu as osé fouiller dans mes affaires ! »
« Il était sur le lit quand je suis arrivé ! » se défendit à nouveau l’autre. « Ouvert sur une position bien intéressante d’ailleurs… Comptes-tu l’essayer sur quelqu’un ? Puis-je être ton cobaye ! »
« Espèce d’obsédé ! » rit Severus avant de poursuivre. « La prochaine fois, je ferai attention à le ranger correctement parce que mon petit ami – vous devez le connaître, il s’appelle Harry Potter – a fréquemment des montées hormonales difficilement contrôlables. » Le sourire du Survivant se fit plus prononcé et Sev continua « En fait, je crois que ses magnifiques yeux verts reflètent l’envie quasiment tout le temps – aussi bien lorsqu’il voit une crème glacée que quand ses prunelles se posent sur moi… je ne sais pas comment le prendre d’ailleurs !… Je vais peut-être commencé à être jaloux des glaces et sorbets. Non, ne rigolez pas malheureux ! Il est très difficile de vivre avec un jeune homme comme lui ! Il est toujours fourré dans ma chambre alors que, moi, je rêve d’avoir la sienne ! Au milieu de ses devoirs, il cache un livre absolument inconvenant et choquant et il ne sait pas réfréner ses mains de peloter son petit-ami dès qu’il se trouve à proximité !!! »
Harry ricana tandis que ses mains continuaient de caresser les hanches et les cuisses de Severus puis il dit avec douceur « Peut-être que le petit-ami de Harry Potter aimerait qu’il le caresse aussi avec autres choses que ses mains… »
Sev eut un instant la respiration coupée par ses paroles puis répondit, dans un souffle « Oui, peut-être… »
Harry prit alors la coupe des mains de son futur amant et fit glisser son index sur la surface froide et sucrée avant de faire basculer Severus sous lui et de lui apporter son doigt à ses lèvres.
Le futur professeur ouvrit la bouche et suça le doigt onctueux avec un délice voluptueux.
« Sev… » murmura Harry tendrement. « Je t’aime ! »
L’interpellé en eut la gorge serrée et murmura à son tour « Je t’aime aussi, Harry ! »
Le visage du jeune homme aux yeux émeraudes s’abaissa vers celui qu’il aimait tant et vint cueillir ses lèvres roses qui se tendaient vers lui. Ils s’embrassèrent avec une délicatesse touchante teintée d’une sensualité qui troublèrent leurs corps au-delà des mots.
OOOoooOOOoooOOOoooOOO
Draco s’ennuyait atrocement. Il savait qu’il ne devait pas dérangé Sebastian et Harry car ils seraient très probablement ensemble en train de s’embrasser à pleine bouche. Lorsque Harry lui avait dit ce qu’il en était de sa relation avec Sebastian, le blond avait été très surpris mais après mûre réflexion, il devait bien se dire que son ami avait l’air très heureux avec lui – surtout ces derniers jours. Cela faisait un peu plus d’un mois que le jeune stagiaire venu de Vancouver était là et, même s’il n’était pas réellement proche avec lui, le nouveau Gryffondor avait quand même quelque peu changé de comportement à son égard – ce qu’il appréciait.
En soupirant, Draco alla vers l’armoire qui contenait son balai et décida d’aller faire un tour.
Quelques minutes plus tard, il savourait l’instant, se remplissant les poumons de cet air pur d’Ecosse qui sentait bon les fleurs sauvage et le vent frais. Il se laissait aller au gré des tourbillons et courants qui le portaient vers des paysages tous plus beaux les uns qui les autres.
Il survolait un champ odorant de bruyère lorsqu’il perçut un bruit étrange. Au même moment, des nuages gris et bas emplir le ciel qui avait été d’un bleu éclatant toute la journée et il commença à tonner.
Draco fit s’arrêter son balai instantanément et resta en vol stationnaire pour balayer les horizons de son regard aiguisé.
Le vent semblait plus froid et sifflait plus ardemment à ses oreilles que lorsqu’il avait lâché toute la puissance de son Nimbus 2004. Toute luminosité s’était enfuit de la voûte céleste qu’on apercevait plus et des cordes glacées se mirent à tomber.
Tout à coup et malgré les rugissements du vent, un nouvel écho parvint à ses oreilles et il en demeura stupéfait. Oui, c’était bien cela. Les sons qu’il avait entendu un instant plus tôt se révélaient bien être ce qu’il pensait mais…
Mais qui pouvait bien laisser échapper sa peine d’une manière tellement déchirante qu’elle semblait faire pleurer la nature elle-même ?
OOOoooOOOoooOOOoooOOO
« Je meurs de faim, Sev ! On va à la cuisine ? »
« La glace ne t’a pas suffit ? » demanda le jeune homme en faisant une moue que son petit ami jugea d’adorable.
« Non ! » répondit Harry en embrassa furtivement ses lèvres. « Je n’ai pas bien déjeuner ce midi et je te signale que je n’ai pas été le seul à déguster ces boules ! »
A ces derniers mots, le Survivant vit Severus rougir en baissant les yeux et éclata de rire « Espèce d’obsédé ! » rit le jeune homme aux yeux verts. « Je ne parlais pas de ces boules-là ! »
Le voyageur du temps rougit encore plus et se mordit la lèvre, confus.
