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Ta main de fer

By: jwulee
folder French › Harry Potter
Rating: Adult ++
Chapters: 5
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Reviews: 2
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Disclaimer: I do not own the Harry Potter book and movie series, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
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N'y voir que du feu.

Les promesses, comme des fleurs oubliées, piétinées. Des promesses qui s’envolent, des promesses qui s’effritent, des promesses que l’ont fait pour mieux pouvoir les effacer. Des promesses finalement, qui laissent un goût amer, qui nous marqueront à jamais.

Harry avait cru, avait tellement voulu y croire aussi, s’y était rattaché avec désespoir à ces paroles…et pourtant…

La première gifle l’avait bouleversé, il s’était caché la vérité, voulant croire à l’erreur, voulant croire à l’oubli. Les subséquentes l’avaient laissé sans voix. Il était vraiment un piètre conjoint. Lucius avait eu tant de volonté, tant de courage de vouloir changer et lui il n’avait même pas pu l’aider, il n’avait même pas pu lui obéir. Simplement lui obéir. Il forçait Lucius à rompre ses promesses, il le forçait méchamment, sachant qu’après l’homme en souffrirait.

Il était mauvais, si mauvais. Il gâchait tout ce qu’il touchait et Lucius dans sa bonté d’âme, demeurait à ses côtés et tentait d’oublier tous ses défauts.

- Combien de fois devrais-je te dire, Harry, de laisser les elfes cuisiner. Tu ne parviens qu’à faire des mièvreries culinaires et tu oses ensuite espérer que je vais avaler cela! C’est vraiment te méprendre, idiot! Tu m’as coupé l’appétit, j’espère que tu as tout de même retiré une satisfaction quelconque.

- Je voulais te rendre heureux…Lucius, je m’excuse, fit Harry en ayant laissé tomber ses épaules en sentant ses yeux s’humecter.

- Me rendre heureux? N’es-tu pas un peu prétentieux? Comment ce mélange de volaille et de légumes apprêté avec si peu de goût pourrait parvenir à faire naître le bonheur chez moi? Ne m’attends pas, je ne reviendrai pas coucher.

Lucius sortit de table, revêtant sa cape, alors qu’Harry sentait son cœur se fendre, sentait sa vie s’élimer.

- Je m’excuse Lucius, je suis désolé, reste, je t’en prie, Lucius, reste…

Mais déjà Lucius s’en prenait à lui. Harry aurait pu le laisser partir sans tenter de le retenir, sans finir couché sur le col, victime à nouveau d’un torrent acharné, mais il avait voulu le retenir…

Harry avait perdu l’équilibre dès les premiers assauts, se recroquevillant immédiatement, ne faisant pas de bruits, sachant qu’il n’avait ce qu’il méritait, qu’il devrait penser à le remercier éventuellement de perdre son si précieux temps à le rendre plus tolérable, à l’améliorer.

Lorsque Lucius partit ce soir-là, ses vêtements quelques peu froissé par l’imbécillité de son conjoint, il rageait certainement encore. Harry quant à lui ne bougeait plus, son corps immobile sur le sol, ses yeux presque clos, son sourire effacé, ses larmes qui ravageaient peu à peu l’entité de son visage.

Lucius était partit, partit pour la nuit, pour ce qui semblerait être une vie. Passer la nuit seul, la nuit dans un lit vide, froid. La nuit en étant à la moitié, ou peut-être bien moins que cela, mais en étant tout de même une partie de quelqu’un. Une nuit à être livré à soi-même, à la solitude d’exister, d’exister sans raison, sans passion.

Il était tôt encore, le soleil trônait encore un peu dans le ciel, en signe d’espoir peut-être, pour se moquer sans doute. Harry tenta de se relever, sentant son corps refuser, sentant ses muscles se crisper. Il était si faible.

Harry demeura sur le sol, ne sachant où aller, ne sachant toute manière pas comment s’y rendre.

Il y resta de nombreuses heures, incapable de retirer son regard de la porte d’entrée, de cette porte que Lucius venait de traverser et à tout moment Harry espérait le voir revenir, le voir se pencher doucement vers lui, l’embrasser, pour finalement le prendre dans ses bras et le porter à leur lit. Mais tout ceci n’avait pratiquement aucune chance de se produire, Harry le savait. Pour recevoir de telles gentillesses il devrait le mériter. Aujourd’hui il avait mérité cette correction.

La porte d’entrée s’ouvrit et Harry se surprit à espérer. Lucius était peut-être revenu, il voulait peut-être lui donner une seconde chance, même si le survivant ne croyait pas qu’il le valait.

Mais Lucius ne se montrait pas. À sa place, une forme tout aussi blonde, mais beaucoup plus jeune avançait, Harry savait que la situation n’avait rien de bon.

- Va-t-en Drago, parvint à dire Harry en y mettant ses dernières forces. S’il-te-plait, pars, Lucius n’est pas ici.

