A Chacun Sa Part d'Ombre
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Chapitre 3
CHAPITRE 3
Avouer à sa mère qu’il était homosexuel avait probablement été la chose la plus dure qu’il n’ait jamais faite. Ce n’est pas comme s’il avait toujours été extrêment viril, ou s’il avait eu une tripotée de petites amies…Sincèrement, il pensait que sa mère avait déjà quelques doutes, mais de là à les confirmer…il avait répété jour et nuit, comme un rôle dans une pièce de théâtre qu’il voulait apprendre par cœur, en faisant de grandes phrases, en les tournant de manière appropriée, pour faire passer la pilule plus facilement. Et puis il s’était fixé un jour. Mais ce jour venu, il ne savait plus quoi dire. C’est ainsi qu’un matin, entre deux cuillères de céréales, il avait balbutié un « Maman…je crois, je crois que je suis gay.. . ». A son plus grand étonnement, elle avait continué à siroter son café et lui avait demandé « Tu crois ? ». Et s’en été suivi une longue discussion sur le fait qu’il était encore tellement jeune et qu’à son âge, c’était difficile de connaître son orientation sexuelle, mais qu’il ne devait pas se faire de souci, qu’il avait le droit d’aimer qui il voulait et que jamais elle ne se formaliserait ou ne serait déçue par le fait qu’il soit homosexuel.
Voilà pourquoi il l’aimait si fort. Pour lui, sa mère était la femme la plus compréhensive au monde. Il avait tellement eu peur de sa réaction, il était le seul fils qui lui restait et il aurait voulu être parfait. Du moins normal. Mais la normalité a une définition différente de l’esprit de chacun.
Alix sourit. C’est vrai que Sylvia était quelqu’un d’assez triviale. Mais elle était contente que le petit blond ait enfin mis sa mère dans la confidence. La jeune fille avait été la première à le savoir. Elle se souvenait parfaitement du jour où elle avait retrouvé Maël en pleurs derrière le gymnase du collège. Elle s’était assise à côté de lui, et lui avait demandé ce qui le tracassait. La voix étouffée par ses sanglots, il lui avait dit qu’il était bizarre ou malade, qu’il avait l’impression d’être amoureux d’un des garçons de sa classe. A cette époque, il était en 4éme, et il avait à peine 12 ans. Alix avait explosé de rire, elle lui avait expliqué que ça arrivait qu’on puisse être amoureux de quelqu’un du même sexe, qu’il n’était pas malade, mais que la plupart des gens ne comprenaient pas, ni ne l’approuvait. Pauvre Maëlys, ça avait été son premier chagrin d’amour.
Il était à présent presque 16h, Sylvia était partie depuis une demie heure, les informant qu’elle partait plus tôt dans l’espoir de pouvoir rentrer plus tôt demain matin. Les deux adolescents avaient bavardés pendant tout ce temps, évoquant principalement des anecdotes qu’ils avaient en commun. Cela faisait presque un an qu’il n’avait pas passé du temps ensemble. Ça leur paraissait inconcevable, dire qu’ils étaient si proches, qu’ils l’étaient encore d’ailleurs, les dernières heures le prouvait.
_ « Tu m’en veux ? » Demanda tout à coup la jeune fille.
_ « Hein ? » Le soudain changement de sujet laissa Maël légèrement perplexe.
Alix soupira et pencha la tête du coté, afin de mieux voir les yeux du blondinet.
_ « De ne pas être venue durant cette année, de ne pas avoir été là pour te soutenir, pour vous soutenir… »
_ « Bien sur que non…je sais que ça aurait été difficile…et on avait besoin de se retrouver, Maman et moi. »
_ « Je m’en veux moi… »
_ « Pourquoi ? Ce n’est pas comme si tu avais coupé les ponts, tu m’appelais souvent, et on passait parfois des heures à discuter sur le net…beaucoup de gens n’ont pas pris la peine de rester en contact avec nous tu sais… »
Prise d’un élan de tristesse, elle engloba Maël dans une étreinte digne d’un rugbyman. Le garçon passa également ses bras autour de la jeune fille.
_ « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime… » Alix récitait ses paroles comme une litanie. C’était un ‘je t’aime’ familiale, amicale, d’affection, d’amour sans conteste, mais elle savait que Maël ne l’interprèterait pas d’une mauvaises façon.
Le petit blond laissa son amie le bercer dans ses bras, il savait qu’elle l’aimait, qu’elle s’en voulait. Si le materner et le câliner l’aidait à accepter le fait que Maël ne lui en veuille pas, ce n’était pas lui qui allait l’en empêcher.
Pourtant, au bout d’un moment, il commença à se demander si elle allait le lâcher un jour.
_ « Heu…Al, je vais bientôt m’évanouir par manque d’oxygène tu sais… » Dit-il sur un ton amusé.
La jeune fille resserra son étreinte quelques secondes puis le lâcha avant de planter un bisou sur sa joue. Souriante, elle passa une main dans les cheveux blonds du garçon.
_ « T’es trop beau mon cœur ! » Elle lui resauta dessus, mais cette fois plus comme un fan hystérique.
Maëlys leva les yeux au ciel, et soupira. Il avait l’habitude après tout.
En le relâchant, elle s’écroula sur le bras du canapé, un grand sourire bêta sur le visage.
_ « Alors…parlons de choses sérieuses ! Il te plaît Ryan ? »
_ « Al ! » S’offusqua le petit blond, rouge comme une pivoine, avant de lui lancer un coussin au visage.
La jeune gothique éclata de rire, avant de lui renvoyer le coussin.
L’après-midi se passa sur le même ton. L’ambiance joviale était de retour. Ils discutèrent encore et encore, rattrapant le temps perdu, Al tenta d’en savoir un peu plus sur ce que pensait Maël de Ryan, Maël continua de rougir à chaque évocation de ce nom.
Ils s’endormirent tout les deux, allongés aussi bien qu’ils pouvaient sur le canapé du salon. Ce fut Sylvia qui les envoya se coucher dans la chambre de Maël quand elle rentra le lendemain matin.
Le dimanche se passa plus calmement. Alix était rentrée chez elle avant midi, priant que sa mère ne la tue pas, vu qu’elle avait oublié de l’avertir qu’elle passait la soirée chez Maël. Le petit blond quant à lui rattrapa ses devoirs non faits de la veille.
Avant de s’endormir, la tête posée sur son oreiller et un morceau de couverture, il ressassa les évènements du week-end. Depuis son arrivée dans son nouveau lycée, il n’avait pas vraiment eu le temps de se faire des amis, étant le garçon timide qu’il était et le fait qu’il soit plus jeune de deux voir trois ans que les autres élèves de sa classe l’avait forcé à vivre ces premières semaines en solitaires.
Il se promit à lui-même d’aller dans la cour de récréation plus souvent, là il aurait plus de chances de tomber sur Al…et Ryan qu’à la bibliothèque ou en salle de musique.
Pour la première fois depuis longtemps, Maël franchit les portes du lycée un sourire aux lèvres. Les évènements du week-end l’avaient soulagé. Les discussions qu’il avait eut avec Alix avaient retirés un grand poids de ses épaules, et il sentait que le rideau de fer invisible qui s’était battis entre eux venait de céder. Il suffisait parfois de saisir une occasion inattendue pour régler ses problèmes. Cette distance entre eux avait semblé si étrange, ils n’avaient rien à se reprocher, ni envie de mettre un bémol dans leur amitié, réellement. Tout venait sûrement d’un certain mal à l’aise. Quand il arrive quelque chose à un de nos amis, quelque chose qui nous touche, nous choque également, quand on ne sait pas vraiment comment surmonter ou aider à surmonter…on préfère se cacher, s’éviter, jusqu’à ce que le plus fort des deux se relève, et vienne tendre la main à l’autre.
