Etats d\'Ames
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Disclaimer:
Les personnages de Yami no Matsuei appartiennent à Yoko Matsushita, pas à moi, hélas. Je ne fais que jouer avec eux, ce qui ne me rapporte évidemment pas le moindre centime.
Dans l'antre du Dragon
CHAPITRE 5 : Dans l'antre du Dragon
Muraki s'avança et posa une main sur l'épaule de Hisoka, qui se tenait toujours dans l'embrasure de la porte de la fourgonnette. Une douleur fulgurante transperça le jeune shinigami. Les marques rouges couvrirent son corps une fois de plus, et Hisoka s'aperçut avec terreur qu'il ne pouvait plus faire un geste. Le docteur se rapprocha, posa négligemment un bras sur l'épaule du jeune homme et, d'un doigt, lui caressa la joue.
— Ah... je vois que tu es toujours sous l'emprise de mon envoûtement, même après tout ce temps. Ce sort est vraiment l'un des meilleurs que j'aie jamais lancé...
Hisoka voulait fuir mais, même sans compter le maléfice, la seule présence de Muraki le paralysait. La vision de leur première rencontre, de cette nuit où, sous une lune sanglante, Muraki s'était forcé un passage au travers de son corps, semblait imprimée devant ses yeux. Lentement, le docteur inclina son visage vers celui du jeune homme ; son souffle chaud caressa son oreille. Muraki murmura "Viens..." d'une voix de velours, et Hisoka, horrifié, sentit son corps se plier à la volonté de l'homme. Ses jambes se mirent en mouvement d'elles-mêmes et, avec un hurlement de terreur et d'impuissance qui refusait de franchir ses lèvres, le jeune homme emboîta le pas à son bourreau.
La pièce dans laquelle ils se trouvaient n'était pas le garage d'une maison particulière, comme l'avait imaginé Hisoka, mais un vaste hangar aux murs de béton, dans lequel leurs pas produisaient un écho sinistre. Muraki, le jeune homme sur les talons, se dirigea vers une courte volée de marches qui menait à une porte métallique. Sortant de sa poche une carte magnétique, il la glissa dans la fente qui servait de serrure. Une diode verte clignota brièvement et la porte s'ouvrit.
La salle dans laquelle ils pénétrèrent étaient tout aussi grande que la précédente, mais une grande partie était plongée dans la pénombre. A mi-hauteur des mur courait une passerelle métallique, surmontée par une baie vitrée aux carreaux sales qui laissait filtrer la clarté laiteuse de la lune. Du haut plafond pendaient toutes sortes de chaînes et de câbles. La grande pièce elle-même était relativement vide, meublée seulement, ça et là, d'une armoire d'acier ou d'un bloc de tiroirs, et, le long d'un mur, d'un tapis roulant qui rappelait à Hisoka une chaîne d'assemblage.
Au centre de la pièce, éclairé à la façon d'une scène de théâtre par les faisceaux de quatre lampes fixées au plafond, se trouvait un assemblage incongru. Au centre, une table basse reposait sur un tatami. Sur la table, un vase de céramique noire mettait en valeur un bouquet de camélias aux fleurs rose pourpré. La table était flanquée, sur deux côtés, d'un canapé et d'un fauteuil à l'occidentale. Le troisième côté était occupé par un grand lit à l'élégante monture de métal. Hisoka frissonna en apercevant les chaînes et les menottes qui pendaient aux quatre coins. Une poupée de porcelaine en robe rouge de gitane était allongée au centre du lit. A son pied se trouvait un grand coffre de laque au complexe motif floral.
Les deux hommes du parc étaient assis sur le divan, encadrant Kiyoshi qui commençait à peine à reprendre conscience. Se tournant vers Hisoka, Muraki murmura "Reste là !" et le jeune homme, dont la première réaction avait été de s'élancer vers son compagnon, s'immobilisa.
Muraki s'avança vers le trio, s'agenouilla devant Kiyoshi et lui mit sous le nez un petit flacon qu'il avait tiré de sa poche. Le jeune homme brun s'agita, toussa un peu, et ouvrit grand les yeux, entièrement réveillé. Pendant quelques secondes, il parut désorienté, puis son regard se posa sur Muraki et une expression sauvage colora ses traits.
— Soyez le bienvenu, mon jeune ami, commença le docteur d'un ton enjoué, mais en jetant au jeune homme un regard d'oiseau de proie qui démentait son sourire accueillant. Mes hommes ont bien travaillé. Vous êtes tout-à-fait charmant, et je suis suis sûr que nous allons passer ensemble des moments inoubliables.
— C'est donc toi qui est derrière tout ça, ordure ! cria Kiyoshi, qui, se levant d'un bond, se rua sur Muraki.
Mais les deux hommes de main de ce dernier furent plus rapides. L'un d'entre eux saisit les bras du jeune homme et les tordit douloureusement dans son dos tandis que l'autre immobilisait ses jambes.
Avec un sourire carnassier, Muraki s'approcha du jeune homme, et tira de sa poche un long couteau pliant qu'il ouvrit avec un claquement menaçant.
— Prends garde, mon petit tigre. Moi aussi j'ai des griffes... murmura-t-il, en effleurant la joue de Kiyoshi avec la pointe de son arme.
