Parle à mon cul ma tête est malade !
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French › Anime
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Adult
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Disclaimer:
I do not own this anime/manga, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
Chapitre 20
_._._._._._._._._._._PARLE A MON CUL MA TÊTE EST MALADE !_._._._._._._._._._._
« Je crois que vous vous trompez sur ses sentiments. »
Surpris, Duo regarda de nouveau l'infirmière qui lui faisait face.
« Vous vous aimez tous les deux énormément. »
« Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça... »
« Vous savez, il est terrorisé. »
« Pardon ? »
« Ça se voit au premier coup d'œil et le peu qu'il m'a avoué me conforte. Il a très peur de la façon dont vous pouvez réagir. Peur que vous ne vouliez pas le voir. Mais il a aussi peur que vous soyez déçu en le voyant. Il a peur de mal réagir. De vous faire encore de la peine. Que vous le détestiez. Que vous lui en vouliez... »
« Ce n'est pas possible qu'on parle du même Heero. »
« Peut être qu'il portait une carapace avec vous, parce que je vous jure que ce n'est pas du chiqué. »
« Je le connais vraiment mal... » Soupira Duo, après tout il n'était plus à un échec près, mais en même temps, il avait énormément de mal à croire ce qu'il entendait.
« Il n'a pas eu une vie facile de ce que vous avez dit au service. Orphelin de guerre, pris dans un attentat... »
« De toute façon, il ne veut pas me voir. » Soupira Duo, les larmes aux yeux.
« Au contraire, je crois qu'il en a très envie. Mais... Il ne sait pas quoi vous dire. Il craint vraiment de vous blesser plus encore. De vous ennuyer. »
A l'entente des derniers mots de la femme, les larmes coulèrent d'elles-même.
« Qu'y a-t-il ? J'ai dit quelque chose de mal ? » S'étonna-t-elle en le voyant de nouveau pleurer.
« Non... Il aurait sans doute eu besoin de quelqu'un comme vous avant... Je... Avant qu'il... La dernière fois que je l'ai vu, je lui ai dit que je partais travailler parce que je m'ennuyais... C'est la dernière chose que je lui ai dite.... »
« Allons, demain il faut aller le voir. »
« Il ne vous a rien dit pour... vous aviez vu ses fesses ? »
« Les traces de coups ? Bien sûr. »
« Et il n'a rien... »
« Je sais que c'est vous qui lui avez donné une correction. Pas la peine d'en faire toute une histoire, chacun a droit à l'erreur. Il pense de toute façon l'avoir bien méritée. »
« ... »
« Allez, plus de cinéma. Promettez-moi que vous irez le voir demain, vous en avez tous les deux besoin ! »
« Je... d'accord. Mais... qu'est ce que je dois lui dire ? »
« La vérité. »
« ... »
« Vous avez eu peur pour lui ? Vous avez eu de la peine ? Vous vous êtes senti très mal ? Il ignore tout ça, il faut lui dire. Vous êtes heureux qu'il soit en vie ? Dites le lui ! Si vous l'aimez dites le lui aussi. Vous voulez le prendre dans les bras, lui serrer la main, lui montrer du réconfort, allez y. Je dois continuer mon travail, il y a d'autres jeunes à l'étage. »
« Merci madame. »
« Madame ? C'est pas marqué madame ! » Lança l'infirmière en montrant son badge. « Mon nom est Joséphine, alors appelez moi comme ça ! Madame... Et pourquoi pas grand-mère aussi ? » Râla-t-elle en faisant la moue, arrachant un sourire à Maxwell.
_._._._._._._._._._._
Joséphine était revenue voir le premier pilote plus tard dans la soirée. Comme lors de son dernier coma, Heero se sentait assez assoiffé et n'avait pas eu besoin d'être sans cesse sollicité pour qu'il daigne boire quelque chose, l'infirmière avait donc été plus que satisfaite.
Yuy avait bien plus appréhendé le repas, mais heureusement pour lui, on ne lui servit qu'une soupe. Bien qu'il n'eut pas plus faim que les dernières fois où on lui avait proposé un repas, il se força à en avaler une partie dans l'espoir qu'on lui retire l'horripilante perfusion placée dans son bras droit plusieurs centimètres au dessus du pli du coude, malgré que les veines n'y soient pas très visibles.
