Parle à mon cul ma tête est malade !
folder
French › Anime
Rating:
Adult
Chapters:
23
Views:
2,443
Reviews:
24
Recommended:
0
Currently Reading:
0
Category:
French › Anime
Rating:
Adult
Chapters:
23
Views:
2,443
Reviews:
24
Recommended:
0
Currently Reading:
0
Disclaimer:
I do not own this anime/manga, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
Chapitre 18
_._._._._._._._._._._PARLE A MON CUL MA TÊTE EST MALADE !_._._._._._._._._._._
Il entendit d’un coup une voix hésitante s’adresser à lui.
« Mais qu’est ce que tu fais ? » S’enquit péniblement la personne qui n’était assurément pas Trowa.
Soufflé par la surprise d’entendre la voix le Maxwell, Heero se reprit pourtant et débita d’un ton monotone l’histoire qu’il voulait raconter à Barton.
« J’effectue une phlébotomie. »
« Hein ! » S’écria Duo en voyant le sang frais qui recouvrait entièrement le bras gauche. « Une quoi ? »
« Une technique de guérison médiévale. » Répondit le brun d’un ton un peu moins ferme.
Le natté secoua vigoureusement la tête avant d’expédier son sac à l’autre bout de la roulotte et de vite se rapprocher du jeune homme.
« Moi ta technique médiévale je l’appelle scarification ! »
Il attrapa au passage une poignée de compresses qu’il tendit à Heero.
« Place-moi ça sur ce que tu t’es fait, je vais nettoyer le reste. Bon sang ! Mais qu’est-ce qui t’a pris ? » Demanda-t-il plus calme mais toujours aussi choqué.
Duo était dans l’incompréhension la plus totale, cependant il devait repousser ses questions pour l’instant : ce n’était pas le moment. Il fallait avant tout soigner le bras blessé.
Voyant Yuy placer les compresses sur une zone bien plus réduite qu’il ne l’avait pensé il ravala un soupir. C’était toujours ça. Il ouvrit l’eau et s’employa alors à nettoyer le bras couvert de sang.
Caressant plus que ne frottant la peau, il eut rapidement nettoyé la partie non coupée. Il récupéra aussi la lame couverte de taches rouges qui gisait au fond de l’évier précautionneusement. Voyant que le sang coulait toujours un peu, il se rinça les mains puis se pencha vers le plan de travail et se saisit de bandes propres qu’il déballa.
« Tu retires ta main s’il te plait ? » Demanda-t-il gentiment.
Aussitôt que Yuy eut obéi il passa un peu d’eau claire sur la plaie avant d’entraîner le jeune homme à l’écart de l’évier redécoré à la mode vampire, puis subrepticement il entoura le bras blessé avec la bande et serra bien. Après quelques tours il termina son bandage compressif. Au moins cela ne devrait plus autant saigner dans l’immédiat.
Soupirant un grand coup, Duo ne put s’empêcher d’engager la conversation.
« Bon, ça devrait aller maintenant... Tu vas t’en sortir avec une belle cicatrice. »
Il se saisit du tas rouge très humide qui gisait au fond de l’évier : preuve que Heero avait essayé d’éponger par lui-même contrairement à ce qu’il avait pensé au départ et le mit de côté. Il prit ensuite le temps d’aller rincer l’évier et la lame. Pendant qu’il tournait le robinet il jeta un œil à Heero par dessus son épaule.
« Tu as eu de la chance que je sois retardé, c’est ce que je voulais te dire hier... Je pars demain soir. Si ça avait été Trowa il t’aurait flanqué une de ces fessées... »
Il poursuivit tout en passant la lame sous l’eau.
« T’inquiète pas. Je lui dirais rien. Par contre... j’aimerais bien comprendre. »
Le natté jeta les bandes et compresses souillées au fond de la poubelle tandis que Yuy se laissait tomber sur le bord du lit l’air vanné. Duo essuya ses mains brièvement, puis alla s’accroupir devant Heero.
« Heero, pourquoi tu as fait ça ? » S’enquit gentiment le châtain qui ne comprenait vraiment rien à ce qui venait de se passer. 01 avait-il de nouveau tenté de se suicider ? Ou plus vraisemblablement s’était-il donné une punition pour on ne sait quelle raison ?
Le brun n’osant pas répondre à cause de la gêne de s’être fait prendre, mais aussi la honte qu’il éprouvait vis à vis de son comportement, détourna la tête et garda les yeux baissés.
