Du Nord au Sud
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Disclaimer:
I do not own the games(s) that this fanfiction is written for, nor any of the characters from it. I do not make any money from the writing of this story.
Du Nord au Sud
Rating : NC-17
Pairing : Wesker/Chris
Avertissement: YAOI (homme/homme)
*****
Dans un petit bungalow vide et silencieux se dressent les quatre murs d’une chambre. La faible lumière du jour qui s’infiltre au travers des rideaux translucides vient éclairer la poussière en suspension dans l’air. L’ameublement, isolé du monde extérieur depuis bien longtemps, semble figé dans le temps.
Par la fenêtre de cette pièce, il est possible de voir deux édifices en bardeaux d’aluminium sans fenestration et des arbres nus. Depuis plusieurs mois, un épais tapis de neige recouvre tout ce coin de pays; toutefois, en ce début de printemps, il est sali par des petits grains noirs de pollution.
Depuis le lever du jour, une faible bruine et un océan de nuages gris relient le ciel à la terre.
Aujourd’hui, un homme partage la tranquillité de la maison. Il se tient debout, appuyé contre le cadrage moisi de cette fenêtre.
Sa présence en cet endroit n’est pas le fruit du hasard. Chris Redfield attend quelqu'un à qui il doit remettre une puce. Cette personne se fait attendre et le jeune homme, qui souffre d’une coupure au torse, doit faire preuve de beaucoup de patience.
Les murailles de neige qui fondent n’arrivent plus à insonoriser l’habitation aux murs mal isolés. Le murmure constant d’une autoroute à proximité parvient aux oreilles de Chris et l’hypnotise.
Tout ce qui l’entoure semble plongé dans un coma profond. Son regard se pose sur la moquette bleu cendré et il ne pense plus à rien. Ses pieds s’enracinent au plancher. Les minutes qui passent le transforment en objet inanimé.
Ses oreilles deviennent sourdes aux bruits des voitures, son menton repose sur son gilet pare-balles. La maison l’engloutit et il s’assoupit.
Le temps continue d’avancer à la même cadence, que l’on s’ennuie, que l’on dorme, ou que l’on attende quelqu'un d’important. Chris se réveille en sursaut et retrouve la chambre comme il l’avait laissée. Cependant, une personne se tient dans l’ouverture de la porte et ce n’est pas celle qu’il espérait voir.
Son passé le rattrape et les secondes passent plus vite. Son coeur résonne dans sa poitrine et son chandail lui colle un peu plus à la peau. Calmement, il ajuste sa posture et rapproche ses mains de sa ceinture d’équipement. Il se donne un air froid et dur; le combat ne sera pas facile.
« Wesker »
« Chris... »
Le premier mot fut prononcé comme un fait indiscutable, dépourvu d’émotion, tandis que le second sous-entendait un mépris profond et était aussi glacial qu’un matin de janvier.
Les deux hommes se regardent et s’évaluent mutuellement en cherchant la meilleure tactique à adopter pour sortir vainqueur de ce duel. Wesker débute la partie en s’avançant sans précipitation vers Chris, ses bras et ses mains bougeant librement à chacun de ses pas.
Le balancement de ses hanches est accentué par l’équipement qu’il porte à la taille, et ses bottes militaires font un bruit étouffé sur le tapis. Arrivé devant son adversaire, il le dévisage intensément en se permettant un petit sourire en coin prétentieux.
Ses lunettes de soleil bloquent le peu de couleurs présentes dans la pièce tout en lui permettant de concentrer son attention sur sa cible qui transpire davantage à chaque seconde.
« J’espère que cette petite sieste t’a rafraîchi »
« Qu’est-ce que tu veux? »
« Toujours aussi impatient, même après toutes ces années »
Wesker, qui avait parlé presque poliment, tend la main vers l’endroit où était appuyé Chris et y essuie un résidu visqueux et froid. Il en enduit le bout de ses doigts et l’examine à la manière d’un chercheur ayant fait une découverte.
Chris est surpris de voir des doigts pâles tachés de rouge se dresser devant lui. Il détourne brièvement le regard vers la fenêtre et y voit son sang étampé sur le mur, l’entaille qu’il s’était fait ce matin n’ayant pas cessé de saigner. Continuant de jouer avec les mots pour dissimuler son mépris, Wesker serre les dents et poursuit d’un ton venimeux:
« Christopher... très cher, nous devons avoir une discussion. Assis toi, ça pourrait être long »
Au moment où Chris allait répondre, il reçoit une gifle violente qui le projette contre le mur avec un bruit qui résonne dans toute la maison. Ses oreilles bourdonnent, un goût métallique provient de sa gorge, et c’est avec toute sa volonté qu’il réussit à rester debout.
« Je vais t’aider »
« Mfff! »
Une botte renforcée aux orteils d’un bout en acier vient frapper le jeune homme directement dans les rotules, et il s’écrase de tout son poids par terre avec une grimace de douleur. Wesker s’installe devant lui à sa hauteur en s’appuyant sur un genou et réajuste minutieusement ses lunettes fumées.
