les princes sorciers
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French › Originals
Rating:
Adult
Chapters:
32
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1,363
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Bambi (suite)
De temps à autre, une lettre lui parvient. Elle est signée par sa mère, mais Bambi sait très bien que c’est Georges qui les rédige. Une phrase comme « j’ai hâte de te revoir » le prouve aisément.
Bambi ne doute pas des bonnes intentions de Georges, mais il lui en veut quand même. Il n’aime pas se faire des illusions. Ça fait trop mal quand elles se dissipent.
Sa famille d’adoption lui convient. Il ne se sent proche ni de son oncle, ni de son épouse, ni de son cousin, ni de sa cousine, mais ils cohabitent sans trop de heurts.
La petite ville où il habite désormais, Silona, dans un lotissement de pavillons tous identiques, ne lui convient pas, mais il est habitué à y vivre.
Il va au lycée et sa scolarité se déroule sans trop d’histoires.
Il s’ennuie, mais il dispose de suffisamment d’argent de poche pour que ça soit supportable. En ce qui concerne les côtés purement matériel, sa mère assure et est irréprochable.
Bambi est considéré comme un garçon réservé. Il se confie peu et n’a qu’un ami, Lucas, qui habite juste en face.
D’autres se considèrent comme ses amis, mais pour lui, ce ne sont que des copains.
En ce qui concerne les filles, il n’aurait pas à fournir un grand effort pour sortir avec l’une ou l’autre, ou plusieurs. Il sait aussi que certains garçons seraient intéressés par une relation plus qu’amicale, sans compter certains adultes. Il plait. Il le sait. Et ça lui fait peur. Alors, il pose des barrières insurmontables.
Les barrières protègent, mais elles isolent aussi. Mais pour l’instant, ça lui convient.
Si Lucas est son seul ami, l’inverse est aussi vrai.
Ses parents font parties d’une secte qui prend de l’importance à Silona : Renouveau Spirituel. Beaucoup s’en inquiètent. Son oncle et sa tante, par exemple. Ils ne voient pas d’un bon œil l’amitié entre les deux garçons, mais ils n’ont jamais réussi à en dissuader leur neveu.
Les autres habitants du lotissement ont su être plus persuasifs avec leur progéniture. Ils ont donné pour consigne stricte d’éviter Lucas comme la peste.
Ils le font.
C’est Samedi.
La plupart des habitants du lotissement sont allés se livrer au rituel d’un début de week-end. Ils s’entassent dans le centre commercial, construit intelligemment à proximité. La publicité les a informé de tout ce dont ils manquent, et ils remplissent leurs caddies avec un mélange de frénésie et de résignation.
Lucas et Bambi sont ensembles dans cette partie de la cave aménagée par son oncle pour les enfants.
Il y a un vieux divan qui n’en finit pas d’expirer et sur lequel Bambi est vautré, vêtu d’un vieux t-shirt noir sans manches et d’un short, encore blanc pour l’instant. Il contemple, sans les voir, ses pieds nus et les sandales usées dans lesquels ils se trouvent, plongés dans des pensées qu’il n’a visiblement aucune envie de partager.
Il y a un fauteuil en cuir rouge élimé sur lequel est assis Lucas, dans son survêtement bleu, celui qu’il porte depuis des jours, des semaines, des mois… depuis toujours, et ses vieux baskets, jadis blancs.
Entre eux se trouve une table basse qui ne tient debout que grâce aux multiples couches de peintures qui s’y superposent. Elle est recouverte de bouteilles de soda et, depuis peu, de bières, toutes plus ou moins vides.
Un paquet de chips entamé voisine avec une boîte de thon vide dans lequel traînent des mégots de joints qu’on ne se donne même plus la peine de dissimuler tellement ils font parties du décor quotidien.
– Mes parents sont des zombies, dira Lucas.
– Les miens sont des salauds, rétorquera Bambi.
Ils échangeront un regard complice avant d’éclater de rire.
Ils ne se diront pas plus.
L’oncle de Bambi, Henri Bourdon, et sa petite famille reviendront du centre commercial. Ils videront le coffre de la berline. Son cousin, Benjamin, viendra les rejoindre avec un pack de bières et une pizza géante, molle et tiède. Il y aura aussi Lucille, sa sœur, qui traînera le vieux pouf déformé en face de Bambi avant de s’y asseoir.
Ensuite, elle le dévorera des yeux, en se demandant quand il se rendra compte qu’elle existe.
Ils boiront de la bière et mangeront la pizza.
Lucas finira par dire :
– Je vais voir si mes vieux sont rentrés.
Une fois qu’il sera parti, trois soupirs se feront entendre. Deux de soulagement et un autre de regret.
Un week-end parmi d’autres.
Ça se passera ainsi, songe Bambi, résigné. Ça se passe toujours ainsi, avec quelques infimes détails qui changent… sans rien changer.
Il pense à ce qui le préoccupe.
– Ce n’est qu’un rêve, murmure-t-il.
Lucas le regarde.
– De quoi parles-tu ?
