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Ta main de fer

By: jwulee
folder French › Harry Potter
Rating: Adult ++
Chapters: 5
Views: 3,172
Reviews: 2
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Disclaimer: I do not own the Harry Potter book and movie series, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
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Éventuellement....peut-être

Voici le dernier chapitre!

Vivre avec le vide, vivre sans le vouloir, vivre avec rien qui puisse nous tenir la main. Harry fixait le plafond de la chambre d’invité. Un plafond que depuis une semaine il n’avait jamais cessé de fixer. Il le regardait, semblait insensible, semblait inconscient, semblait appartenir à un autre monde.

On l’avait vidé de sa vie, on avait tué son mari, on l’avait en même temps assassiné, lui qui ne demandait qu’à être aimé. Les gens ne comprenaient pas, les gens ne voulaient pas comprendre que Lucius l’aimait vraiment, qu’il était le seul qui aurait jamais pu le faire.

Harry n’était pas dupe, il savait que son cœur était mauvais, il savait que sa vie était maudite, il savait que Lucius était le seul qui aurait pu oublier ses imperfections et l’aimer sans rançons. Lucius devait le corriger, Harry était tellement bête, Lucius avait été si bon de l’aimer, même après tant de scènes. C’était dur pour ce dernier, de toujours devoir jouer les éducateurs et Harry lui en avait été gré de ne jamais abandonner son labeur. Il avait voulu s’améliorer, mais peut-être tout espoir avait été assassiné.

Severus venait le voir souvent, lui apportant de plateaux de nourriture, des aliments qui le répugnaient. Il ne voulait voir personne, il ne voulait rien entendre, il ne voulait pas manger, tout ce qu’il désirait c’était de revoir le seul être qui avait été en mesure de l’aimer.

- Tu dois manger, Harry, avait dit Severus comme à chaque repas.

- Je suis désolé, fit Harry sans quitter le plafond des yeux.

Il voulait rejoindre son Lucius et peut-être ce dernier lui pardonnerait toutes ses erreurs lorsqu’il le verrait monter au ciel après avoir souffert tant d’heures.

- J’ai aimé une personne dans ma vie, Harry, fit Severus en sachant qu’il était fort probable que le concerné ne l’écoute guère. Une seule personne. Elle était imparfaite, comme je le suis, comme nous le sommes tous.

- Lucius était parfait.

- Je l’aimais en dépit de ses erreurs, fit Severus en faisant fi du commentaire, et c’est ses erreurs qui faisaient que je l’aimais encore davantage. Je l’attendais le soir, lorsqu’elle était retardée et je lui préparais un souper pour qu’elle n’ait pas à s’en occuper. Et lorsqu’elle rentrait finalement, je lui faisais couler un bain chaud, car je savais qu’elle avait dû avoir une pénible journée.

- Cette personne aurait dû être punie pour t’avoir fait attendre.

- Punir quelqu’un c’est prétendre que cette personne est inférieure, mais lorsque l’amour existe, le vrai amour, personne n’est inférieur et il n’était pas de mon devoir de la réprimander. Je n’étais pas son père, j’étais son amant et tout ce que je désirais c’était de la voir heureuse.

Harry commençait à s’agiter, il n’aimait pas cette discussion.

- Et parfois nous avions des arguments, elle ne partageait pas mes opinions et nous tentions d’en venir à un terrain d’entente afin de nous respecter mutuellement.

- Elle aurait dû cesser d’argumenter et avouer que tu avais raison.

- Je ne peux pas toujours avoir raison et ses opinions étaient importantes, les opinions des autres sont toujours importantes, elles nous permettent de nous ouvrir au monde.

Harry tourna le dos à Severus, incapable de pleurer devant lui.

- Je la regardais dormir, trouvant que c’était la plus belle chose qui était arrivé dans ma vie et je la regardais partir vers un autre homme, acceptant que son bonheur puisse appartenir à un autre. Je ne la retenais pas, je voulais que son bonheur et je savais cette personne si formidable que je me disais qu’il y avait certainement quelqu’un de meilleur que moi pour s’en occuper.

Le silence pesa encore quelque peu, porté par des sanglots légèrement teintés.

