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No Happy Ending

By: Mayia
folder French › Originals
Rating: Adult +
Chapters: 3
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Disclaimer: This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
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Chapitre 1.2 : Entente II

Chapitre 1, partie 2.

Forêt de Sia’R, 11h30.

Caché dans les frondaisons d’un arbre particulièrement feuillu, le jeune Sharion avait du mal à contenir le fou rire qui menaçait de s’échapper de ses lèvres. Qui n’aurait pas rie devant la vue d’un Prêtre Inférieur, soutane retroussée jusqu’aux genoux, et avançant comme un canard pour éviter d’accrocher les pans de sa robe dans les buissons épineux ?
La vue était tellement ridicule qu’elle aurait pu démystifier toute la réputation des Ordres. Mais pas question de faire le moindre bruit ! S’il se faisait attraper, ce coup-ci, il n’éviterait pas les fers.
Quelques dizaines de minutes auparavant, il avait pénétré dans le Temple situé juste à côté de Sia’R, son village natal. Comme à chaque visite, il y était venu avec la ferme intention de repartir avec des offrandes, des joailleries, ou au moins quelques espèces sonnantes et trébuchantes.
Mais aujourd’hui, aujourd’hui était un jour différent des autres. Pour la première fois en ses seize années de vie (et de vols), il avait vu la pièce sacrée ouverte. La Pièce Sacrée ! Celle qu’il n’avait jamais, au grand jamais, réussi à ouvrir, et pourtant, il était le roi de crocheteurs.
La Pièce Sacrée…si les gens l’appelaient comme ça, c’est qu’il devait y avoir quelque chose d’important à l’intérieur. Quelque chose de…valeur. A cette idée, ses yeux s’étaient mis à briller de convoitise. Et il était entré.
Il soupira. Assis sur sa branche, le menton dans les mains et sa queue fouettant l’air nerveusement, il regarda le Prêtre s’éloigner de lui, plongeant un peu plus profondément dans la forêt.
Une fois ce dernier hors de vue, il sauta à terre et s’assit en tailleur avant d’attraper à deux mains le sac en bandouillère qui pendait sur sa hanche. Il en sortit un orbe de cristal jaune.
Il n’avait pas pu s’en empêcher. Comme tout les Sharions, Beiny était un voleur né. Et l’appât du gain était son plus gros défaut…enfin presque.
Mais ce coup-ci, sa prise était peut-être trop importante. Même pour lui. Pour que les Prêtres se lancent à sa poursuite, il y avait sûrement une bonne raison.
Un bruit dans les buissons le fit se relever, les oreilles dressées sur la tête et la queue hérissées. Avec autant de grâce qu’un manchot, un nouveau Prêtre en surgit et aussitôt le pointa du doigt.
« AH ! Beiny ! Maudit Sharion ! Tu es allé trop loin cette fois ! Tu n’es qu’un profane ! Dérober ainsi l’Orbe de l’Elu ! Tu seras pendu ! Ce crime est impardonnable ! »
Prenant ses jambes à son cou, le jeune Sharion se précipita à corps perdu entre les arbres. Plus il courait, plus il sentait la présence de nouveaux Prêtres apparaître à ses trousses. Accélérant autant qu’il le pouvait, il réussit à semer ses assaillants…seulement pour tomber nez à nez avec une falaise. Il sortit ses griffes et tenta maladroitement d’en faire l’ascension mais même le plus habile des Sharion n’arriverait pas à planter ses griffes dans cette rocaille.
Dépité, il tourna le dos à la falaise et serra son butin contre lui lorsqu’il vit les Prêtres l’approcher en l’encerclant. Le plus proche de lui prit la parole.
« Beiny…Comprends tu l’affront que tu as fait aux Ordres en volant cet artefact ? Cette faute est impardonna… »
« Cet Orbe lui appartient. » Une voix sombre retentit derrière le cercle qui se refermait.
Tous, excepté Beiny, se retournèrent, consternés d’entendre des tels propos.
« Qui ose dire cela ? L’Orbe ne peut appartenir à une race inférieure telle celle des Sharions ! » S’engaillardit un Prêtre.
« Et qui ose contredire l’Appel du Grand Maître ? » L’homme s’avança, sortant ainsi des ténèbres produites par les arbres.
Le souffle coupé, les Prêtres Inférieurs s’agenouillèrent têtes baissées. L’homme encapuchonné sourit malignement, bien que son sourire resta indétectable sous ses vêtements.
« Bonne journée à toi, Elu. Je me nomme Jegu, Supérieur de l’Ordre Neutre. Nous avons à parler. »

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Jardins du Temple de l’Ordre Sacré, 9 :30.