— Salaud... pourquoi as-tu fait ça à mon frère et aux deux filles ? gronda le jeune homme, toujours immobilisé par la poigne de fer des deux hommes, en tentant tant bien que mal d'éloigner son visage de la lame acérée de Muraki.
— Ton frère, vraiment ? s'écria Muraki d'un ton ravi. Mais nous voici presque en famille, alors ! Ton frère... oui, ça ne m'étonne pas... les mêmes traits réguliers... ce cou gracile... ces poignets délicats... murmura Muraki d'une voix de velours en faisant glisser ses doigts, lentement, légèrement, sur la peau nue du jeune homme.
Kiyoshi frissonna de dégoût et détourna la tête. Les sous-entendus lubriques de l'homme lui donnaient la nausée. Il se débattit encore sans succès et réalisa la futilité de sa résistance, ses membres frêles n'étant pas de taille à lutter contre les muscles des deux gorilles. Un sentiment d'impuissance paniquée s'empara lui.
— Laisse-moi voir jusqu'où va la ressemblance, continua Muraki en approchant son couteau de la gorge du jeune homme qui s'immobilisa et déglutit avec peine.
Le docteur glissa sa lame dans l'encolure de la chemise et fit sauter le premier bouton. Kiyoshi lâcha un petit glapissement de terreur.
— Sais-tu... que j'ai un excellent souvenir... de ton frère ? Sais-tu... avec quel délice... j'ai gouté... à tous les plaisirs... que pouvaient m'offrir son corps ?
Muraki ponctuait son discours de petits coups de couteau secs. Les boutons de la chemise de Kiyoshi s'envolèrent un à un.
Tremblant de colère, Hisoka assistait à la scène, impuissant. Les derniers sentiments de jalousie qu'ils pouvait éprouver à l'égard de Kiyoshi s'étaient évanouis lorsqu'il avait vu Muraki commencer à déshabiller le jeune homme. Il ne savait que trop bien ce qui suivrait ; il en avait déjà fait la douloureuse expérience. La panique le gagnait, mais son corps refusait toujours de lui obéir.
Muraki, cependant, avait arraché le dernier bouton. Il écarta les pan de la chemise du jeune homme, et fit courir ses doigts sur la poitrine lisse. Puis il se pencha et saisit entre ses lèvres un téton qu'il suça avec délectation, faisant virevolter sa langue autour du bouton qui durcissait sous le contact doux et humide.
— Sa peau avait le même goût d'épices, repris Muraki en achevant sa caresse par un coup de dents qui arracha au jeune homme un glapissement de douleur.
Une goutte de sang perla, que le docteur recueillit du bout de la langue.
— Son sang, la même saveur acide.
Le jeune homme avait cessé de lutter contre les mains qui l'immobilisaient. Des larmes roulaient sur ses joue, larmes de rage, de peur, de dégoût ; larmes de douleur en pensant au supplice de son frère. Muraki contempla son jeune captif et sourit. Puis il fit courir la pointe de son couteau sur la poitrine du jeune homme, sur son ventre, traçant un sillon rouge et gonflé sur la peau irritée, sans toutefois la rompre jusqu'au sang. Il s'arrêta à la ligne du pantalon, et Kiyoshi, par réflexe, contracta le ventre.
— Sais-tu...
Le docteur, insinuant sa lame entre la peau douce et tremblante et le tissu, fit sauter le bouton.
— ... sais-tu qu'il a gémi de plaisir sous mes caresses ?
— Sale menteur ! cria Kiyoshi.
Comment ce monstre osait-il salir la mémoire de son frère ? La colère l'étouffait, mais en même temps, l'idée, infâme, détestable, que le frère qu'il aimait tant ait pu prendre plaisir aux tortures qui l'avaient rendu fou s'était insinuée en lui, et il n'arrivait plus à la chasser.
Avec un petit rire, Muraki descendit la fermeture-éclair, et le pantalon glissa sur hanches du jeune homme pour s'accumuler autour de ses chevilles. Le docteur passa ensuite la lame effilée sous la ceinture élastique du sous-vêtement de son captif. Le tissu se rompit avec un claquement sec. Muraki recommença l'opération avec l'autre jambe. Privée de soutien, la pièce de tissu tomba au sol, exposant le jeune homme. Kiyoshi rougit de honte et d'humiliation, et fit un dernier effort, aussi désespéré qu'inutile, pour dégager ses bras et couvrir son bas-ventre.
Muraki glissa le plat de la lame de son couteau sur le sexe du jeune homme. Au contact du métal froid, Kiyoshi s'immobilisa totalement, mais son abdomen palpitait au rythme de sa respiration terrifiée. Il ressemblait à un animal sauvage acculé par les chasseurs, voyant se relever les fusils sans avoir nulle part ou s'enfuir.
Sans rompre le contact entre le métal et la chair, Muraki s'agenouilla.
— Sais-tu...
Il fit glisser son couteau sous le pénis du jeune homme et le souleva délicatement.
— Sais-tu que j'ai goûté son essence...
Sa langue jaillit entre ses lèvres et se posa sur la pointe du sexe offert à lui dans une brève caresse.
— Sais-tu qu'il a pleuré en jouissant dans ma bouche...
Kiyoshi ferma les yeux et crispa le visage, comme si ce simple geste pourrait empêcher les horribles paroles de l'atteindre.