Aucunement pris d’accès de compassion, Harry poursuivit d’un ton langoureux « Mais tu veux peut-être que je me rassasie d’elles ? »
La réponse de Sev ne put être qu’un long gémissement rauque tandis qu’une main se faufilait à nouveau sur la vallée grossissante de son entrejambe.
« Oh non Harry, si tu continues comme ça, nous n’allons pas pouvoir faire autre chose de l’après-midi ! »
« Et alors ? » soupira son futur amant en se soulevant sur un coude pour le fixer avec des yeux de braise.
« Oh Harry, ne me regarde pas comme ça ! Rien que ton regard, quand il est comme ça, pourrait me faire jouir ! »
Ces mots excitèrent Harry encore plus et il se mit à le dévorer de ses prunelles couleur d’océan en furie tout en laissant sa main frôler encore et toujours le sexe qu’il aimait sentir chaud sous ses doigts.
Une vague de désir déferla dans le corps du jeune Severus qui arqua son bassin contre cette paume masculine et vint emprisonna sa main hâlée de la sienne pour l’obliger à le caresser plus ardemment.
« Oh, Harry, oui ! » gémit-il en ne brisant pas ce contact visuel qui l’enflammait tant.
Tout à coup, il sentit son corps se tendre comme un arc, son souffle se couper et sa tête exploser sous l’assaut violent du plaisir et il s’effondra de nouveau sur le matelas, haletant et comblé.
« Sev, tu es si beau dans l’extase ! Je t’aime ! » dit le Survivant en lui caressant la joue.
Le futur professeur le fixa derechef et enroula promptement ses bras autour de la nuque de son amour pour abaisser sa tête vers la sienne. Un baiser léger lui répondit et il serra Harry dans ses bras, le visage de celui-ci dans son cou. Sev ferma les yeux.
« Ne m’abandonne pas Harry ! Ne m’abandonne jamais ! » le supplia-t-il tout en se rendant compte de la portée de ses paroles tandis qu’il savait que le jeune homme qui se tenait tout contre son cœur ne la percevait pas. « Je t’en prie mon amour, dis-moi que tu me reviendras ! »
Cette fois-ci, Harry saisit l’implication de ses supplications et se crispa tout en se redressant pour faire taire son amant de ses lèvres douces.
« Je t’aime ! » répéta le Gryffondor à la cicatrice en ne répondant pas aux autres mots.
OOOoooOOOoooOOOoooOOO
Draco décida qu’il devenait dangereux de rester ainsi à une vingtaine de mètres du sol, au bout milieu d’une tempête naissance et d’éclairs qui ne tarderaient pas à éclater. Il amorça donc sa descente avec prudence, en se dirigeant vers la source de l’écho déchirant.
Une fois parvenu sur la terre légèrement boueuse car frappée par la pluie palpitante, il courut avec appréhension vers la forêt interdite.
Il n’irait pas plus loin qu’à son orée, se dit-il tandis que des frissons de peur et de froid traversaient son corps comme semblaient le faire les sanglots perçants et paradoxalement sourds.
Ses pas, pourtant, le portèrent un peu plus loin.
OOOoooOOOoooOOOoooOOO
« Faim ! » gémit encore Harry en attrapant cette fois-ci la main blanche qui restait sur sa cuisse vêtue de noir. « Cuisine ! »
Devant ce discours convaincant, Severus n’eut d’autre choix que de suivre son petit ami. Ils traversèrent la chambre bleue et se glissèrent dans les couloirs où Harry commença à courir.
« Je ne savais pas que tu avais faim à ce point-là ! » s’écria Sev qui se mit à courir également pour rester à sa hauteur.
Leurs mains étaient encore soudées l’une dans l’autre et ils riaient de bonheur lorsque Harry répliqua d’un ton plein de promesses « Plus vite nous aurons été prendre à manger et plus vite nous pourrons retourner dans ta chambre ! J’ai encore deux ou trois choses à étudier et j’aurais aimé que tu participes activement à mes recherches ! »
Severus éclata à nouveau de rire et força le jeune homme à interrompre sa course « Harry, tu es désespérant ! »
Ce dernier plaqua l’autre contre lui avec douceur et répliqua « Non, juste fou amoureux ! »
Sev sourit et lui répondit « Je vous aime, Harry Potter ! »
« Et je vous aime, Severus Snape ! »
Leur souffle court ne les empêcha pas le moins du monde de s’embrasser avec déraison au beau milieu d’un couloir désert.
Enfin, désert était ce qu’ils croyaient. Un raclement de gorge soudain vint briser l’ardeur de Severus mais apparemment Harry n’avait pas entendu ce son car il continua de dévorer le cou de son compagnon, lui mordillant sa jugulaire, léchant sa peau parfumée, embrassant chaque centimètre de douceur et gémissant toute sa passion.
« H-Harry ! » bégaya un Sev figé dans toute son horreur. Mais l’interpellé continuait, inconscient des deux pairs d’yeux qui fixaient la dévotion enthousiaste de l’étudiant.
