Parle à mon cul ma tête est malade !
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French › Anime
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Adult
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Disclaimer:
I do not own this anime/manga, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
Chapitre 19
_._._._._._._._._._._PARLE A MON CUL MA TÊTE EST MALADE !_._._._._._._._._._._
Une semaine plus tard...
Heero ouvre doucement les yeux. Cela faisait plusieurs minutes qu'il était réveillé, et il appréhendait fortement. Son souffle, ses battements cardiaques bien que faibles, la douleur pulsative de ses bras, tout cela l'avait effrayé. Il devait être en vie.
Néanmoins, il avait pris sur lui d'ouvrir les yeux. Peut être n'était-ce qu'une réminiscence cérébrale ? Il ne croyait pas à la vie après la mort, pas plus qu'en une religion quelle qu'elle soit. Mais au fond on ne meurt qu'une fois, alors il n'en savait rien. Si une pseudo-vie éternelle ne le tentait pas, au moins ce serait toujours moins douloureux que d'affronter ses anciens camarades.
Ébloui par la lumière dans la pièce, il referma les yeux avant de les rouvrir sur un plafond d'une blancheur inhabituelle. Détournant le regard, il le posa sur son bras gauche. Celui-ci était presque entièrement bandé, de même que le droit. L'odeur de désinfectant, l'aiguille dans son bras et les légers 'bip' de la machine à laquelle il était encore relié, finirent de l'informer sur sa condition. Il était dans un hôpital, quelle horreur...
Il s'était encore raté. Entre dégoût et horreur, il n'eut pas le temps de réfléchir plus, qu'une femme entre deux âges vêtue d'un uniforme d'infirmière pénétrait dans la pièce. La femme s'adressa à lui, mais il était trop choqué pour faire attention à ce qu'elle disait.
Il était en vie.
Quel cauchemar...
En vie.
En fait, il devait juste être trop con pour se suicider. Des tas de gens y arrivaient du premier coup, mais lui non. Pourtant il avait vraiment tenté tout ce qu'il avait pu. C'est ça, il devait être totalement stupide pour ne pas réussir après tant d'essais. Et puis... Il se crispa en prenant conscience des dernières paroles de la femme qui n'avait cessé de parler sans qu'il n'en écoute un mot.
« ...Je vais aller chercher votre cousin Duo, il était mort d'inquiétude à votre sujet ! »
« Non. »
Le son de sa propre voix le scia sur place. Il ne se souvenait pas qu'elle ait été si rauque et désespérée. Mais voir Duo, c'était insurmontable. Il ne voulait pas se faire secouer les puces. Ni recevoir une autre fessée. Quoique s'il ne s'agissait que d'une volée de coups, il saurait s'en accommoder. Non. Il se souvenait trop bien de son comportement cruel et inutile avec Maxwell juste avant sa nouvelle tentative aussi ratée que les autres, aussi ratée que lui. Il avait été infect avec le natté une fois de trop et craignait les conséquences.
D'ailleurs qu'est ce que Duo faisait encore là ? Son cousin en plus ? Normalement il aurait plutôt dû le jeter dans un trou encore mourant...
« Vous ne voulez pas voir votre cousin ? » S'étonna la femme. « Il s'est fait tant de tracas à propos de votre état... »
Du tracas ? Pourquoi faire ? Il sursauta en voyant l'infirmière s'approcher de lui. Que voulait-elle ? Il aurait dû l'écouter. Décidément il était resté exactement le même : stupide, obtus et à côté de la plaque. La femme changea une pochette de transfusion presque vide avant d'appuyer sur un bouton pour appeler quelqu'un, surement un médecin, du moins il l'espérait, que ferait il si c'était Duo qui venait le voir ?
Une main sur son épaule le fit sursauter. Il mit quelques instants à se souvenir qu'il n'aimait pas qu'on le touche, mais là il s'en foutait. Son regard rencontra une paire d'yeux marrons qui le fixait avec douceur.
« Calmez-vous, un médecin va venir voir si vous vous êtes bien remis. »
Elle le lâcha mais profita de l'attention de son patient pour lui ré-expliquer ce qu'elle lui avait dit précédemment, se doutant vu son état de panique actuel qu'il ne l'avait pas écoutée.
