les princes sorciers
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French › Originals
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Adult
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
le prince sorcier et le garçon
19. le prince sorcier et le garçon
Lucas est presque aussi furieux que désespéré par ce qui vient de se passer. Il ne s’y attendait pas. Le monde vient de s’écrouler, et il se retrouve debout au milieu des ruines. Il ne tenait que par ses illusions, et ce n’est pas un matériau très fiable.
Bambi en aime un autre. Un homme. Il aurait accepté que ce soit une fille. C’aurait été dans l’ordre des choses. Un garçon et une fille, quoi de plus naturel…
Ça ne l’aurait pas arrangé, mais il n’aurait pas été jaloux. Bambi préfère les filles comme la plupart des garçons ? Oui, il aurait accepté. Mais ce n’est pas ça.
Il lui annonce qu’il est amoureux d’un homme, qu’il a fait l’amour avec lui, qu’il en rêve… Non, ça, il ne peut l’admettre.
C’est une trahison.
Il aurait voulu être seul, réfléchir à tout ça, digérer… Mais il y a Michaël Berger, le gourou, et ses parents.
Sa fureur redouble lorsqu’il entend :
- Mon frère…
- Je n’ai pas de frère, hurle-t-il.
Si j’en avais un, songe-t-il avec regret, il saurait peut-être me consoler, trouver les mots pour me calmer.
Lucas s’attend à ce que son père réagisse, en faisant une réflexion du style : Sois poli avec notre invité. Il y a quelques années, il aurait eu droit à ce type de remarques, plus les sourcils froncés et le regard menaçant.
Après, il y aurait eu : Tu t’excuses, puis tu vas dans ta chambre.
Rien ne vient, et Lucas trouve ça regrettable. Ses parents sont semblables à deux statues de cire, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, simples éléments du décor.
Il se dit qu’il n’y a que lui et Michaël. Ils sont seuls.
L’homme a un sourire. Non, plutôt un rictus qui dévoile ses dents. Non, rectifie encore le garçon. Pas ses dents, mais ses crocs.
Il ressemble à un carnassier, un prédateur, et Lucas a la sensation de n’être qu’un frêle agneau destiné au sacrifice.
Comme s’il devinait ses pensées, Michaël Berger lui dit en désignant ses parents du menton :
- Ils ne comptent pas… Assieds-toi. Contrairement à ce que tu crois, nous avons beaucoup de points communs… Donc beaucoup à nous dire.
Son doigt désigne le garçon en short blanc et t-shirt noir, toujours assis sur le muret, de l’autre côté de la rue.
- Lui, ajoute-il, est un de nos points communs. Un trait d’union. Nous devrions en parler, tu ne crois pas.
Tu ne seras pas un zombie, se dit Kaël en dévisageant Lucas, toujours immobile devant la porte. Le regard du prince sorcier s’enfonce, le pénètre en profondeur. Quelques brèves secondes lui sont nécessaires pour comprendre l’essentiel et donc découvrir ce qu’il cherche : un levier. Celui qui fera basculer l’adolescent dans son camp.
Il a un nom : Jamy.
C’est presque un levier universel, songe-t-il avec ironie.
Il aurait pu m’appartenir jadis. Je l’avais arraché à Zhio. Pourquoi l’ai-je tué ? Parce que c’est ce qu’il désirait. Et aucun prince sorcier ne peut lui refuser quoi que ce soit. C’est son don, son pouvoir… Et c’est pour cette raison qu’il représente une menace pour les miens.
Il doit mourir une fois de plus, et pourtant, je ne veux pas qu’il meure.
Il m’appartiendra, jeune éphémère, se dit-il encore. Tu ne l’auras jamais. Et c’est toi qui vas me le donner. C’est le prix que tu devras payer pour entrer dans la meute.
- Tu l’aimes, murmure-t-il.
Lucas sursaute, comme frappé par la foudre. Il reste silencieux, figé, mais toute son attention est désormais tournée vers le prince sorcier.
- Il ne te rendra jamais cet amour, fait encore Kaël. Sais-tu pourquoi ?