Au vu de l’attitude fermée, Duo eut un éclair : de quoi se mêlait-il ? Heero l’avait rejeté et ce plus d’une fois, il était une fois encore en train de l’emmerder... Se relevant brusquement il dit d’un ton sec.
« Excuse-moi. Je n’aurais pas dû m’occuper de toi. »
Il détourna la tête, cherchant son sac du regard.
« Après tout, je n’ai pas à intervenir dans ta relation avec Trowa... »
Ayant repéré ledit sac de l’autre côté du lit, Duo alla le chercher d’un pas vif avant de s’en saisir. Déçu, il s’assit sur une des chaises et entreprit de sortir le message que Quatre lui avait envoyé : tout s’expliquait pour le manque de missions.
Trop pris par sa lecture, il ne s’aperçut pas que Heero, d’abord choqué par les paroles, s’était ensuite allongé sur le côté, lui tournant le dos.
Ces dernières paroles tournaient sans cesse dans la tête du jeune homme. Quand Duo était accouru, l’air paniqué et avait pris soin de lui, il avait cru un instant qu’il lui avait pardonné son attitude de la veille. Il n’avait pas du tout eu l’air d’accomplir une corvée et pourtant...
Et pourtant, ces mots qu’il venait de lui dire... « Je n’aurais pas dû m’occuper de toi. » Qu’est ce que ça pouvait bien signifier à part des regrets ? Duo avait seulement oublié ce que Yuy lui avait fait et une fois calmé il s’était bien souvenu de la méchanceté que Heero avait eue à son égard.
Les cheveux bruns ébouriffés déposés sur l’oreiller bougèrent légèrement lorsque le jeune homme ramena son menton vers sa poitrine. Il s’en voulait tellement... Et en plus il n’avait même pas été capable de présenter des excuses à Duo ou même de répondre à ses questions... Le natté avait été tellement gentil avec lui l’ombre d’un instant... Retrouver une personne froide en face de lui l’avait bien réveillé.
Il ferma les yeux et avala sa salive avec difficulté en sentant les larmes lui monter aux yeux. Tant pis, il n’avait qu’à réfléchir avant. Il méritait bien ce qui lui arrivait après tout. Deux gouttes d’eau coulèrent le long de ses joues. A quoi bon hein ? Il se referma un peu plus sur lui même au souvenir de la présence rassurante de Maxwell lors de ses dernières larmes. Il lui avait vraiment fait du bien à ce moment là, et pourtant il avait été incapable de remercier… Il ne put retenir d’autres pleurs.
Pendant ce temps Duo regardait le fax de Quatre ignorant ce qui se passait derrière lui. S’il avait vu ça, il aurait certainement réagi. Mais voilà, préoccupé comme il l’était, il ne s’était rendu compte de rien.
Enfin, même s’il appréhende, il se retourne pour montrer le papier à Heero et le lui tend sans s’apercevoir des yeux rougis du métis. Il lui explique en quelques mots la situation d’un ton neutre, blessant Heero encore plus profondément.
Qu’est ce qu’il s’en foutait de J… Il se sentait comme s’il avait un poids sur le cœur et à la fois vide. Sa mutilation précédente ne lui avait servi à rien du tout. Il commençait vraiment à penser qu’il n’aurait pas dû paniquer et essuyer la blessure. Bien sûr perdre du fluide vital ne l’aidait pas à se sentir mieux, mais faire des efforts pour s’en sortir, il n’en avait plus aucune envie.
Soudain Duo que la pesanteur de l’ambiance commençait à plomber se releva et fit mine de quitter la roulotte.
« Où vas-tu ? » Ne put s’empêcher de demander Heero d’une voix un peu plus rauque qu’habituellement.
Le natté passablement gêné par la question se mordille la lèvre.
« Je m’ennuie, je retourne bosser. »
Le regard de Yuy se fit définitivement fuyant. Comment ne pas entendre tu m’ennuies, tu es ennuyeux, avec tous les sens négatifs que ça pouvait avoir ? De toute façon Duo n’avait pas besoin de le dire plus expressément pour qu’Heero comprenne qu’il ne faisait que lui pourrir la vie…
Duo fronça un peu les sourcils n’appréciant pas vraiment l’expression du brun juste avant qu’il ne tourne la tête de l’autre côté.
« Tu ne recommences pas ce que tu viens de faire, hein ? »
Finalement peu rassuré, Duo prit quand même le parti de partir, il essaierait de repasser fréquemment pour voir comment Yuy allait, même si ça risquait d’agacer le jeune homme.