Avec un sourire satisfait, un éclat de plaisir brillant dans son œil pâle, Muraki se releva et vint se placer derrière le jeune homme. Il se colla à son dos nu, faisant courir sa langue dans le cou de sa victime, pendant que ses mains descendaient le long du corps tremblant, s'attardant sur les reins. En caressant les fesses rondes, il approcha sa bouche de l'oreille de Kiyoshi.
— Sais-tu qu'il m'a supplié de le prendre...
— Menteur... sale menteur... pervers... gémit Kiyoshi dans un sanglot.
— ... et que j'ai eu le glorieux plaisir de pénétrer ce cul chaud et étroit... ce cul vierge... comme je pénètrerai le tien, mon petit tigre... murmura Muraki d'une voix basse, chaude et sensuelle, à l'oreille du jeune homme en pleurs.
— Mais, bon, ce sera pour plus tard, dit soudain Muraki sur le ton de la conversation, en s'éloignant d'un pas vif de son captif. Pour le moment, je m'en voudrais de délaisser mon second invité. Je crois qu'il a envie de participer à la conversation.
Les yeux de Hisoka, en effet, bouillaient de rage et de frustration. Il avait assisté à la manipulation perverse de Muraki, avait vu la façon dont ce dernier avait exploité l'innocence de Kiyoshi et son affection pour son frère pour briser son esprit, avec une colère impuissante. Toute son énergie mentale se concentrait contre le sortilège de contrôle de Muraki, mais le sort tenait bon. El le shinigami se lamentait encore une fois de ne pas posséder la puissance mentale de son partenaire.
— Et pour que je puisse lui accorder toute mon attention, je dois t'installer bien commodément, ajouta Muraki en direction de Kiyoshi. Voyons... Amenez-le vers le lit, ordonna-t-il finalement à ses complices.
Kiyoshi, brisé, se laissa entraîner sans résistance.
Lorsque le jeune homme fut debout devant le lit, Muraki souleva tendrement la poupée qui reposait sur le coussin et l'assit délicatement sur la table. Puis il revint vers son captif et le débarrassa du peu de vêtements qui lui restaient. Appuyant sur ses épaules, il le força à s'agenouiller et le poussa en avant sur le lit, inclinant son torse à angle droit. Sur un geste de leur chef, les deux gorilles saisirent les poignets du jeune homme, les enserrèrent dans les anneaux de fer que de solides chaînes connectaient aux coins de la monture du lit, et tendirent les chaînes, étirant douloureusement sur le lit le corps de leur victime. Muraki, pendant ce temps, avait tiré deux cordes du coffre de laque. Il les noua autour des cuisses du jeune homme, puis autour des deux pieds opposés du lit, et tendit les cordes. Kiyoshi était maintenant réduit à une immobilité totale, la moitié supérieure de son corps reposant à plat ventre sur le lit, bras tendus et écartés, tandis que ses genoux étaient posés sur le sol, les jambes ouvertes, le derrière en l'air, nu, vulnérable, exposé au regard comme un quartier de viande. Hisoka, rougissant, détourna le regard, dans un effort futile pour préserver ce qui restait de la pudeur de son compagnon d'infortune.
Muraki contempla avec satisfaction le spectacle qui s'offrait à lui.
— Et maintenant que te voilà bien installé, mon garçon, et... ouvert... à la discussion, laisse-moi répondre à ta question. Je suis sûr que la réponse intéressera aussi au plus haut point notre ami le shinigami. Pourquoi, demandais-tu ? Pourquoi ai-je traité d'une manière un peu cavalière, je le reconnais, ces trois jeunes gens ? Et bien, pour moi aussi c'est une affaire de famille. J'ai un frère, vois-tu. Un frère que je brûle de ramener à la vie... pour pouvoir lui offrir, de ma propre main, le trépas qu'il mérite. J'étais sur le point de reconstituer son corps, lorsque mon invité ici présent et son séduisant partenaire ont fait échouer mes plans et mis le feu à mon laboratoire. Le corps de mon frère a brûlé dans l'incendie, mais j'ai pu sauver son âme que j'avais emprisonnée par un sortilège dans une fiole de cristal. Il me faut maintenant transférer cette âme dans un nouveau corps, mais je dois avouer que les détails techniques de l'opération m'échappent toujours.
Muraki déambulait nonchalamment autour de la table basse, tout en poursuivant son monologue sur le ton d'un chirurgien expliquant à ses internes les détails d'une intervention délicate.
— Voilà pourquoi je me suis vu contraint de m'assurer la collaboration de quelques sujets d'expérience. Grâce à eux, j'ai désormais compris comment débarrasser un corps de l'âme qui l'habite tout en le maintenant vivant. Je n'ai malheureusement pas réussi à recueillir leurs âmes pour travailler sur la seconde partie du processus : le transfert. C'est ce que je vais tenter avec vous deux. Et d'ailleurs, poursuivit Muraki en se tournant vers Hisoka dont les yeux verts reflétaient tour à tour stupeur et fureur, puisque tu as eu la gentillesse de venir m'offrir tes services, mon cher Hisoka, une excellente idée m'est venue : utiliser ton corps pour y greffer l'âme de Saki. Quoi de mieux que le corps extraordinairement endurant d'un shinigami pour héberger mon frère bien aimé ? Le tuer n'en sera que plus amusant, tu ne crois pas ?