Mais Drago n’avait aucune intention de partir. Le corps devant lui, ce corps meurtri, lésé par celui qui lui avait donné la vie. Le jeune Serpentard ne voyait plus clair, aveuglé par une rage profondément enracinée, une rage, incontrôlable, une rage qu’il ne pourrait jamais expliquer.

Blesser ne pourrait jamais s’expliquer. Drago en avait plus qu’assez de regarder la situation dégénérer. Sauver quelqu’un qui ne voulait pas être sauvé était certainement éthiquement incorrect, mais parfois il fallait renoncer à l’éthique.

Drago tenta de refouler ses larmes, sa colère, son angoisse, sa détresse; le corps devant lui en était difficilement un, le corps devant lui n’avait plus rien de la fougue qu’il lui avait connu. Lucius était parvenu à détruire le survivant, à en faire une carpette de salon, à en faire un bibelot.

Drago souleva Harry, ce dernier hurlant mentalement de le laisser à même le sol, de quitter, de ne pas intervenir. Mais pourtant, il se sentant être tiré du sol, il se sentait être dans des bras si chaud, près d’un corps….d’un autre corps. C’était mal, la situation était mauvaise, elle ne devrait pas se produire, Lucius se vexerait, il avait fréquenté d’autre bras. Harry voulait qu’on le lâche, qu’on le laisse pour mort. Drago devait partir, autrement Lucius aurait toutes les raisons du monde d’être en colère, il en avait déjà plusieurs.

- Draco, marmonna Harry en sentant un filet de sang joué les traîtres, dépose-moi sur le sol…laisse-moi seul, je t’en prie, tout ira beaucoup mieux ainsi.

- J’ai fermé les yeux Harry, je les ai fermé douloureusement pendant des années, laissant ma mère me convaincre que tout irait mieux, qu’elle avait encore fauté, que demain elle serait meilleure. Mais elle n’était jamais suffisamment bonne, il avait toujours de quoi à lui reprocher. Je l’ai regardé mourir, Harry, tu comprends? MOURIR! Sans jamais pouvoir faire quoi que ce soit…je ne vais pas te laisser mourir, termina-t-il faiblement. Tu vaux beaucoup plus que toutes les sornettes qu’il te fait avaler, tu es une personne si exceptionnelle…mais si seulement tu le savais.

- Tout ceci est bien touchant, fit la voix ennuyée de Lucius, mais Drago, ne t’avais-je pas demandé de demeurer hors du manoir en mon absence?

Harry comprit alors que la situation ne pourrait pas être pire. Lucius était revenu, revenu pour être témoin d’une scène qu’il qualifierait de mauvais goût, revenu pour une raison qui lui échappait, mais cette raison n’avait plus d’importance, il était à la maison, il lui en voulait certes, Harry souffrirait c’était indéniable, mais son Lucius, son seul amour, son éternelle passion était de retour. Les saisons pouvaient bien s’éterniser ou bien cesser d’exister, pour Harry tout cela ne faisait plus d’importance; il avait son amour, son souffle de vie.

- Père, je venais vous rendre visite, j’ignorais qu’Harry était seul. Il m’a intimé de partir, m’a certainement supplié de le faire, mais je n’avais pas le cœur assez solide…ou faible, pour le laisser se perdre sur le sol, pour le laisser se vider lentement de cette vie qui ne semble plus lui appartenir.

- Je suis ici maintenant, que me voulais-tu?

- Je voulais t’emprunter deux de tes elfes de maison. J’organise une fête en fin de semaine et mon elfe aurait besoin d’aide supplémentaire.

- Tu aurais pu m’adresser tout ceci par hibou. Dois-je conclure que tu essais d’avoir accès à MON conjoint?

- Lucius, tenta un Harry qui n’appréciait certainement pas la tournure des évènements…

- Tais-toi, tu en as suffisamment fait pour ce soir.

- Mais il n’a rien fait, père, je vous assure.

Lucius prit Drago par le bras, l’incitant fermement à sortir de la pièce, à quitter le manoir et éventuellement à quitter sa vie. Le choix n’y était pas. Avec Lucius la notion de choix était rarement une option envisageable.

Drago sortit à regret, la peur à l’âme, l’horreur collée à la peau. La situation se répétait, il le savait.

Et pour la première fois de sa vie, le jeune sang pur, l’héritier Malefoy se surprit à pleurer, à pleurer comme une fille, à pleurer pour une vie qui n’était même pas sienne, à pleurer en sachant que ces larmes n’étaient pas de celles qui s’arrêtaient d’elles-mêmes, ou sur une épaule aussi familière soit-elle. Ces larmes persisteraient jusqu’à l’épuisement. L’épuisement de son corps…ou celui d’Harry.

Le temps jouait contre lui, il le savait également. Il se hâta donc à transplaner, espérant trouver Severus, espérant pouvoir éviter que le passé sous ses yeux renaisse, espérant cette fois-ci être autre chose que l’ombre de son père, espérant posséder la force de sa mère.