Lucas hausse les épaules, sans répondre. Une image vient de surgir dans son esprit, celle d’un serpent de dessin animé, qui se love en susurrant d’une voix hypnotique : Aie confiance, ksss…
- Il appartient à quelqu’un d’autre, continue Kaël sans le quitter des yeux. Pas un homme, plutôt un démon. Une créature malfaisante, monstrueuse, démoniaque contre laquelle tu ne pourras jamais lutter. Tu es perdant d’avance si tu t’aventures à vouloir le combattre seul.
Il laisse échapper un bref soupir.
- Je le connais, tu sais. Je ne le connais que trop bien. Il est comme mon frère… Mon frère ennemi.
Le garçon est la proie. Il ne peut se détacher du regard de Kaël, fasciné par le prédateur. Il se sent lié à lui et incapable de défaire ce lien.
Il y a comme une flamme, se dit Lucas. C’est comme si un brassier flambait derrière ces yeux qui me fixent. Ça m’attire, et pourtant, je sais que si je m’en approche de trop près, ça sera douloureux.
Kaël, toujours en chuchotant, pareil à un prêtre qui récite ses incantations, montre tour à tour son père, puis sa mère.
- Comptes-tu sur eux pour t’aider ?
Lucas déglutie avec difficulté, sans répondre, ni bouger.
- Moi, je peux t’aider, fait encore le prince sorcier. Il suffit que tu me le demandes. Tu le sais, n’est-ce pas ? Et tu sais aussi qu’il n’y a que moi qui puisse le faire. Il n’y a personne d’autre que moi… Ils t’ont tous rejeté.
Kaël rejette subitement la tête en arrière et fixe avec toute l’intensité nécessaire sa jeune proie avant de dire d’une voix forte, de celle qu’on n’ose contester :
- Vois ce que je suis réellement…
Et il révèle son véritable aspect à Lucas.
Le garçon fait un bond en arrière et se retrouve dos contre le mur. Il se dit qu’il fait un cauchemar et qu’il va se réveiller dans son lit, en sueur et mort de trouille, avant de se mettre à rire, car se moquer de soi-même est souvent le meilleur moyen de se débarrasser d’une peur irrationnelle.
Sauf que ça n’a rien d’irrationnel.
Il n’a nul besoin de se pincer pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Ce n’est pas crédible, mais c’est réel. Il ne dort pas et n’a donc d’autre choix que de faire face à ce qui se trouve dans le salon, sans pouvoir compter sur l’aide de ses parents, des zombies sans volonté.
Ils sont esclaves du monstre qui le contemple.
C’est réel, se dit-il.
Mais ça ne peut être réel. Les démons, ça n’existe pas. Même lorsqu’il regarde un film d’horreur, il n’y croit pas. Alors, dans la maison où il vit, en présence de ses parents, en plein jour… Il ne peut y croire.
Mais ça ne change rien. C’est bien un démon qui lui fait face.
Je dois choisir, se dit Lucas. Maintenant. Il a le choix : soit il reste et il est foutu, soit il se tire d’ici en hurlant comme un damné, avec le risque de se retrouver en asile d’aliéné s’il a le malheur de raconter ce qu’il a vu.
Son regard quitte un instant Kaël. Bambi est toujours assis sur le muret, avec son air perplexe, si beau, si tentant… Si haïssable.
C’est lui qu’il veut, songe-t-il.
Bizarrement, sa conclusion est : je reste.
Le démon est gigantesque… Non, juste grand. Sans s’en rendre compte, fasciné, le garçon s’approche du monstre. Il est devant lui maintenant et sa main avance pour parcourir le torse du prince sorcier.
- Tu es pour de vrai, chuchote-il comme s’il se trouvait dans une église.
La peau semble être faite de vieux cuir. Elle est sèche, rugueuse, épaisse, presque grumeleuse. A certains moments, elle lui paraît brûlante, d’autres glacée. Parfois, les deux en même temps.
Les yeux qui le fixent avec attention sont pareils à un brassier, rouges et lumineux.
Ça se passe chez moi, se dit le garçon. Dans le décor banal de ma vie de tous les jours, et sous les yeux de mes parents, immobiles et sans réactions. Inexistants.
Il réussit enfin à s’avouer quelque chose qu’il sait depuis longtemps, mais qu’il n’a jamais osé formuler : ils sont morts. Il n’a plus de parents.
Le plus surprenant, c’est qu’il n’éprouve aucune tristesse, aucun chagrin. C’est une vieille histoire et il ne peut que l’accepter.