Muraki fit un petit signe de la main à l'un de ses hommes, qui se retira vers l'un des murs de la grande salle. Il se rapprocha ensuite de Hisoka qui tremblait de rage sous le sortilège de contrôle.
— Eh bien, Hisoka, que penses-tu de mon plan ? Allons, réponds, ne sois pas timide, tu sais que ton opinion me tient à cœur...
Il approcha sa main ouverte du front du jeune homme. Il y eut un éclair blanc, et le sortilège se dissipa. Dès qu'il réalisa qu'il était libre de ses mouvements, Hisoka, avec un râle de colère, se rua sur Muraki. Mais le docteur, qui avait prévu cette réaction, fut plus rapide et saisit ses poignets qu'il tordit sans pitié. Puis, profitant de sa haute taille, il tira vers le haut les deux bras du jeune shinigami qu'il enserrait toujours dans une poigne de fer, soulevant presque du sol ce dernier. A ce moment, le complice de Muraki actionna une manivelle contre le mur, et, levant les yeux, Hisoka vit descendre vers lui, depuis une poulie fixée au plafond, une chaîne terminée par deux bracelets d'acier. Muraki referma ceux-ci autour des poignets du jeune homme, puis se recula avec un sourire, contemplant son oeuvre.
Suspendu par les poignets, Hisoka se démenait, se contorsionnait, lançant des coups de pieds à droite et à gauche, sans pour autant parvenir à atteindre Muraki qui riait maintenant à gorge déployée. Un flot continu d'injures s'échappait de ses lèvres. Chacun de ses soubresauts le faisait danser au bout de la chaîne. Un observateur extérieur aurait en effet pu trouver la situation comique. Réalisant l'inutilité de ses efforts, Hisoka se calma enfin, ramena les pieds au sol et s'immobilisa, se contentant de foudroyer Muraki du regard.
— Eh bien, que t'arrive-t-il ? Est-ce que par hasard tu n'apprécierais pas mon hospitalité ? S'il y a la moindre chose qui te dérange, surtout, n'hésite pas à me le dire, dit ce dernier en s'approchant de nouveau, un sourire goguenard sur les lèvres.
"C'est ça, fais le malin, connard... et approche toi... Tu t'imagines que je m'avoue vaincu, hein ? Que je vais rester bien tranquille, comme un bon petit garçon ? Allons, approche-toi... plus près..."
Hisoka, tous les muscles tendus, mais se forçant à l'immobilité pour ne pas attirer l'attention de son tortionnaire, suivait ce dernier d'un œil perçant. Lorsque Muraki s'arrêta enfin à quelques dizaines de centimètres de son captif, s'apprêtant à le railler de nouveau, la jambe gauche du shinigami se détendit brutalement en direction de l'entrejambe du docteur, et fit mouche. Muraki se tordit en deux avec un gémissement de douleur, les bras serrés sur son bas-ventre. Ses deux hommes de main se précipitèrent vers lui pour le soutenir.
Durant quelques minutes Muraki resta recroquevillé, son souffle s'échappant de sa poitrine en long râles douloureux.
— Ça... ce n'était pas... ce que j'appellerais... un mouvement judicieux, dit-il finalement d'une voix encore haletante en se redressant.
Le regard qu'il lança à Hisoka contenait de la colère, mais aussi, à la surprise du jeune homme, une étincelle de plaisir, semblable à celle animant le regard d'un fauve qui sent sa proie lui résister.
— Puisque apparemment tu aimes les jeux brutaux, je m'en voudrais de t'en priver, reprit-il avec un sourire carnassier.
Le jeune shinigami pouvait maintenant lire le désir dans l'œil du docteur et un frisson de terreur lui parcourut l'échine. L'homme était vraiment un malade.
— Laissez-moi, vous autres, lança-t-il à ses hommes. Pas de discussion, reprit-il lorsque les deux hommes se regardèrent avec hésitation, fichez-moi le camp.
Les deux hommes hochèrent la tête et quittèrent la pièce en toute hâte. Hisoka ne put s'empêcher de s'interroger sur la relation qui les liait au docteur fou. Jusqu'ici ils avaient obéi immédiatement et sans discuter à tout ses ordres, même les plus pervers, mais ils n'avaient pas semblé prendre un quelconque plaisir, comme Muraki, à l'humiliation des deux jeunes captifs. Ils paraissaient surtout terrorisés par leur chef.
Muraki se dirigea vers le mur et actionna la manivelle. La chaîne se tendit, tirant sur les bras de Hisoka. Ses talons se soulevèrent. Muraki s'arrêta lorsque seule la pointe des pieds du jeune homme reposa encore sur le sol. Hisoka grimaça de douleur. Ses bras, ses épaules étaient douloureusement étirés. Le métal acéré des bracelets s'enfonçait dans sa chair, et un filet de sang commençait à couler le long de ses avant-bras. Et dans cette position il ne pouvait plus prendre suffisamment appui sur le sol pour donner un coup de pied efficace ; de plus, il préférait ne pas penser à ce qui arriverait à ses poignets s'il s'agitait trop au bout de sa chaîne. Il était bel et bien immobilisé.