Une fois le châtain parti, Heero se releva doucement, son bras le lançant, et retourna au tiroir où il avait trouvé les lames. A quoi bon continuer de vivre ? Il n’en pouvait plus de se sentir un poids pour les autres. Il allait vraiment les débarrasser, ce serait mieux pour tout le monde. Au pire, ils sauraient se serrer les coudes si jamais un avait besoin de réconfort. Il se saisit de nouveau d’une lame et retourna se coucher sur le côté dos à la porte. Regardant la ligne bleutée que formait la veine principale de son bras gauche, il posa la lame fine mais très tranchante sur l’avant bras et remonta jusqu’au pli du coude. Il sursauta légèrement en se sentant envahi par la douleur.
Avant qu’elle ne devienne omniprésente, il changea la lame de main et coupa le bras droit de la même façon. Le sang commençait à couler de façon bien plus alarmante que quelques minutes plus tôt. Tant mieux. Il réussirait cette fois. Autant essayer de dormir, plus vite il perdrait conscience, moins il souffrirait. Fermant les yeux, il appuya ses bras sur le matelas pour faire un appel. Oui, tout serait bientôt fini.
_._._._._._._._._._._
Duo ne savait pas pourquoi, mais il se sentait de plus en plus mal. Pourtant il était juste parti depuis une grosse demi-heure… Peut être devrait il passer à la roulotte ? Il se tâta un moment avant d'y aller. Lorsqu'il y pénétra, une odeur acre le prit à la gorge.
L'odeur du sang.
Il se précipita vers un Heero prostré sur le lit, les bras collés contre le matelas. Il était couvert de sang. Les draps semblaient trempés. Duo pâlit en comprenant ce qui se passait et revient à la porte précipitamment, hurlant à Trowa justement dehors de prendre un véhicule pour aller à l'hôpital le plus proche.
En attendant, il administra une gifle à Yuy pour tenter de le réveiller, sans trop de succès. Le jeune homme bien qu'encore conscient était trop affaibli. Il le souleva alors comme il put, quarante-cinq kilos de poids mort restant beaucoup, même pour lui. Il emporta le drap avec lui pour appuyer sur les plaies dont il ignorait encore l'étendue. Trowa choqué mais concentré vint l'aider à s'installer à l'arrière du véhicule, mettant Heero tête sur les genoux de Maxwell – qui de toute façon ne le quittait pas des yeux – et lui surélevant les jambes pour aider le sang à revenir dans le buste.
Il avait vérifié auprès de Catherine, l'hôpital le plus proche se trouvait de l'autre côté de la frontière sloviénienne, à presque cent kilomètres. Il allait falloir qu'Heero tienne. Non, il devait tenir. Ils n'avaient pas le choix !
Bien qu'ils roulèrent vite, la route fut affreusement longue. Duo, les larmes aux yeux regardait d'un air indéchiffrable le visage pâle qui était sur ses genoux. Sa main ne quittait la chevelure du jeune homme que pour caresser une joue trop froide.
Heero, bien que presque inconscient, se sentait plutôt bien. Oui, bien c'était le mot. Il sentait qu'il était en mouvement et appréhendait les conséquences que ça pourrait avoir sur son suicide, mais ses forces le quittaient de plus en plus. Au fur et à mesure du voyage, il ne sentait plus que le tissu chaud sur sa nuque et la ferme pression de son bienfaiteur sur ses bras mutilés.
Quelques instants plus tard, Yuy sentit qu'il perdait totalement pied. S'il s'évanouissait, c'était gagné. Un sourire de soulagement, si pas de bonheur, fleurit sur ses lèvres sèches. Quand il aperçut ce changement d'expression, Duo paniqua totalement, exhortant Trowa à pousser sur le champignon.
Tremblant légèrement, Duo ne quitta plus Heero du regard. Il avait mal. Très mal. Il venait en fait de s'apercevoir qu'aujourd'hui était la première fois où il voyait Yuy sourire. Qu'est ce qu'il avait dû souffrir pour ne trouver la force de sourire qu'une fois en train de mourir dans une camionnette lancée à vive allure ?
Pendant tous ces jours, il avait voulu aider Heero à aller mieux, qu'il se reconstruise. Mais il s'était entièrement trompé. Divaguant d'un côté à l'autre sans jamais toucher le principal. Il avait juste réussi à le rendre plus malheureux encore...
Après un temps beaucoup trop long, ils arrivèrent à l'hôpital. Se rendant directement aux urgences, au vu du colis que transportait Duo avec précaution, on les laissa passer en priorité. Obligés d'abandonner leur coéquipier, les deux pilotes s'effondrèrent dans une salle d'attente.