« Vous êtes dans l'hôpital général de Slovénie, près de la frontière autrichienne. Duo et votre autre ami vous ont conduit ici suite à votre tentative de suicide. Vous avez été dans le coma pendant une semaine, seul votre cousin est resté. Vous leur avez causé tant d'inquiétude ! Vous êtes dans la section pédiatrique... Attendez, le médecin est arrivé. »
Elle s'éloigna, laissant la place à une femme blonde plus jeune qu'elle qui se présenta avant de vérifier les constantes de son patient devenu bien placide. Il sentait bien que la doctoresse contrairement à l'autre bavarde n'avait pas de temps à perdre et qu'il devait se laisser faire s'il espérait ne pas se faire reprendre ou corriger. Impressionnée par la guérison rapide, la doctoresse s'en retourna aussi vite qu'elle était venue après avoir certifié à l'infirmière, une femme aux cheveux bruns bouclés coupés courts et un peu ronde, que tout allait bien.
Comme si tout allait bien... Comme si tout pouvait aller bien...
L'infirmière sembla penser comme lui, car elle reprit son monologue.
« Votre cousin a insisté pour que vous soyez pris en pédiatrie comme le permet votre âge plutôt qu'en psychiatrie, Dieu qu'il a eu raison ! Ce n'est pas avec des médicaments qu'on force à prendre que la tête va mieux. »
Sentant la tension redescendre, et sa culpabilité reprendre le pas, Heero détourna son regard sur la plinthe au sol. Il se retrouvait de nouveau avec une belle envie de pleurer. Pourquoi Duo s'en était-il tant fait pour lui ? Pourquoi ces risques, ces précautions ? Il se sentait excessivement fatigué et fautif. Il ne méritait pas ces attentions. Il ne méritait rien du tout à vrai dire...
« Ça a un rapport avec votre cousin ? » Demanda calmement l'infirmière.
« ... »
« Ça a un rapport avec les bleus qu'on a trouvé sur vos fesses ? »
Yuy rougit de façon trop prononcée pour pouvoir le dissimuler complètement. Évidement, une fois dans un hôpital on avait dû s'empresser de l'examiner sous toutes les coutures... D'ailleurs, comment cela se faisait il qu'elle sache cela ? L'avait on préposée à son cas ? Il cilla. Son postérieur ne lui faisait plus du tout mal au moins...
« On ne peut pas refuser de visite à votre cousin sans bonne raison, il est votre seule famille et cela lui briserait le cœur. Allons, s'il y a un souci avec lui, il faut le dire ? »
Heero sentant un lourd mal de tête venir, nia de la tête, le regard toujours perdu dans un des coins de la pièce. C'était une chambre petite mais très propre et claire comprenant un unique lit que Yuy occupait.
« Il n'a pas envie de me voir. »
« Si vous l'aviez vu ! Le pauvre est toujours bouleversé, le docteur Miller est partie le prévenir de votre réveil. Il était mort de peur quand on lui a dit que le pronostique vital était bien engagé. »
Heero secoua de nouveau la tête.
« Il est venu vous voir chaque fois qu'on l'a autorisé, depuis que vous avez quitté les soins intensifs avant hier. »
« Il me déteste. »
La femme secoua la tête sans rien répliquer cette fois.
« Je reviens d'ici une demi-heure avec de quoi boire, on pourra peut être enlever la sonde urinaire d'ici ce soir. Si vous avez besoin de moi, sonnez, je suis à votre disposition. Monsieur Duo a payé d'avance pour que l'on s'occupe bien de vous, je n'ai que quelques autres patients à l'étage. »
Une demi-heure passa sans que rien ne change dans la chambre d'Heero. Au bout de quelques minutes de profond silence, le premier pilote avait osé relever un peu le regard vers la fenêtre de la chambre. Celle-ci devait donner sur une cour ou un parking. A travers la vitre, il entrevit un ou deux arbres, ainsi qu'un coin de ciel bleu clair dans lequel s'inscrivait un soleil qu'il supposa couchant à la lumière déclinante. Son mal de tête empirant, il décida de se redresser un peu pour mieux caler sa tête et ferma les yeux.
En entendant frapper à la porte, il rouvrit les yeux d'un coup, paniqué à l'idée d'une nouvelle visite. Le suspense ne dura néanmoins pas longtemps car l'infirmière qu'il avait rencontrée à son réveil pénétra dans la pièce.
« Tenez, voici de quoi boire, allez y doucement ! » Dit-elle en posant une petite bouteille d'eau surmontée d'un gobelet en plastique sur la table de nuit adjacente.