Muraki revint vers lui, lui jeta un regard appréciatif, et humecta ses lèvres avec le bout de sa langue. Hisoka sentit une goutte de sueur rouler sur sa tempe. Le docteur s'approcha de lui jusqu'à ce que le jeune homme sente son souffle lui caresser le cou. Il déplia son couteau avec un claquement sinistre.
— Et maintenant, mon petit poulain, laisse-moi te récompenser comme il se doit pour ta ruade, murmura-t-il à l'oreille de son prisonnier en faisant courir le dos de sa lame sur sa gorge.
Hisoka se tendit mais n'osa pas, et d'ailleurs ne pouvait pas, faire le moindre mouvement. D'un coup de couteau brutal, Muraki fendit les manches de la veste en jeans du shinigami de l'encolure jusqu'au poignet, d'un côté puis de l'autre, et le vêtement tomba au sol. Le T-shirt de Hisoka subit le même sort et le jeune homme frissonna, son torse nu exposé à l'air frais de la grande salle.
Muraki se dirigea une fois de plus vers le coffre de laque et en sortit une cravache en cuir noir, et une petite bouteille remplie d'un liquide incolore. Hisoka ne savait pas lequel des deux objets lui causait le plus de crainte. Muraki revint vers lui, cravache en main, un inquiétant sourire aux lèvres et l'œil brillant d'excitation contenue.
"Laisse moi te dompter..." murmura-t-il en faisant courir le bout de la cravache sur la poitrine nue du jeune homme, dessinant des arabesques autour des mamelons, puis descendant sur la peau blanche du ventre. Hisoka sentit naître la chair de poule. "Laisse-moi... te dresser..." ajouta-t-il d'une voix rauque en descendant plus bas, glissant la cravache entre les jambes du jeune homme et dessinant à travers la toile de son jeans le contour de son sexe. Puis, soudainement, il abattit la cravache au travers de l'abdomen du jeune shinigami qui, totalement pris par surprise, lança un cri aigu. Une longue marque rouge apparut. La cravache cingla une seconde fois, arrachant un autre cri de douleur au captif. Muraki, en souriant, fit courir les doigts le long des deux meurtrissures qui se croisaient sur le ventre du jeune homme.
— Superbe... ces fines traces rouges sur la peau blanche, comme le sang sur la neige... Mais, dis-moi, lequel a la peau la plus fine, à ton avis ? La plus réceptive à mes... attentions ? Toi, ou ton ami ? dit Muraki en désignant d'un geste de sa cravache Kiyoshi toujours plié en travers du lit. Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, c'est de comparer...
Il s'approcha du corps inerte, entravé de Kiyoshi et fit courir sa cravache le long de son épine dorsale, commençant sur la nuque et descendant le long du dos, suivant la cambrure des reins, jusqu'à s'insinuer entre les deux muscles arrondis des fesses, légèrement écartées à cause de la position dans laquelle Muraki avait forcé les jambes du jeune homme. Celui-ci poussa un cri affolé.
— Tu es réveillé, petit tigre de papier ? Parfait, je vais pouvoir commencer.
La cravache s'abattit au travers des fesses du jeune homme, qui hurla. Une marque rouge apparut sur la peau meurtrie.
— Pas mal, mais je suis sûr que tu peux faire mieux...
La cravache s'abattit une seconde fois sur les reins du jeune homme, une troisième fois sur ses épaules, lui arrachant à chaque fois de long cris de douleur.
— Vas-y, crie pour moi... fais-moi entendre ta jolie voix, dit Muraki d'une voix basse et rauque, abattant de nouveau la cravache sur le dos de sa victime.
Hisoka regardait avec une angoisse croissante l'effet que son traitement du jeune homme à sa merci avait sur Muraki. Le jeune shinigami, étrangement, ne percevait pas d'émotions identifiables, probablement parce que le docteur était tellement habitué à porter un masque en public pour dissimuler sa véritable personnalité qu'il bloquait aussi inconsciemment ses émotions de surface. Mais son attitude fébrile trahissait maintenant son agitation intérieure. La sueur perlait à son front, ses yeux brillaient de désir, son souffle se faisait haletant. Hisoka craignait qu'il ne perde totalement le contrôle. Pourtant, après une dizaine de coups, il s'arrêta.
— Magnifique... mais je connais une autre façon de te faire chanter, murmura-t-il.
A ces mots Muraki saisit la petite bouteille et fit couler un filet de liquide visqueux sur le manche épais de la cravache.
Les yeux de Hisoka s'écarquillèrent, son ventre se noua. Non ! Allait-il...
Toutes les craintes du shinigami se réalisèrent lorsque le docteur écarta d'une main les fesses de son captif qui gémissait de terreur, positionna le manche lubrifié de la cravache, et amorça un mouvement de torsion.
— Non ! ! Arrête ! ! hurla Hisoka.
Surpris, Muraki leva les yeux. Sa bouche se tordit dans un sourire sarcastique quand il vit l'expression affolée du jeune homme.
— Eh bien, eh bien, serais-tu jaloux ? Tu veux que je m'occupe plutôt de toi, c'est ça ?
