les princes sorciers
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French › Originals
Rating:
Adult
Chapters:
32
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1,362
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Bambi
Jérémie, surnommé Bambi à cause de ses grands yeux bruns, surmontés de longs cils, et la douceur de ses traits, est plongé dans ses réflexions.
Il pense à son père, Phil Lodger, connu comme Shark, junkie notoire et guitariste mercenaire. Il a aussi une mère, Victoria Bourdon, archéologue, et pourtant, il se considère orphelin.
Lorsqu’on lui demande qui sont ses parents, il répond invariablement qu’il n’en a pas.
– Juste des géniteurs, précise-t-il ensuite d’une voix où se mêlent tristesse et espièglerie.
Il a vu son père il y a environ six mois.
Shark était dans un état comateux et tenait des propos incompréhensibles, pour ne pas dire délirants.
Il l’attendait à la sortie du Lycée et Bambi se sentait mal à l’aise, gêné par les regards de ses camarades.
Son père était venu pour une raison précise : lui soutirer de l’argent. Il finit par le dire, coincé entre un violent plaidoyer contre les méfaits des multinationales et un délire personnel sur l’existence de l’Atlantide.
Le jeune garçon oscilla entre deux envies contradictoires : se tuer ou le tuer.
C’est le fils qui demande de l’argent au père, pas l’inverse, aurait-il pu dire. Ou tout simplement lui rappeler une évidence : il n’en avait pas, ou si peu que ça n’en valait pas la peine d’en parler.
C’aurait été vain. Shark était trop perché pour l’entendre. Alors Bambi s’est contenté de hausser les épaules et s’en aller.
Shark n’a pas insisté.
Il a disparu et son fils est sans nouvelles depuis.
En ce qui concerne sa mère, il ne l’a pas revu depuis presque deux ans.
C’était à l’aéroport alors qu’elle partait pour le Pacifique où elle devait effectuer des fouilles en compagnie de Georges et d’un autre collègue.
Bambi se souvient très bien de ce qu’il a ressenti en les voyants monter dans l’avion, un petit jet privé affrété par leur employeur, une Fondation. D’abord de la jalousie et ensuite de l’amertume. Un zeste de colère aurait été le bienvenu mais il était trop déprimé pour le ressentir.
La jalousie.
Les trois archéologues se connaissent bien. Ils ont fait leurs études ensembles. Des liens solides les unissent. Il y a de l’affection, de la complicité… Tout ce qu’il n’y a pas dans le semblant de relation entre Bambi et sa mère.
Largement de qui le rendre jaloux.
L’amertume.
La discussion entre lui et Victoria n’a pas été ce qu’elle aurait dû être. Pas ce qu’il en attendait en tout cas.
Par contre, elle a été une révélation aux yeux du garçon. Il a découvert ce qu’il sait depuis toujours, mais veut ignorer : il ne compte pas pour elle.
Ça fait deux ans qu’il cherche à digérer cette information sans y réussir.
La scène est profondément incrustée en sa mémoire.
Il y a lui et sa mère.
Ils se trouvent dans le salon de son oncle, un endroit exécrable auquel il ne s’est jamais habitué, meublé avec le mauvais goût qui caractérise une classe moyenne à la dérive, mélange d’acajou et de hi Tech.
Bambi est dans le fauteuil qui fait face au divan où est assise sa mère. A côté d’elle, autre élément du décor, celui que le garçon appelle dans sa tête Georges le bouffon.
– Nous devons parler, lui dit Victoria d’un ton sec avant de lui annoncer en vrac toutes les décisions qu’elle a prise le concernant.
Il s’agit d’un catalogue de mesures qu’il doit ingurgiter d’un coup et qu’il ne peut remettre en cause puisque ça se passe la veille du départ.
– Nous venons de signer un contrat d’une durée de deux ans. C’est un chantier prometteur qui se trouve sur une île perdue dans l’Océan Pacifique. Il n’est évidemment pas question de t’emmener. Tu vivras donc ici. Mon frère veut bien s’occuper de toi durant notre absence.