« Je t’aime Sev ! Je t’aime ! »
« Bonjour, Harry » s’exclama brusquement la voix amusée du directeur de l’école, faisant se redresser le jeune homme d’un bond. « Belle journée n’est-ce pas ? » ajouta-t-il en faisant fi du fait qu’il pleuvait à torrent ce qui prouvait qu’il ne parlait pas du temps.
Harry se sentit alors rougir plus fort qu’il ne l’était déjà et posa ses yeux coupables sur l’homme qui accompagnait Dumbledore et qui n’était autre que le professeur Snape.
OOOoooOOOoooOOOoooOOO
« Seamus ! » murmura Draco en apercevant une silhouette vêtue de noir et recroquevillée sur elle-même lui tourner le dos. Le jeune homme avait des cheveux blonds semblables à la teinte du professeur de vol, plaqués en arrière par la pluie.
La personne sursauta et se retourna si brusquement qu’elle faillit perdre l’équilibre et tomber dans un buisson d’épines.
Il s’agissait bien de l’Irlandais.
« Que se passe-t-il ? » demanda le Serpentard en fixant le jeune homme dont les larmes se mêlaient à la pluie mais qui avait des yeux rouges et bouffis qui le trahissaient.
« Rien, Monsieur Malfoy ! » lui répondit-il d’un ton professoral, en évitant cependant son regard. « Pourquoi cette question ? »
« Euh… » fit Draco, ne sachant pas s’il devait être honnête ou jouer la prudence. « Rien, rien… »
« Très bien ! » dit Seamus avec une sorte de dureté dans la voix tandis qu’il contournait l’autre blond pour le dépasser. « Vous feriez mieux de rentrer au château avant de prendre froid ! »
Et sur ces dernières paroles, il s’en retourna dans l’enceinte du collège, laissant Draco des plus perplexes.
OOOoooOOOoooOOOoooOOO
« … Le temps est maussade mais si la gaieté reste dans les cœurs, c’est le principal. C’est ce que je dis souvent à Alastor… »
Loin dans son humiliation, Harry remerciait Dumbledore de bavarder ainsi pour lui laisser le temps de récupérer et de reprendre contenance.
Sev était toujours figé à côté de lui et observait son double plus âgé qui fixait Harry d’un regard qui le trahissait complètement. A cette seconde, on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Amour, désir, frustration, possession, nostalgie, jalousie, crainte, incertitude, douleur…
Harry ne regardait pas l’homme, lui ayant déjà brièvement lancé un coup d’œil mais détaillait le sol. Jusqu’à ce qu’il sente un regard trop lourd peser sur lui. Il leva alors les yeux et les plongea dans deux lacs noirs qui étaient redevenus totalement impassibles.
Harry et Snape se fixèrent ainsi pendant une bonne minute qui parut durer une éternité mais le jeune sorcier ne voulait pas être le premier à détourner le regard. Quelqu’un d’autre mit fin à ce duel sans fin.
« Harry, puis-je te parler un instant s’il te plaît ? » ordonna gentiment Dumbledore.
L’interpellé hocha la tête et le suivit un peu plus loin, laissant les deux Severus en tête à tête. Les deux hommes ne tardèrent pas à engager la conversation tandis que le directeur du collège s’arrêta à quelques mètres d’eux et sourit à Harry.
« Je sais que cette situation est gênante pour toi mais sache que je suis ravi que Severus et toi êtes ensemble. »
Harry haussa des sourcils étonnés et le vieil homme acquiesça toujours en souriant avec tendresse et amusement.
« J’ai toujours eu confiance en Severus et je sais que vous êtes faits l’un pour l’autre. Vous êtes complémentaires l’un de l’autre. Avec Severus, tu ne pourras jamais t’ennuyer et à ce que j’ai entendu tout à l’heure, l’amour est déjà présent dans ton cœur ! »
Outre l’embarras de ces paroles, Harry était gêné par les mots qui impliquaient une durabilité dans le temps or Sev partirait dans un mois… Et son professeur de potions n’avait plus rien à voir avec Sev. Et l’homme ne l’aimait pas de toute façon.
Harry frissonna de dégoût à la perspective d’être aimé par son visqueux et cruel professeur. Non, impossible ! Snape n’aimait personne et il n’avait même pas de cœur.
‘Comment a-t-il pu changer à ce point ?’ se demanda encore Harry en fixant Sev avec amour puis Snape avec haine.
« … suis pas contre une certaine démonstration de sentiments dans les couloirs mais il vaudrait mieux réserver des effusions plus intenses à vos chambres respectives. De plus, comme tu le sais, il est très dangereux d’appeler le jeune Severus par son réel patronyme. La prochaine fois, lorsque vous n’êtes pas dans l’intimité de vos quartiers, il vaudrait mieux que tu lui avoues ton amour en le nommant Sebastian Passionis, Sebastian ou même Seb mais pas Severus Snape ou Sev. Je compte sur toi, n’est-ce pas Harry ? »
Celui-ci écarquilla des yeux ronds et horrifiés. Tout à son excitation et sa joie, il n’avait pas fait attention à comment il avait appelé son petit ami. Il se plaqua une main sur la bouche et marmonna « Je suis désolé ! »
Dumbledore – dont les lèvres n’avaient pas connu l’absence de sourire – secoua légèrement la tête et répliqua « Ne t’excuse pas, je comprends. Je voulais juste te remémorer tout cela car, comme dit si bien Alastor : Vigilance constante ! »
Harry sourit à son tour et remercia le directeur avant qu’ils ne reviennent sur leurs pas, retournant vers les deux hommes qui venaient de clore leurs lèvres et fixaient tous les deux le jeune Gryffondor à la cicatrice.