Hisoka sentit la terreur le paralyser lorsque ces yeux brûlants se posèrent sur lui. Ce qu'il avait déjà subi aux mains de ce dément repassait sans cesse dans son esprit. Une partie de lui ne voulait qu'une chose : s'enfuir, se terrer quelque part, ou pour le moins rester immobile, surtout ne rien dire, se faire oublier de son tortionnaire. Mais en même temps il regardait le corps tremblant du jeune homme qui n'avait eu comme seul but que de venger son frère torturé, et était sur le point de subir le même sort ; il entendait ses gémissements terrifiés, et savait qu'il ne pouvait pas l'abandonner aux mains du docteur fou.
— Réponds ! C'est bien ça, dit-moi ? Tu veux que je te fasse la même chose ? Tu as envie de moi ? Réponds ! Ou ton ami va faire l'intime connaissance de ma cravache !
Tremblant de panique, Hisoka considéra un instant l'infâme marché. Kiyoshi ou lui. Kiyoshi qui gémissait toujours faiblement. Kiyoshi dont le fragile corps humain supporterait plus difficilement la torture que celui du shinigami.
"Il vaut mieux que ce soit moi. Après tout, j'ai... je suis déjà mort." Il avait failli penser "j'ai déjà l'habitude, " mais ces mots étaient trop horrible à articuler, même mentalement.
— Oui, murmura-t-il.
— Plus fort ! Je ne t'entends pas !
— Oui !
— Oui, quoi ?
— Oui, j'ai en.. envie de toi, termina Hisoka avec une grimace de dégoût, en détournant les yeux.
Un large sourire éclaira le visage du docteur, un sourire plein de menace pour le malheureux Hisoka. Muraki se releva et s'approcha de lui jusqu'à ce que son corps touche presque celui du captif. Il saisit son menton et, rapprochant son visage, effleura de ses lèvres les lèvres du jeune homme.
— Eh bien, tu vois que tu peux demander gentiment, murmura-t-il à son oreille avant de s'agenouiller devant le corps toujours douloureusement étiré par les chaînes du shinigami.
Avec une lenteur extrême, il dégrafa la ceinture de Hisoka, ouvrit son pantalon, et fit glisser celui-ci le long des hanches du jeune homme, entraînant avec lui son sous-vêtement. Quand il atteignit les chevilles, il tira d'un coup sec, obligeant Hisoka à relever les pieds pour se dégager, et il lui ôta ses chaussures du même geste. Le mouvement enfonça un peu plus les bracelets de métal dans les poignets du shinigami, lui arrachant un cri. Muraki se débarrassa des vêtements en les jetant dans un coin de la pièce et reporta son attention sur le corps nu de son captif.
Hisoka tremblait de tension. Sa respiration était saccadée. Ses yeux étaient fermés, son visage tordu dans une grimace d'anticipation terrifiée. Il serrait les dents, décidé à ne pas donner à Muraki le plaisir d'une seule plainte, d'une seule supplique, mais il ne pouvait empêcher des larmes de perler sous ses paupières closes. Se refusant à ouvrir les yeux il entendit son tortionnaire, toujours agenouillé devant lui, ouvrir la bouteille de lubrifiant, et ses muscles se crispèrent avec désespoir. Cependant, à sa grande surprise, la première touche des doigts enduits du liquide visqueux ne fut pas sur ses fesses, mais sur son sexe que le docteur se mit à caresser d'une main douce. Après quelques minutes de ce traitement, le jeune homme se détendit et s'aperçut, mortifié, que son corps commençait à répondre à la caresse des doigts agiles qui montaient et descendaient le long de sa verge, virevoltaient autour de son gland toujours recouvert, puis reprenaient leur langoureux mouvement de va-et-vient sur toute sa longueur. Maudissant son corps qui le trahissait, Hisoka sentit le sang pulser dans son sexe qui se redressait lentement, par saccades, tandis que des ondes de plaisir parcouraient son échine.
Lorsque le jeune homme eut atteint une érection complète, il sentit l'autre main du docteur, elle aussi enduite de lubrifiant, se glisser sous ses bourses, les caresser quelques instants, puis s'aventurer plus loin, le long du sillon qui séparait son sexe de son anus. La vague de plaisir qui parcourut son corps au contact des doigts humides dans cette région qu'il ignorait être si sensible le prit par surprise, lui arrachant un gémissement de volupté. Il se mordit les lèvres, envahi de honte. Ses muscles, qui s'étaient détendus, se crispèrent de nouveau lorsque les doigts de Muraki atteignirent l'anneau de muscles. Mais au lieu de forcer le passage, comme le craignait le jeune homme, le docteur continua sa caresse, faisant glisser sa main de bas en haut entre ses fesses, relaxant ses muscles, stimulant agréablement les multiples connexion nerveuses. Cependant, Muraki avait continué son travail sur son sexe, saissisant sa verge maintenant dure et dressée à pleine main et la caressant sur un rythme régulier, pas suffisamment rapide pour précipiter le jeune homme vers l'orgasme, mais avec suffisamment de pression pour entretenir le désir que le shinigami atterré sentait monter en lui.