Depuis son entrée dans l’Ordre lors de sa dixième année de vie, Fey avait toujours préféré les jardins du Temple à son intérieur. Non pas qu’il manquait de foi ou que les sempiternelles prières l’ennuyait, mais son Dieu était celui de la Vie, et il se sentait bien plus proche de lui au plein air, à jouir des rayons du Soleil printanier, et à aider la Nature à renaître après un hiver si rude.
Après un dernier coup de bêche dans la terre qui commençait doucement à se réchauffer des gelées matinales, il alla déposer l’outil contre un mur et attrapa un sac en toile de jute.
Tout en s’approchant à nouveau du petit carré de terre, il leva les yeux au ciel et adressa un remerciement à son Dieu.
« Merci d’accueillir ces jeunes pousses sous de bonnes hospices. » Puis il commença à semer les graines dans les sillons parallèles qu’il s’était appliqué à tracer.
Depuis l’arcade qui englobait l’ensemble du Temple, l’un des Prêtres Inférieurs de l’Ordre Sacré le regardait faire d’un œil bienveillant. Fey n’avait jamais adhéré aux règles implicites des autres habitants du Temple. Les Mages n’avaient que faire du jardinage, ils laissaient cette tâche aux Prêtres qui souhaitaient s’y adonner. Et souvent les Prêtres jardiniers avaient tenté de faire comprendre à Fey qu’il fallait laisser les graines germer d’elles mêmes, pour que les moins fertiles soient détruites et que seules les bonnes graines donnent une engeance acceptable. Mais le jeune Mage n’acceptait pas ce genre d’idées. C’est pourquoi après avoir déposé des graines dans chaque sillon et après leur avoir donné un peu d’eau, il s’appliquait à insuffler un peu de Mana à chacune d’eux. En réponse immédiate, une jeune pousse verte apparaissait à l’emplacement de la graine. Ainsi, disait-il, il ne nous reste plus qu’à nous occuper d’elles, si elles meurent, ce sera entièrement de notre faute, pas de la leur.
Le Prêtre Inférieur secoua doucement la tête d’une manière amusée, il croisa les bras et s’approcha de Fey.
« Jeune Mage, tu dispenses beaucoup trop de ton énergie pour ces quelques fleurs. »
Fey se retourna et sourit à son vieil ami.
« Si mon Dieu l’a pourvut d’un fragment de son pouvoir, c’est dans le but de rendre hommage à la vie, en tant que son émissaire. Quel envoyé ferais-je si je ne peux même pas faire en sorte qu’une graine gelée germe ? »
D’un hochement de tête, le Prêtre se saisit de l’outre d’eau et entreprit d’aider le jeune Mage. Leur travail se passa en silence, un silence agréable qu’aucun des deux n’avait envie de briser.
Le Prêtre Inférieur cessa son abreuvage seulement lorsqu’il remarqua qu’il venait d’arroser un sillon où aucune graine n’était plantée. Il se redressa et regarda autour de lui pour voir que Fey n’était plus avec lui dans le champ. Il se retourna et vit le jeune Mage droit comme un « i », immobile, contemplant le ciel au dessus du Temple.
Intrigué, il s’avança jusqu’à sa hauteur et posa une main sur l’épaule du garçon.
« Qu’y a t’il ? »
Le visage fin du garçon se tourna vers lui et deux yeux bleus délavés le fixèrent d’un air sérieux.
« Il arrive… »
« Qui arrive ? Fey, tu vas bien ? »
« L’Appel, il a été lancé… »
Un éclair lumineux déchira le ciel, et un rayon de lumière s’engouffra par le toit du Temple.
Ils retinrent leur respiration. Ils savaient très bien où était tombé ce rayon. Quelques minutes de silence passèrent entre les deux hommes, puis…
« Rendons nous dans la Pièce…Elu.»
Un regard grave lui fut envoyé.
« Personne ne peut savoir à l’avance qui a été Elu. »
« Et personne d’autre qu’eux n’est censé entendre l’Appel. »
Les lèvres pincées, Fey acquiesça et emboîta le pas du Prêtre. Il était temps de faire face à son destin.
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