Yuy y jeta un bref coup d'œil avant de détourner de nouveau le regard en direction du sol de sa chambre, une espèce de lino gris.
La femme ne s'en formalisa pas et reprit sa conversation précédente.
« On a prévenu votre cousin de votre réveil. »
Heero tiqua mais ne dit rien. Il n'y avait rien à dire, elle l'avait prévenu...
« Bien sûr, il veut vous rendre visite. »
Yuy se crispa, faisant apparaître des rides nerveuses au dessus de ses sourcils.
« J'ai bien vu que vous ne vouliez pas, par contre je dois savoir pourquoi pour lui déconseiller ou lui interdire de le faire... »
Il avala difficilement sa salive.
« Ça a un rapport avec les bleus qu'on a trouvé ? C'est lui qui vous a frappé ? »
« C'était mérité. »
La femme cilla, heureuse d'avoir une réponse.
« Quel est le problème alors ? »
« Il sera déçu. »
« Déçu ? Il vous connait bien pourtant. »
« Il n'a pas pu oublier à quel point j'ai été horrible avec lui. »
« Allons, qu'avez-vous pu faire de si grave ? »
Heero sentit son regard s'embrumer. Duo lui avait déjà posé cette question, dit que ce n'était pas grave... Mais Heero savait bien que c'était grave puisqu'avant d'arriver ici le natté lui parlait à peine, d'un ton indifférent et ne s'occupait plus du tout de lui suite à son comportement lointain, voire dédaigneux et ses paroles brusques de rejet dont il ne pensait pas un mot.
« Je ne suis pas venu pour que tu m'aimes. » qu'il lui avait dit dès le début. Pourtant c'était le cas, contrairement à ce qu'il avait osé affirmer pour éloigner le second pilote de lui, quand il avait vraiment réalisé à quel point il le fatiguait nerveusement...
« Je n'ai jamais su que le blesser. Il faut que ça s'arrête. » Articula-t-il.
Il était étonné de parler si facilement à une quasi-inconnue, mais d'un autre côté le fait qu'elle soit externe à sa situation rendait la confidence bien plus facile.
« Je comprend bien, mais vous savez, c'est de savoir que vous ne voulez pas le voir qui va lui faire le plus de mal. »
« De toute façon, il ne voudra plus jamais me voir après. »
« Heero,... Vous vous appelez bien Heero ? Moi c'est Joséphine, si vous devez m'appeler. Heero, il n'a pas l'air de vous en vouloir. »
« Il devrait... »
Le voyant de nouveau comme s'il avait les larmes aux yeux, l'infirmière lui rapprocha la bouteille avant de changer de sujet.
« Essayez de boire, d'ici une heure vous aurez un repas léger. J'expliquerai à M. Duo que vous êtes trop fatigué pour supporter une visite aujourd'hui, mais pensez-y pour demain. Si vous vous sentez mal ou avez mal quelque part, sonnez, ça peut être important. »
Heero serra les lèvres et détourna le regard. Il tairait sa migraine. Après tout il méritait bien d'avoir mal. D'un autre côté, la femme venait de dire que c'était important... En repensant à ses maux de tête, il tâcha de mieux appuyer son crâne sur l'oreiller, y appuyant une tempe fraiche, en effet ses bras bandés ne lui étaient d'aucun secours.
« Vous avez mal à la tête ? »
Yuy cilla, puis hocha ladite tête. Finalement, il n'avait pas envie de mentir. Ce n'était pas comme si cela lui avait jamais réussi.
La femme sortit d'un pas vif avant de lui ramener un comprimé qu'elle lui tendit avec l'eau, aidant à positionner et plier le bras droit prisonnier de la perfusion que son patient puisse amener les objets à sa bouche . Heero lança un regard douloureux au médicament puis l'avala. Lui qui avait tant insisté en vain auprès de Duo pour en avoir...
Il détourna de nouveau le regard vers la fenêtre. Il n'avait même pas une chance s'enfuir pendant la nuit. Chambre située trop haut dans le bâtiment, sans vêtements à part la légère blouse verte dont on l'avait revêtu et avec un système de sécurité conséquent, c'était perdu d'avance. Et s'il avait bien retenu une chose, c'est que ses coéquipiers détestaient ce genre de comportement et que « fatigue » prétextée par l'infirmière ou pas, ils pourraient s'y mettre à deux pour lui flanquer une trempe lorsqu'il serait rattrapé. Hôpital ou pas, personnel présent ou pas.