Cependant, on ne les laissa pas à leur sort. Le personnel se renseignant sur l'identité et maux de leur nouveau patient. C'est Duo qui se chargea de leur répondre d'une voix blanche. Se présentant comme un cousin majeur d'Heero Maxwell âgé de quinze ans. Trowa, lui, étant un ami. Au vu des blessures, Duo demanda – en tant que responsable légal présent – à ce que Yuy soit admis en pédiatrie où il serait mieux traité qu'en psychiatrie.
Au bout de longues et pénibles heures d'attente, un médecin vint les prévenir : à force de transfusions sanguines, ils avaient réussi à maintenir Heero en vie, mais dans le coma. Apparemment, les deux garçons l'avait amené juste à temps, on avait frisé le point de non retour...
Une fois les formalités accomplies, un sombre silence s'abattit sur les deux pilotes. Jusqu'à présent, ils n'avaient communiqué qu'à propos de pures nécessités, trop choqués l'un et l'autre la mauvaise habitude étant prise, ils ne songèrent guère à en changer. Il n'auraient de toute façon fait que s'entredéchirer sur « qui » était responsable.
Duo aurait volontiers blâmé son vis à vis. Pourquoi diable des lames de rasoir trainaient-elles dans un tiroir à l'entière disponibilité d'Heero ? Depuis le début ! Il en était venu à se demander si l'acrobate n'avait pas non plus laissé trainé un revolver, voire du filin que Yuy puisse se pendre. Il avala difficilement sa salive. En telle circonstance, il aurait été impossible de sauver le jeune homme... Mais d'un autre côté c'était lui le principal responsable. Lui qui savait qu'Heero s'était tailladé un bras. Lui qui n'avait pas pensé que ça pourrait arriver. C'était lui qui était chargé d'être avec Heero ces derniers jours, qui aurait dû être près de lui quand c'était arrivé...
Trowa bien qu'il n'en laissa rien paraître pour qui ne le connaissait pas, était lui aussi rudement secoué. En fait, il était surtout perdu. Le jeune pilote qu'il admirait tant était-il réellement en dépression comme l'affirmait Maxwell ? Bien sûr, Trowa savait que cela n'allait pas bien, mais il avait tout mis sur le compte d'une mauvaise passe, comme chacun en connait un jour.
Le profond zèle du premier pilote était ce qui l'avait aussi poussé à ramasser le corps que les autres avaient cru mort. Avec une telle détermination, Heero ne devait pas avoir envie de mourir. Il allait juste trop loin dans ce qu'il faisait.
Et puis un coma d'un mois influençait n'importe qui. Un mois de coma, c'était un mois seul avec soi-même, un mois sans combat, sans infiltration, sans guerre. Il était normal de se retrouver un peu perdu. D'ailleurs Heero lui avait semblé bien zélé dès le début de vouloir aller à un Gundam encore blessé.
Le premier pilote avait fait tant de chichis pour pas grand chose lors des soins, qu'il avait fini par lui claquer les fesses, lui aussi, pour lui faire comprendre à quel point son comportement actuel était enfantin et improductif.
Il y a quelques jours, ils avaient discuté ensemble à la demande d'Heero. Barton avait enfin retrouvé le soldat qu'il admirait tant, celui que OZ craignait. Yuy avait eu à partir de ce moment des postures droites, un regard vif qu'il avait un peu perdu durant sa convalescence de quelques jours.
01 avait été direct, sûr de lui, lui avait signifié qu'il allait mieux et l'avait remercié de son intérêt. Il lui avait également signalé – à titre informatif – que ses méthodes n'avaient pas toujours été adéquates. Trowa avait acquiescé et pris la remarque en compte bien qu'il ne comptât pas renouveler l'expérience de sitôt.
Somme toute, tout allait bien. Heero avait même trouvé l'aplomb de remettre 02 à sa place. S'il avait fait des bourdes, c'est quand même Duo qui avait gagné la palme. Le jeune homme n'avait cessé de considérer le soldat parfait comme un enfant à protéger, épauler mais aussi à éduquer. Trowa était conscient d'avoir participé à cet espèce de délire.
Heero, pleurer ? Au point d'avoir besoin de Maxwell ? C'était impossible aux yeux de Barton. La véritable scène avait dû se résumer à une larme solitaire coulant sur la joue droite – ou gauche – de 01 et Duo s'empressant de lui fournir un kleenex.