L'emplacement pouvait sembler original, mais au vu des larges bandages qui entouraient ses avant-bras maltraités, cela ne semblait plus si illogique. Son bras gauche étant entièrement enrubanné en deux parties distinctes qu'il puisse un peu plier le coude, il ne restait plus que la partie haute du bras droit de disponible ainsi que la base de ses poignets. Il avait d'ailleurs été surpris de constater que le bandage – moins épais que ce à quoi on pouvait s'attendre – était dépourvu de toute tache de sang sur les avant-bras.
D'un autre côté, il se doutait bien qu'en une semaine, l'équipe soignante – peut-être réduite à son infirmière pour l'instant attitrée – avait eu le temps de traiter le carnage qu'il avait accompli sans ciller.
Heero regardait encore son bras gauche d'un air désolé quand Joséphine entra pour récupérer le plateau repas depuis longtemps abandonné. L'heure commençait à être tardive, la femme avait été occupée ailleurs. Il lui jeta un coup œil pour observer ses faits et gestes, puis retourna à sa contemplation. Le voyant se mordiller la lèvre comme s'il hésitait à dire quelque chose, la femme prit les devants.
« Vous voulez quelque chose ? »
« Vous ne changez pas les bandages ? » Finit par interroger Yuy le regard toujours fixé sur ses bras.
« Non, généralement je le fais le matin. C'est trop inconfortable ? »
Heero nia de la tête. Le tiraillement de la peau et les picotements, il s'y attendait.
« J'aurais juste voulu... J'aurais juste voulu voir les cicatrices. Je vais devoir vivre avec ap... »
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'infirmière s'était approchée du côté gauche du lit et s'assit sur une chaise posée le long du mur avant de se saisir délicatement du bras gauche et de défaire doucement le bandage de la partie basse du bras.
« Juste le bas. L'os va bien, mais le muscle et la peau ne sont toujours pas guéris. » Commença-t-elle en montrant le haut du bras. « Votre cousin nous a dit que vous aviez coupé le tissu cicatriciel avec une lame de rasoir. Il y a eu infection durant votre coma, on a dû encore rouvrir pour désinfecter et faire de vrais points de sutures internes, dessus la peau est trop abimée il y a encore risque de surinfection. »
Du sang maculant le bandage en question, Heero ne douta pas une seconde de ce qu'affirmait l'infirmière. La blessure n'avait jamais été traitée correctement et il n'avait fait qu'empirer les choses avec un comportement inapproprié.
Au fil des mots, le bras avait été peu à peu dénudé. Heero cilla plusieurs fois lorsque Joséphine lui laissa l'accès à son bras.
« N'y touchez pas, vous pourriez tout infecter. Je vous fais confiance pour ne pas vous l'abimer. Il serait dommage que nous devions vous attacher. »
Elle sortit alors rapidement pour chercher la bande qui lui manquait, laissant le loisir à Heero d'observer sa cicatrice.
Il fut surpris de voir à quel point la guérison était avancée. La peau était encore rouge, mais le trait presque droit qui filait le long de la veine sous-jacente tirait vers le blanc – si on omettait les quelques croutes qu'il restait – et ne comportait aucun relief. Le bras était juste un peu enflé et du liquide jaune pâle, une sorte de pu, tachait le bandage usagé.
Ramenant son bras vers son visage, Heero regarda la cicatrice de plus près. Même si elle semblait être en très bonne voie de guérison, cela lui semblait tout de même immense : presque vingt-cinq centimètres. Il avait vraiment tranché sur une si grande longueur ? Une boule se forma dans son ventre et il redéposa son bras sur le drap, cicatrice vers le plafond.
Dans tous les cas, il serait impossible dans le futur de dissimuler une telle chose. Lui qui était toujours bras nus, c'en était fini. Il ne serait sans doute plus pris au sérieux avec de telles plaies. Il aurait dû y penser avant... Sauf qu'avant il voulait mourir. Une fois mort, qui se serait soucié qu'il ait les bras déchiquetés ?