Il décide de les oublier, de faire son deuil.
Lucas est presque aussi furieux que désespéré par ce qui vient de se passer. Il ne s’y attendait pas. Le monde vient de s’écrouler, et il se retrouve debout au milieu des ruines. Il ne tenait que par ses illusions, et ce n’est pas un matériau très fiable.
Bambi en aime un autre. Un homme. Il aurait accepté que ce soit une fille. C’aurait été dans l’ordre des choses. Un garçon et une fille, quoi de plus naturel…
Ça ne l’aurait pas arrangé, mais il n’aurait pas été jaloux. Bambi préfère les filles comme la plupart des garçons ? Oui, il aurait accepté. Mais ce n’est pas ça.
Il lui annonce qu’il est amoureux d’un homme, qu’il a fait l’amour avec lui, qu’il en rêve… Non, ça, il ne peut l’admettre.
C’est une trahison.
Il aurait voulu être seul, réfléchir à tout ça, digérer… Mais il y a Michaël Berger, le gourou, et ses parents.
Sa fureur redouble lorsqu’il entend :
- Mon frère…
- Je n’ai pas de frère, hurle-t-il.
Si j’en avais un, songe-t-il avec regret, il saurait peut-être me consoler, trouver les mots pour me calmer.
Lucas s’attend à ce que son père réagisse, en faisant une réflexion du style : Sois poli avec notre invité. Il y a quelques années, il aurait eu droit à ce type de remarques, plus les sourcils froncés et le regard menaçant.
Après, il y aurait eu : Tu t’excuses, puis tu vas dans ta chambre.
Rien ne vient, et Lucas trouve ça regrettable. Ses parents sont semblables à deux statues de cire, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, indifférents à ce qui se passe autour d’eux, simples éléments du décor.
Il se dit qu’il n’y a que lui et Michaël. Ils sont seuls.
L’homme a un sourire. Non, plutôt un rictus qui dévoile ses dents. Non, rectifie encore le garçon. Pas ses dents, mais ses crocs.
Il ressemble à un carnassier, un prédateur, et Lucas a la sensation de n’être qu’un frêle agneau destiné au sacrifice.
Comme s’il devinait ses pensées, Michaël Berger lui dit en désignant ses parents du menton :
- Ils ne comptent pas… Assieds-toi. Contrairement à ce que tu crois, nous avons beaucoup de points communs… Donc beaucoup à nous dire.
Son doigt désigne le garçon en short blanc et t-shirt noir, toujours assis sur le muret, de l’autre côté de la rue.
- Lui, ajoute-il, est un de nos points communs. Un trait d’union. Nous devrions en parler, tu ne crois pas.
Tu ne seras pas un zombie, se dit Kaël en dévisageant Lucas, toujours immobile devant la porte. Le regard du prince sorcier s’enfonce, le pénètre en profondeur. Quelques brèves secondes lui sont nécessaires pour comprendre l’essentiel et donc découvrir ce qu’il cherche : un levier. Celui qui fera basculer l’adolescent dans son camp.
Il a un nom : Jamy.
C’est presque un levier universel, songe-t-il avec ironie.
Il aurait pu m’appartenir jadis. Je l’avais arraché à Zhio. Pourquoi l’ai-je tué ? Parce que c’est ce qu’il désirait. Et aucun prince sorcier ne peut lui refuser quoi que ce soit. C’est son don, son pouvoir… Et c’est pour cette raison qu’il représente une menace pour les miens.
Il doit mourir une fois de plus, et pourtant, je ne veux pas qu’il meure.
Il m’appartiendra, jeune éphémère, se dit-il encore. Tu ne l’auras jamais. Et c’est toi qui vas me le donner. C’est le prix que tu devras payer pour entrer dans la meute.
- Tu l’aimes, murmure-t-il.
Lucas sursaute, comme frappé par la foudre. Il reste silencieux, figé, mais toute son attention est désormais tournée vers le prince sorcier.
- Il ne te rendra jamais cet amour, fait encore Kaël. Sais-tu pourquoi ?
Lucas hausse les épaules, sans répondre. Une image vient de surgir dans son esprit, celle d’un serpent de dessin animé, qui se love en susurrant d’une voix hypnotique : Aie confiance, ksss…
- Il appartient à quelqu’un d’autre, continue Kaël sans le quitter des yeux. Pas un homme, plutôt un démon. Une créature malfaisante, monstrueuse, démoniaque contre laquelle tu ne pourras jamais lutter. Tu es perdant d’avance si tu t’aventures à vouloir le combattre seul.