Chris, quant à lui, a le regard calculateur de celui qui ne peut pas compter sur sa force physique pour se sortir d’embarras. Il se retrouve pris au piège dans un coin de la pièce, tout en sachant que son seul espoir de se défendre serait que quelque chose crée une diversion.
Malgré la douleur physique, il maîtrise ses émotions est garde son calme. La meilleure solution est de gagner du temps en attendant qu’un événement quelconque se produise pour qu’il puisse retourner la situation à son avantage. Le jeune homme se décide à parler d’une voix grave mais tremblante :
« Je t’écoute... Parle »
« Avant tout, je veux qu’on parte sur des bases saines. Tu vas m’appeler Capitaine... comme au bon vieux temps... »
« Va te faire foutre! »
Aussitôt l’insulte prononcée, Chris reçoit un sérieux coup de poing dans l’estomac. Le souffle lui manque et du liquide gastrique lui brûle l’oesophage. Il cherche sa respiration en produisant des sons semblables à une personne qui se noie, un long filet de bave s’écoulant par sa bouche entrouverte.
Wesker le saisit brusquement par les cheveux et lui cogne la tête contre le mur. Il s’approche doucement de son oreille, lui effleure la joue du bout des doigts, et murmure en un seul souffle :
« Va te faire foutre, CAPITAINE »
Chris plisse les yeux et lui lance un regard en biais. Il est évident qu’il considère son ancien supérieur comme un désaxé tout droit sorti de l’asile.
À l’extérieur, l’air doux de cet après-midi nuageux réchauffe lentement la maison. L’eau suinte de la fenêtre et s’écoule le long du mur jusqu’à en imbiber le tapis. L’air de la pièce s’humidifie un peu et le bois de la charpente gonfle petit à petit.
Chris n’ose plus bouger et n’est qu’à quelques centimètres de son ennemi qui guette ses moindres gestes. Les planches du plafond, qui avaient pris de l’expansion, choisissent ce moment pour émettre un craquement sec et sonore. Wesker tressaille et Chris en profite pour glisser habilement ses mains sur son couteau et son pistolet.
Malheureusement pour lui, il ne trouve aucun des objets et ne peut rien faire de plus que de regarder avec horreur l’étrange sourire maladif qui se dessine sur le visage de l’autre homme.
Wesker ne peut plus cacher à présent son désir de briser celui qui se trouve devant lui, car des plis creusent son visage vieilli par les années et la rancune. La lumière bleutée, ainsi que les ombres, lui donnent l’effet de porter un maquillage théâtral, et le blond de ses cheveux se perd dans l’obscurité du contre-jour.
« Oh Chrisss! Tu es vraiment dans une sale situation »
Ces mots dits tout bas, et aussi tranchants que les dents d’une scie, atteignent Chris jusqu’au coeur. Sa gorge se ressère et ses mains deviennent froides. Wesker, toujours d’un air fiévreux, continue de déverser son poison :
« Les hommes armés jusqu’aux dents sont les plus vulnérables. Ils se mettent dans toutes sortes de situations dangereuses et il suffit de leur retirer leurs jouets pour que la partie soit terminée. » « Les hommes comme toi, par contre, sont encore plus fragiles... ils sont sentimentaux. Il faut simplement les attaquer sur ce point pour les abattre »
Chris, qui sent sa peur faire place à de la rage, lui coupe la parole:
« C’est tout ce que t’as trouvé? »
Sur un ton méchant et faussement joyeux, Wesker poursuit :
« Haha! Tu te crois encore au-dessus de tout Redfield... pauvre imbécile heureux! » « Le contact que tu attendais en dormant paisiblement travaille pour moi, et il m’a amoureusement livré Jill. » « On peut dire que ton sale caractère a déteint sur elle... Bon, assez perdu de temps et donne moi cette puce »
« Dans tes rêves salope! »
« Attention... tu oublies Jill. » « Qu’est-ce qui t’arrive? Inquiet pour ton amie? »
Chris ne réfléchit pas et crache l’écume qui s’était formée sur les côtés de sa bouche au visage de l’autre homme. Il réalise après coup que c’était un geste très juvénile qui n’aidera pas sa cause désespérée. Il reste interdit devant la tache humide qui glisse avec lenteur vers la bouche de son opposant.
Il y a un moment de silence où le seul bruit est la respiration des deux hommes qui se trouvent nez à nez. Ce bref instant de paix est interrompu lorsque le crachat atteint la bouche de Wesker et que celui-ci le lèche. Chris n’a pas le temps d’être dégoûté par ce geste, car son ex-capitaine reprend la conversation de plus bel, sa voix adoptant une tonalité dangereusement sensuelle.
« Ohh Bravecoeur, tu essaies de défendre cette petite poufiasse? Comme c’est... touchant! Tu te l’es tapée? » « Non!? Tout un exploit! »
Avec un petit rictus et un sourire coquin, il poursuit avec son souffle qui chatouille la nuque frissonnante de Chris :
« Tu t’es déjà demandé ce qu’elle faisait dans mon bureau durant ses nombreuses heures supplémentaires? Elle m’aidait avec des gros dossiers, assez longs à régler. Je regrette de ne pas avoir exigé ta collaboration »
Il prend une légère pause pour savourer la gamme d’émotions qui passe sur le visage du jeune homme, qui semble avoir oublier l’usage de la parole.