A vrai dire, il se sentait bien mieux qu'avant sa tentative de suicide. Son coma n'avait pas été aussi éprouvant que le précédent. Au moins, il n'avait pas fait de rêve idiot et s'était bizarrement senti mieux encadré, comme protégé. De plus si réaliser son nouvel échec à son réveil lui avait fait très mal, il s'était en quelque sorte fait une raison : il n'y arriverait jamais. Alors autant faire avec ce qu'il avait. Mais il ferait seul, sans les autres.
Si vivre lui était moins insupportable, il n'en était pas de même pour son relationnel avec ses anciennes connaissances. Dans la situation actuelle, il souhaitait ne jamais revoir un des autres pilotes de Gundam ou bien Relena. D'ailleurs il ferait sûrement mieux de ne plus combattre. Il n'était bon qu'à ça, mais même dans son domaine de prédilection, il enchainait les erreurs. De toute façon il n'avait plus de Gundam, plus d'arme, plus rien. De nouveau au bord des larmes mais cette fois pour une raison différente de ses coéquipiers, il arrêta de penser et guetta le retour de l'infirmière.
Une fois revenue, celle-ci commença, à la surprise d'Heero, à défaire le bandage de son bras droit et retira l'aiguille de la perfusion.
« C'est bien, vous avez été sage. » Sourit-elle avant d'aller refaire le bandage du bras gauche. « D'ici un jour ou deux, on tachera de les laisser à l'air libre. »
Captant le regard quasi mélancolique d'Heero, elle suivit son regard vers la cicatrice du bras droit, une autre fine ligne bordée de rouge qui comme sa sœur supputait encore un peu. Celle-ci mesurait presque trente centimètres et ondulait légèrement jusqu'au dessus du pli du coude.
« Si vous regrettez, il y aura toujours moyen de faire quelque chose. Vous avez bien cicatrisé, si vous prenez la peine de les hydrater avec une crème spécifique, avec le renouvellement de la peau, d'ici quelques années elles seront très discrètes. Il y a aussi moyen d'avoir des beaux résultats au laser après cicatrisation complète. »
Yuy ne répondit rien, guère consolé au vu de ce qu'il avait à ses yeux perdu – entre autre sa crédibilité de combattant dans la guerre actuelle – et la laissa finir son travail.
« Par contre il faudra attendre que vous puissiez quitter le lit pour la sonde. Nous verrons pour que vous vous leviez demain. Je vais vous donner tout de suite le traitement que le Docteur Miller a prescrit pour la douleur et la guérison de vos bras. »
Rassuré de ne pas voir de suppositoires à l'horizon mais un bête comprimé contre la douleur présenté dans un petit récipient de plastique comme il en avait eu quelques heures auparavant, il ne fut pourtant pas totalement en la voyant monter une seringue. Mais il avait décidé de rester placide pendant son séjour afin que celui-ci dure le moins de temps possible.
« Normalement, on fait ça en intramusculaire dans le deltoïde. Vu l'état de vos bras, il n'en est pas question. Fesse ou cuisse ? »
Ne souhaitant pas répondre à pareille question qu'il jugeait limite humiliante même s'il appréciait qu'on lui laisse le choix, il se contenta de se tourner sur le côté de façon à montrer son dos à l'infirmière. Vu sa tenue inexistante, il préférait encore montrer l'arrière que l'avant, même s'il n'y couperait pas à cause de cette fichue sonde.
Heero eut tout de même l'heureuse surprise de sentir le drap être baissé juste ce qui était nécessaire, ne laissant en vue directe que le haut de la fesse droite. L'injection en elle même fut un peu douloureuse, mais assurément rien d'insurmontable au vu de ce qu'il avait déjà pu subir.
En se repositionnant sur le dos, il regarda de nouveau par la fenêtre. La soirée devait être bien avancée, mais il ne faisait pas entièrement nuit à l'extérieur. N'ayant eu aucun retour sur la venue ou non de Maxwell, il se décida à poser la question, une boule dans la gorge.
« Duo ne viendra pas ? » Demanda-t-il d'un ton quelque peu incertain.
« Non, mais il était affligé. » Répliqua Joséphine clairement réprobatrice.