D'ailleurs l'absence de Trowa l'étonnait. Quoiqu'il avait dû juger avoir assez perdu de temps comme ça avec un cas comme le sien. D'un autre côté le rôle du cousin éploré collait mieux à la personnalité de Duo. Même si, en vérité, Duo ne devait pas être plus éploré que Trowa ou n'importe quel autre pelé dans la place.
_._._._._._._._._._._
L'infirmière sortie, elle tomba sur Duo qui à une dizaine de mètres de la chambre faisait une triste mine. Comme elle n'avait pas l'air cette fois excessivement pressée, il s'approcha d'elle un peu pantelant.
La semaine passée avait été très dure pour lui. L'état d'Heero était parvenu à un état stationnaire certainement semblable à celui dans lequel Trowa l'avait ramassé un peu plus d'un mois auparavant. Bien que perturbé par les évènements, il était reparti travailler au cirque pour s'occuper et conserver sa couverture. Il avait tout de même fait le lendemain des évènements un aller retour jusqu'au camps pour ramener son sac à Duo qui avait prévu de rester au chevet de 01.
Enfin à son chevet.... Les visites en soin intensifs leur avaient été interdites, ils avaient juste le loisir d'observer la chambre à travers une sorte de porte vitrée aux heures de visites normales et de s'installer dans la salle d'attente aux autres horaires.
L'établissement ne faisant pas dans la charité pure, il leur avait rapidement été demandé comment ils comptaient régler les soins. N'ayant bien sûr aucune mutuelle, Duo s'était servi d'argent détourné qu'il avait en stock pour payer l'occupation de la chambre qu'il avait voulu individuelle, allant même jusqu'à s'octroyer un personnel fixe en la personne de Joséphine, qui avait volontiers accepté le marché de Maxwell. C'est à dire se rendre immédiatement disponible pour s'occuper d'Heero. Le jeune homme n'ayant pas besoin d'une surveillance constante, l'infirmière continuait néanmoins une bonne partie de son service.
Elle n'était pas du genre à accepter ce genre de caprice de famille riche, mais l'état de dévastation du natté et son désir que son cousin soit traité du mieux possible et façon à ce qu'il ne soit pas encore plus perturbé après le choc de se savoir en vie l'avait touchée.
Dévasté était le mot, Duo s'était fait un sang d'encre pour son coéquipier. Quasi-inconsolable les premiers jours, il n'avait cessé de dire que c'était de sa faute, qu'il aurait dû être plus présent, attentif. Il s'était un peu rasséréné quand Heero avait été déplacé dans une chambre normale une fois son coma devenu plus léger et ses bras en charpie un minimum soignés.
Maxwell n'avait alors pas quitté le chevet de son « cousin » lorsqu'on lui permettait une visite qui ne durait jamais bien longtemps. Il avait peut être passé l'équivalent de trois ou quatre heures avec Yuy, lui parlant et tenant possessivement une main à peine tiède.
Comme elle le lui avait promis, la doctoresse qui avait suivi Heero de loin était venue l'avertir du réveil de son patient, mais s'en était vite désintéressé. Les cas de suicides et tentatives de suicides n'ayant guère tendance à intéresser les médecins. Après tout, les buts des deux partis étaient totalement opposés et au final ne s'appréciaient guère. Du coup, le docteur Miller avait conseillé à Maxwell de se renseigner sur la possibilité d'une visite auprès de l'infirmière en charge, ce qu'il allait faire. Cette dernière étant de toute façon plus cordiale que la jeune femme blonde.
« Le docteur Miller m'a dit qu'il était réveillé ? »
Joséphine se tourna vers Duo et hocha la tête.
« En effet, je dirai qu'il va plutôt bien vu la situation, mais il est encore chamboulé, je crois qu'il faudra attendre au moins demain pour aller le voir. »
Aussitôt le visage de Maxwell s'assombrit et il détourna le regard.
« Il refuse de le voir. J'aurais dû me douter qu'il réagirait comme ça, il n'est pas du genre à donner de deuxième chance. Je lui cours sur le haricot et en plus je ne respecte même pas son choix de mourir. Il doit vraiment m'avoir dans le nez à présent. De toute façon, même avant qu'il... il ne voulait plus entendre mes explications et mes excuses. »
Au fur et à mesure de la phrase, la voix du natté s'était un peu plus brisée à chaque mot prononcé.