Une page était tournée. Et il ne ferait pas marche arrière. Il pliera le coin de la page pour toujours garder cet instant en mémoire, mais le reste de l’histoire se construira dessus. Nouvelle école, nouvelle vie familiale, amicale…
Son regard capta la silhouette de Ryan…Sentimentale ?
Etrangement son cœur battit un peu plus vite, et il commença à se mordiller la lèvre inférieure.
Il vit Ryan secouer la tête, les mèches noires inégales qui constituaient sa coiffure venant lui caresser la nuque. Il portait un jeans noir qui descendait bas sur ses hanches, une ceinture noire parsemée d’étoiles rouges l’empêchait de descendre plus bas, et un tee-shirt noir moulant qui laissait apparaître une parcelle de peau entre la taille de celui-ci et le début du boxer qui dépassait un peu plus bas.
Maël, rougissant de sa bêtise, s’aperçut qu’il était resté cinq minute immobile au beau milieu d’un couloir, à mater impunément le garçon sur lequel il avait craqué.
Il prit une grande respiration, passa une main dans ses cheveux, redressa la lanière de son sac qui passait en travers de son torse, et commença à marcher vers l’objet de son inspection.
Malheureusement pour lui, le jeune homme choisit ce moment pour saluer ses amis et partir, sûrement en direction de la classe où se déroulait son premier cours de la journée.
Maël sentit un instant de panique le traverser. De panique ? Ryan ne marchait pas dans le couloir de la mort, et ce n’était pas non plus la dernière fois qu’il allait le voir, ils étaient dans le même lycée, habitait la même ville, avait une amie en commun. Oui mais…l’euphorie du week-end passé devait encore faire effet, parce qu’à un tout autre instant, il n’aurait jamais eu le courage d’aller vers lui. Comme on dit, c’était maintenant ou jamais. Et avant qu’il s’en aperçoive, le petit blond se retrouva à courir dans le couloir, fixant son regard sur sa cible pour ne pas le perdre des yeux.
Est-ce qu’il était pressé d’aller en cours ? Sa démarche était suffisamment rapide pour empêcher Maël de la rattraper, encore quelques pas de plus et il serait dans le couloir des terminales. Ce n’est pas comme si le couloir des terminales était interdit aux autres classes mais il était…vivement déconseillé aux classes de secondes de s’y trouver. Tant qu’à risquer le tout pour le tout…
« Ryan ! »
Le rouge lui monta aux joues dès que le nom du garçon sortit de sa bouche. Il venait de crier le nom de Ryan dans un couloir rempli de lycéens ! Oui enfin, un couloir où trois lycéens sérieux qui voulaient se rendre en cours à l’heure se trouvaient.
A l’appel de son nom, l’interpellé stoppa et tourna la tête pour regarder derrière lui.
Sa posture nonchalante, les pouces dans les poches, ses cheveux noirs qui lui tombaient sur le visage, et ses yeux bleus entourés d’eyeliner…
Pour la deuxième fois en 10 minutes, Maël se surprit à rêver en plein jour. Il rougit encore davantage. Ryan devait le trouver stupide, à crier son nom dans les couloirs pour finalement rester planté devant lui, la bouche entrouverte et les yeux dans le vague. Il ferait peut-être mieux de dire quelque chose maintenant. Mais lui dire quoi ? Ils ne s’étaient vu que deux fois, et à peine parlés…
« Evite de me mettre la honte en hurlant mon prénom devant tout le monde. Surtout si c’est pour ne rien dire… »
Le visage de Maël se décomposa. Il n’avait pas voulu l’embarrasser…pourquoi est-ce qu’il le prenait aussi mal ?
Ryan haussa un sourcil devant l’expression de Maël.
« Alors ? »
Devant le silence du petit blond, Ryan soupira et reprit la direction de sa salle de cours.