« Ses mains féminines qui déboutonnent ma chemise, qui défont ma ceinture... et toi à genoux avec tes lèvres autour de mon - »
« -la ferme!! »
Wesker ne répond pas. Il se contente de sourire légèrement et de mimer un baiser dans les airs.
En dépit d’être actuellement dans cette situation précaire, Chris ne peut s’empêcher de se sentir menotté par de vieilles émotions qu’il croyait disparues à jamais. Il sait que depuis toujours Wesker joue avec ses pensées les plus intimes et qu’aujourd’hui est l’aboutissement d’un long stratagème.
Wesker se sert de son attirance pour Jill, tout comme autrefois il avait utilisé son charisme pour masquer ses intentions de trahir l’équipe.
Avec son esprit cartésien et son manque d’empathie, il est un observateur objectif. Il possède des habiletés manipulatrices qui n’ont d’égal que son génie destructeur.
« J’ai bien pris soin d’elle avant de venir à ta rencontre. Si tu t’approches assez, tu pourras sentir son parfum sur moi »
Wesker a parlé d’un ton bas clairement audible, et Chris ne perd pas de temps pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Il lui flanque son genou dans les reins et profite du déséquilibre de l’autre homme pour se lever et le ruer de coups de pied. Rapidement, Wesker reprend le contrôle en saisissant la botte du jeune homme et en lui tournant la cheville sans toutefois la disloquer.
La douleur envahit Chris de plein fouet et force ce fervent combattant à l’état d’un simple homme que la souffrance affaiblit. Entre des grincements de dents et deux grosses inspirations, il fusille Wesker du regard du mieux qu’il le peut. Le résultat n’est pas très convainquant, ce qui semble être source de triomphe pour l’autre homme.
« Peu importe ce que tu feras, Chris, ta place sera toujours à mes pieds » « Et partout où j’irai, je sais que tu me suivras comme le parfait petit chien de poche que tu es. »
Et pour prouver ses dires, Wesker tire quelques coups secs sur le collet de son chandail. Il lui agrippe ensuite le cou durement, puis desserre son emprise et laisse la paume de sa main glisser sur sa nuque moite.
Il peut sentir le pouls irrégulier du jeune homme et les repousses de sa barbe. Il approche son visage encore plus près de l’autre et, de manière cannibale, lui dit :
« Si... vivant... si fragile. Tu sais te faire désirer! »
Chris essaie d’avaler et est conscient que sa pomme d’adam pousse contre les doigts de Wesker. Il connaît bien l’autre homme et redoute sa prochaine attaque. Contre toute attente, une main lui caresse le cou et descend à l’intérieur de son chandail pour masser la base de ses épaules.
Chris est démuni devant ces avances malsaines et comme dans un film au ralenti, il regarde le visage de son ex-capitaine devenir flou. Son corps est prêt à répondre par la violence, mais sa tête est prisonnière d’un brouillard qui s’intensifie lorsque des lèvres et un nez se posent avec force sur le côté de sa mâchoire.
Wesker se dirige vers la bouche entrouverte du jeune homme en traçant le chemin qui y mène avec le bout de sa langue. Des lèvres minces et tièdes capturent celles de Chris dans une caresse humide.
Ce dernier essaie de répliquer par un coup de tête, mais l’autre homme l’en empêche, le contrôle, et continue de s’imposer.
Wesker brise le contact et Chris remarque qu’il tient fermement le poignet de son ex-supérieur, comme s’il avait peur de perdre l’équilibre. Son emprise sur ce solide avant-bras est le reflet de son combat mental pour garder sa santé d’esprit.
Des pensées qu’aucun homme ne devrait avoir se manifestent sans qu’il ne puisse les chasser, et il sent un vent de panique s’emparer de lui. Il essaie de calmer son trouble intérieur en examinant d’un point de vue stratégique son ennemi.
Il peut voir derrière les allures manucurées de Wesker un quadragénaire narcissique. Les rides sur son visage sont celles d’un homme ayant connu de l’insatisfaction et des soucis à répétition.
Les cheveux parfaitement coiffés, la peau au teint de porcelaine, et les vêtements portés à la perfection sont des détails auxquels un être comme lui ne devrait pas s’arrêter.
Wesker n’a pas beaucoup changé physiquement depuis l’incident du manoir, mais Chris sait qu’il n’est plus que le fantôme de lui-même. Le virus l’a totalement déshumanisé, et si l’ex-capitaine semble encore s’attarder à des futilités esthétiques, c’est que son esprit doit obéir aux souvenirs de son passé à la manière d’un robot programmé par l’homme.
Chris porte ensuite son attention sur la chemise bleu marine que porte Wesker. Le matériel robuste cadre parfaitement avec sa physionomie taillée au couteau. Il fut un temps où cet imposteur portait quotidiennement un uniforme similaire avec ce qui lui semblait être de la fierté.