« Je crois que vous vous trompez sur ses sentiments. »
_._._._._._._._._._._A SUIVRE_._._._._._._._._._._
Une semaine plus tard...
Heero ouvre doucement les yeux. Cela faisait plusieurs minutes qu'il était réveillé, et il appréhendait fortement. Son souffle, ses battements cardiaques bien que faibles, la douleur pulsative de ses bras, tout cela l'avait effrayé. Il devait être en vie.
Néanmoins, il avait pris sur lui d'ouvrir les yeux. Peut être n'était-ce qu'une réminiscence cérébrale ? Il ne croyait pas à la vie après la mort, pas plus qu'en une religion quelle qu'elle soit. Mais au fond on ne meurt qu'une fois, alors il n'en savait rien. Si une pseudo-vie éternelle ne le tentait pas, au moins ce serait toujours moins douloureux que d'affronter ses anciens camarades.
Ébloui par la lumière dans la pièce, il referma les yeux avant de les rouvrir sur un plafond d'une blancheur inhabituelle. Détournant le regard, il le posa sur son bras gauche. Celui-ci était presque entièrement bandé, de même que le droit. L'odeur de désinfectant, l'aiguille dans son bras et les légers 'bip' de la machine à laquelle il était encore relié, finirent de l'informer sur sa condition. Il était dans un hôpital, quelle horreur...
Il s'était encore raté. Entre dégoût et horreur, il n'eut pas le temps de réfléchir plus, qu'une femme entre deux âges vêtue d'un uniforme d'infirmière pénétrait dans la pièce. La femme s'adressa à lui, mais il était trop choqué pour faire attention à ce qu'elle disait.
Il était en vie.
Quel cauchemar...
En vie.
En fait, il devait juste être trop con pour se suicider. Des tas de gens y arrivaient du premier coup, mais lui non. Pourtant il avait vraiment tenté tout ce qu'il avait pu. C'est ça, il devait être totalement stupide pour ne pas réussir après tant d'essais. Et puis... Il se crispa en prenant conscience des dernières paroles de la femme qui n'avait cessé de parler sans qu'il n'en écoute un mot.
« ...Je vais aller chercher votre cousin Duo, il était mort d'inquiétude à votre sujet ! »
« Non. »
Le son de sa propre voix le scia sur place. Il ne se souvenait pas qu'elle ait été si rauque et désespérée. Mais voir Duo, c'était insurmontable. Il ne voulait pas se faire secouer les puces. Ni recevoir une autre fessée. Quoique s'il ne s'agissait que d'une volée de coups, il saurait s'en accommoder. Non. Il se souvenait trop bien de son comportement cruel et inutile avec Maxwell juste avant sa nouvelle tentative aussi ratée que les autres, aussi ratée que lui. Il avait été infect avec le natté une fois de trop et craignait les conséquences.
D'ailleurs qu'est ce que Duo faisait encore là ? Son cousin en plus ? Normalement il aurait plutôt dû le jeter dans un trou encore mourant...
« Vous ne voulez pas voir votre cousin ? » S'étonna la femme. « Il s'est fait tant de tracas à propos de votre état... »
Du tracas ? Pourquoi faire ? Il sursauta en voyant l'infirmière s'approcher de lui. Que voulait-elle ? Il aurait dû l'écouter. Décidément il était resté exactement le même : stupide, obtus et à côté de la plaque. La femme changea une pochette de transfusion presque vide avant d'appuyer sur un bouton pour appeler quelqu'un, surement un médecin, du moins il l'espérait, que ferait il si c'était Duo qui venait le voir ?
Une main sur son épaule le fit sursauter. Il mit quelques instants à se souvenir qu'il n'aimait pas qu'on le touche, mais là il s'en foutait. Son regard rencontra une paire d'yeux marrons qui le fixait avec douceur.
« Calmez-vous, un médecin va venir voir si vous vous êtes bien remis. »
Elle le lâcha mais profita de l'attention de son patient pour lui ré-expliquer ce qu'elle lui avait dit précédemment, se doutant vu son état de panique actuel qu'il ne l'avait pas écoutée.