Muraki avait si bien détourné son attention par ses caresses expertes que Hisoka ne réagit quasiment pas lorsque le docteur immobilisa enfin un doigt à la hauteur de son anus. Pendant quelques instant, le doigt glissant s'attarda à caresser en cercles légers l'anneau de peau plissée, puis la pression s'accentua et Hisoka sentit le doigt s'enfoncer en lui, délicatement, millimètre par millimètre, jusqu'à ce que la première phalange eut vaincu la résistance de son corps pour le pénétrer. Sans chercher à aller plus loin, la main de Muraki s'immobilisa, laissant le corps du jeune homme s'habituer à la sensation nouvelle. Hisoka était ébahi de ne ressentir aucune douleur, à peine une légère gêne à la présence en lui de cet objet étranger. Muraki rapprocha son visage du corps du jeune homme, ses lèvres entrouvertes déposant sur sa hanche le fantôme d'un baiser, et il murmura : "Eh bien, me croyais-tu incapable de douceur ?" La caresse du souffle sur sa peau brûlante fit courir un frisson le long du corps nu de Hisoka.
Le doigt de Muraki repris sa lente progression, et cette fois-ci Hisoka ressentit une légère brûlure et serra les dents. Le doigt s'immobilisa de nouveau, et Muraki concentra de nouveau son attention sur son autre main, caressant l'érection du jeune homme d'un lent mouvement de va-et-vient, faisant glisser le prépuce sur le gland rougi et sensible, arrachant à Hisoka des gémissements étouffés. Dans son anus le doigt se retira légèrement pour s'enfoncer de nouveau, mais toute douleur que ce mouvement aurait pu provoquer était noyée sous les ondes de plaisir que faisaient naître les doigts qui enserraient sa verge.
Hisoka se sentait perdu, plus décontenancé par cette douceur inattendue qu'il ne l'aurait été par des actes de violence. Il ne pouvait nier le plaisir qui envahissait son corps, nier qu'il aimait la pression des doigts caressant son sexe, qu'il aimait même la sensation, la caresse intérieure du doigt qui entrait et sortait maintenant de son corps au même rythme régulier que la main qui parcourait sur toute sa longueur son érection brûlante. Mais en même temps il les détestait, tourmenté par sa conscience aiguë de savoir que les mains lui apportant ce plaisir étaient celles de son ennemi juré, de l'homme qu'il haïssait le plus au monde. Ce n'était pas les mains de Muraki qu'il voulait sur lui, en lui, jouant de lui comme d'un violon pour tirer de son corps des harmonies inconnues, c'était celles de Tsuzuki. Une vague d'émotion l'envahit lorsque s'imprima devant ses yeux l'image de son partenaire, de son visage aux traits harmonieux, de son sourire chaleureux, de la tendresse qui brillait dans ses yeux violets lorsqu'il se posaient sur lui. Les larmes lui montèrent aux yeux une fois de plus.
Le doigt de Muraki toucha soudain quelque chose en lui et Hisoka cria, autant de surprise que sous l'intensité de la sensation qui alluma des étincelles de plaisir dans tout son corps. Avec un sourire triomphant, Muraki répéta son geste et Hisoka sentit tout ce qui lui restait de contrôle s'effondrer sous l'assaut du plaisir qui embrasait tout ses sens. Dans son imagination enfiévrée, il revoyait l'étreinte passionnée qu'il avait partagé avec son partenaire la nuit précédente, Tsuzuki penché sur lui, ses paupières lourdes de désir, le poids de son corps sur le sien, l'enivrante sensation de leurs langues entremêlées, la chaleur des bras qui l'avaient enlacé, le murmure de sa voix rauque, le son de sa respiration haletante...
Cependant la main qui enserrait étroitement son sexe montait et descendait maintenant avec frénésie tandis qu'à l'intérieur de lui le doigt percutait rythmiquement le point qu'il avait découvert. Hisoka sentit le plaisir monter, envahir son corps, s'accumuler au creux de ses reins, tendant ses muscles ; une chaleur envahit ses jambes, ses bras malgré la douloureuse tension de la chaîne qui le retenait ; et enfin il explosa, son corps se tordant sous les spasmes de plaisir si intenses qu'ils en étaient douloureux. Un long jet de sperme jaillit, maculant sa poitrine, puis un autre, et un autre encore, alors que ses lèvres s'ouvraient sur un cri qu'il ne fut même pas conscient de lancer :
— Aah... Aaaah... Tsuzuki... Ah ! ... Tsuzuki ! !
Muraki se figea. Tout le sang sembla soudain disparaître de son visage. Pendant de longues secondes il resta immobile, pétrifié. Enfin il retira brutalement sa main du corps du jeune homme qui cria, de douleur cette fois, et se releva.
— Ah. Donc, c'est comme ça. C'est lui qui te baise, habituellement. Bien. Très bien. En fait, j'avoue que je m'étais toujours demandé...
Muraki eut un rire nerveux, sans aucune trace de joie. Hisoka croisa son regard et sursauta. Les yeux du docteur brillaient d'une rage froide. Toutes traces de la jovialité qu'il avait affectée jusqu'ici avaient disparu.
— Bien. C'est parfait. C'est vraiment ... positivement ... parfait.