Il sait maintenant que tout cela n’était qu’un tissu de mensonges et que ce qui étaient autrefois des occasions pour lui de prouver son dévouement à son capitaine, n’étaient en réalité que des mises en scènes montées par cette personne sans scrupule.
Puis, les yeux de Chris, s’arrêtent au niveau du deltoïde sur l’insigne des STARS et l’indignation lui transperce la poitrine. Comment cet homme ose-t-il encore porter ce vêtement?
C’est l’étincelle qui le fait exploser et il perd la raison. Un immense chaos bruyant le pousse à agir.
Avant qu’il ne puisse réaliser ce qu’il est en train de faire, il se jette sur le traître et commence à lui arracher sa chemise. Ses mains se faufilent dans les replis du vêtement comme des serpents qui enlacent leur proie.
En postillonnant et en criant des mots incohérents, il tire sur le devant du tissu et fait sauter presque tous les boutons. Il veut faire payer Wesker pour tout le mal qu’il a causé par le passé, pour celui qu’il fera certainement dans le futur, et pour l’avoir humilié il y a quelques instants.
L’autre homme ne se laisse pas faire et lui étampe fermement sa main en plein milieu du visage. Chris est possédé par sa passion destructrice. Il se moque de la douleur qu’il a au nez et du sang qui lui remplit les sinus et lui coule dans la bouche.
Son visage est rouge de colère et d’émotions refoulées depuis longtemps. Il lui envoie un puissant crochet du droit sur la tempe et fait voler ses lunettes en éclats.
Wesker s’en remet vite et contemple Chris avec des yeux meurtriers. Légèrement échevelé, il s’approche de sa proie son torse pâle visible sous les restes de son vêtement et parsemé d’égratignures.
Voyant deux orbites jaune-orange le dévorer, le jeune homme se relève. Les restes d’un passé douloureux le quittent et la réalité du présent le rejoint. Wesker n’est plus humain et Chris n’est pas de taille à l’affronter à mains nues. Il respire donc profondément, prend ses jambes à son cou et se met à courir comme si le diable était à ses trousses.
Il se précipite dans le couloir étroit et sombre en se frappant les épaules contre les murs. L’urgence du moment lui serre l’estomac et rend difficile le contrôle de sa direction. Ses pieds sont étrangement très légers et bougent presque d’eux-mêmes. La cuisine est la seule pièce éclairée qu’il rencontre et elle lui parait être une sortie possible.
Chris entre en trombe, ses bottes crissant sur la céramique. Il se plante le coin du comptoir dans la cuisse et aperçoit la fenêtre au-dessus de l’évier qui est brisé. Il voudrait s’y lancer, mais Wesker est derrière lui.
Il fonce tête première sur une porte battante juste à temps pour éviter son assaillant. Chris aboutit dans la salle à dîner délabrée, enjambe la table et retourne dans le couloir, mais Wesker, plus rapide que lui, l’a devancé.
Sa seule issue est la fenêtre fracassée. Tout se passe très vite. L’adrénaline qui s’est accumulée dans ses veines lui donne l’impression d’avoir des ailes. Ses jambes le portent jusque dans la cuisine et en un bond, il se retrouve le corps en travers de l’ouverture.
Une main de fer vient mettre un terme à sa fuite et le tire d’un trait à l’intérieur. Au passage, Chris se cogne le devant du crâne sur le robinet en fonte.
Il se trouve prisonnier d’un tourbillon lumineux et ne sait plus où est le haut ni le bas. La nausée s’empare de lui et il prend sa tête entre ses mains dans l’espoir que ce mauvais tour de manège cesse. Sa vision se stabilise et il cligne des paupières pour dissiper l’excédent de larmes.
Il voit autour de lui des portes d’armoires qui jonchent le sol, certaines sont retenues par des pentures rouillées. Les comptoirs et le plancher sont recouverts de céramique jaunie décollée à certains endroits. Partout où il regarde, il n’y a que de la vieille peinture beige. Wesker se penche sur Chris et lui parle d’un ton dur et formel :
« Donne-la moi! »
Chris ne répond pas et continue de l’ignorer en fixant le plafond.
« Comme tu veux »
Sans cérémonie, il ouvre le gilet pare-balles du jeune homme ainsi que sa chemise et son chandail en les déchirant, comme si c’était des feuilles de papier, et il s’installe sur ses hanches en le chevauchant pour le maintenir au sol.
Chris pousse un cri de surprise. Des mains gantées aux doigts nus fouillent les moindres recoins de ses vêtements tandis que des avant-bras effleurent involontairement son torse et son ventre. Son corps se couvre de frissons et il a la chair-de-poule.
Une étrange sensation le parcoure de la tête aux pieds. La pression, les mouvements de bassin et la chaleur de Wesker assis sur lui entourent ses cuisses et le pénètrent jusqu’aux os.
Son ex-capitaine, malgré le virus qui gouverne son corps et son esprit, est bien vivant. Chris peut le voir cligner des yeux et respirer. Il remarque aussi une odeur de savon.
Si Wesker, tout aussi puissant qu’il l’est devenu, ne peut échapper totalement aux limites de son corps d’homme, Chris a la conviction qu’il est possible pour lui de jouer sur ce point.