« Vous êtes dans l'hôpital général de Slovénie, près de la frontière autrichienne. Duo et votre autre ami vous ont conduit ici suite à votre tentative de suicide. Vous avez été dans le coma pendant une semaine, seul votre cousin est resté. Vous leur avez causé tant d'inquiétude ! Vous êtes dans la section pédiatrique... Attendez, le médecin est arrivé. »
Elle s'éloigna, laissant la place à une femme blonde plus jeune qu'elle qui se présenta avant de vérifier les constantes de son patient devenu bien placide. Il sentait bien que la doctoresse contrairement à l'autre bavarde n'avait pas de temps à perdre et qu'il devait se laisser faire s'il espérait ne pas se faire reprendre ou corriger. Impressionnée par la guérison rapide, la doctoresse s'en retourna aussi vite qu'elle était venue après avoir certifié à l'infirmière, une femme aux cheveux bruns bouclés coupés courts et un peu ronde, que tout allait bien.
Comme si tout allait bien... Comme si tout pouvait aller bien...
L'infirmière sembla penser comme lui, car elle reprit son monologue.
« Votre cousin a insisté pour que vous soyez pris en pédiatrie comme le permet votre âge plutôt qu'en psychiatrie, Dieu qu'il a eu raison ! Ce n'est pas avec des médicaments qu'on force à prendre que la tête va mieux. »
Sentant la tension redescendre, et sa culpabilité reprendre le pas, Heero détourna son regard sur la plinthe au sol. Il se retrouvait de nouveau avec une belle envie de pleurer. Pourquoi Duo s'en était-il tant fait pour lui ? Pourquoi ces risques, ces précautions ? Il se sentait excessivement fatigué et fautif. Il ne méritait pas ces attentions. Il ne méritait rien du tout à vrai dire...
« Ça a un rapport avec votre cousin ? » Demanda calmement l'infirmière.
« ... »
« Ça a un rapport avec les bleus qu'on a trouvé sur vos fesses ? »
Yuy rougit de façon trop prononcée pour pouvoir le dissimuler complètement. Évidement, une fois dans un hôpital on avait dû s'empresser de l'examiner sous toutes les coutures... D'ailleurs, comment cela se faisait il qu'elle sache cela ? L'avait on préposée à son cas ? Il cilla. Son postérieur ne lui faisait plus du tout mal au moins...
« On ne peut pas refuser de visite à votre cousin sans bonne raison, il est votre seule famille et cela lui briserait le cœur. Allons, s'il y a un souci avec lui, il faut le dire ? »
Heero sentant un lourd mal de tête venir, nia de la tête, le regard toujours perdu dans un des coins de la pièce. C'était une chambre petite mais très propre et claire comprenant un unique lit que Yuy occupait.
« Il n'a pas envie de me voir. »
« Si vous l'aviez vu ! Le pauvre est toujours bouleversé, le docteur Miller est partie le prévenir de votre réveil. Il était mort de peur quand on lui a dit que le pronostique vital était bien engagé. »
Heero secoua de nouveau la tête.
« Il est venu vous voir chaque fois qu'on l'a autorisé, depuis que vous avez quitté les soins intensifs avant hier. »
« Il me déteste. »
La femme secoua la tête sans rien répliquer cette fois.
« Je reviens d'ici une demi-heure avec de quoi boire, on pourra peut être enlever la sonde urinaire d'ici ce soir. Si vous avez besoin de moi, sonnez, je suis à votre disposition. Monsieur Duo a payé d'avance pour que l'on s'occupe bien de vous, je n'ai que quelques autres patients à l'étage. »
Une demi-heure passa sans que rien ne change dans la chambre d'Heero. Au bout de quelques minutes de profond silence, le premier pilote avait osé relever un peu le regard vers la fenêtre de la chambre. Celle-ci devait donner sur une cour ou un parking. A travers la vitre, il entrevit un ou deux arbres, ainsi qu'un coin de ciel bleu clair dans lequel s'inscrivait un soleil qu'il supposa couchant à la lumière déclinante. Son mal de tête empirant, il décida de se redresser un peu pour mieux caler sa tête et ferma les yeux.
En entendant frapper à la porte, il rouvrit les yeux d'un coup, paniqué à l'idée d'une nouvelle visite. Le suspense ne dura néanmoins pas longtemps car l'infirmière qu'il avait rencontrée à son réveil pénétra dans la pièce.
« Tenez, voici de quoi boire, allez y doucement ! » Dit-elle en posant une petite bouteille d'eau surmontée d'un gobelet en plastique sur la table de nuit adjacente.
Yuy y jeta un bref coup d'œil avant de détourner de nouveau le regard en direction du sol de sa chambre, une espèce de lino gris.