Ce dernier alla prendre la main de Sev et sans autre forme de procès, il l’entraîna plus loin dans le couloir en direction des cuisines.
« Oulala, quelle histoire ! » s’exclama le Gryffondor aux yeux émeraudes lorsqu’ils furent hors de portée de voix. « C’est quand même la honte de se faire prendre comme ça et… »
Harry continua de parler mais pour la première fois depuis qu’il était arrivé dans cette époque, Sev ne l’écouta pas. Son esprit était ailleurs. Plus précisément, avec son double quelques minutes plus tôt lorsqu’ils avaient été en tête à tête.
Sev avait vu son petit ami être entraîné un peu plus loin par le directeur et il avait tout de suite demandé à son homologue « Tu savais que cette scène allait se passer, n’est-ce pas ? »
Snape avait acquiescé d’un mouvement bref de la tête.
« Mais c’était aussi humiliant pour Harry que pour moi… enfin, presque autant ! Alors pourquoi n’avoir rien fait pour l’éviter ? »
« Je voulais la voir de mes propres yeux et il y a des choses que je ne dois pas changer. Dumbledore est en train de donner un avertissement à Harry – quelque chose qu’il faut lui rappeler – ce n’est donc pas pour rien… il t’en fera part plus tard... »
« Et pourquoi voulais-tu la voir de tes propres yeux ? Ca t’a excité ? »
Sev connaissait la réponse mais il voulait voir quelles pouvaient être les réactions de l’homme qu’il deviendrait face à Harry.
« Lorsque j’étais toi » commença-t-il avec douceur. « Je ne m’imaginais pas ce que mon reflet avait pu vivre pendant plus de vingt ans au niveau sentimental et je ne m’imaginais donc pas ce qu’il pouvait réellement ressentir lorsqu’il nous voyait Harry et moi. Ce que je peux te dire c’est que c’est une constante souffrance. Tu me demandes si de le voir embrasser et caresser mon corps plus jeune m’a excité ? La réponse est oui ! Comment pourrait-il en être autrement ? Mais ça me fait également mal parce que le jeune homme que tu tiens dans tes bras est celui que je désire de toutes les manières possibles et imaginables depuis plus de deux décennies ! Que la seule chose qui m’importe dans cette foutue vie, c’est lui ! Que je l’aime à en mourir et que je ne sais même pas si je n’attends pas en vain ! Et en même temps, je t’envie tout en te plaignant car je ne voudrais pas revivre vingt ans de plus sans lui ! Tu sais quel effet ça va te faire de te dire que l’homme que tu aimes n’est pas encore né ? Que l’ennemi qui fait de ta vie collégienne un enfer est celui qui donnera la vie à cet amour ? Que tu seras déjà un homme qu’il ne sera qu’un bébé ? Et qu’à l’âge de 11 ans, il viendra te voir – corps et esprit immatures et que tu n’attendras qu’une chose : qu’il grandisse ! Tu te nourriras de son regard pendant toutes ces années en lui faisant croire que tu le hais ! En déchirant ton cœur avec le poignard de tes propres mots à chaque insulte, à chaque humiliation que tu lui feras subir – sachant pertinemment que tu es en train de construire sa propre haine qui signifie ton tombeau ! »
Sev le regardait avec de grands yeux horrifiés mais restait muet tandis que Severus poursuivait « Si je voulais voir cette scène de mes propres yeux ou si je voulais voir Harry tout court, c’est parce que c’est tout ce qu’il me reste ! Appelle ça de l’amour par procuration si tu veux ou alors ma propre folie mais le voir te montrer son amour éloigne un peu le mépris qu’il ressent pour moi. J’ai bien le droit à ça, n’est-ce pas ? »
Le jeune homme avait acquiescé avec lenteur avant d’entendre des pas résonner dans le couloir. Harry et Dumbledore revenaient. Il se tourna alors vers la personne qui serait l’objet de ses tourments futurs et ressentit une intense envie de pleurer. Il savait que son double plus âgé fixait également Harry et, tandis que son petit ami lui prenait la main pour l’entraîner ailleurs, une phrase résonna douloureusement dans sa tête.
‘Si je voulais voir Harry, c’est parce que c’est tout ce qu’il me reste !’
Merlin, quelle vie allait-il vivre ?
A suivre…
Chapitre 12 : Amour par procuration
Severus revint avec à la main, une coupe de crème glacée à la vanille enrobée de chocolat. Il savait que Harry n’y résisterait pas.
Il trouva ce dernier, allongé sur le lit de son petit ami, faisant ses devoirs tranquillement.
« Je savais que je te trouverais là ! » sourit Sev en s’approchant de lui tandis que Harry relevait la tête et répondait à son sourire.