Il essaie encore de se débattre, mais plus il bouge, plus les jambes de l’autre homme le serrent. Il fait une dernière tentative avec ses poings, mais ils sont rapidement immobilisés sur sa poitrine.
Wesker continue de fouiller les vêtements de Chris en utilisant davantage de force, exaspéré qu’il est de ne pas trouver ce qu’il cherche. Il pourrait étrangler le jeune homme avec une seule main et en être débarrassé en quelques secondes. Combien de fois a-t-il imaginé voir la mort blanchir son visage et effacer cet air combattant plein de franchise?
Wesker ne supporte pas Chris, ce n’est donc ni par pitié ni par considération qu’il ne lui brise pas la nuque, c’est en fait par utilité. Facilement manipulable et tenace, il est le cobaye parfait pour trouver les failles dans ses plans.
Il ne se gêne pas pour frapper allègrement le jeune homme à l’abdomen. Il lui saisit même la peau de l’épaule si fermement qu’elle commence à saigner. Malgré tout, depuis quelques instants, une paire de yeux brun-vert le fixe.
Wesker gifle Chris à plusieurs reprises, mais jamais ses deux orbites ne regardent ailleurs. L’arcade sourcilière droite du jeune homme enfle énormément, une coupure sous son œil gauche laisse un filet de sang s’échapper et ses lèvres sont fendues, mais toujours Wesker est l’objet de sa fixation.
Chris aperçoit, derrière les yeux de reptiles et la façade pleine de méchanceté, l’ancien Wesker, celui qu’il croyait connaître. Les mouvements précis, la musculature, la senteur et la voix. Il peut sentir l’homme au cœur de la machine de guerre.
Chris, en fermant les yeux, se souvient du soleil écrasant qui étouffait le poste de police quelques jours avant que tout ne chavire. Même si la fouille de Wesker est loin d’être tendre, Chris s’y résigne. Il aimerait pouvoir revenir en arrière.
Après quelques secondes, il entend un bruit de velcro qui s’arrache et Wesker pousse une exclamation. Il ouvre les yeux et son champ de vision est entièrement occupé par l’imposante silhouette de l’autre homme.
« Pas très inventif Chris, j’aurais imaginé que tu l’aurais cachée à un endroit plus sécuritaire... le meilleur de ton groupe hein? Pas surprenant que presque tous les autres soient morts » « Ils étaient trop stupides pour survivre, il faut que tu arrêtes de me blâmer pour ça. »
« Ton tour va venir salaud, je vais te faire payer pour chacun d’eux »
« Oh mais j’espère bien, nos rencontres sont intéressantes. Dominer le monde peut devenir routinier, j’ai besoin d’une distraction »
« T’es qu’un putain de malade »
Maintenant qu’il a ce qu’il veut, Wesker ne lui accorde plus d’attention. Il se relève rapidement et se dirige vers le corridor plongé dans la pénombre.
Chris peut sentir le plancher vibrer à chacun de ses pas. Il se redresse en s’appuyant sur ses coudes et essaie de reprendre un semblant de contrôle. Il remarque que la lumière de son cellulaire clignote. Il n’y a qu’une seule personne qui connaît ce numéro.
Un sourire traverse ses lèvres fendues et quelques gouttes de sang rougissent ses dents. Il laisse la senteur de bois moisi lui pénétrer les narines et remplir ses poumons. Rien ne sent aussi bon que l’odeur de la victoire.
Devant lui, dans le noir, il peut apercevoir un carré doré qui scintille et parait flotter en l’air. Wesker serait presque invisible si ce n’était de ses cheveux blonds et du contour de ses fesses qui capturent le peu de lumière.
Une voix ténébreuse en provenance de cette vision fantomatique atteint ses oreilles et fait chavirer son cœur.
« Une copie. Tu croyais me baiser et t’en tirer »
Chris est assis par terre et regarde impuissant Wesker qui le domine. À partir de cet instant, avoir de l’esprit n’a plus aucune influence sur l’issue de cette rencontre.
Le jeune homme ne peut plus agir et la parole est tout ce qui lui reste. Alors, il dit simplement la vérité, car il n’y a plus rien à cacher.
« Je sais que Jill est en sûreté. Elle vient de me laisser un message » « Elle n’était pas ta prisonnière »
Ce n’était pas une question mais bien une affirmation. Chris vient de comprendre que Wesker a une fois de plus utilisé le mensonge et le chantage pour avoir le dessus.
« J’espère que de la savoir à l’abri t’aidera à endurer ce qui t’attend »
Wesker ne peut plus supporter le visage de cet homme trop fier pour s’incliner devant lui. Il s’approche de Chris et en un tour de main il le plaque au sol sur le ventre et lui écrase son pied botté dans le dos.
Dans un ballet de lambeaux verts accompagné d’une symphonie de textile qu’on déchire, le haut du corps de Chris se trouve entièrement dénudé. Puis Wesker reprend chaque morceau et les transforme en confettis qu’il fait pleuvoir dans toute la pièce.