– Rien, fait Bambi. Je pensais à voix haute. Laisse tomber.
Lucas hausse les épaules, sans insister.
Ça fait longtemps qu’il a renoncé à comprendre son ami.
Bambi ne doute pas des bonnes intentions de Georges, mais il lui en veut quand même. Il n’aime pas se faire des illusions. Ça fait trop mal quand elles se dissipent.
Sa famille d’adoption lui convient. Il ne se sent proche ni de son oncle, ni de son épouse, ni de son cousin, ni de sa cousine, mais ils cohabitent sans trop de heurts.
La petite ville où il habite désormais, Silona, dans un lotissement de pavillons tous identiques, ne lui convient pas, mais il est habitué à y vivre.
Il va au lycée et sa scolarité se déroule sans trop d’histoires.
Il s’ennuie, mais il dispose de suffisamment d’argent de poche pour que ça soit supportable. En ce qui concerne les côtés purement matériel, sa mère assure et est irréprochable.
Bambi est considéré comme un garçon réservé. Il se confie peu et n’a qu’un ami, Lucas, qui habite juste en face.
D’autres se considèrent comme ses amis, mais pour lui, ce ne sont que des copains.
En ce qui concerne les filles, il n’aurait pas à fournir un grand effort pour sortir avec l’une ou l’autre, ou plusieurs. Il sait aussi que certains garçons seraient intéressés par une relation plus qu’amicale, sans compter certains adultes. Il plait. Il le sait. Et ça lui fait peur. Alors, il pose des barrières insurmontables.
Les barrières protègent, mais elles isolent aussi. Mais pour l’instant, ça lui convient.
Si Lucas est son seul ami, l’inverse est aussi vrai.
Ses parents font parties d’une secte qui prend de l’importance à Silona : Renouveau Spirituel. Beaucoup s’en inquiètent. Son oncle et sa tante, par exemple. Ils ne voient pas d’un bon œil l’amitié entre les deux garçons, mais ils n’ont jamais réussi à en dissuader leur neveu.
Les autres habitants du lotissement ont su être plus persuasifs avec leur progéniture. Ils ont donné pour consigne stricte d’éviter Lucas comme la peste.
Ils le font.
C’est Samedi.
La plupart des habitants du lotissement sont allés se livrer au rituel d’un début de week-end. Ils s’entassent dans le centre commercial, construit intelligemment à proximité. La publicité les a informé de tout ce dont ils manquent, et ils remplissent leurs caddies avec un mélange de frénésie et de résignation.
Lucas et Bambi sont ensembles dans cette partie de la cave aménagée par son oncle pour les enfants.
Il y a un vieux divan qui n’en finit pas d’expirer et sur lequel Bambi est vautré, vêtu d’un vieux t-shirt noir sans manches et d’un short, encore blanc pour l’instant. Il contemple, sans les voir, ses pieds nus et les sandales usées dans lesquels ils se trouvent, plongés dans des pensées qu’il n’a visiblement aucune envie de partager.
Il y a un fauteuil en cuir rouge élimé sur lequel est assis Lucas, dans son survêtement bleu, celui qu’il porte depuis des jours, des semaines, des mois… depuis toujours, et ses vieux baskets, jadis blancs.
Entre eux se trouve une table basse qui ne tient debout que grâce aux multiples couches de peintures qui s’y superposent. Elle est recouverte de bouteilles de soda et, depuis peu, de bières, toutes plus ou moins vides.
Un paquet de chips entamé voisine avec une boîte de thon vide dans lequel traînent des mégots de joints qu’on ne se donne même plus la peine de dissimuler tellement ils font parties du décor quotidien.
– Mes parents sont des zombies, dira Lucas.
– Les miens sont des salauds, rétorquera Bambi.
Ils échangeront un regard complice avant d’éclater de rire.
Ils ne se diront pas plus.
L’oncle de Bambi, Henri Bourdon, et sa petite famille reviendront du centre commercial. Ils videront le coffre de la berline. Son cousin, Benjamin, viendra les rejoindre avec un pack de bières et une pizza géante, molle et tiède. Il y aura aussi Lucille, sa sœur, qui traînera le vieux pouf déformé en face de Bambi avant de s’y asseoir.
Ensuite, elle le dévorera des yeux, en se demandant quand il se rendra compte qu’elle existe.
Ils boiront de la bière et mangeront la pizza.
Lucas finira par dire :
– Je vais voir si mes vieux sont rentrés.
Une fois qu’il sera parti, trois soupirs se feront entendre. Deux de soulagement et un autre de regret.
Un week-end parmi d’autres.
Ça se passera ainsi, songe Bambi, résigné. Ça se passe toujours ainsi, avec quelques infimes détails qui changent… sans rien changer.
Il pense à ce qui le préoccupe.
– Ce n’est qu’un rêve, murmure-t-il.
Lucas le regarde.
– De quoi parles-tu ?
– Rien, fait Bambi. Je pensais à voix haute. Laisse tomber.
Lucas hausse les épaules, sans insister.
Ça fait longtemps qu’il a renoncé à comprendre son ami.