Mais rien n'avait l'air parfait. Muraki tournait maintenant d'un pas rapide autour de Hisoka, le regardant avec une fureur croisante. Ses mains, ses épaules s'agitaient de petits tremblements involontaires. Dans ses yeux la froideur était peu à peu remplacée par un éclat exalté, dément. Hisoka, qui avait déjà vu ce regard une fois, quatre ans auparavant, sentit la panique l'envahir. Des fragments d'émotions lui parvenaient maintenant, sauvages, malsaines, s'infiltrant sous l'écran mental du docteur : désir de possession morbide, jalousie, et une rage sanglante, meurtrière... Hisoka sentit la nausée monter en lui.
— C'est parfait... je n'en aurai que plus de plaisir à prendre ce qui lui appartient...
D'un geste vif, Muraki dégrafa son pantalon et plongea la main dans l'ouverture pour en extirper un sexe à moitié dressé, qu'en quelques rapides mouvements du poignet il amena à pleine érection. Avec une fascination horrifiée, le regard de Hisoka se fixa sur ce membre engorgé, sur la tête dont la couleur violacée tranchait avec le reste de la peau pâle du docteur, sur les veines gonflées qui grimpaient le long de la verge. Il lui paraissait énorme.
— Oui... je vais prendre ce qui lui appartient, avant de le posséder lui aussi...
Muraki s'approcha de Hisoka et saisit brutalement ses jambes, les arrachant du sol. Hisoka hurla de douleur. Ses poignets entravés par les durs bracelets supportaient maintenant la plus grande partie de son poids, et chaque mouvement que Muraki imposait à son corps avaient pour effet de faire pénétrer encore plus le métal dans la chair. Muraki plaça ses mains sous les genoux de Hisoka et propulsa ses jambes en l'air jusqu'à ce qu'elles touchent presque ses épaules. Dans cette position, Hisoka était entièrement à la merci de l'homme qui le fixait de son regard fiévreux en éclatant d'un rire exalté. Le jeune homme ne pouvait rien faire pour échapper au membre tendu qui se positionnait à l'entrée de son corps. D'un brutal coup de bassin, Muraki le pénétra et entama un violent mouvement de va-et-vient sans porter aucune attention aux cris de douleur de sa victime. Toute trace de la douceur, de l'attention dont il avait fait preuve quelques minutes auparavant avait disparu. Son visage se tordait dans un rictus où se mêlaient haine et plaisir, ses yeux s'allumaient d'un éclat dérangé, la sueur ruisselait sur son front, ses cheveux se collaient à ses tempes, et rien de son habituelle beauté ne demeurait sur son visage. Avec une dernière grimace et un râle de plaisir, Muraki se vida enfin dans le corps de sa victime et relâcha brutalement ses jambes. Sang et sperme s'écoulèrent le long des cuisses du jeune homme.
Mais la jouissance n'avait pas suffit à apaiser la colère de Muraki. Se séparant brutalement de Hisoka, il referma d'un geste rapide son pantalon et se dirigea de nouveau vers Kiyoshi, qui était resté figé de terreur durant toute la scène. Il se baissa pour ramasser la cravache et commença à faire pleuvoir les coups sur le corps entravé du jeune homme, n'écoutant ni les hurlements de ce dernier, ni les cris désespérés de Hisoka qui le priait, le suppliait maintenant d'arrêter. Une terreur comme il n'avait pas encore ressenti depuis le début de leur supplice s'empara du shinigami, une terreur associée à une froide certitude : il allait les tuer. Il aller les battre et les violer, les violer et les battre, jusqu'à ce que leurs âmes tourmentées abandonnent leurs corps qu'il pourrait alors utiliser pour ses sombres desseins. Il allait mourir, définitivement cette fois. Il allait mourir sans jamais revoir Tsuzuki, et cette idée plus que toute autre lui causa une peine intense.
Toute son énergie se concentra sur la pensée de son partenaire. Dans un tourbillon d'images, il lui sembla revivre chacune de leurs conversations, chacune de leurs aventures, toutes les joies et les souffrances qu'ils avaient connues ensemble, depuis le jour, près d'un an auparavant et dans cette même ville, où il avait pointé une arme sur lui en le traitant de vampire, jusqu'à la nuit précédente où la passion les avait poussés dans les bras l'un de l'autre. Tout son esprit se tendit vers Tsuzuki. Où était il en ce moment même ? Pensait-il à lui ? Le cherchait-il ? Il ouvrit grand sa connection psychique, avec le désir désespéré de sentir une dernière fois le contact des émotions, des pensées de son partenaire, tout en sachant que c'était inutile, que, quel que soit l'endroit où l'autre shinigami se trouvait, il était bien en dehors de la portée limitée de ses perceptions extra-sensorielles. Il laissa la pensée de Tsuzuki envahir chaque millimètre de son corps, chaque recoin de son esprit, et, dans un dernier élan désespéré de tout son être, il l'appela. Il l’appela de toutes ses forces, répétant son nom encore et encore comme une mantra, projetant vers lui tout ce qui lui restait d’espoir, de vie, tous les sentiments sur lesquels il n’avait pas encore mis un nom, tout son regret pour ce qui ne serait pas. Il l’appela sans plus voir le dément qui, à quelques pas de lui, faisait encore pleuvoir les coups sur le corps désormais inerte et silencieux de Kiyoshi, sans plus sentir la douleur qui tordait son corps déchiré. Il l’appela, et tout son être, tout son univers se résumaient désormais à ces trois syllabes : Tsuzuki… Tsuzuki… Tsuzuki…