Harry n’avait plus la force de hurler, n’avait plus la force de pleurer. Malgré le malheureux concours de circonstances il s’en voulait. S’il n’avait pas joué les faibles, il serait allé rejoindre sa chambre dès le départ de Lucius, Drago ne l’aurait pas retrouvé, ne l’aurait pas pris en pitié et Lucius n’aurait rien eu à lui reprocher.

La lueur de colère qui flottait dans les yeux de l’homme n’avait rien de comparable, Harry se surprit à penser que la mort serait son salut.

Un havre de paix l’enveloppa, si seulement tout pouvait revenir comme avant, avant ses erreurs, avant qu’il enrage son amant, avant qu’il n’affiche ses idioties. Les étoiles rejoignirent le firmament de son âme…si seulement.

Lorsque Drago arriva dans sa demeure, Severus sursauta certainement. Le désespoir n’avait pas terminé de le faire son esclave.

- Il v…v…va ..l…le…le tu…tuer, fit Drago la gorge serrée. Severus vous devez le sauver. Sauvez-le, je ne pourrai supporter une autre épitaphe forgée par mon père. Je ne pourrai…

Severus s’affaissa sur son divan, ses yeux rougis recommençant à couler.

- Je l’aime, Drago, je l’aime plus que je n’ai jamais aimé. J’ai tenté de le retenir, de lui éviter la douleur, mais Harry semble obnubilé, obnubilé par les mièvreries qui lui servent de livre de chevet depuis des mois.

Drago comprit que c’était sa chance de se racheter, sa chance d’enfin pouvoir se pardonner ses erreurs d’antan; il allait sauver Harry. Allait le sauver, sachant que Severus serait là pour l’aider par la suite, serait là pour l’aimer.

- Je vous le ramènerai, Severus, je vous le promets. Mon père ne fera pas une autre victime, je ne le laisserai pas faire, pour une fois dans ma vie, je vais semer le bien, je vais m’ériger contre l’ignominie de mon père. Je vais cesser de suivre ses traces, je vais devenir un homme, un vrai, maintenant que j’ai compris que la force d’une homme ne réside pas dans le nombre d’individus qu’il asservi, mais bien dans le nombre d’occasion où il aura son cœur.

- Je viens avec toi, fit Severus.

- Non, c’est entre mon père et moi. Je dois l’affronter seul. Prépare l’arrivée de Harry pendant ce temps.

Drago sortit rapidement, avant que Severus ne s’interpose. Il retourna au manoir, sachant que dans sa force résidaient aussi celle de sa mère, sachant qu’il ne serait jamais seul tant qu’il voudrait faire le bien. Il entra chez son père brisant les barrières magiques avec une facilité qui le déconcertait. Il se sentait vibrer, tout n’était qu’une question de minutes, c’était une autre de ses certitudes.

- TOI, ragea Lucius? Encore? Ne comprends-tu pas un ordre quand tu en reçois un?

- Tu as fini de faire le mal Lucius, je ne te laisserai plus jamais faire!

- Et tu comptes faire quoi exactement Drago?

Drago leva sa baguette vers son père, tremblant légèrement. Ses lèvres voulaient prononcer le sort fatal, pourtant le silence régnait, le silence demeurait la seule barrière entre père et fils. Lucius finit par rire devant ce qu’il considérait être de la lâcheté. Il se retourna vers Harry, un Harry ensanglanté, un Harry qui ne semblait même plus être en état de ne serait-ce qu’espérer.

Il vint pour le frapper à nouveau lorsque Drago reprit possession de ses sens. Il releva sa baguette et l’hésitation ne le fit plus prisonnier.

- AVADA KEDAVRA, hurla-t-il.

Les séquelles de ces deux mots allaient le hanter pour l’éternité, mais l’éternité c’était bien peu payer si une vie pouvait être sauvée.

Harry fut conscient de l’horreur. Il vit tomber son amour, son bourreau et son esprit sembla se diviser. On venait de le priver d’air, le priver de la seule personne qui avait le pouvoir de l’aimer. Il voulu qu’on le tue à son tour, sa vie n’en était plus une maintenant. Les gens ne comprenaient pas, ne voulaient pas comprendre. Il aimait Lucius, l’aimait avec toute la fougue de son âge. Et cet homme le lui rendait bien…Maintenant, on venait de le blesser, davantage qu’il n’avait jamais pu être blessé par son défunt conjoint.

S’il en avait eu la force il aurait hurlé sa détresse, mais tout ce qu’il pu faire, fut de verser une à une, des larmes amères qui allaient se mêler à son sang sur le sol. Tout ce qu’il pu faire, fut de regarder la jeune version de son amour, le regarder silencieusement, tristement, sans jamais parvenir à lui faire ressentir les centième de son désarroi. À jamais seul, se croyait-il être, à jamais privé de tout. Vivre à jamais, en sachant que l’éternité nous punirait d’avoir survécu.

Et ces des bras tremblants qui ramenèrent un Harry inconscient au manoir Snape, des bras tout aussi tremblant que le cœur auquel ils étaient accrochés.

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