Bambi tombe des nues. Il n’était au courant de rien.
Il n’est ni idiot, ni aveugle, et il a bien senti que quelque chose se tramait, mais rien d’aussi radical.
Elle est si belle, songe-t-il en la contemplant. J’ai ses yeux, ses traits. Je lui ressemble et, pourtant, il n’y a rien entre nous si ce n’est un fossé, de plus en plus large, infranchissable.
– Nous partons demain, ajoute-elle.
– Pourquoi avoir attendu le dernier moment pour me le dire ? finit-il par demander après un temps de silence, nécessaire pour mettre un semblant d’ordre dans le malstrom d’émotions et de pensées qui le submerge.
La seule réponse qu’il obtient est un haussement d’épaules.
– Nous ne voulions pas t’inquiéter, intervient Georges avec une grimace contrite.
Le jeune garçon retient avec difficulté les larmes qui se pressent aux coins de ses yeux. Pas sa colère.
Il se met à parler et un flot de reproches jaillit spontanément. Il ne peut le retenir et pourtant, il sait qu’il commet une erreur en se laissant aller. Il connaît sa mère.
Victoria l’écoute d’un air de plus en plus excédé jusqu’à ce qu’il laisse échapper :
– Pourquoi tu m’as fait si c’est pour me traiter comme ça ?
Il voit le regard de Georges se précipiter vers le plancher à la vitesse de l’éclair tandis qu’elle répond d’une voix encore plus glaciale que d’habitude :
– Lorsque ton père m’a mis enceinte avant de fuir ses responsabilités, je ne voulais pas te garder. Tu dois la vie à deux personnes : ton oncle et Georges. Ils ont réussi à me convaincre… Aujourd’hui, ils n’y arriveraient plus.
Ça met fin à la conversation.
Ils ne s’adressent plus la parole jusqu’au départ.
Tout a été dit.
Les deux années de contrat vont bientôt s’achever et Bambi ne sait s’il doit s’en réjouir ou s’en désoler.
Il pense à son père, Phil Lodger, connu comme Shark, junkie notoire et guitariste mercenaire. Il a aussi une mère, Victoria Bourdon, archéologue, et pourtant, il se considère orphelin.
Lorsqu’on lui demande qui sont ses parents, il répond invariablement qu’il n’en a pas.
– Juste des géniteurs, précise-t-il ensuite d’une voix où se mêlent tristesse et espièglerie.
Il a vu son père il y a environ six mois.
Shark était dans un état comateux et tenait des propos incompréhensibles, pour ne pas dire délirants.
Il l’attendait à la sortie du Lycée et Bambi se sentait mal à l’aise, gêné par les regards de ses camarades.
Son père était venu pour une raison précise : lui soutirer de l’argent. Il finit par le dire, coincé entre un violent plaidoyer contre les méfaits des multinationales et un délire personnel sur l’existence de l’Atlantide.
Le jeune garçon oscilla entre deux envies contradictoires : se tuer ou le tuer.
C’est le fils qui demande de l’argent au père, pas l’inverse, aurait-il pu dire. Ou tout simplement lui rappeler une évidence : il n’en avait pas, ou si peu que ça n’en valait pas la peine d’en parler.
C’aurait été vain. Shark était trop perché pour l’entendre. Alors Bambi s’est contenté de hausser les épaules et s’en aller.
Shark n’a pas insisté.
Il a disparu et son fils est sans nouvelles depuis.
En ce qui concerne sa mère, il ne l’a pas revu depuis presque deux ans.
C’était à l’aéroport alors qu’elle partait pour le Pacifique où elle devait effectuer des fouilles en compagnie de Georges et d’un autre collègue.