C'était là que ça ne tenait plus. Heero fichant de lui même Duo à la porte, pourquoi aurait-il tenté de se tuer ? Il aurait dû respirer le bonheur. Pourtant ça n'avait pas été le cas. Ils étaient maintenant assis sur une chaise à l'hôpital avec Heero aux soins intensifs, entre la vie et la mort.
_._._._._._._._._._._A SUIVRE_._._._._._._._._._._
Il entendit d’un coup une voix hésitante s’adresser à lui.
« Mais qu’est ce que tu fais ? » S’enquit péniblement la personne qui n’était assurément pas Trowa.
Soufflé par la surprise d’entendre la voix le Maxwell, Heero se reprit pourtant et débita d’un ton monotone l’histoire qu’il voulait raconter à Barton.
« J’effectue une phlébotomie. »
« Hein ! » S’écria Duo en voyant le sang frais qui recouvrait entièrement le bras gauche. « Une quoi ? »
« Une technique de guérison médiévale. » Répondit le brun d’un ton un peu moins ferme.
Le natté secoua vigoureusement la tête avant d’expédier son sac à l’autre bout de la roulotte et de vite se rapprocher du jeune homme.
« Moi ta technique médiévale je l’appelle scarification ! »
Il attrapa au passage une poignée de compresses qu’il tendit à Heero.
« Place-moi ça sur ce que tu t’es fait, je vais nettoyer le reste. Bon sang ! Mais qu’est-ce qui t’a pris ? » Demanda-t-il plus calme mais toujours aussi choqué.
Duo était dans l’incompréhension la plus totale, cependant il devait repousser ses questions pour l’instant : ce n’était pas le moment. Il fallait avant tout soigner le bras blessé.
Voyant Yuy placer les compresses sur une zone bien plus réduite qu’il ne l’avait pensé il ravala un soupir. C’était toujours ça. Il ouvrit l’eau et s’employa alors à nettoyer le bras couvert de sang.
Caressant plus que ne frottant la peau, il eut rapidement nettoyé la partie non coupée. Il récupéra aussi la lame couverte de taches rouges qui gisait au fond de l’évier précautionneusement. Voyant que le sang coulait toujours un peu, il se rinça les mains puis se pencha vers le plan de travail et se saisit de bandes propres qu’il déballa.
« Tu retires ta main s’il te plait ? » Demanda-t-il gentiment.
Aussitôt que Yuy eut obéi il passa un peu d’eau claire sur la plaie avant d’entraîner le jeune homme à l’écart de l’évier redécoré à la mode vampire, puis subrepticement il entoura le bras blessé avec la bande et serra bien. Après quelques tours il termina son bandage compressif. Au moins cela ne devrait plus autant saigner dans l’immédiat.
Soupirant un grand coup, Duo ne put s’empêcher d’engager la conversation.
« Bon, ça devrait aller maintenant... Tu vas t’en sortir avec une belle cicatrice. »
Il se saisit du tas rouge très humide qui gisait au fond de l’évier : preuve que Heero avait essayé d’éponger par lui-même contrairement à ce qu’il avait pensé au départ et le mit de côté. Il prit ensuite le temps d’aller rincer l’évier et la lame. Pendant qu’il tournait le robinet il jeta un œil à Heero par dessus son épaule.
« Tu as eu de la chance que je sois retardé, c’est ce que je voulais te dire hier... Je pars demain soir. Si ça avait été Trowa il t’aurait flanqué une de ces fessées... »
Il poursuivit tout en passant la lame sous l’eau.
« T’inquiète pas. Je lui dirais rien. Par contre... j’aimerais bien comprendre. »
Le natté jeta les bandes et compresses souillées au fond de la poubelle tandis que Yuy se laissait tomber sur le bord du lit l’air vanné. Duo essuya ses mains brièvement, puis alla s’accroupir devant Heero.
« Heero, pourquoi tu as fait ça ? » S’enquit gentiment le châtain qui ne comprenait vraiment rien à ce qui venait de se passer. 01 avait-il de nouveau tenté de se suicider ? Ou plus vraisemblablement s’était-il donné une punition pour on ne sait quelle raison ?
Le brun n’osant pas répondre à cause de la gêne de s’être fait prendre, mais aussi la honte qu’il éprouvait vis à vis de son comportement, détourna la tête et garda les yeux baissés.
Au vu de l’attitude fermée, Duo eut un éclair : de quoi se mêlait-il ? Heero l’avait rejeté et ce plus d’une fois, il était une fois encore en train de l’emmerder... Se relevant brusquement il dit d’un ton sec.
« Excuse-moi. Je n’aurais pas dû m’occuper de toi. »
Il détourna la tête, cherchant son sac du regard.