« ...Vous devez croire que je suis quelqu'un d'abject. » Supposa Heero après un court silence, le regard de nouveau perdu sur un point inexistant de la décoration.
« Je crois que vous aimez beaucoup votre cousin. Mais si vous ne voulez pas lui faire de mal, vous vous trompez de méthode. »
« Quoique je dise ou fasse, je le blesse toujours. »
« Soyez vous-même, c'est à trop vouloir convenir en tout point à M. Duo que vous finissez par vous mélanger. Il a l'air de drôlement tenir à vous, mais il n'a pas besoin que vous soyez parfait. »
« Il n'est là que par culpabilité. »
« Vous croyez vraiment ? »
« Il se croit responsable de ma stupidité. »
« Je comprend qu'il vous ait donné la fessée. »
Les yeux d'Heero s'écarquillèrent. Surpris par la réponse qu'il venait d'obtenir – il est vrai à une énième plainte quelque peu répétitive – il resta sans voix.
« Vous vous complaisez dans votre malheur ! Ouvrez donc un peu les yeux, en cas de coup dur, on ne tient jamais avec de fausses excuses. Cela fait une semaine qu'il se morfond pour vous, il devait même se morfondre avant. Je ne sais pas pourquoi il tient à vous, mais c'est le cas. Si vous ne voulez pas le blesser commencez par lui faire plaisir en acceptant de le voir dès demain. »
« Pour lui dire quoi ? » Demanda-t-il d'un ton moins confiant que précédemment, s'entendre cité dans la même phrase que le mot « fessée » le calmait toujours aussi efficacement.
« Parlez-lui de vous, des émotions que vous ressentez. C'est ça qu'il veut savoir, si vous avez peur ou confiance, si vous êtes triste ou heureux, agacé ou amusé, dubitatif ou déterminé... »
« ...J'en suis incapable. »
La phrase prononcée d'une voix blanche quelques instants après la fin de la sienne dépourvut l'infirmière. Néanmoins elle se reprit et fixa Yuy d'un regard sérieux.
« Si ça vous est supportable, ne le rejetez pas. A continuer comme il le fait, c'est lui qui va finir sur un lit d'hôpital. »
Aussitôt Heero fronça légèrement les sourcils, tout à coup inquiet. Pourquoi avait elle dit cela ? Qu'avait bien pu faire Duo qui puisse alerter à ce point un entourage qui ne le connaissait pas du tout ? Lui qui était si doué pour dissimuler une partie de ses émotions continuellement, ça ne collait pas.
« Qu'a-t-il ? » S'enquit-il enfin avec un ton plus vif qui ne trompa pas l'infirmière.
« Jugez en par vous-même ! » Répondit la femme avant de finir son travail.
Puis elle sortit non sans avoir fermé le volet, et souhaité une bonne nuit à son patient, lui rappelant tout de même qu'en cas de problème quelconque, il devait l'appeler. A plus de 21h, il était de toute façon plus que temps de dormir dans la section, surtout que Yuy lui avait semblé fatigué et n'avait de toute façon aucune occupation possible à part réfléchir.
Heero fut un peu surpris de se retrouver si vite couché et dans le noir. Mais d'un autre côté cela n'avait rien d'incohérent avec sa situation.
Immédiatement, son esprit revient sur Duo, le dernier sujet de conversation de la journée. A présent il se faisait du souci pour son coéquipier. En fait, il n'avait jamais réalisé le ressenti et l'état réel du second pilote, restant dans une espèce de fantasme où, par crainte d'avoir encore plus mal, il envisageait le pire. Mais en fait, il ne savait rien de ce qui se passait dans la tête de ses proches.
Si l'infirmière voulait le culpabiliser, elle venait de réussir. Et en même temps, Heero se disait que c'était une bonne chose. S'il en avait assez de faire du mal aux autres, la première chose à faire était de céder à leurs envies. Sans doute qu'il pourrait en souffrir, mais ne le méritait-il pas après tout ? Peut être aussi que cela ferait moins mal que ressasser ses propres croyances. Sinon tant pis. Au moins il serait sans doute plus fixé sur son avenir.