Du haut de ses 183cm, il mitraille d’un coup d’œil la scène de destruction qui se trouve sous lui. Il incruste plus profondément sa botte sur la peau rouge du jeune homme. Grâce à ses mains aussi puissantes qu’une tronçonneuse, les bottes et pantalons sont eux aussi pulvérisés en un instant.
Ce massacre ne laisse qu’un seul endroit possible pour cacher l’objet tant convoité.
« Je vois que tu gardes toutes les choses importantes au même endroit »
Un bruit sec et le caleçon noir est divisé en deux. La puce, partiellement cachée sous la hanche de Chris, laisse échapper une lueur indiscrète. Wesker s’en empare, et c’est avec un rire animal qu’il empoigne le jeune homme par la nuque et lui maintient le visage au sol.
La joue tremblante sur le carrelage froid, Chris se bat pour dégager ses voies respiratoires. C’est avec grande peine qu’il y parvient mais aussitôt, le feu qui brûle en lui, celui qui l’aurait habituellement poussé à combattre, s’éteint. La main impitoyable de Wesker agrippe ses fesses et des doigts creusent sa peau.
Chris est pris en sandwich entre le plancher et l’homme-machine. L’uniforme de Wesker qui bouge lui gruge le dos, mais cette douleur n’est rien comparée à la peur qui le submerge lorsqu’il ne peut plus nier le fait que la dureté qui s’impose entre ses fesses n’est pas le pistolet de l’autre homme.
Les événements prennent un tournant surréel. Wesker baisse la fermeture éclair de ses pantalons en prenant soin d’égratigner avec le métal la peau sensible sur son passage. Il sort son sexe érigé qu’il positionne fermement entre les jambes de Chris. Sans plus de formalité, il le pénètre avec un mouvement lent et constant.
Un immense sourire fend son visage et le rend horriblement laid. Il fixe sans le voir le plafond pendant que le plaisir physique prend possession de son être. En ce moment, son contrôle sur Chris est total et cette pensée, combinée à la pression autour de son sexe, est suffisamment intense pour le faire venir s’il le voulait.
Sous ses mains il ressent les spasmes musculaires du jeune homme. Il peut aussi entendre des faibles plaintes qui vont de pair avec le rythme traînant de son va-et-vient.
Il enlève sa ceinture d’équipement pour être plus à l’aise et met son visage au même niveau que la tête de Chris. Pendant ces quelques instants, il est attentif aux réactions de sa victime qui a les yeux crispés et les dents serrées.
En voyant Chris souffrir et demeurer docile, il découvre que son désir de contrôle a atteint sa limite. Wesker veut beaucoup plus, il a besoin d’une nouvelle difficulté à surmonter.
Il lui effleure donc d’abord la ligne des cheveux, puis il enfonce son nez dans son cou. Il peut sentir les tremblements du jeune homme qui semblent venir de tout son être. Alors il embrasse la peau qui est sous ses lèvres et il laisse glisser sa joue jusque dans ses cheveux. Il lui embrasse ensuite l’oreille et la caresse avec sa langue.
Ces attentions ont un effet sur le jeune homme. Wesker redouble d’efforts dans ses gestes et bientôt, ce sont ses mains qui se joignent au jeu en touchant langoureusement les épaules de Chris. Ses doigts patinent sur la peau moite pour finalement se déposer autour des hanches où il s’ancre plus solidement avec son bras.
L’étreinte et les gestes pourraient aisément passer pour de la tendresse aux yeux d’un inconnu, mais Chris n’est pas dupe. Lui qui jusqu’à présent maintenait ses pensées à l’écart pour ne pas sombrer dans la folie, ne peut plus ignorer ses sensations corporelles. Il sort de son état d’apathie et remue dans tous les sens.
Voyant un début de rébellion, Wesker s’enroule plus fermement autour de lui. Sa main va rejoindre l’entrejambe de Chris et lui masse le sexe jusqu’à ce qu’il ait atteint, contre la volonté du jeune homme, sa taille maximum.
Alors ses entrées et sorties deviennent plus rapides pour se synchroniser avec les caresses faites sur la virilité de Chris. Les deux hommes sont transportés par leur excitation.
Les baisers de Wesker deviennent chaotiques et imprévisibles. Il ne sait plus très bien ce qui se trouve sous ses lèvres ou sur sa langue, car il est complètement absorbé par l’aura de l’autre homme et le plaisir charnel.
Chris, maltraité depuis le début de cette rencontre, ne comprend plus ce qui lui arrive. Son corps est déchiré entre les touchers agréables et la douleur. L’attribut de Wesker le fait souffrir, mais le reste de son corps est caressé par des mains attentives. Il pivote sa tête pour entrevoir l’expression de l’autre homme.
Une ombre obscurcit sa vision, et une bouche le prend par surprise en se glissant sur la sienne et l’embrassant passionnément. Il est entièrement consumé par les mains possessives et les baisers ardents de Wesker. Les deux hommes se perdent l’un dans l’autre et oublient les lieux qui les entourent. Des années de frustrations et de haine revivent à travers cette étreinte.
Leur souffle prend de la rapidité et toutes leurs actions gagnent en férocité. Ils s’échangent des murmures incohérents dont ils ne comprennent pas les mots exacts, mais qui prennent tout leur sens en ce moment.