La femme ne s'en formalisa pas et reprit sa conversation précédente.
« On a prévenu votre cousin de votre réveil. »
Heero tiqua mais ne dit rien. Il n'y avait rien à dire, elle l'avait prévenu...
« Bien sûr, il veut vous rendre visite. »
Yuy se crispa, faisant apparaître des rides nerveuses au dessus de ses sourcils.
« J'ai bien vu que vous ne vouliez pas, par contre je dois savoir pourquoi pour lui déconseiller ou lui interdire de le faire... »
Il avala difficilement sa salive.
« Ça a un rapport avec les bleus qu'on a trouvé ? C'est lui qui vous a frappé ? »
« C'était mérité. »
La femme cilla, heureuse d'avoir une réponse.
« Quel est le problème alors ? »
« Il sera déçu. »
« Déçu ? Il vous connait bien pourtant. »
« Il n'a pas pu oublier à quel point j'ai été horrible avec lui. »
« Allons, qu'avez-vous pu faire de si grave ? »
Heero sentit son regard s'embrumer. Duo lui avait déjà posé cette question, dit que ce n'était pas grave... Mais Heero savait bien que c'était grave puisqu'avant d'arriver ici le natté lui parlait à peine, d'un ton indifférent et ne s'occupait plus du tout de lui suite à son comportement lointain, voire dédaigneux et ses paroles brusques de rejet dont il ne pensait pas un mot.
« Je ne suis pas venu pour que tu m'aimes. » qu'il lui avait dit dès le début. Pourtant c'était le cas, contrairement à ce qu'il avait osé affirmer pour éloigner le second pilote de lui, quand il avait vraiment réalisé à quel point il le fatiguait nerveusement...
« Je n'ai jamais su que le blesser. Il faut que ça s'arrête. » Articula-t-il.
Il était étonné de parler si facilement à une quasi-inconnue, mais d'un autre côté le fait qu'elle soit externe à sa situation rendait la confidence bien plus facile.
« Je comprend bien, mais vous savez, c'est de savoir que vous ne voulez pas le voir qui va lui faire le plus de mal. »
« De toute façon, il ne voudra plus jamais me voir après. »
« Heero,... Vous vous appelez bien Heero ? Moi c'est Joséphine, si vous devez m'appeler. Heero, il n'a pas l'air de vous en vouloir. »
« Il devrait... »
Le voyant de nouveau comme s'il avait les larmes aux yeux, l'infirmière lui rapprocha la bouteille avant de changer de sujet.
« Essayez de boire, d'ici une heure vous aurez un repas léger. J'expliquerai à M. Duo que vous êtes trop fatigué pour supporter une visite aujourd'hui, mais pensez-y pour demain. Si vous vous sentez mal ou avez mal quelque part, sonnez, ça peut être important. »
Heero serra les lèvres et détourna le regard. Il tairait sa migraine. Après tout il méritait bien d'avoir mal. D'un autre côté, la femme venait de dire que c'était important... En repensant à ses maux de tête, il tâcha de mieux appuyer son crâne sur l'oreiller, y appuyant une tempe fraiche, en effet ses bras bandés ne lui étaient d'aucun secours.
« Vous avez mal à la tête ? »
Yuy cilla, puis hocha ladite tête. Finalement, il n'avait pas envie de mentir. Ce n'était pas comme si cela lui avait jamais réussi.
La femme sortit d'un pas vif avant de lui ramener un comprimé qu'elle lui tendit avec l'eau, aidant à positionner et plier le bras droit prisonnier de la perfusion que son patient puisse amener les objets à sa bouche . Heero lança un regard douloureux au médicament puis l'avala. Lui qui avait tant insisté en vain auprès de Duo pour en avoir...
Il détourna de nouveau le regard vers la fenêtre. Il n'avait même pas une chance s'enfuir pendant la nuit. Chambre située trop haut dans le bâtiment, sans vêtements à part la légère blouse verte dont on l'avait revêtu et avec un système de sécurité conséquent, c'était perdu d'avance. Et s'il avait bien retenu une chose, c'est que ses coéquipiers détestaient ce genre de comportement et que « fatigue » prétextée par l'infirmière ou pas, ils pourraient s'y mettre à deux pour lui flanquer une trempe lorsqu'il serait rattrapé. Hôpital ou pas, personnel présent ou pas.