Le dit petit blond resta tête baissée, à contempler le carrelage gris tout abîmé des couloirs de son lycée. Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ? Il n’y avait aucun tort dans le fait d’appeler un ami, si ? D’accord ils n’étaient pas ‘encore’ ami, et il n’aurait peut-être pas du crier, mais le couloir était quasiment désert ! Et les élèves du lycée n’avaient pas fait voeux de silence, tout le monde parlait bruyamment ici, et il y avait toujours quelques cris pour augmenter les décibels !
Une idée le traversa soudain. Et si Ryan le détestait ? Il devait se demander pourquoi un gamin lui courait derrière. Après tout, il était le seul des deux à avoir craqué sur l’autre.
Il sentit les coins de sa bouche tourner vers le bas, et sa vision devint moins nette. Pour couronner le tout, il allait se mettre à pleurer, au lycée, en public, à peine un mois après la rentrée. Mais il avait toujours pris très mal les réprimandes.
Un groupe de terminale passa à côté de lui, se retournant sur leur passage, et ricanant en voyant un seconde à moitié en larme devant leur couloir.
« Oooh le pauvre…il va pleurer ! » Lui lancèrent-ils avant de passer leur chemin.
Mais rien n’y fit. Il était scotché sur place. Et il était sur que s’il bougeait, les larmes finiraient pas tomber réellement.
Une main se posa sur son épaule et descendit pour lui frotter le dos gentiment. Timidement, il leva la tête et jeta un coup d’œil sur le côté. Alix le regardait d’un air compatissant et inquiet.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? »
Maël secoua la tête, faisant ainsi voler ses cheveux blonds autour de sa tête. D’un geste sec, il frotta ses yeux avec la manche longue de son sweat-shirt. Il se tourna ensuite vers son amie et posa sa tête sur son épaule.
« J’ai juste voulu lui dire bonjour mais j’ai pas réussi et il… » Un soupir résigné servit de conclusion à sa phrase.
Pendant un court moment la jeune fille fixa le vide en clignant des yeux, complètement perdue, puis elle réussit à mettre 1+1 ensemble.
« Ah, Ryan… »
Elle sentit le garçon hocher la tête, toujours appuyé sur son épaule. Elle caressa les cheveux blonds de son ami, cherchant ses mots.
« Tu sais…il est pas très sociable hein…c’est dans ses habitudes d’envoyer chier tout le monde… »
Consciente qu’elle ne remontait pas vraiment le moral de Maël en disant ça, elle tenta une nouvelle approche.
« T’es pas tombé amoureux du garçon le plus accessible de l’école. »
La tête de Maël se déscotcha vivement de son épaule. Touché !
« Je suis pas amoureux de lui… » Marmonna Maël, l’air renfrogné.
« Et il mérite pas que tu sois amoureux de lui ! Ah ça ! Pas question que je donne la main de mon petit chéri d’amour à un connard comme lui ! »
« Que TU donnes ma main ? » S’exclama Maël en riant.
« Parfaitement ! Je suis ta petite maman après tout. » Répondit Alix, un grand sourire sur les lèvres. « Ca va mieux ? »
Le garçon lui sourit doucement et acquiesça.
« Bien. Je n’aime pas te voir triste. Et je parlerais à Ryan. »
« Il vaudrait mieux pas. Je crois pas qu’il apprécierait, et je ne veux pas me le mettre à dos. »
La sonnerie de début des cours choisit ce moment pour retentir. Les trois ‘ding dong’ assourdissant passés, les deux amis se séparèrent en vitesse, Maël ayant cours à l’opposé du bâtiment, il était quasiment assuré d’arriver en retard.
La jeune fille regarda son ami partir en courant, son sac bondissant sur sa hanche et ses cheveux fins sur ses épaules. Elle secoua la tête et entra dans le couloir des terminales dans un bruissement de sa longue robe noire.
