Remonter à la surface

CHAPITRE 7

_ « Juste une fois… » murmura-t-il avant de reprendre possession de sa bouche.


Ces mots cassèrent les dernières barrières de la volonté de Jin. Il fit courir une main le long de la taille de Noah, la passa sur sa hanche, ses cuisses jusqu’au genou. Puis la remonta tout doucement vers l’intérieur, massant sa cuisse avec délicatesse.
Les pensées se bousculaient dans la tête de Noah bien que l’excitation semblait y avoir déposé un voile blanc qui les rendait toutes troubles et nébuleuses. Dans son délire extatique, il s’imagina Adrien, prenant la place de Jin au dessus de lui. Ils n’étaient ensemble officiellement que depuis cette après-midi, mais il espérait qu’un jour leur relation se concrétiserait. S’il avait été dans une autre situation, il se serait caché le visage entre les mains pour rougir de honte tranquillement ! Ils avaient à peine échangé quelques baisers et il se voyait déjà dans ses bras. Il faut croire que la rue l’avait plus débauché qu’il ne le croyait. Débauché…mais qu’est-ce qu’il était entrain de faire ?

C’était Jin avec qui il était sur le point de coucher. Jin, son meilleur ami, son grand frère…il en avait envie, et en même temps, s’il pouvait partir en courant, il le ferait. Seul l’excitation du moment le retenait sur place. Pourquoi faisait-il cela ? Avant ce soir, jamais l’idée de coucher avec Jin ne lui avait traversé l’esprit. Jin, c’était prohibé.
Pourtant…pourtant, il se sentait bien dans ses bras. Quand pour lui faire un câlin, le Japonais le prenait contre lui et le serrait, quand il l’embrassait sur les cheveux, la joue, la bouche…que Jin l’embrasse sur la bouche ne l’avait jamais choqué, il prenait ça comme un geste amical, fraternel, non, bien plus, Jin était bien plus pour lui. Mais pas un amant. Encore moins maintenant qu’il avait Adrien. Alors pourquoi le laissait-il faire ? Par pitié ? Pour prouver à Jin qu’il tenait à lui ?
Non, il n’avait pas le droit. Pas comme ça.

_ « Jin ? » Sa voix était à peine audible, étouffée par les baisers de l’autre garçon.

Le Japonais ne répondit pas, il pensait que le petit brun n’avait fait que prononcer son nom dans le tourment de son plaisir. Il sentit une main glisser sur son dos, entre ses omoplates. Il adorait sentir ces petites mains sur son corps, leurs effleurements étaient encore plus doux que ceux d’une femme. La main remonta jusqu’à sa nuque, ses doigts s’enroulèrent doucement dans ses cheveux d’ébène…et les tira à lui arracher le cuir chevelu.

_ « Hey !!! » s’écria-t-il.

Noah garda le silence en se mordant la lèvre inférieure pendant que Jin se frottait le haut du crâne pour calmer un peu la douleur. Le Japonais s’était relevé et était à présent assis sur le canapé.

_ « Qu’est-ce qui t’as pris ? Je savais pas que tu donnais dans le sado-maso ! »

Noah attrapa un coussin et se cacha le visage dessous. Il avait laissé Jin agir trop longtemps et l’avait coupé dans son élan beaucoup trop tard. Il lui était impossible de regarder son aîné dans les yeux à présent.

_ « Désolé Jin. Mais je peux pas….non, je veux pas ! » parvint sa voix étouffée par le coussin.

Jin soupira et se frotta la nuque. Décidément, Noah était plus versatile qu’il le pensait. On ne savait jamais à quoi s’attendre avec lui. Le jeune homme sentit une vague de colère montait en lui.

_ « T’aurais pu le dire plus tôt non ? » Ses mots étaient sortis plus secs qu’il ne l’aurait voulu.

Culpabilisant encore plus, Noah se tourna face au dos du canapé, replia ses jambes sur sa poitrine et fit son maximum pour ne pas se mettre à sangloter. Jin voulut poser une main sur l’épaule du petit brun, mais la retira au dernier moment. Ce n’était pas à lui de s’excuser. Et Noah savait bien que Jin ne supportait pas de le voir pleurer, il savait en jouer, mais cette fois il ne se laisserait pas avoir. Avec un autre soupir de frustration, il quitta le salon et se dirigea vers la salle de bain pour prendre soin de son…problème.

Quand il revint dans le salon quelques minutes plus tard, le garçon n’avait pas changé de position, prostré sur le canapé. Jin s’avança vers lui, attrapa la couverture posée sur le haut du canapé et l’étendit sur Noah. Sa petite escapade loin du garçon lui avait un peu calmé les nerfs et lui avait permis d’analyser la situation. Il s’assit par terre, le bras et la tête appuyée sur le siège du sofa.

_ « C’est fini ? Je n’aurais plus aucune chance avec toi ? »

Noah remua légèrement sous la couverture. Il était mal à l’aise, et faire face à Jin était encore difficile.

_ « Je t’en veux pas Noah…j’aurais au moins essayé. »

Puisque le petit brun ne se décidait toujours pas à répondre, il se releva et attrapa son tee-shirt qui traînait sur le sol. Il l’enfila sans hâte.

_ « Bon…je ferais mieux de m’en aller. »

Ses mots eurent l’effet souhaités sur Noah, il retira la tête de sous le coussin et releva juste le torse, ce qui fit tomber la couverture sur ses hanches.