Il laisse échapper un bref soupir.
- Je le connais, tu sais. Je ne le connais que trop bien. Il est comme mon frère… Mon frère ennemi.
Le garçon est la proie. Il ne peut se détacher du regard de Kaël, fasciné par le prédateur. Il se sent lié à lui et incapable de défaire ce lien.
Il y a comme une flamme, se dit Lucas. C’est comme si un brassier flambait derrière ces yeux qui me fixent. Ça m’attire, et pourtant, je sais que si je m’en approche de trop près, ça sera douloureux.
Kaël, toujours en chuchotant, pareil à un prêtre qui récite ses incantations, montre tour à tour son père, puis sa mère.
- Comptes-tu sur eux pour t’aider ?
Lucas déglutie avec difficulté, sans répondre, ni bouger.
- Moi, je peux t’aider, fait encore le prince sorcier. Il suffit que tu me le demandes. Tu le sais, n’est-ce pas ? Et tu sais aussi qu’il n’y a que moi qui puisse le faire. Il n’y a personne d’autre que moi… Ils t’ont tous rejeté.
Kaël rejette subitement la tête en arrière et fixe avec toute l’intensité nécessaire sa jeune proie avant de dire d’une voix forte, de celle qu’on n’ose contester :
- Vois ce que je suis réellement…
Et il révèle son véritable aspect à Lucas.
Le garçon fait un bond en arrière et se retrouve dos contre le mur. Il se dit qu’il fait un cauchemar et qu’il va se réveiller dans son lit, en sueur et mort de trouille, avant de se mettre à rire, car se moquer de soi-même est souvent le meilleur moyen de se débarrasser d’une peur irrationnelle.
Sauf que ça n’a rien d’irrationnel.
Il n’a nul besoin de se pincer pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un rêve. Ce n’est pas crédible, mais c’est réel. Il ne dort pas et n’a donc d’autre choix que de faire face à ce qui se trouve dans le salon, sans pouvoir compter sur l’aide de ses parents, des zombies sans volonté.
Ils sont esclaves du monstre qui le contemple.
C’est réel, se dit-il.
Mais ça ne peut être réel. Les démons, ça n’existe pas. Même lorsqu’il regarde un film d’horreur, il n’y croit pas. Alors, dans la maison où il vit, en présence de ses parents, en plein jour… Il ne peut y croire.
Mais ça ne change rien. C’est bien un démon qui lui fait face.
Je dois choisir, se dit Lucas. Maintenant. Il a le choix : soit il reste et il est foutu, soit il se tire d’ici en hurlant comme un damné, avec le risque de se retrouver en asile d’aliéné s’il a le malheur de raconter ce qu’il a vu.
Son regard quitte un instant Kaël. Bambi est toujours assis sur le muret, avec son air perplexe, si beau, si tentant… Si haïssable.
C’est lui qu’il veut, songe-t-il.
Bizarrement, sa conclusion est : je reste.
Le démon est gigantesque… Non, juste grand. Sans s’en rendre compte, fasciné, le garçon s’approche du monstre. Il est devant lui maintenant et sa main avance pour parcourir le torse du prince sorcier.
- Tu es pour de vrai, chuchote-il comme s’il se trouvait dans une église.
La peau semble être faite de vieux cuir. Elle est sèche, rugueuse, épaisse, presque grumeleuse. A certains moments, elle lui paraît brûlante, d’autres glacée. Parfois, les deux en même temps.
Les yeux qui le fixent avec attention sont pareils à un brassier, rouges et lumineux.
Ça se passe chez moi, se dit le garçon. Dans le décor banal de ma vie de tous les jours, et sous les yeux de mes parents, immobiles et sans réactions. Inexistants.
Il réussit enfin à s’avouer quelque chose qu’il sait depuis longtemps, mais qu’il n’a jamais osé formuler : ils sont morts. Il n’a plus de parents.
Le plus surprenant, c’est qu’il n’éprouve aucune tristesse, aucun chagrin. C’est une vieille histoire et il ne peut que l’accepter.
Il décide de les oublier, de faire son deuil.