Au final plus fatigué qu'il ne l'eut cru, il ne tarda pas à s'endormir.
_._._._._._._._._._._A SUIVRE_._._._._._._._._._._
« Je crois que vous vous trompez sur ses sentiments. »
Surpris, Duo regarda de nouveau l'infirmière qui lui faisait face.
« Vous vous aimez tous les deux énormément. »
« Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça... »
« Vous savez, il est terrorisé. »
« Pardon ? »
« Ça se voit au premier coup d'œil et le peu qu'il m'a avoué me conforte. Il a très peur de la façon dont vous pouvez réagir. Peur que vous ne vouliez pas le voir. Mais il a aussi peur que vous soyez déçu en le voyant. Il a peur de mal réagir. De vous faire encore de la peine. Que vous le détestiez. Que vous lui en vouliez... »
« Ce n'est pas possible qu'on parle du même Heero. »
« Peut être qu'il portait une carapace avec vous, parce que je vous jure que ce n'est pas du chiqué. »
« Je le connais vraiment mal... » Soupira Duo, après tout il n'était plus à un échec près, mais en même temps, il avait énormément de mal à croire ce qu'il entendait.
« Il n'a pas eu une vie facile de ce que vous avez dit au service. Orphelin de guerre, pris dans un attentat... »
« De toute façon, il ne veut pas me voir. » Soupira Duo, les larmes aux yeux.
« Au contraire, je crois qu'il en a très envie. Mais... Il ne sait pas quoi vous dire. Il craint vraiment de vous blesser plus encore. De vous ennuyer. »
A l'entente des derniers mots de la femme, les larmes coulèrent d'elles-même.
« Qu'y a-t-il ? J'ai dit quelque chose de mal ? » S'étonna-t-elle en le voyant de nouveau pleurer.
« Non... Il aurait sans doute eu besoin de quelqu'un comme vous avant... Je... Avant qu'il... La dernière fois que je l'ai vu, je lui ai dit que je partais travailler parce que je m'ennuyais... C'est la dernière chose que je lui ai dite.... »
« Allons, demain il faut aller le voir. »
« Il ne vous a rien dit pour... vous aviez vu ses fesses ? »
« Les traces de coups ? Bien sûr. »
« Et il n'a rien... »
« Je sais que c'est vous qui lui avez donné une correction. Pas la peine d'en faire toute une histoire, chacun a droit à l'erreur. Il pense de toute façon l'avoir bien méritée. »
« ... »
« Allez, plus de cinéma. Promettez-moi que vous irez le voir demain, vous en avez tous les deux besoin ! »
« Je... d'accord. Mais... qu'est ce que je dois lui dire ? »
« La vérité. »
« ... »
« Vous avez eu peur pour lui ? Vous avez eu de la peine ? Vous vous êtes senti très mal ? Il ignore tout ça, il faut lui dire. Vous êtes heureux qu'il soit en vie ? Dites le lui ! Si vous l'aimez dites le lui aussi. Vous voulez le prendre dans les bras, lui serrer la main, lui montrer du réconfort, allez y. Je dois continuer mon travail, il y a d'autres jeunes à l'étage. »
« Merci madame. »
« Madame ? C'est pas marqué madame ! » Lança l'infirmière en montrant son badge. « Mon nom est Joséphine, alors appelez moi comme ça ! Madame... Et pourquoi pas grand-mère aussi ? » Râla-t-elle en faisant la moue, arrachant un sourire à Maxwell.
_._._._._._._._._._._
Joséphine était revenue voir le premier pilote plus tard dans la soirée. Comme lors de son dernier coma, Heero se sentait assez assoiffé et n'avait pas eu besoin d'être sans cesse sollicité pour qu'il daigne boire quelque chose, l'infirmière avait donc été plus que satisfaite.
Yuy avait bien plus appréhendé le repas, mais heureusement pour lui, on ne lui servit qu'une soupe. Bien qu'il n'eut pas plus faim que les dernières fois où on lui avait proposé un repas, il se força à en avaler une partie dans l'espoir qu'on lui retire l'horripilante perfusion placée dans son bras droit plusieurs centimètres au dessus du pli du coude, malgré que les veines n'y soient pas très visibles.