Avouer à sa mère qu’il était homosexuel avait probablement été la chose la plus dure qu’il n’ait jamais faite. Ce n’est pas comme s’il avait toujours été extrêment viril, ou s’il avait eu une tripotée de petites amies…Sincèrement, il pensait que sa mère avait déjà quelques doutes, mais de là à les confirmer…il avait répété jour et nuit, comme un rôle dans une pièce de théâtre qu’il voulait apprendre par cœur, en faisant de grandes phrases, en les tournant de manière appropriée, pour faire passer la pilule plus facilement. Et puis il s’était fixé un jour. Mais ce jour venu, il ne savait plus quoi dire. C’est ainsi qu’un matin, entre deux cuillères de céréales, il avait balbutié un « Maman…je crois, je crois que je suis gay.. . ». A son plus grand étonnement, elle avait continué à siroter son café et lui avait demandé « Tu crois ? ». Et s’en été suivi une longue discussion sur le fait qu’il était encore tellement jeune et qu’à son âge, c’était difficile de connaître son orientation sexuelle, mais qu’il ne devait pas se faire de souci, qu’il avait le droit d’aimer qui il voulait et que jamais elle ne se formaliserait ou ne serait déçue par le fait qu’il soit homosexuel.
Voilà pourquoi il l’aimait si fort. Pour lui, sa mère était la femme la plus compréhensive au monde. Il avait tellement eu peur de sa réaction, il était le seul fils qui lui restait et il aurait voulu être parfait. Du moins normal. Mais la normalité a une définition différente de l’esprit de chacun.
Alix sourit. C’est vrai que Sylvia était quelqu’un d’assez triviale. Mais elle était contente que le petit blond ait enfin mis sa mère dans la confidence. La jeune fille avait été la première à le savoir. Elle se souvenait parfaitement du jour où elle avait retrouvé Maël en pleurs derrière le gymnase du collège. Elle s’était assise à côté de lui, et lui avait demandé ce qui le tracassait. La voix étouffée par ses sanglots, il lui avait dit qu’il était bizarre ou malade, qu’il avait l’impression d’être amoureux d’un des garçons de sa classe. A cette époque, il était en 4éme, et il avait à peine 12 ans. Alix avait explosé de rire, elle lui avait expliqué que ça arrivait qu’on puisse être amoureux de quelqu’un du même sexe, qu’il n’était pas malade, mais que la plupart des gens ne comprenaient pas, ni ne l’approuvait. Pauvre Maëlys, ça avait été son premier chagrin d’amour.
Il était à présent presque 16h, Sylvia était partie depuis une demie heure, les informant qu’elle partait plus tôt dans l’espoir de pouvoir rentrer plus tôt demain matin. Les deux adolescents avaient bavardés pendant tout ce temps, évoquant principalement des anecdotes qu’ils avaient en commun. Cela faisait presque un an qu’il n’avait pas passé du temps ensemble. Ça leur paraissait inconcevable, dire qu’ils étaient si proches, qu’ils l’étaient encore d’ailleurs, les dernières heures le prouvait.
_ « Tu m’en veux ? » Demanda tout à coup la jeune fille.
_ « Hein ? » Le soudain changement de sujet laissa Maël légèrement perplexe.
Alix soupira et pencha la tête du coté, afin de mieux voir les yeux du blondinet.
_ « De ne pas être venue durant cette année, de ne pas avoir été là pour te soutenir, pour vous soutenir… »
_ « Bien sur que non…je sais que ça aurait été difficile…et on avait besoin de se retrouver, Maman et moi. »
_ « Je m’en veux moi… »
_ « Pourquoi ? Ce n’est pas comme si tu avais coupé les ponts, tu m’appelais souvent, et on passait parfois des heures à discuter sur le net…beaucoup de gens n’ont pas pris la peine de rester en contact avec nous tu sais… »
Prise d’un élan de tristesse, elle engloba Maël dans une étreinte digne d’un rugbyman. Le garçon passa également ses bras autour de la jeune fille.
_ « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime… » Alix récitait ses paroles comme une litanie. C’était un ‘je t’aime’ familiale, amicale, d’affection, d’amour sans conteste, mais elle savait que Maël ne l’interprèterait pas d’une mauvaises façon.
Le petit blond laissa son amie le bercer dans ses bras, il savait qu’elle l’aimait, qu’elle s’en voulait. Si le materner et le câliner l’aidait à accepter le fait que Maël ne lui en veuille pas, ce n’était pas lui qui allait l’en empêcher.
Pourtant, au bout d’un moment, il commença à se demander si elle allait le lâcher un jour.
_ « Heu…Al, je vais bientôt m’évanouir par manque d’oxygène tu sais… » Dit-il sur un ton amusé.
La jeune fille resserra son étreinte quelques secondes puis le lâcha avant de planter un bisou sur sa joue. Souriante, elle passa une main dans les cheveux blonds du garçon.
_ « T’es trop beau mon cœur ! » Elle lui resauta dessus, mais cette fois plus comme un fan hystérique.
Maëlys leva les yeux au ciel, et soupira. Il avait l’habitude après tout.
En le relâchant, elle s’écroula sur le bras du canapé, un grand sourire bêta sur le visage.
_ « Alors…parlons de choses sérieuses ! Il te plaît Ryan ? »
_ « Al ! » S’offusqua le petit blond, rouge comme une pivoine, avant de lui lancer un coussin au visage.
La jeune gothique éclata de rire, avant de lui renvoyer le coussin.
L’après-midi se passa sur le même ton. L’ambiance joviale était de retour. Ils discutèrent encore et encore, rattrapant le temps perdu, Al tenta d’en savoir un peu plus sur ce que pensait Maël de Ryan, Maël continua de rougir à chaque évocation de ce nom.
Ils s’endormirent tout les deux, allongés aussi bien qu’ils pouvaient sur le canapé du salon. Ce fut Sylvia qui les envoya se coucher dans la chambre de Maël quand elle rentra le lendemain matin.
Le dimanche se passa plus calmement. Alix était rentrée chez elle avant midi, priant que sa mère ne la tue pas, vu qu’elle avait oublié de l’avertir qu’elle passait la soirée chez Maël. Le petit blond quant à lui rattrapa ses devoirs non faits de la veille.
Avant de s’endormir, la tête posée sur son oreiller et un morceau de couverture, il ressassa les évènements du week-end. Depuis son arrivée dans son nouveau lycée, il n’avait pas vraiment eu le temps de se faire des amis, étant le garçon timide qu’il était et le fait qu’il soit plus jeune de deux voir trois ans que les autres élèves de sa classe l’avait forcé à vivre ces premières semaines en solitaires.
Il se promit à lui-même d’aller dans la cour de récréation plus souvent, là il aurait plus de chances de tomber sur Al…et Ryan qu’à la bibliothèque ou en salle de musique.
Pour la première fois depuis longtemps, Maël franchit les portes du lycée un sourire aux lèvres. Les évènements du week-end l’avaient soulagé. Les discussions qu’il avait eut avec Alix avaient retirés un grand poids de ses épaules, et il sentait que le rideau de fer invisible qui s’était battis entre eux venait de céder. Il suffisait parfois de saisir une occasion inattendue pour régler ses problèmes. Cette distance entre eux avait semblé si étrange, ils n’avaient rien à se reprocher, ni envie de mettre un bémol dans leur amitié, réellement. Tout venait sûrement d’un certain mal à l’aise. Quand il arrive quelque chose à un de nos amis, quelque chose qui nous touche, nous choque également, quand on ne sait pas vraiment comment surmonter ou aider à surmonter…on préfère se cacher, s’éviter, jusqu’à ce que le plus fort des deux se relève, et vienne tendre la main à l’autre.