« J’ai l’impression que ta chambre est bien plus confortable que la mienne ! » se défendit le Survivant tandis que son vis-à-vis ricanait avec ironie.
« Tu parles ! » fit Severus en s’asseyant à côté de Harry qui aperçut la glace. « Ta chambre est plus grande que la mienne et toi, tu as une suite ! »
« Oui mais il n’y a pas ton odeur ! » répondit le brun à la cicatrice avec séduction. Son expression se fit mutine alors qu’il ajoutait « Et puis, chez moi, il n’y a pas l’œuvre originale du Kama Sutra ! »
Harry montra le livre qui était grand ouvert devant lui et Severus rougit en s’insurgeant « Hé ! Tu n’as pas le droit de le regarder ! Tu as osé fouiller dans mes affaires ! »
« Il était sur le lit quand je suis arrivé ! » se défendit à nouveau l’autre. « Ouvert sur une position bien intéressante d’ailleurs… Comptes-tu l’essayer sur quelqu’un ? Puis-je être ton cobaye ! »
« Espèce d’obsédé ! » rit Severus avant de poursuivre. « La prochaine fois, je ferai attention à le ranger correctement parce que mon petit ami – vous devez le connaître, il s’appelle Harry Potter – a fréquemment des montées hormonales difficilement contrôlables. » Le sourire du Survivant se fit plus prononcé et Sev continua « En fait, je crois que ses magnifiques yeux verts reflètent l’envie quasiment tout le temps – aussi bien lorsqu’il voit une crème glacée que quand ses prunelles se posent sur moi… je ne sais pas comment le prendre d’ailleurs !… Je vais peut-être commencé à être jaloux des glaces et sorbets. Non, ne rigolez pas malheureux ! Il est très difficile de vivre avec un jeune homme comme lui ! Il est toujours fourré dans ma chambre alors que, moi, je rêve d’avoir la sienne ! Au milieu de ses devoirs, il cache un livre absolument inconvenant et choquant et il ne sait pas réfréner ses mains de peloter son petit-ami dès qu’il se trouve à proximité !!! »
Harry ricana tandis que ses mains continuaient de caresser les hanches et les cuisses de Severus puis il dit avec douceur « Peut-être que le petit-ami de Harry Potter aimerait qu’il le caresse aussi avec autres choses que ses mains… »
Sev eut un instant la respiration coupée par ses paroles puis répondit, dans un souffle « Oui, peut-être… »
Harry prit alors la coupe des mains de son futur amant et fit glisser son index sur la surface froide et sucrée avant de faire basculer Severus sous lui et de lui apporter son doigt à ses lèvres.
Le futur professeur ouvrit la bouche et suça le doigt onctueux avec un délice voluptueux.
« Sev… » murmura Harry tendrement. « Je t’aime ! »
L’interpellé en eut la gorge serrée et murmura à son tour « Je t’aime aussi, Harry ! »
Le visage du jeune homme aux yeux émeraudes s’abaissa vers celui qu’il aimait tant et vint cueillir ses lèvres roses qui se tendaient vers lui. Ils s’embrassèrent avec une délicatesse touchante teintée d’une sensualité qui troublèrent leurs corps au-delà des mots.
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Draco s’ennuyait atrocement. Il savait qu’il ne devait pas dérangé Sebastian et Harry car ils seraient très probablement ensemble en train de s’embrasser à pleine bouche. Lorsque Harry lui avait dit ce qu’il en était de sa relation avec Sebastian, le blond avait été très surpris mais après mûre réflexion, il devait bien se dire que son ami avait l’air très heureux avec lui – surtout ces derniers jours. Cela faisait un peu plus d’un mois que le jeune stagiaire venu de Vancouver était là et, même s’il n’était pas réellement proche avec lui, le nouveau Gryffondor avait quand même quelque peu changé de comportement à son égard – ce qu’il appréciait.
En soupirant, Draco alla vers l’armoire qui contenait son balai et décida d’aller faire un tour.
Quelques minutes plus tard, il savourait l’instant, se remplissant les poumons de cet air pur d’Ecosse qui sentait bon les fleurs sauvage et le vent frais. Il se laissait aller au gré des tourbillons et courants qui le portaient vers des paysages tous plus beaux les uns qui les autres.
Il survolait un champ odorant de bruyère lorsqu’il perçut un bruit étrange. Au même moment, des nuages gris et bas emplir le ciel qui avait été d’un bleu éclatant toute la journée et il commença à tonner.
Draco fit s’arrêter son balai instantanément et resta en vol stationnaire pour balayer les horizons de son regard aiguisé.
Le vent semblait plus froid et sifflait plus ardemment à ses oreilles que lorsqu’il avait lâché toute la puissance de son Nimbus 2004. Toute luminosité s’était enfuit de la voûte céleste qu’on apercevait plus et des cordes glacées se mirent à tomber.
Tout à coup et malgré les rugissements du vent, un nouvel écho parvint à ses oreilles et il en demeura stupéfait. Oui, c’était bien cela. Les sons qu’il avait entendu un instant plus tôt se révélaient bien être ce qu’il pensait mais…
Mais qui pouvait bien laisser échapper sa peine d’une manière tellement déchirante qu’elle semblait faire pleurer la nature elle-même ?