L'emplacement pouvait sembler original, mais au vu des larges bandages qui entouraient ses avant-bras maltraités, cela ne semblait plus si illogique. Son bras gauche étant entièrement enrubanné en deux parties distinctes qu'il puisse un peu plier le coude, il ne restait plus que la partie haute du bras droit de disponible ainsi que la base de ses poignets. Il avait d'ailleurs été surpris de constater que le bandage – moins épais que ce à quoi on pouvait s'attendre – était dépourvu de toute tache de sang sur les avant-bras.
D'un autre côté, il se doutait bien qu'en une semaine, l'équipe soignante – peut-être réduite à son infirmière pour l'instant attitrée – avait eu le temps de traiter le carnage qu'il avait accompli sans ciller.
Heero regardait encore son bras gauche d'un air désolé quand Joséphine entra pour récupérer le plateau repas depuis longtemps abandonné. L'heure commençait à être tardive, la femme avait été occupée ailleurs. Il lui jeta un coup œil pour observer ses faits et gestes, puis retourna à sa contemplation. Le voyant se mordiller la lèvre comme s'il hésitait à dire quelque chose, la femme prit les devants.
« Vous voulez quelque chose ? »
« Vous ne changez pas les bandages ? » Finit par interroger Yuy le regard toujours fixé sur ses bras.
« Non, généralement je le fais le matin. C'est trop inconfortable ? »
Heero nia de la tête. Le tiraillement de la peau et les picotements, il s'y attendait.
« J'aurais juste voulu... J'aurais juste voulu voir les cicatrices. Je vais devoir vivre avec ap... »
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'infirmière s'était approchée du côté gauche du lit et s'assit sur une chaise posée le long du mur avant de se saisir délicatement du bras gauche et de défaire doucement le bandage de la partie basse du bras.
« Juste le bas. L'os va bien, mais le muscle et la peau ne sont toujours pas guéris. » Commença-t-elle en montrant le haut du bras. « Votre cousin nous a dit que vous aviez coupé le tissu cicatriciel avec une lame de rasoir. Il y a eu infection durant votre coma, on a dû encore rouvrir pour désinfecter et faire de vrais points de sutures internes, dessus la peau est trop abimée il y a encore risque de surinfection. »
Du sang maculant le bandage en question, Heero ne douta pas une seconde de ce qu'affirmait l'infirmière. La blessure n'avait jamais été traitée correctement et il n'avait fait qu'empirer les choses avec un comportement inapproprié.
Au fil des mots, le bras avait été peu à peu dénudé. Heero cilla plusieurs fois lorsque Joséphine lui laissa l'accès à son bras.
« N'y touchez pas, vous pourriez tout infecter. Je vous fais confiance pour ne pas vous l'abimer. Il serait dommage que nous devions vous attacher. »
Elle sortit alors rapidement pour chercher la bande qui lui manquait, laissant le loisir à Heero d'observer sa cicatrice.
Il fut surpris de voir à quel point la guérison était avancée. La peau était encore rouge, mais le trait presque droit qui filait le long de la veine sous-jacente tirait vers le blanc – si on omettait les quelques croutes qu'il restait – et ne comportait aucun relief. Le bras était juste un peu enflé et du liquide jaune pâle, une sorte de pu, tachait le bandage usagé.
Ramenant son bras vers son visage, Heero regarda la cicatrice de plus près. Même si elle semblait être en très bonne voie de guérison, cela lui semblait tout de même immense : presque vingt-cinq centimètres. Il avait vraiment tranché sur une si grande longueur ? Une boule se forma dans son ventre et il redéposa son bras sur le drap, cicatrice vers le plafond.
Dans tous les cas, il serait impossible dans le futur de dissimuler une telle chose. Lui qui était toujours bras nus, c'en était fini. Il ne serait sans doute plus pris au sérieux avec de telles plaies. Il aurait dû y penser avant... Sauf qu'avant il voulait mourir. Une fois mort, qui se serait soucié qu'il ait les bras déchiquetés ?
