les princes sorciers
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French › Originals
Rating:
Adult
Chapters:
32
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1,361
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Kaël
Le silence est complet.
Chacun attend le bon vouloir du berger : les anciens adeptes, les nouveaux, les chiens bergers qui surveillent le troupeau en son nom, et même les rares qu’il a épargné afin qu’ils rejoignent la meute en pleine conscience et en toute connaissance de cause.
Quelques brebis égarées ont rejoint le troupeau. J’ai bien travaillé, se dit Kaël avec le sens du devoir accompli.
Il se tourne vers ceux qu’il a épargnés et leur sourit.
Il passera un peu de temps avec eux, puis les laissera entre les mains de ses seconds. Ils rejoindront la meute, aussi soucieux de lui plaire que les membres du troupeau, mais en ayant gardé leur libre-arbitre, condition essentielle du rôle qu’il leur réserve.
Ils viennent à lui comme des papillons, attirés par la flamme qui va les consumer. La discussion démarre tandis que la salle se vide.
Il n’a aucun mal à les séduire.
Puis Kaël aperçoit le couple.
– Je les ai oubliés, murmure-t-il. Une petite affaire à régler et je reviens…
Une jeune femme vient aussitôt le remplacer. Elle a le sourire professionnel d’une hôtesse de l’air.
Jean et Hélène Redoux ont écouté religieusement Kaël, sans jamais le quitter des yeux.
Ils sont restés ainsi, regards fixes et vides, immobiles, raides sur leurs chaises inconfortables.
Ils ont écouté, sans vraiment entendre. C’est un peu comme une chanson qu’on aime et qui passe en musique de fond. On lui prête à peine attention puisqu’on la connaît par cœur.
Jean porte son vieux costume bleu, jadis azur, usé jusqu’à la corde, avec une cravate rouge mal assortie. Hélène a mis un tailleur jaune canari et une veste orangée.
Ça fait des lustres qu’ils mettent ces vêtements. Leurs voisins appellent ça l’uniforme du week-end, d’un ton à la fois railleur et chagriné.
L’un comme l’autre est content de son sort. Rien ne peut les perturber. Quoi qu’il puisse arriver, ils y feront face avec sérénité.
Ils sont heureux comme peuvent l’être des ruminants qui broutent, enfermés dans leur enclos, en attente de l’abattoir. Ce sont de parfaits zombies, dociles, obéissants à leur maître et ses chiens.
Le pire, c’est qu’un observateur neutre ne pourrait que constater que leur condition actuelle est meilleure que celle d’antan.
Ils ont assisté à une réunion d’informations, pareille à celle-ci. Ils étaient différents, dotés de leur libre-arbitre et parfaitement conscient d’exister.
Trop conscient même.
Jean craignait, à juste raison, de perdre son emploi. Il était en conflit permanent avec leur fils unique, Lucas. Hélène avait déjà perdu son travail et errait sur le marché local de l’emploi, de petits boulots précaires en stages de qualification ne débouchant sur rien, en passant par des jobs payés au noir.
Le couple se débattait avec des problèmes d’argent quasiment insolubles, jonglant avec les cartes de crédit, en équilibre instable, toujours sur la corde raide. Hélène s’était mise à boire et Jean hésitait entre dépression et crise de fureur, passant de l’un à l’autre sans prévenir, en attendant de choisir définitivement.
La somme de tout ça les amenait à considérer le divorce comme une solution, chacun accusant l’autre d’être la source des problèmes qui s’accumulaient.
Renouveau Spirituel a changé ça.
Les problèmes n’ont pas disparu. Ils ont même empiré. Jean a perdu son emploi et ils sont interdits bancaires. Le loyer n’a pas été payé depuis deux mois et ils sont menacés d’expulsion.
Ce qui a changé, c’est que ça ne les touche plus.
Rien ne les touche plus.
Leur unique objectif, désormais, est de plaire au prince sorcier.
Ils le regardent s’approcher avec un sourire de vénération.
– J’ai besoin de toi, dit Kaël en désignant Hélène. Je viendrais te chercher vers midi. Prépare une valise avec tes affaires.
La femme hoche la tête avec docilité, sans poser de questions. Elle a enregistré les désirs du maître. Il ne lui en faut pas plus.
Kaël se tourne vers Jean.
– Hélène ne reviendra pas.
L’homme hoche la tête avec docilité.
– C’est tout, fait Kaël.
Du bétail, songe-t-il avant de les congédier d’un geste.
Si Moz accepte de laisser la place, ce sera Hélène qui portera le vorace qui le remplacera.