Le torse du jeune homme colle sur la tuile et Wesker s’y accroche désespérément. Hanches contre fesses, leurs peaux claquent et ce bruit remplit toute la pièce. Les deux hommes, unis par le corps, se combattent sans chercher à gagner, se touchent sans effusion de sang, et partagent le même air sans vouloir se détruire.
Wesker sent son excitation s’approcher du point maximum. Il n’arrive plus à se contrôler pour retarder le moment culminant. Son membre pistonne le jeune homme de plus en plus rapidement. Ses dents se plantent dans l’épaule de Chris et ses yeux roulent dans leurs orbites.
Des cris de jouissance semblent provenir de toutes les directions et il réalise avec effroi qu’il en est la source. Wesker se tait rapidement en se plaquant la main sur la bouche.
Quelques secondes de plus et il sent le liquide traverser son membre et se répandre tout autour de lui au plus profond de Chris. Le souffle lui manque et son sang transporte dans chacune de ses veines une rivière d’ocytocine et d’endomorphines.
Chris est conscient du poids de Wesker qui retombe sur lui. Le flot chaud de l’autre homme qui coule en lui le pousse au bord du précipice. Il se concentre sur les respirations saccadées de son ex-capitaine et sur la main qui continue de s’occuper de son attribut engorgé.
La notion que son ennemi juré s’est laissé aller en lui est l’élément qui met un terme aux dernières craintes qui l’empêchaient d’abandonner le monde terrestre.
De son membre explose sa jouissance tandis que sa tête atterrit sur l’épaule de Wesker et que ses fesses se resserrent autour du sexe intrusif.
Son corps tremble de la racine des cheveux jusqu’aux orteils et Chris est incapable d’ouvrir les yeux. Ses oreilles bourdonnent et son corps est drogué par l’extase qu’il vient de connaître. Il replace son front brûlant sur le carrelage et reste immobile pour reprendre ses esprits.
Les deux hommes restent ainsi effondrés au milieu de la pièce mais pas pour bien longtemps. Quelques secondes suffisent à Wesker pour réaliser l’écart entre la position qu’il occupe et le rôle qu’il est censé jouer. Il se relève, referme la braguette de ses pantalons, et regarde autour de lui comme pour s’assurer que personne n’a été témoin de ce moment.
Chris soulève lentement les paupières et place son ex-capitaine au centre de sa vision. L’autre homme a les cheveux en bataille et ses vêtements déchirés sont tachés, mais il semble trop occupé à remettre sa ceinture en place pour s’en soucier. Lorsque leurs regards se croisent, il est impossible pour le jeune homme de prévoir le sort qui lui est réservé.
Même sans ses lunettes l’expression de Wesker reste indéchiffrable. Avec une démarche cowboy, presque obscène, il se rapproche de Chris.
Aucune pensée n’a le temps de se former dans l’esprit du jeune homme. Un froissement de matériel, un flash noir, et puis plus rien; le néant l’avale.
En ce temps de l’année, dans cette portion du globe, le crépuscule s’installe en fin d’après-midi et alourdis l’atmosphère. Il aspire les couleurs de tout ce qu’il touche et ne laisse que la grisaille sur son passage.
L’air se refroidit et le vent entre par la fenêtre en emmenant avec lui la preuve que l’hiver n’est pas terminé. L’eau ne coule plus dans les gouttières et les gouttes de pluie sur la vitre se sont changées en glace.
Chris revient à lui. Il peut sentir l’odeur d’un feu de bois et pourtant, il a aussi froid que s’il était dans un congélateur. La maison dans laquelle il se trouve doit probablement être à proximité de résidences d’agriculteurs. En ce moment, autour de lui il n’y a que de la désolation.
Il doit quitter ce taudis et rapidement. Chris arpente la demeure en décrépitude à la recherche de quelque chose pour s’habiller. Il fini par trouver une pièce remplie de boites de cartons et autres détritus. La lumière du jour a tellement faiblit qu’il n’arrive plus à distinguer clairement le contour des objets.
Des ombres sont suspendues au mur et à son grand soulagement, il s’agit d’une vieille veste de chasseur et d’une salopette de ski. Il poursuit sa fouille et découvre sous un sac d’ordures des bottes en caoutchouc.
Avec son accoutrement dépareillé il se précipite à l’extérieur en faisant presque sauter la porte de ces gongs. Évidemment Wesker est parti avec l’auto.
Chris marche sur la seule route aux alentours. À l’horizon il n’y a que des immenses champs recouverts de neige séparés par des étroites rangées d’arbres. La terre et le ciel s’accordent de par leur pâleur et leur texture poudreuse.
Avec son manteau à carreaux rouges, il est une abomination à ce paysage monochrome. Ses bottes collent à la mixture de gadoue et de neige qui recouvre la chaussée. Il avance sans savoir où la route le mène, portant sur son dos le lourd bagage de l’échec.
Soudain, les phares d’une vieille voiture américaine ravivent la scène et redonnent espoir au jeune homme. L’engin s’arrête à sa hauteur et la personne au volant lui crie par la fenêtre baissée :
« Chris! Bon sang monte! »
Aussitôt Chris assit, Jill redémarre en vitesse et continue de parler.