_ « Me laisses pas tout seul. » lui dit-il dans une presque supplication.
_ « Ah, je croyais que tu voulais rester caché et continuer à m’éviter. »

Le jeune garçon baissa la tête, penaud. Jin avança sa main vers la tête de Noah et lui ébouriffa les cheveux. Le petit brun leva la tête et vit Jin rire doucement.

_ « Je t’aime toujours, petit frère. »

Noah le regarda, une expression à la fois triste et soulagé sur le visage. Il lui tendit les bras, comme un petit enfant tend les bras à ses parents. Jin s’assit sur le bord du canapé et le serra dans ses bras, lui caressant doucement le dos. Le petit brun soupira de bien-être, et Jin déposa un baiser sur ses mèches chouleur chocolat.
Quelques minutes passèrent.

_  « Noah…il faut que j’y aille. »
_ «  Non ! Pourquoi ? Je veux pas que tu partes ! »
_  « Je sais pas si Sid prendrait ça comme une excuse suffisante… »

Noah le relâcha. Tous ces évènements qui lui étaient tombés si vite dessus lui faisaient oublier la part d’ombre de sa vie.

_ « Excuse-moi. »

Jin posa une main sur sa joue, la caressa avec le pouce, puis lui embrassa le front. Il se leva et partit en direction de la porte d’entrée. Juste avant de passer l’encadrement de la porte du salon, il se tourna vers le jeune garçon.

_ « A demain Noah. »
_ « A demain. » vint la timide réponse.
_ « Je t’aime. »
_ « Je t’adore aussi. »

La porte d’entrée s’ouvrit et se referma. Noah soupira et se laissa retomber contre le sofa. Il était déçu. Tout s’était réglé trop facilement. Il aurait préféré que Jin lui crie dessus, qu’il soit vexé ou fâché, mais pas qu’il parte en lui disant ‘Je t’aime’ comme si rien ne s’était passé. C’était à son tour d’être frustré. Malheureusement, se creuser la tête quand il se sentait déprimé était très mauvais pour lui. Il préféra tirer la couverture à lui et essayer de s’endormir.


Une mélodie qu’il connaissait bien le tira du sommeil sans rêves dans lequel il avait réussi à plonger. Relevant la tête, les yeux à moitié clos et les cheveux en pagaille, il fouilla la pièce du regard à la recherche de son portable. Apercevant la lumière clignotante de l’appareil passer à travers le tissu de son jeans, il glissa un bras hors des couvertures, saisit une des jambes de son jeans et le tira à lui. Il sortit le portable de la poche, l’ouvrit, grogna en voyant qu’il était 23h07, et finalement répondit.

_ « Hmpf ? »
_ « Hmpf à toi aussi ! » répondit la voix rieuse d’Adrien.

Tout à coup réveillé, Noah s’assit d’un bond, le cœur battant la chamade.

_ « Adrien ? Désolé…je dormais alors mes facultés langagières sont au plus bas. »
_ « Je te réveille ? Si tu préfères je te rappelle demain. »
_ «  Non ! Non. Ça me fait plaisir que tu appelles. »
_ «  Je te l’ai dis. »
_ « Je sais. »
_ « Je voulais juste te prévenir, je repars demain pour la fac et je rentrerai pas avant au moins vendredi. »
_ « Oh…oui c’est vrai…j’avais oublié que tu n’étais pas là en semaine. » La déception s’entendait aisément dans sa voix.
_ « Déçu ? » demanda le plus âgé avec une pointe d’amusement.
_ « Evidement. »

A l’autre bout du fil, Adrien sourit.

_ «  Est-ce que c’est d’accord si je t’appelles tous les soirs ? Je pense pas pouvoir me passer de ta voix pendant aussi longtemps. »

Même sans être présent physiquement, Adrien arrivait à le faire rougir.

_ « Bien sûr, c’est plus que d’accord. Tu vas me manquer. »
_ « Toi aussi…oh, une dernière chose, ne te laisses pas embêter par Pauline ! Si elle devient canulante, dis-le moi et je te raconterai plein de choses honteuses sur elle, comme ça tu pourras la menacer. »

Adrien entendit Noah rire à travers le combiné.

_ « J’adore t’entendre rire… » Il n’eut aucune réponse et sus que Noah avait maintenant les joues colorées de rouges.

_ « Je vais devoir raccrocher, désolé de te laisser si tôt…enfin, tard…bref je me comprends. »
_ « Tu bafouilles. » sourit Noah.
_ « Hey ! Ne commence pas à te moquer ! » lui répondit Adrien en riant.
_ « Je ne me moques pas… »
_ « Non, bien sûr… » il soupira « Je t’adore Noah. »
_ « Moi…moi aussi. » répondit le petit brun, surpris par cette déclaration.
_ « Bonne nuit. »
_ « Bonne nuit… »

Et ils raccrochèrent.

Noah posa son portable sur le sol et s’étendit à nouveau sur le canapé. Il n’avait pas la force de marcher jusqu’à sa chambre. Ce n’était pas qu’il était fatigué, mais les derniers mots d’Adrien l’avaient légèrement ébranlé. Il tira la couverture à lui et la serra dans ses bras. Bientôt, il sentit un petit tiraillement sur les bords de la couverture qui dépassait de son lit improvisé. Laissant son bras retombé, il se saisit du chaton et le posa entre lui et le dos du canapé. La petite créature se roula en boule contre son ventre et donna un coup de langue sur le bras passé autour de lui.

_ «  Bonne nuit à toi aussi Azel. » murmura-t-il, se laissant gagner par le sommeil, bercé par les ronronnements du chaton.