Le maître a décidé.
Chacun attend le bon vouloir du berger : les anciens adeptes, les nouveaux, les chiens bergers qui surveillent le troupeau en son nom, et même les rares qu’il a épargné afin qu’ils rejoignent la meute en pleine conscience et en toute connaissance de cause.
Quelques brebis égarées ont rejoint le troupeau. J’ai bien travaillé, se dit Kaël avec le sens du devoir accompli.
Il se tourne vers ceux qu’il a épargnés et leur sourit.
Il passera un peu de temps avec eux, puis les laissera entre les mains de ses seconds. Ils rejoindront la meute, aussi soucieux de lui plaire que les membres du troupeau, mais en ayant gardé leur libre-arbitre, condition essentielle du rôle qu’il leur réserve.
Ils viennent à lui comme des papillons, attirés par la flamme qui va les consumer. La discussion démarre tandis que la salle se vide.
Il n’a aucun mal à les séduire.
Puis Kaël aperçoit le couple.
– Je les ai oubliés, murmure-t-il. Une petite affaire à régler et je reviens…
Une jeune femme vient aussitôt le remplacer. Elle a le sourire professionnel d’une hôtesse de l’air.
Jean et Hélène Redoux ont écouté religieusement Kaël, sans jamais le quitter des yeux.
Ils sont restés ainsi, regards fixes et vides, immobiles, raides sur leurs chaises inconfortables.
Ils ont écouté, sans vraiment entendre. C’est un peu comme une chanson qu’on aime et qui passe en musique de fond. On lui prête à peine attention puisqu’on la connaît par cœur.
Jean porte son vieux costume bleu, jadis azur, usé jusqu’à la corde, avec une cravate rouge mal assortie. Hélène a mis un tailleur jaune canari et une veste orangée.
Ça fait des lustres qu’ils mettent ces vêtements. Leurs voisins appellent ça l’uniforme du week-end, d’un ton à la fois railleur et chagriné.
L’un comme l’autre est content de son sort. Rien ne peut les perturber. Quoi qu’il puisse arriver, ils y feront face avec sérénité.
Ils sont heureux comme peuvent l’être des ruminants qui broutent, enfermés dans leur enclos, en attente de l’abattoir. Ce sont de parfaits zombies, dociles, obéissants à leur maître et ses chiens.
Le pire, c’est qu’un observateur neutre ne pourrait que constater que leur condition actuelle est meilleure que celle d’antan.
Ils ont assisté à une réunion d’informations, pareille à celle-ci. Ils étaient différents, dotés de leur libre-arbitre et parfaitement conscient d’exister.
Trop conscient même.
Jean craignait, à juste raison, de perdre son emploi. Il était en conflit permanent avec leur fils unique, Lucas. Hélène avait déjà perdu son travail et errait sur le marché local de l’emploi, de petits boulots précaires en stages de qualification ne débouchant sur rien, en passant par des jobs payés au noir.
Le couple se débattait avec des problèmes d’argent quasiment insolubles, jonglant avec les cartes de crédit, en équilibre instable, toujours sur la corde raide. Hélène s’était mise à boire et Jean hésitait entre dépression et crise de fureur, passant de l’un à l’autre sans prévenir, en attendant de choisir définitivement.
La somme de tout ça les amenait à considérer le divorce comme une solution, chacun accusant l’autre d’être la source des problèmes qui s’accumulaient.
Renouveau Spirituel a changé ça.
Les problèmes n’ont pas disparu. Ils ont même empiré. Jean a perdu son emploi et ils sont interdits bancaires. Le loyer n’a pas été payé depuis deux mois et ils sont menacés d’expulsion.
Ce qui a changé, c’est que ça ne les touche plus.
Rien ne les touche plus.
Leur unique objectif, désormais, est de plaire au prince sorcier.
Ils le regardent s’approcher avec un sourire de vénération.
– J’ai besoin de toi, dit Kaël en désignant Hélène. Je viendrais te chercher vers midi. Prépare une valise avec tes affaires.
La femme hoche la tête avec docilité, sans poser de questions. Elle a enregistré les désirs du maître. Il ne lui en faut pas plus.
Kaël se tourne vers Jean.
– Hélène ne reviendra pas.
L’homme hoche la tête avec docilité.
– C’est tout, fait Kaël.
Du bétail, songe-t-il avant de les congédier d’un geste.
Si Moz accepte de laisser la place, ce sera Hélène qui portera le vorace qui le remplacera.
Le maître a décidé.