« Après tout, je n’ai pas à intervenir dans ta relation avec Trowa... »
Ayant repéré ledit sac de l’autre côté du lit, Duo alla le chercher d’un pas vif avant de s’en saisir. Déçu, il s’assit sur une des chaises et entreprit de sortir le message que Quatre lui avait envoyé : tout s’expliquait pour le manque de missions.
Trop pris par sa lecture, il ne s’aperçut pas que Heero, d’abord choqué par les paroles, s’était ensuite allongé sur le côté, lui tournant le dos.
Ces dernières paroles tournaient sans cesse dans la tête du jeune homme. Quand Duo était accouru, l’air paniqué et avait pris soin de lui, il avait cru un instant qu’il lui avait pardonné son attitude de la veille. Il n’avait pas du tout eu l’air d’accomplir une corvée et pourtant...
Et pourtant, ces mots qu’il venait de lui dire... « Je n’aurais pas dû m’occuper de toi. » Qu’est ce que ça pouvait bien signifier à part des regrets ? Duo avait seulement oublié ce que Yuy lui avait fait et une fois calmé il s’était bien souvenu de la méchanceté que Heero avait eue à son égard.
Les cheveux bruns ébouriffés déposés sur l’oreiller bougèrent légèrement lorsque le jeune homme ramena son menton vers sa poitrine. Il s’en voulait tellement... Et en plus il n’avait même pas été capable de présenter des excuses à Duo ou même de répondre à ses questions... Le natté avait été tellement gentil avec lui l’ombre d’un instant... Retrouver une personne froide en face de lui l’avait bien réveillé.
Il ferma les yeux et avala sa salive avec difficulté en sentant les larmes lui monter aux yeux. Tant pis, il n’avait qu’à réfléchir avant. Il méritait bien ce qui lui arrivait après tout. Deux gouttes d’eau coulèrent le long de ses joues. A quoi bon hein ? Il se referma un peu plus sur lui même au souvenir de la présence rassurante de Maxwell lors de ses dernières larmes. Il lui avait vraiment fait du bien à ce moment là, et pourtant il avait été incapable de remercier… Il ne put retenir d’autres pleurs.
Pendant ce temps Duo regardait le fax de Quatre ignorant ce qui se passait derrière lui. S’il avait vu ça, il aurait certainement réagi. Mais voilà, préoccupé comme il l’était, il ne s’était rendu compte de rien.
Enfin, même s’il appréhende, il se retourne pour montrer le papier à Heero et le lui tend sans s’apercevoir des yeux rougis du métis. Il lui explique en quelques mots la situation d’un ton neutre, blessant Heero encore plus profondément.
Qu’est ce qu’il s’en foutait de J… Il se sentait comme s’il avait un poids sur le cœur et à la fois vide. Sa mutilation précédente ne lui avait servi à rien du tout. Il commençait vraiment à penser qu’il n’aurait pas dû paniquer et essuyer la blessure. Bien sûr perdre du fluide vital ne l’aidait pas à se sentir mieux, mais faire des efforts pour s’en sortir, il n’en avait plus aucune envie.
Soudain Duo que la pesanteur de l’ambiance commençait à plomber se releva et fit mine de quitter la roulotte.
« Où vas-tu ? » Ne put s’empêcher de demander Heero d’une voix un peu plus rauque qu’habituellement.
Le natté passablement gêné par la question se mordille la lèvre.
« Je m’ennuie, je retourne bosser. »
Le regard de Yuy se fit définitivement fuyant. Comment ne pas entendre tu m’ennuies, tu es ennuyeux, avec tous les sens négatifs que ça pouvait avoir ? De toute façon Duo n’avait pas besoin de le dire plus expressément pour qu’Heero comprenne qu’il ne faisait que lui pourrir la vie…
Duo fronça un peu les sourcils n’appréciant pas vraiment l’expression du brun juste avant qu’il ne tourne la tête de l’autre côté.
« Tu ne recommences pas ce que tu viens de faire, hein ? »
Finalement peu rassuré, Duo prit quand même le parti de partir, il essaierait de repasser fréquemment pour voir comment Yuy allait, même si ça risquait d’agacer le jeune homme.
Une fois le châtain parti, Heero se releva doucement, son bras le lançant, et retourna au tiroir où il avait trouvé les lames. A quoi bon continuer de vivre ? Il n’en pouvait plus de se sentir un poids pour les autres. Il allait vraiment les débarrasser, ce serait mieux pour tout le monde. Au pire, ils sauraient se serrer les coudes si jamais un avait besoin de réconfort. Il se saisit de nouveau d’une lame et retourna se coucher sur le côté dos à la porte. Regardant la ligne bleutée que formait la veine principale de son bras gauche, il posa la lame fine mais très tranchante sur l’avant bras et remonta jusqu’au pli du coude. Il sursauta légèrement en se sentant envahi par la douleur.
