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les princes sorciers

By: Alb
folder French › Originals
Rating: Adult
Chapters: 32
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Disclaimer: This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
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les rêves de Bambi

Depuis quelques jours, Bambi fait des rêves étranges. Au début, ils n’avaient rien de perturbants. Ils étaient juste bizarres, mais c’est souvent le cas.
Il ne devrait pas dire les, mais le rêve. Il n’y en a qu’un.

Un rêve, c’est parfois un film. D’autres fois, ça ressemble à une bande annonce. Celui-là est un feuilleton, avec « à suivre… » qui s’affiche à la fin. Chaque nuit, il y a un nouvel épisode.
Le dernier a été particulièrement angoissant. Il a eu une tournure sexuelle trop précise pour ne pas perturber le garçon.

Lorsqu’il s’endort, il se retrouve dans une immense caverne aux parois rocheuses, éclairée par des torches. Ça ressemble à un temple, avec des statues hideuses qui représentent des démons. Ils ont des visages à la fois sévères et bienveillants.
Bambi ne les a jamais comptés, mais il sait qu’il y en a 666. Il fréquente suffisamment de camarades gothiques au lycée pour savoir qu’il s’agit là d’un chiffre maléfique, symbole de l’apocalypse, mais n’en tire aucune conclusion.
Tout au bout de la caverne se trouve un trône. Un homme y est assis. Il connaît son nom : Zhio.
Son visage est celui d’un asiate, avec des yeux bridés, des sourcils épais et des pommettes saillantes. Incrusté dans son front, un rubis rougeoie. Pour seul vêtement, il porte un long pagne.
Bambi n’ose bouger et le fixe. Les yeux qui le détaillent le fascinent. C’est alors qu’il se rend compte que lui est entièrement nu. Il devrait être habitué puisque ça fait maintenant quinze nuits qu’il rêve ça. Ce n’est pas le cas. Il le découvre à chaque fois avec la même gêne.
Ce n’est qu’un rêve, se dit-il pour se rassurer. Mais ça ne le rassure pas. En rien.

La première fois, Zhio a eu un sourire surpris en l’apercevant.
– Toi ? a-t-il murmuré.
– Oui, a répondu Bambi en un chuchotement à peine perceptible.
Ils se sont regardés et le premier rêve s’est terminé ainsi.
Après son réveil, le jeune garçon s’est empressé d’oublier tout ça. Cela ne présente aucune difficulté : un contrôle de math l’attend.
Le contrôle ne se passe pas bien, pas comme un élève moyen et un brin flemme peut le souhaiter.
C’est ça qui le préoccupe la seconde nuit lorsqu’il se couche. Ça ne dure pas. La suite du rêve l’attend.

Zhio lui fait un petit signe de la main et le jeune garçon s’avance vers lui, d’un pas lent et prudent. Il s’arrête à quelques pas du trône. Celui-ci est surélevé et pour voir son hôte, Bambi doit lever la tête.
Il l’examine, puis a une sensation étrange : il le reconnaît. Il l’a toujours connu. Sa peur disparaît et ils se mettent à parler. De tout et de rien.

Le rêve récurrent devient un rendez-vous habituel, incontournable.
Bambi se sent en confiance. Il dit tout à Zhio, le moindre de ses secrets. C’est ce qui est bien dans un rêve : on peut tout se permettre puisque c’est sans conséquence sur la vraie vie.
C’est ce qu’il croit.
Zhio aussi parle. Il rassure le garçon, lui dit qu’il n’a rien à craindre, qu’il l’aime, qu’ils sont destinés l’un à l’autre depuis toujours. Bambi l’écoute avec attention, sans toujours comprendre, mais sans ne jamais rien remettre en cause.
Certaines choses, il les comprend sans avoir besoin d’explications. Par exemple, il sait qu’il est un éphémère.

Zhio laisse échapper un long soupir, chargé d’une tristesse infinie, mais aussi d’un espoir insensé.
Il le dévore des yeux avant de dire :
– Le destin nous donne une seconde chance. Nous devons la saisir, ne pas la rater. Il n’y en aura pas d’autre. Deux, c’est déjà inespéré.

Ce matin-là, lorsqu’il s’éveille, Bambi éclate de rire. Il ignorait avoir une imagination aussi délirante. Après, il s’habille et oublie.
C’est pratique d’oublier, ça lui évite de raconter.
Puis vient la nuit. Et il est à chaque fois heureux de revoir Zhio. Il lui arrive même de craindre que le rêve ne soit pas au rendez-vous.
Mais il l’est, chaque nuit, fidèle comme une série télévisée, avec l’avantage non négligeable qu’il n’y a aucune coupure publicitaire.

Les premiers temps, ils se contentent de parler, en restant à distance respectueuse l’un de l’autre.
Puis, sans qu’il sache comment c’est arrivé, il se retrouve sur les genoux de Zhio. Celui-ci le câline, lui caresse les cheveux, lui fait de petits bisous dans le cou, et le garçon apprécie, se serre tout contre lui.
Plus tard, les gestes de Zhio se font plus précis, les caresses plus sensuelles, les baisers plus tendres. Bambi laisse faire, curieux de voir où ce rêve étrange veut l’entraîner.
Ce qui est certain, c’est qu’il bande, et pas seulement en rêve. Lorsqu’il se réveille, son érection est telle qu’elle en est douloureuse.

Il y a deux nuits de ça, sa main glisse sous le pagne de Zhio où elle rencontre un sexe en éveil qui lui parait gigantesque. Il a un sursaut de crainte et se réveille aussitôt, comme s’il avait voulu fuir les conséquences de son geste.
Son caleçon est trempé.
Il laisse échapper un bout des lèvres le fameux mot en cinq lettres qui résume sa perplexité : merde.
Ça va trop loin, se dit-il.
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