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« Je meurs de faim, Sev ! On va à la cuisine ? »
« La glace ne t’a pas suffit ? » demanda le jeune homme en faisant une moue que son petit ami jugea d’adorable.
« Non ! » répondit Harry en embrassa furtivement ses lèvres. « Je n’ai pas bien déjeuner ce midi et je te signale que je n’ai pas été le seul à déguster ces boules ! »
A ces derniers mots, le Survivant vit Severus rougir en baissant les yeux et éclata de rire « Espèce d’obsédé ! » rit le jeune homme aux yeux verts. « Je ne parlais pas de ces boules-là ! »
Le voyageur du temps rougit encore plus et se mordit la lèvre, confus.
Aucunement pris d’accès de compassion, Harry poursuivit d’un ton langoureux « Mais tu veux peut-être que je me rassasie d’elles ? »
La réponse de Sev ne put être qu’un long gémissement rauque tandis qu’une main se faufilait à nouveau sur la vallée grossissante de son entrejambe.
« Oh non Harry, si tu continues comme ça, nous n’allons pas pouvoir faire autre chose de l’après-midi ! »
« Et alors ? » soupira son futur amant en se soulevant sur un coude pour le fixer avec des yeux de braise.
« Oh Harry, ne me regarde pas comme ça ! Rien que ton regard, quand il est comme ça, pourrait me faire jouir ! »
Ces mots excitèrent Harry encore plus et il se mit à le dévorer de ses prunelles couleur d’océan en furie tout en laissant sa main frôler encore et toujours le sexe qu’il aimait sentir chaud sous ses doigts.
Une vague de désir déferla dans le corps du jeune Severus qui arqua son bassin contre cette paume masculine et vint emprisonna sa main hâlée de la sienne pour l’obliger à le caresser plus ardemment.
« Oh, Harry, oui ! » gémit-il en ne brisant pas ce contact visuel qui l’enflammait tant.
Tout à coup, il sentit son corps se tendre comme un arc, son souffle se couper et sa tête exploser sous l’assaut violent du plaisir et il s’effondra de nouveau sur le matelas, haletant et comblé.
« Sev, tu es si beau dans l’extase ! Je t’aime ! » dit le Survivant en lui caressant la joue.
Le futur professeur le fixa derechef et enroula promptement ses bras autour de la nuque de son amour pour abaisser sa tête vers la sienne. Un baiser léger lui répondit et il serra Harry dans ses bras, le visage de celui-ci dans son cou. Sev ferma les yeux.
« Ne m’abandonne pas Harry ! Ne m’abandonne jamais ! » le supplia-t-il tout en se rendant compte de la portée de ses paroles tandis qu’il savait que le jeune homme qui se tenait tout contre son cœur ne la percevait pas. « Je t’en prie mon amour, dis-moi que tu me reviendras ! »
Cette fois-ci, Harry saisit l’implication de ses supplications et se crispa tout en se redressant pour faire taire son amant de ses lèvres douces.
« Je t’aime ! » répéta le Gryffondor à la cicatrice en ne répondant pas aux autres mots.
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Draco décida qu’il devenait dangereux de rester ainsi à une vingtaine de mètres du sol, au bout milieu d’une tempête naissance et d’éclairs qui ne tarderaient pas à éclater. Il amorça donc sa descente avec prudence, en se dirigeant vers la source de l’écho déchirant.
Une fois parvenu sur la terre légèrement boueuse car frappée par la pluie palpitante, il courut avec appréhension vers la forêt interdite.
Il n’irait pas plus loin qu’à son orée, se dit-il tandis que des frissons de peur et de froid traversaient son corps comme semblaient le faire les sanglots perçants et paradoxalement sourds.
Ses pas, pourtant, le portèrent un peu plus loin.
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« Faim ! » gémit encore Harry en attrapant cette fois-ci la main blanche qui restait sur sa cuisse vêtue de noir. « Cuisine ! »
Devant ce discours convaincant, Severus n’eut d’autre choix que de suivre son petit ami. Ils traversèrent la chambre bleue et se glissèrent dans les couloirs où Harry commença à courir.
« Je ne savais pas que tu avais faim à ce point-là ! » s’écria Sev qui se mit à courir également pour rester à sa hauteur.
Leurs mains étaient encore soudées l’une dans l’autre et ils riaient de bonheur lorsque Harry répliqua d’un ton plein de promesses « Plus vite nous aurons été prendre à manger et plus vite nous pourrons retourner dans ta chambre ! J’ai encore deux ou trois choses à étudier et j’aurais aimé que tu participes activement à mes recherches ! »
Severus éclata à nouveau de rire et força le jeune homme à interrompre sa course « Harry, tu es désespérant ! »
Ce dernier plaqua l’autre contre lui avec douceur et répliqua « Non, juste fou amoureux ! »
Sev sourit et lui répondit « Je vous aime, Harry Potter ! »
« Et je vous aime, Severus Snape ! »
Leur souffle court ne les empêcha pas le moins du monde de s’embrasser avec déraison au beau milieu d’un couloir désert.