Bambi se souvient très bien de ce qu’il a ressenti en les voyants monter dans l’avion, un petit jet privé affrété par leur employeur, une Fondation. D’abord de la jalousie et ensuite de l’amertume. Un zeste de colère aurait été le bienvenu mais il était trop déprimé pour le ressentir.
La jalousie.
Les trois archéologues se connaissent bien. Ils ont fait leurs études ensembles. Des liens solides les unissent. Il y a de l’affection, de la complicité… Tout ce qu’il n’y a pas dans le semblant de relation entre Bambi et sa mère.
Largement de qui le rendre jaloux.
L’amertume.
La discussion entre lui et Victoria n’a pas été ce qu’elle aurait dû être. Pas ce qu’il en attendait en tout cas.
Par contre, elle a été une révélation aux yeux du garçon. Il a découvert ce qu’il sait depuis toujours, mais veut ignorer : il ne compte pas pour elle.
Ça fait deux ans qu’il cherche à digérer cette information sans y réussir.
La scène est profondément incrustée en sa mémoire.
Il y a lui et sa mère.
Ils se trouvent dans le salon de son oncle, un endroit exécrable auquel il ne s’est jamais habitué, meublé avec le mauvais goût qui caractérise une classe moyenne à la dérive, mélange d’acajou et de hi Tech.
Bambi est dans le fauteuil qui fait face au divan où est assise sa mère. A côté d’elle, autre élément du décor, celui que le garçon appelle dans sa tête Georges le bouffon.
– Nous devons parler, lui dit Victoria d’un ton sec avant de lui annoncer en vrac toutes les décisions qu’elle a prise le concernant.
Il s’agit d’un catalogue de mesures qu’il doit ingurgiter d’un coup et qu’il ne peut remettre en cause puisque ça se passe la veille du départ.
– Nous venons de signer un contrat d’une durée de deux ans. C’est un chantier prometteur qui se trouve sur une île perdue dans l’Océan Pacifique. Il n’est évidemment pas question de t’emmener. Tu vivras donc ici. Mon frère veut bien s’occuper de toi durant notre absence.
Bambi tombe des nues. Il n’était au courant de rien.
Il n’est ni idiot, ni aveugle, et il a bien senti que quelque chose se tramait, mais rien d’aussi radical.
Elle est si belle, songe-t-il en la contemplant. J’ai ses yeux, ses traits. Je lui ressemble et, pourtant, il n’y a rien entre nous si ce n’est un fossé, de plus en plus large, infranchissable.
– Nous partons demain, ajoute-elle.
– Pourquoi avoir attendu le dernier moment pour me le dire ? finit-il par demander après un temps de silence, nécessaire pour mettre un semblant d’ordre dans le malstrom d’émotions et de pensées qui le submerge.
La seule réponse qu’il obtient est un haussement d’épaules.
– Nous ne voulions pas t’inquiéter, intervient Georges avec une grimace contrite.
Le jeune garçon retient avec difficulté les larmes qui se pressent aux coins de ses yeux. Pas sa colère.
Il se met à parler et un flot de reproches jaillit spontanément. Il ne peut le retenir et pourtant, il sait qu’il commet une erreur en se laissant aller. Il connaît sa mère.
Victoria l’écoute d’un air de plus en plus excédé jusqu’à ce qu’il laisse échapper :
– Pourquoi tu m’as fait si c’est pour me traiter comme ça ?
Il voit le regard de Georges se précipiter vers le plancher à la vitesse de l’éclair tandis qu’elle répond d’une voix encore plus glaciale que d’habitude :
– Lorsque ton père m’a mis enceinte avant de fuir ses responsabilités, je ne voulais pas te garder. Tu dois la vie à deux personnes : ton oncle et Georges. Ils ont réussi à me convaincre… Aujourd’hui, ils n’y arriveraient plus.
Ça met fin à la conversation.
Ils ne s’adressent plus la parole jusqu’au départ.
Tout a été dit.
Les deux années de contrat vont bientôt s’achever et Bambi ne sait s’il doit s’en réjouir ou s’en désoler.