D'ailleurs l'absence de Trowa l'étonnait. Quoiqu'il avait dû juger avoir assez perdu de temps comme ça avec un cas comme le sien. D'un autre côté le rôle du cousin éploré collait mieux à la personnalité de Duo. Même si, en vérité, Duo ne devait pas être plus éploré que Trowa ou n'importe quel autre pelé dans la place.
_._._._._._._._._._._
L'infirmière sortie, elle tomba sur Duo qui à une dizaine de mètres de la chambre faisait une triste mine. Comme elle n'avait pas l'air cette fois excessivement pressée, il s'approcha d'elle un peu pantelant.
La semaine passée avait été très dure pour lui. L'état d'Heero était parvenu à un état stationnaire certainement semblable à celui dans lequel Trowa l'avait ramassé un peu plus d'un mois auparavant. Bien que perturbé par les évènements, il était reparti travailler au cirque pour s'occuper et conserver sa couverture. Il avait tout de même fait le lendemain des évènements un aller retour jusqu'au camps pour ramener son sac à Duo qui avait prévu de rester au chevet de 01.
Enfin à son chevet.... Les visites en soin intensifs leur avaient été interdites, ils avaient juste le loisir d'observer la chambre à travers une sorte de porte vitrée aux heures de visites normales et de s'installer dans la salle d'attente aux autres horaires.
L'établissement ne faisant pas dans la charité pure, il leur avait rapidement été demandé comment ils comptaient régler les soins. N'ayant bien sûr aucune mutuelle, Duo s'était servi d'argent détourné qu'il avait en stock pour payer l'occupation de la chambre qu'il avait voulu individuelle, allant même jusqu'à s'octroyer un personnel fixe en la personne de Joséphine, qui avait volontiers accepté le marché de Maxwell. C'est à dire se rendre immédiatement disponible pour s'occuper d'Heero. Le jeune homme n'ayant pas besoin d'une surveillance constante, l'infirmière continuait néanmoins une bonne partie de son service.
Elle n'était pas du genre à accepter ce genre de caprice de famille riche, mais l'état de dévastation du natté et son désir que son cousin soit traité du mieux possible et façon à ce qu'il ne soit pas encore plus perturbé après le choc de se savoir en vie l'avait touchée.
Dévasté était le mot, Duo s'était fait un sang d'encre pour son coéquipier. Quasi-inconsolable les premiers jours, il n'avait cessé de dire que c'était de sa faute, qu'il aurait dû être plus présent, attentif. Il s'était un peu rasséréné quand Heero avait été déplacé dans une chambre normale une fois son coma devenu plus léger et ses bras en charpie un minimum soignés.
Maxwell n'avait alors pas quitté le chevet de son « cousin » lorsqu'on lui permettait une visite qui ne durait jamais bien longtemps. Il avait peut être passé l'équivalent de trois ou quatre heures avec Yuy, lui parlant et tenant possessivement une main à peine tiède.
Comme elle le lui avait promis, la doctoresse qui avait suivi Heero de loin était venue l'avertir du réveil de son patient, mais s'en était vite désintéressé. Les cas de suicides et tentatives de suicides n'ayant guère tendance à intéresser les médecins. Après tout, les buts des deux partis étaient totalement opposés et au final ne s'appréciaient guère. Du coup, le docteur Miller avait conseillé à Maxwell de se renseigner sur la possibilité d'une visite auprès de l'infirmière en charge, ce qu'il allait faire. Cette dernière étant de toute façon plus cordiale que la jeune femme blonde.
« Le docteur Miller m'a dit qu'il était réveillé ? »
Joséphine se tourna vers Duo et hocha la tête.
« En effet, je dirai qu'il va plutôt bien vu la situation, mais il est encore chamboulé, je crois qu'il faudra attendre au moins demain pour aller le voir. »
Aussitôt le visage de Maxwell s'assombrit et il détourna le regard.
« Il refuse de le voir. J'aurais dû me douter qu'il réagirait comme ça, il n'est pas du genre à donner de deuxième chance. Je lui cours sur le haricot et en plus je ne respecte même pas son choix de mourir. Il doit vraiment m'avoir dans le nez à présent. De toute façon, même avant qu'il... il ne voulait plus entendre mes explications et mes excuses. »
Au fur et à mesure de la phrase, la voix du natté s'était un peu plus brisée à chaque mot prononcé.
« Je crois que vous vous trompez sur ses sentiments. »
_._._._._._._._._._._A SUIVRE_._._._._._._._._._._