Enfin, désert était ce qu’ils croyaient. Un raclement de gorge soudain vint briser l’ardeur de Severus mais apparemment Harry n’avait pas entendu ce son car il continua de dévorer le cou de son compagnon, lui mordillant sa jugulaire, léchant sa peau parfumée, embrassant chaque centimètre de douceur et gémissant toute sa passion.
« H-Harry ! » bégaya un Sev figé dans toute son horreur. Mais l’interpellé continuait, inconscient des deux pairs d’yeux qui fixaient la dévotion enthousiaste de l’étudiant.
« Je t’aime Sev ! Je t’aime ! »
« Bonjour, Harry » s’exclama brusquement la voix amusée du directeur de l’école, faisant se redresser le jeune homme d’un bond. « Belle journée n’est-ce pas ? » ajouta-t-il en faisant fi du fait qu’il pleuvait à torrent ce qui prouvait qu’il ne parlait pas du temps.
Harry se sentit alors rougir plus fort qu’il ne l’était déjà et posa ses yeux coupables sur l’homme qui accompagnait Dumbledore et qui n’était autre que le professeur Snape.
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« Seamus ! » murmura Draco en apercevant une silhouette vêtue de noir et recroquevillée sur elle-même lui tourner le dos. Le jeune homme avait des cheveux blonds semblables à la teinte du professeur de vol, plaqués en arrière par la pluie.
La personne sursauta et se retourna si brusquement qu’elle faillit perdre l’équilibre et tomber dans un buisson d’épines.
Il s’agissait bien de l’Irlandais.
« Que se passe-t-il ? » demanda le Serpentard en fixant le jeune homme dont les larmes se mêlaient à la pluie mais qui avait des yeux rouges et bouffis qui le trahissaient.
« Rien, Monsieur Malfoy ! » lui répondit-il d’un ton professoral, en évitant cependant son regard. « Pourquoi cette question ? »
« Euh… » fit Draco, ne sachant pas s’il devait être honnête ou jouer la prudence. « Rien, rien… »
« Très bien ! » dit Seamus avec une sorte de dureté dans la voix tandis qu’il contournait l’autre blond pour le dépasser. « Vous feriez mieux de rentrer au château avant de prendre froid ! »
Et sur ces dernières paroles, il s’en retourna dans l’enceinte du collège, laissant Draco des plus perplexes.
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« … Le temps est maussade mais si la gaieté reste dans les cœurs, c’est le principal. C’est ce que je dis souvent à Alastor… »
Loin dans son humiliation, Harry remerciait Dumbledore de bavarder ainsi pour lui laisser le temps de récupérer et de reprendre contenance.
Sev était toujours figé à côté de lui et observait son double plus âgé qui fixait Harry d’un regard qui le trahissait complètement. A cette seconde, on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Amour, désir, frustration, possession, nostalgie, jalousie, crainte, incertitude, douleur…
Harry ne regardait pas l’homme, lui ayant déjà brièvement lancé un coup d’œil mais détaillait le sol. Jusqu’à ce qu’il sente un regard trop lourd peser sur lui. Il leva alors les yeux et les plongea dans deux lacs noirs qui étaient redevenus totalement impassibles.
Harry et Snape se fixèrent ainsi pendant une bonne minute qui parut durer une éternité mais le jeune sorcier ne voulait pas être le premier à détourner le regard. Quelqu’un d’autre mit fin à ce duel sans fin.
« Harry, puis-je te parler un instant s’il te plaît ? » ordonna gentiment Dumbledore.
L’interpellé hocha la tête et le suivit un peu plus loin, laissant les deux Severus en tête à tête. Les deux hommes ne tardèrent pas à engager la conversation tandis que le directeur du collège s’arrêta à quelques mètres d’eux et sourit à Harry.
« Je sais que cette situation est gênante pour toi mais sache que je suis ravi que Severus et toi êtes ensemble. »
Harry haussa des sourcils étonnés et le vieil homme acquiesça toujours en souriant avec tendresse et amusement.
« J’ai toujours eu confiance en Severus et je sais que vous êtes faits l’un pour l’autre. Vous êtes complémentaires l’un de l’autre. Avec Severus, tu ne pourras jamais t’ennuyer et à ce que j’ai entendu tout à l’heure, l’amour est déjà présent dans ton cœur ! »
Outre l’embarras de ces paroles, Harry était gêné par les mots qui impliquaient une durabilité dans le temps or Sev partirait dans un mois… Et son professeur de potions n’avait plus rien à voir avec Sev. Et l’homme ne l’aimait pas de toute façon.
Harry frissonna de dégoût à la perspective d’être aimé par son visqueux et cruel professeur. Non, impossible ! Snape n’aimait personne et il n’avait même pas de cœur.
‘Comment a-t-il pu changer à ce point ?’ se demanda encore Harry en fixant Sev avec amour puis Snape avec haine.