A vrai dire, il se sentait bien mieux qu'avant sa tentative de suicide. Son coma n'avait pas été aussi éprouvant que le précédent. Au moins, il n'avait pas fait de rêve idiot et s'était bizarrement senti mieux encadré, comme protégé. De plus si réaliser son nouvel échec à son réveil lui avait fait très mal, il s'était en quelque sorte fait une raison : il n'y arriverait jamais. Alors autant faire avec ce qu'il avait. Mais il ferait seul, sans les autres.
Si vivre lui était moins insupportable, il n'en était pas de même pour son relationnel avec ses anciennes connaissances. Dans la situation actuelle, il souhaitait ne jamais revoir un des autres pilotes de Gundam ou bien Relena. D'ailleurs il ferait sûrement mieux de ne plus combattre. Il n'était bon qu'à ça, mais même dans son domaine de prédilection, il enchainait les erreurs. De toute façon il n'avait plus de Gundam, plus d'arme, plus rien. De nouveau au bord des larmes mais cette fois pour une raison différente de ses coéquipiers, il arrêta de penser et guetta le retour de l'infirmière.
Une fois revenue, celle-ci commença, à la surprise d'Heero, à défaire le bandage de son bras droit et retira l'aiguille de la perfusion.
« C'est bien, vous avez été sage. » Sourit-elle avant d'aller refaire le bandage du bras gauche. « D'ici un jour ou deux, on tachera de les laisser à l'air libre. »
Captant le regard quasi mélancolique d'Heero, elle suivit son regard vers la cicatrice du bras droit, une autre fine ligne bordée de rouge qui comme sa sœur supputait encore un peu. Celle-ci mesurait presque trente centimètres et ondulait légèrement jusqu'au dessus du pli du coude.
« Si vous regrettez, il y aura toujours moyen de faire quelque chose. Vous avez bien cicatrisé, si vous prenez la peine de les hydrater avec une crème spécifique, avec le renouvellement de la peau, d'ici quelques années elles seront très discrètes. Il y a aussi moyen d'avoir des beaux résultats au laser après cicatrisation complète. »
Yuy ne répondit rien, guère consolé au vu de ce qu'il avait à ses yeux perdu – entre autre sa crédibilité de combattant dans la guerre actuelle – et la laissa finir son travail.
« Par contre il faudra attendre que vous puissiez quitter le lit pour la sonde. Nous verrons pour que vous vous leviez demain. Je vais vous donner tout de suite le traitement que le Docteur Miller a prescrit pour la douleur et la guérison de vos bras. »
Rassuré de ne pas voir de suppositoires à l'horizon mais un bête comprimé contre la douleur présenté dans un petit récipient de plastique comme il en avait eu quelques heures auparavant, il ne fut pourtant pas totalement en la voyant monter une seringue. Mais il avait décidé de rester placide pendant son séjour afin que celui-ci dure le moins de temps possible.
« Normalement, on fait ça en intramusculaire dans le deltoïde. Vu l'état de vos bras, il n'en est pas question. Fesse ou cuisse ? »
Ne souhaitant pas répondre à pareille question qu'il jugeait limite humiliante même s'il appréciait qu'on lui laisse le choix, il se contenta de se tourner sur le côté de façon à montrer son dos à l'infirmière. Vu sa tenue inexistante, il préférait encore montrer l'arrière que l'avant, même s'il n'y couperait pas à cause de cette fichue sonde.
Heero eut tout de même l'heureuse surprise de sentir le drap être baissé juste ce qui était nécessaire, ne laissant en vue directe que le haut de la fesse droite. L'injection en elle même fut un peu douloureuse, mais assurément rien d'insurmontable au vu de ce qu'il avait déjà pu subir.
En se repositionnant sur le dos, il regarda de nouveau par la fenêtre. La soirée devait être bien avancée, mais il ne faisait pas entièrement nuit à l'extérieur. N'ayant eu aucun retour sur la venue ou non de Maxwell, il se décida à poser la question, une boule dans la gorge.
« Duo ne viendra pas ? » Demanda-t-il d'un ton quelque peu incertain.
« Non, mais il était affligé. » Répliqua Joséphine clairement réprobatrice.
« ...Vous devez croire que je suis quelqu'un d'abject. » Supposa Heero après un court silence, le regard de nouveau perdu sur un point inexistant de la décoration.