Une page était tournée. Et il ne ferait pas marche arrière. Il pliera le coin de la page pour toujours garder cet instant en mémoire, mais le reste de l’histoire se construira dessus. Nouvelle école, nouvelle vie familiale, amicale…
Son regard capta la silhouette de Ryan…Sentimentale ?
Etrangement son cœur battit un peu plus vite, et il commença à se mordiller la lèvre inférieure.
Il vit Ryan secouer la tête, les mèches noires inégales qui constituaient sa coiffure venant lui caresser la nuque. Il portait un jeans noir qui descendait bas sur ses hanches, une ceinture noire parsemée d’étoiles rouges l’empêchait de descendre plus bas, et un tee-shirt noir moulant qui laissait apparaître une parcelle de peau entre la taille de celui-ci et le début du boxer qui dépassait un peu plus bas.
Maël, rougissant de sa bêtise, s’aperçut qu’il était resté cinq minute immobile au beau milieu d’un couloir, à mater impunément le garçon sur lequel il avait craqué.
Il prit une grande respiration, passa une main dans ses cheveux, redressa la lanière de son sac qui passait en travers de son torse, et commença à marcher vers l’objet de son inspection.
Malheureusement pour lui, le jeune homme choisit ce moment pour saluer ses amis et partir, sûrement en direction de la classe où se déroulait son premier cours de la journée.
Maël sentit un instant de panique le traverser. De panique ? Ryan ne marchait pas dans le couloir de la mort, et ce n’était pas non plus la dernière fois qu’il allait le voir, ils étaient dans le même lycée, habitait la même ville, avait une amie en commun. Oui mais…l’euphorie du week-end passé devait encore faire effet, parce qu’à un tout autre instant, il n’aurait jamais eu le courage d’aller vers lui. Comme on dit, c’était maintenant ou jamais. Et avant qu’il s’en aperçoive, le petit blond se retrouva à courir dans le couloir, fixant son regard sur sa cible pour ne pas le perdre des yeux.
Est-ce qu’il était pressé d’aller en cours ? Sa démarche était suffisamment rapide pour empêcher Maël de la rattraper, encore quelques pas de plus et il serait dans le couloir des terminales. Ce n’est pas comme si le couloir des terminales était interdit aux autres classes mais il était…vivement déconseillé aux classes de secondes de s’y trouver. Tant qu’à risquer le tout pour le tout…
« Ryan ! »
Le rouge lui monta aux joues dès que le nom du garçon sortit de sa bouche. Il venait de crier le nom de Ryan dans un couloir rempli de lycéens ! Oui enfin, un couloir où trois lycéens sérieux qui voulaient se rendre en cours à l’heure se trouvaient.
A l’appel de son nom, l’interpellé stoppa et tourna la tête pour regarder derrière lui.
Sa posture nonchalante, les pouces dans les poches, ses cheveux noirs qui lui tombaient sur le visage, et ses yeux bleus entourés d’eyeliner…
Pour la deuxième fois en 10 minutes, Maël se surprit à rêver en plein jour. Il rougit encore davantage. Ryan devait le trouver stupide, à crier son nom dans les couloirs pour finalement rester planté devant lui, la bouche entrouverte et les yeux dans le vague. Il ferait peut-être mieux de dire quelque chose maintenant. Mais lui dire quoi ? Ils ne s’étaient vu que deux fois, et à peine parlés…
« Evite de me mettre la honte en hurlant mon prénom devant tout le monde. Surtout si c’est pour ne rien dire… »
Le visage de Maël se décomposa. Il n’avait pas voulu l’embarrasser…pourquoi est-ce qu’il le prenait aussi mal ?
Ryan haussa un sourcil devant l’expression de Maël.
« Alors ? »
Devant le silence du petit blond, Ryan soupira et reprit la direction de sa salle de cours.