« … suis pas contre une certaine démonstration de sentiments dans les couloirs mais il vaudrait mieux réserver des effusions plus intenses à vos chambres respectives. De plus, comme tu le sais, il est très dangereux d’appeler le jeune Severus par son réel patronyme. La prochaine fois, lorsque vous n’êtes pas dans l’intimité de vos quartiers, il vaudrait mieux que tu lui avoues ton amour en le nommant Sebastian Passionis, Sebastian ou même Seb mais pas Severus Snape ou Sev. Je compte sur toi, n’est-ce pas Harry ? »
Celui-ci écarquilla des yeux ronds et horrifiés. Tout à son excitation et sa joie, il n’avait pas fait attention à comment il avait appelé son petit ami. Il se plaqua une main sur la bouche et marmonna « Je suis désolé ! »
Dumbledore – dont les lèvres n’avaient pas connu l’absence de sourire – secoua légèrement la tête et répliqua « Ne t’excuse pas, je comprends. Je voulais juste te remémorer tout cela car, comme dit si bien Alastor : Vigilance constante ! »
Harry sourit à son tour et remercia le directeur avant qu’ils ne reviennent sur leurs pas, retournant vers les deux hommes qui venaient de clore leurs lèvres et fixaient tous les deux le jeune Gryffondor à la cicatrice.
Ce dernier alla prendre la main de Sev et sans autre forme de procès, il l’entraîna plus loin dans le couloir en direction des cuisines.
« Oulala, quelle histoire ! » s’exclama le Gryffondor aux yeux émeraudes lorsqu’ils furent hors de portée de voix. « C’est quand même la honte de se faire prendre comme ça et… »
Harry continua de parler mais pour la première fois depuis qu’il était arrivé dans cette époque, Sev ne l’écouta pas. Son esprit était ailleurs. Plus précisément, avec son double quelques minutes plus tôt lorsqu’ils avaient été en tête à tête.
Sev avait vu son petit ami être entraîné un peu plus loin par le directeur et il avait tout de suite demandé à son homologue « Tu savais que cette scène allait se passer, n’est-ce pas ? »
Snape avait acquiescé d’un mouvement bref de la tête.
« Mais c’était aussi humiliant pour Harry que pour moi… enfin, presque autant ! Alors pourquoi n’avoir rien fait pour l’éviter ? »
« Je voulais la voir de mes propres yeux et il y a des choses que je ne dois pas changer. Dumbledore est en train de donner un avertissement à Harry – quelque chose qu’il faut lui rappeler – ce n’est donc pas pour rien… il t’en fera part plus tard... »
« Et pourquoi voulais-tu la voir de tes propres yeux ? Ca t’a excité ? »
Sev connaissait la réponse mais il voulait voir quelles pouvaient être les réactions de l’homme qu’il deviendrait face à Harry.
« Lorsque j’étais toi » commença-t-il avec douceur. « Je ne m’imaginais pas ce que mon reflet avait pu vivre pendant plus de vingt ans au niveau sentimental et je ne m’imaginais donc pas ce qu’il pouvait réellement ressentir lorsqu’il nous voyait Harry et moi. Ce que je peux te dire c’est que c’est une constante souffrance. Tu me demandes si de le voir embrasser et caresser mon corps plus jeune m’a excité ? La réponse est oui ! Comment pourrait-il en être autrement ? Mais ça me fait également mal parce que le jeune homme que tu tiens dans tes bras est celui que je désire de toutes les manières possibles et imaginables depuis plus de deux décennies ! Que la seule chose qui m’importe dans cette foutue vie, c’est lui ! Que je l’aime à en mourir et que je ne sais même pas si je n’attends pas en vain ! Et en même temps, je t’envie tout en te plaignant car je ne voudrais pas revivre vingt ans de plus sans lui ! Tu sais quel effet ça va te faire de te dire que l’homme que tu aimes n’est pas encore né ? Que l’ennemi qui fait de ta vie collégienne un enfer est celui qui donnera la vie à cet amour ? Que tu seras déjà un homme qu’il ne sera qu’un bébé ? Et qu’à l’âge de 11 ans, il viendra te voir – corps et esprit immatures et que tu n’attendras qu’une chose : qu’il grandisse ! Tu te nourriras de son regard pendant toutes ces années en lui faisant croire que tu le hais ! En déchirant ton cœur avec le poignard de tes propres mots à chaque insulte, à chaque humiliation que tu lui feras subir – sachant pertinemment que tu es en train de construire sa propre haine qui signifie ton tombeau ! »
Sev le regardait avec de grands yeux horrifiés mais restait muet tandis que Severus poursuivait « Si je voulais voir cette scène de mes propres yeux ou si je voulais voir Harry tout court, c’est parce que c’est tout ce qu’il me reste ! Appelle ça de l’amour par procuration si tu veux ou alors ma propre folie mais le voir te montrer son amour éloigne un peu le mépris qu’il ressent pour moi. J’ai bien le droit à ça, n’est-ce pas ? »
Le jeune homme avait acquiescé avec lenteur avant d’entendre des pas résonner dans le couloir. Harry et Dumbledore revenaient. Il se tourna alors vers la personne qui serait l’objet de ses tourments futurs et ressentit une intense envie de pleurer. Il savait que son double plus âgé fixait également Harry et, tandis que son petit ami lui prenait la main pour l’entraîner ailleurs, une phrase résonna douloureusement dans sa tête.
‘Si je voulais voir Harry, c’est parce que c’est tout ce qu’il me reste !’
Merlin, quelle vie allait-il vivre ?
A suivre…