Avant qu’elle ne devienne omniprésente, il changea la lame de main et coupa le bras droit de la même façon. Le sang commençait à couler de façon bien plus alarmante que quelques minutes plus tôt. Tant mieux. Il réussirait cette fois. Autant essayer de dormir, plus vite il perdrait conscience, moins il souffrirait. Fermant les yeux, il appuya ses bras sur le matelas pour faire un appel. Oui, tout serait bientôt fini.
_._._._._._._._._._._
Duo ne savait pas pourquoi, mais il se sentait de plus en plus mal. Pourtant il était juste parti depuis une grosse demi-heure… Peut être devrait il passer à la roulotte ? Il se tâta un moment avant d'y aller. Lorsqu'il y pénétra, une odeur acre le prit à la gorge.
L'odeur du sang.
Il se précipita vers un Heero prostré sur le lit, les bras collés contre le matelas. Il était couvert de sang. Les draps semblaient trempés. Duo pâlit en comprenant ce qui se passait et revient à la porte précipitamment, hurlant à Trowa justement dehors de prendre un véhicule pour aller à l'hôpital le plus proche.
En attendant, il administra une gifle à Yuy pour tenter de le réveiller, sans trop de succès. Le jeune homme bien qu'encore conscient était trop affaibli. Il le souleva alors comme il put, quarante-cinq kilos de poids mort restant beaucoup, même pour lui. Il emporta le drap avec lui pour appuyer sur les plaies dont il ignorait encore l'étendue. Trowa choqué mais concentré vint l'aider à s'installer à l'arrière du véhicule, mettant Heero tête sur les genoux de Maxwell – qui de toute façon ne le quittait pas des yeux – et lui surélevant les jambes pour aider le sang à revenir dans le buste.
Il avait vérifié auprès de Catherine, l'hôpital le plus proche se trouvait de l'autre côté de la frontière sloviénienne, à presque cent kilomètres. Il allait falloir qu'Heero tienne. Non, il devait tenir. Ils n'avaient pas le choix !
Bien qu'ils roulèrent vite, la route fut affreusement longue. Duo, les larmes aux yeux regardait d'un air indéchiffrable le visage pâle qui était sur ses genoux. Sa main ne quittait la chevelure du jeune homme que pour caresser une joue trop froide.
Heero, bien que presque inconscient, se sentait plutôt bien. Oui, bien c'était le mot. Il sentait qu'il était en mouvement et appréhendait les conséquences que ça pourrait avoir sur son suicide, mais ses forces le quittaient de plus en plus. Au fur et à mesure du voyage, il ne sentait plus que le tissu chaud sur sa nuque et la ferme pression de son bienfaiteur sur ses bras mutilés.
Quelques instants plus tard, Yuy sentit qu'il perdait totalement pied. S'il s'évanouissait, c'était gagné. Un sourire de soulagement, si pas de bonheur, fleurit sur ses lèvres sèches. Quand il aperçut ce changement d'expression, Duo paniqua totalement, exhortant Trowa à pousser sur le champignon.
Tremblant légèrement, Duo ne quitta plus Heero du regard. Il avait mal. Très mal. Il venait en fait de s'apercevoir qu'aujourd'hui était la première fois où il voyait Yuy sourire. Qu'est ce qu'il avait dû souffrir pour ne trouver la force de sourire qu'une fois en train de mourir dans une camionnette lancée à vive allure ?
Pendant tous ces jours, il avait voulu aider Heero à aller mieux, qu'il se reconstruise. Mais il s'était entièrement trompé. Divaguant d'un côté à l'autre sans jamais toucher le principal. Il avait juste réussi à le rendre plus malheureux encore...
Après un temps beaucoup trop long, ils arrivèrent à l'hôpital. Se rendant directement aux urgences, au vu du colis que transportait Duo avec précaution, on les laissa passer en priorité. Obligés d'abandonner leur coéquipier, les deux pilotes s'effondrèrent dans une salle d'attente.
Cependant, on ne les laissa pas à leur sort. Le personnel se renseignant sur l'identité et maux de leur nouveau patient. C'est Duo qui se chargea de leur répondre d'une voix blanche. Se présentant comme un cousin majeur d'Heero Maxwell âgé de quinze ans. Trowa, lui, étant un ami. Au vu des blessures, Duo demanda – en tant que responsable légal présent – à ce que Yuy soit admis en pédiatrie où il serait mieux traité qu'en psychiatrie.