Le dit petit blond resta tête baissée, à contempler le carrelage gris tout abîmé des couloirs de son lycée. Qu’est-ce qu’il avait fait de mal ? Il n’y avait aucun tort dans le fait d’appeler un ami, si ? D’accord ils n’étaient pas ‘encore’ ami, et il n’aurait peut-être pas du crier, mais le couloir était quasiment désert ! Et les élèves du lycée n’avaient pas fait voeux de silence, tout le monde parlait bruyamment ici, et il y avait toujours quelques cris pour augmenter les décibels !
Une idée le traversa soudain. Et si Ryan le détestait ? Il devait se demander pourquoi un gamin lui courait derrière. Après tout, il était le seul des deux à avoir craqué sur l’autre.
Il sentit les coins de sa bouche tourner vers le bas, et sa vision devint moins nette. Pour couronner le tout, il allait se mettre à pleurer, au lycée, en public, à peine un mois après la rentrée. Mais il avait toujours pris très mal les réprimandes.
Un groupe de terminale passa à côté de lui, se retournant sur leur passage, et ricanant en voyant un seconde à moitié en larme devant leur couloir.
« Oooh le pauvre…il va pleurer ! » Lui lancèrent-ils avant de passer leur chemin.
Mais rien n’y fit. Il était scotché sur place. Et il était sur que s’il bougeait, les larmes finiraient pas tomber réellement.
Une main se posa sur son épaule et descendit pour lui frotter le dos gentiment. Timidement, il leva la tête et jeta un coup d’œil sur le côté. Alix le regardait d’un air compatissant et inquiet.
« Qu’est-ce qu’il se passe ? »
Maël secoua la tête, faisant ainsi voler ses cheveux blonds autour de sa tête. D’un geste sec, il frotta ses yeux avec la manche longue de son sweat-shirt. Il se tourna ensuite vers son amie et posa sa tête sur son épaule.
« J’ai juste voulu lui dire bonjour mais j’ai pas réussi et il… » Un soupir résigné servit de conclusion à sa phrase.
Pendant un court moment la jeune fille fixa le vide en clignant des yeux, complètement perdue, puis elle réussit à mettre 1+1 ensemble.
« Ah, Ryan… »
Elle sentit le garçon hocher la tête, toujours appuyé sur son épaule. Elle caressa les cheveux blonds de son ami, cherchant ses mots.
« Tu sais…il est pas très sociable hein…c’est dans ses habitudes d’envoyer chier tout le monde… »
Consciente qu’elle ne remontait pas vraiment le moral de Maël en disant ça, elle tenta une nouvelle approche.
« T’es pas tombé amoureux du garçon le plus accessible de l’école. »
La tête de Maël se déscotcha vivement de son épaule. Touché !
« Je suis pas amoureux de lui… » Marmonna Maël, l’air renfrogné.
« Et il mérite pas que tu sois amoureux de lui ! Ah ça ! Pas question que je donne la main de mon petit chéri d’amour à un connard comme lui ! »
« Que TU donnes ma main ? » S’exclama Maël en riant.
« Parfaitement ! Je suis ta petite maman après tout. » Répondit Alix, un grand sourire sur les lèvres. « Ca va mieux ? »
Le garçon lui sourit doucement et acquiesça.
« Bien. Je n’aime pas te voir triste. Et je parlerais à Ryan. »
« Il vaudrait mieux pas. Je crois pas qu’il apprécierait, et je ne veux pas me le mettre à dos. »
La sonnerie de début des cours choisit ce moment pour retentir. Les trois ‘ding dong’ assourdissant passés, les deux amis se séparèrent en vitesse, Maël ayant cours à l’opposé du bâtiment, il était quasiment assuré d’arriver en retard.
La jeune fille regarda son ami partir en courant, son sac bondissant sur sa hanche et ses cheveux fins sur ses épaules. Elle secoua la tête et entra dans le couloir des terminales dans un bruissement de sa longue robe noire.