- Cette personne c’était Narcissa. Je l’ai laissé partir, vers quelqu’un qui l’a charmée, je l’ai laissé courir vers une mort assurée. Je l’ai regardé pendant toutes ces années, je me suis déchiré car je savais qu’on lui avait inventé un amour charmé. On l’avait manipulé et finalement on l’avait tué. J’ai regardé cette femme mourir et je m’en suis toujours voulu et j’ai juré ce jour là que je ne ferais pas la même erreur deux fois. J’ai failli la refaire, mais Drago m’a aidé, il m’a réveillé juste à temps et te voilà chez moi aujourd’hui et te voilà heureusement en vie.

Harry ne se retourna pas, se recroquevillant sur lui-même, se recroquevillant sous la douleur des paroles.

- Et avec le temps j’ai réalisé une chose, j’aimais Narcissa comme une sœur, je n’avais pas connu le grand amour avant de rencontrer ton cœur. Je sais que c’est trop tôt, je sais que tu n’es pas dans un état pour entendre cela, mais je voulais que tu saches, avant de choisir entre la vie et la mort qu’il existe d’autre chose que l’horreur pour s’accrocher à l’amour. J’ai connu l’amour et je n’ai jamais été blessé. Tu es une personne formidable, tout ceci n’aurait pas dû t’arriver.

- On ne parle pas de l’amour ici Severus, on parle de moi, de ma manie de toujours tout mal faire. Lucius a été bon pour moi, peu importe ce que tu crois, il a tenté de me rendre meilleur, mais j’étais trop entêté.

- Accepterais-tu que Ron fasse vivre cela à Hermione ? Que Seamus s’en prenne de la sorte à Ginny ? Que Drago bouscule son épouse dans les escaliers de son manoir ? Que Neville défigure son amour pour un repas trop cuit ?

- Les autres sont les autres. Ils ne méritent pas cela. Je ne suis pas les autres, moi je le méritais.

- Il y a un principe très clair dans la vie, Harry, ce qui s’applique pour toi s’applique pour les autres. Si tu crois sincèrement que Lucius avait raison, alors ceci signifie que tous ceux qui ont des conjoints qui ne font pas tout parfaitement devraient s’en prendre à eux de la même manière que Lucius l’a fait avec moi.

- Je veux dormir, fit Harry la gorge serrée.

- D’accord, répondit Severus un peu épuisé. Je ne suis pas Lucius, Harry. Je ne te forcerai pas à faire quelque chose que tu ne désires pas. Je vais te laisser le choix. Celui de vivre ou de mourir.

Severus sortit de la chambre, laissant le plateau de nourriture sur la table de chevet, sachant que le choix appartenait à Harry. Il aurait pu lui faire boire une potion de force, il aurait pu lui insérer un tube naso-gastrique, il aurait pu le tenir en vie contre son gré, mais il savait que pour que Harry cesse de vénérer le monstre qu’avait été Lucius il devait comprendre qu’il avait le choix. Qu’il était une personne à part entière.

Harry seul dans sa chambre ne cessait de regarder les murs, les murs qui l’emprisonnaient, mais il ne pouvait les considérer comme une geôle, les murs ne le rendaient pas vulnérable, inférieurs. Il n’était pas détenu, il ne se sentait pas comme au manoir. Penser au manoir le rendait inconfortable. Il ne se comprenait plus. Il voulait y retourner, reprendre la vie d’avant même si les souffrances étaient impliquées, il voulait prétendre que rien n’était survenu, comme il avait toujours fait, mais au lieu de cela il demeurait couché, le regard perdu, il demeurait là et il se sentait horriblement coupable.

Le plateau de nourriture était toujours à ses côtés. Jamais Lucius ne lui aurait donné le choix, Severus patientait depuis ce qui semblait des lunes, il patientait, ne le forçait pas à manger, lui rendait son statut d’humain avec toute la liberté qui venait avec. Mais que faire de cette liberté, celle qui le menaçait davantage que toute autre chose ? Harry prit lentement la fourchette entre ses doigts, ne sachant pas s’il agissait convenablement. Il fallait peut-être tout réapprendre, depuis son premier soupir jusqu’à ses derniers espoirs déchus. Il fallait éventuellement faire confiance.

De jours, des semaines, des mois même seraient nécessaires pour ne serait-ce qu’il accepte que respirer sans l’accord de Lucius était acceptable.

Mais en prenant lui-même cette bouchée, en portant tout seul cette fourchette à sa bouche, il venait de signer un contrat ; il se battrait pour sa vie, il ferait tout ce qui était nécessaire pour éventuellement sourire.

Et éventuellement peut-être son cœur serait-il prêt à aimer à nouveau.
Éventuellement…peut-être…
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