Au bout de longues et pénibles heures d'attente, un médecin vint les prévenir : à force de transfusions sanguines, ils avaient réussi à maintenir Heero en vie, mais dans le coma. Apparemment, les deux garçons l'avait amené juste à temps, on avait frisé le point de non retour...
Une fois les formalités accomplies, un sombre silence s'abattit sur les deux pilotes. Jusqu'à présent, ils n'avaient communiqué qu'à propos de pures nécessités, trop choqués l'un et l'autre la mauvaise habitude étant prise, ils ne songèrent guère à en changer. Il n'auraient de toute façon fait que s'entredéchirer sur « qui » était responsable.
Duo aurait volontiers blâmé son vis à vis. Pourquoi diable des lames de rasoir trainaient-elles dans un tiroir à l'entière disponibilité d'Heero ? Depuis le début ! Il en était venu à se demander si l'acrobate n'avait pas non plus laissé trainé un revolver, voire du filin que Yuy puisse se pendre. Il avala difficilement sa salive. En telle circonstance, il aurait été impossible de sauver le jeune homme... Mais d'un autre côté c'était lui le principal responsable. Lui qui savait qu'Heero s'était tailladé un bras. Lui qui n'avait pas pensé que ça pourrait arriver. C'était lui qui était chargé d'être avec Heero ces derniers jours, qui aurait dû être près de lui quand c'était arrivé...
Trowa bien qu'il n'en laissa rien paraître pour qui ne le connaissait pas, était lui aussi rudement secoué. En fait, il était surtout perdu. Le jeune pilote qu'il admirait tant était-il réellement en dépression comme l'affirmait Maxwell ? Bien sûr, Trowa savait que cela n'allait pas bien, mais il avait tout mis sur le compte d'une mauvaise passe, comme chacun en connait un jour.
Le profond zèle du premier pilote était ce qui l'avait aussi poussé à ramasser le corps que les autres avaient cru mort. Avec une telle détermination, Heero ne devait pas avoir envie de mourir. Il allait juste trop loin dans ce qu'il faisait.
Et puis un coma d'un mois influençait n'importe qui. Un mois de coma, c'était un mois seul avec soi-même, un mois sans combat, sans infiltration, sans guerre. Il était normal de se retrouver un peu perdu. D'ailleurs Heero lui avait semblé bien zélé dès le début de vouloir aller à un Gundam encore blessé.
Le premier pilote avait fait tant de chichis pour pas grand chose lors des soins, qu'il avait fini par lui claquer les fesses, lui aussi, pour lui faire comprendre à quel point son comportement actuel était enfantin et improductif.
Il y a quelques jours, ils avaient discuté ensemble à la demande d'Heero. Barton avait enfin retrouvé le soldat qu'il admirait tant, celui que OZ craignait. Yuy avait eu à partir de ce moment des postures droites, un regard vif qu'il avait un peu perdu durant sa convalescence de quelques jours.
01 avait été direct, sûr de lui, lui avait signifié qu'il allait mieux et l'avait remercié de son intérêt. Il lui avait également signalé – à titre informatif – que ses méthodes n'avaient pas toujours été adéquates. Trowa avait acquiescé et pris la remarque en compte bien qu'il ne comptât pas renouveler l'expérience de sitôt.
Somme toute, tout allait bien. Heero avait même trouvé l'aplomb de remettre 02 à sa place. S'il avait fait des bourdes, c'est quand même Duo qui avait gagné la palme. Le jeune homme n'avait cessé de considérer le soldat parfait comme un enfant à protéger, épauler mais aussi à éduquer. Trowa était conscient d'avoir participé à cet espèce de délire.
Heero, pleurer ? Au point d'avoir besoin de Maxwell ? C'était impossible aux yeux de Barton. La véritable scène avait dû se résumer à une larme solitaire coulant sur la joue droite – ou gauche – de 01 et Duo s'empressant de lui fournir un kleenex.
C'était là que ça ne tenait plus. Heero fichant de lui même Duo à la porte, pourquoi aurait-il tenté de se tuer ? Il aurait dû respirer le bonheur. Pourtant ça n'avait pas été le cas. Ils étaient maintenant assis sur une chaise à l'hôpital avec Heero aux soins intensifs, entre la vie et la mort.
_._._._._._._._._._._A SUIVRE_._._._._._._._._._._