« Je crois que vous aimez beaucoup votre cousin. Mais si vous ne voulez pas lui faire de mal, vous vous trompez de méthode. »
« Quoique je dise ou fasse, je le blesse toujours. »
« Soyez vous-même, c'est à trop vouloir convenir en tout point à M. Duo que vous finissez par vous mélanger. Il a l'air de drôlement tenir à vous, mais il n'a pas besoin que vous soyez parfait. »
« Il n'est là que par culpabilité. »
« Vous croyez vraiment ? »
« Il se croit responsable de ma stupidité. »
« Je comprend qu'il vous ait donné la fessée. »
Les yeux d'Heero s'écarquillèrent. Surpris par la réponse qu'il venait d'obtenir – il est vrai à une énième plainte quelque peu répétitive – il resta sans voix.
« Vous vous complaisez dans votre malheur ! Ouvrez donc un peu les yeux, en cas de coup dur, on ne tient jamais avec de fausses excuses. Cela fait une semaine qu'il se morfond pour vous, il devait même se morfondre avant. Je ne sais pas pourquoi il tient à vous, mais c'est le cas. Si vous ne voulez pas le blesser commencez par lui faire plaisir en acceptant de le voir dès demain. »
« Pour lui dire quoi ? » Demanda-t-il d'un ton moins confiant que précédemment, s'entendre cité dans la même phrase que le mot « fessée » le calmait toujours aussi efficacement.
« Parlez-lui de vous, des émotions que vous ressentez. C'est ça qu'il veut savoir, si vous avez peur ou confiance, si vous êtes triste ou heureux, agacé ou amusé, dubitatif ou déterminé... »
« ...J'en suis incapable. »
La phrase prononcée d'une voix blanche quelques instants après la fin de la sienne dépourvut l'infirmière. Néanmoins elle se reprit et fixa Yuy d'un regard sérieux.
« Si ça vous est supportable, ne le rejetez pas. A continuer comme il le fait, c'est lui qui va finir sur un lit d'hôpital. »
Aussitôt Heero fronça légèrement les sourcils, tout à coup inquiet. Pourquoi avait elle dit cela ? Qu'avait bien pu faire Duo qui puisse alerter à ce point un entourage qui ne le connaissait pas du tout ? Lui qui était si doué pour dissimuler une partie de ses émotions continuellement, ça ne collait pas.
« Qu'a-t-il ? » S'enquit-il enfin avec un ton plus vif qui ne trompa pas l'infirmière.
« Jugez en par vous-même ! » Répondit la femme avant de finir son travail.
Puis elle sortit non sans avoir fermé le volet, et souhaité une bonne nuit à son patient, lui rappelant tout de même qu'en cas de problème quelconque, il devait l'appeler. A plus de 21h, il était de toute façon plus que temps de dormir dans la section, surtout que Yuy lui avait semblé fatigué et n'avait de toute façon aucune occupation possible à part réfléchir.
Heero fut un peu surpris de se retrouver si vite couché et dans le noir. Mais d'un autre côté cela n'avait rien d'incohérent avec sa situation.
Immédiatement, son esprit revient sur Duo, le dernier sujet de conversation de la journée. A présent il se faisait du souci pour son coéquipier. En fait, il n'avait jamais réalisé le ressenti et l'état réel du second pilote, restant dans une espèce de fantasme où, par crainte d'avoir encore plus mal, il envisageait le pire. Mais en fait, il ne savait rien de ce qui se passait dans la tête de ses proches.
Si l'infirmière voulait le culpabiliser, elle venait de réussir. Et en même temps, Heero se disait que c'était une bonne chose. S'il en avait assez de faire du mal aux autres, la première chose à faire était de céder à leurs envies. Sans doute qu'il pourrait en souffrir, mais ne le méritait-il pas après tout ? Peut être aussi que cela ferait moins mal que ressasser ses propres croyances. Sinon tant pis. Au moins il serait sans doute plus fixé sur son avenir.
Au final plus fatigué qu'il ne l'eut cru, il ne tarda pas à s'endormir.
_._._._._._._._._._._A SUIVRE_._._._._._._._._._._