« J’ai retracé le signal de ton portable, mais après un instant, je l’ai perdu » « Écoute, le rendez-vous avec le type c’est un piège »
« Je sais »
« Quoi tu l’as déjà rencontré? Bon on n’a qu’à mettre la puce en sûreté. Il doit y avoir moyen de - »
« C’est trop tard »
« QUOI? Tu... QUOI? »
Jill promène compulsivement son regard de la route au visage de Chris. Maintenant qu’elle y porte attention, elle remarque que rien ne va chez son coéquipier de longue date.
« Mais qu’est-ce qui t’est arrivé? Tu as vraiment une sale gueule »
Pour seule réponse elle obtient un haussement de sourcils et un petit balancement de tête.
« Et ta joue! Qui a fait ça? »
Chris se regarde dans le rétroviseur et découvre avec horreur que Wesker lui a laissé deux messages au crayon feutre, un sur chaque joue. Sur le côté gauche, il peut y lire «Là où tout commença », et sur le droit, « Je t’y accueillerai chaleureusement ».
« Wesker... »
« Qu’est-ce qui s’est passé dans cette maison? »
« Il a tout pris... »
Jill sait qu’à chacune de leurs rencontres l’ex-capitaine est habile à redoubler d’ingéniosité dans sa cruauté et ses mesquineries. Cependant, au ton las et à l’air démoli que prend Chris, un frisson lui glace le sang.
Elle tente de cacher son trouble en se préoccupant de formalités mécaniques, comme le réglage du chauffage pour dissiper la buée qui se forme sur les vitres. Et puis elle sursaute lorsque Chris reprend la parole avec une voix d’outre-tombe.
« Le commencement... ça ne peut pas être Racoon City ni le manoir. Tout a sauté. Juste des ruines remplies de cadavres. »
Le jeune homme devient soudainement très sérieux. Les essuie-glaces s’activent sur le pare-brise comme deux métronomes qui battent le rythme de ses pensées. Son front se plisse et il mordille ses lèvres. Il fixe le vide et contracte ses mains à tel point qu’elles tournent au blanc. Ensuite, il sort de sa transe.
Peut-être le clin-d’œil fait à leur moment d’intimité se reflète-il dans son coeur et le consume en entier. Toujours est-il qu’il réussit à épargner aux yeux de Jill le spectacle de son implosion.
« L’Afrique. Il faut que j’y aille. C’est un indice »
« C’est un piège voyons! »
Chris affiche un sourire amer. Il se laisse bercer par l’autoroute cahoteuse et se baigne dans l’éclairage orange. Les événements d’aujourd’hui s’ajoutent douloureusement à la longue liste des raisons pour en finir avec Wesker. Ses efforts pour traquer son ennemi et le confronter de nouveau débuteront dès que ce véhicule qui le transporte arrivera à destination.
Chris sait que ce n’est que partie remise. Et la prochaine fois... sera la bonne.
FIN
Commentaires : Je veux remercier Madame-Aux-Lunettes-Excentriques pour avoir survécu à la correction de cette histoire, et pour m’avoir inspiré dans les moments difficiles. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. T’es la meilleure!
Pairing : Wesker/Chris
Avertissement: YAOI (homme/homme)
*****
Dans un petit bungalow vide et silencieux se dressent les quatre murs d’une chambre. La faible lumière du jour qui s’infiltre au travers des rideaux translucides vient éclairer la poussière en suspension dans l’air. L’ameublement, isolé du monde extérieur depuis bien longtemps, semble figé dans le temps.
Par la fenêtre de cette pièce, il est possible de voir deux édifices en bardeaux d’aluminium sans fenestration et des arbres nus. Depuis plusieurs mois, un épais tapis de neige recouvre tout ce coin de pays; toutefois, en ce début de printemps, il est sali par des petits grains noirs de pollution.
Depuis le lever du jour, une faible bruine et un océan de nuages gris relient le ciel à la terre.
Aujourd’hui, un homme partage la tranquillité de la maison. Il se tient debout, appuyé contre le cadrage moisi de cette fenêtre.
Sa présence en cet endroit n’est pas le fruit du hasard. Chris Redfield attend quelqu'un à qui il doit remettre une puce. Cette personne se fait attendre et le jeune homme, qui souffre d’une coupure au torse, doit faire preuve de beaucoup de patience.
Les murailles de neige qui fondent n’arrivent plus à insonoriser l’habitation aux murs mal isolés. Le murmure constant d’une autoroute à proximité parvient aux oreilles de Chris et l’hypnotise.
Tout ce qui l’entoure semble plongé dans un coma profond. Son regard se pose sur la moquette bleu cendré et il ne pense plus à rien. Ses pieds s’enracinent au plancher. Les minutes qui passent le transforment en objet inanimé.
Ses oreilles deviennent sourdes aux bruits des voitures, son menton repose sur son gilet pare-balles. La maison l’engloutit et il s’assoupit.
Le temps continue d’avancer à la même cadence, que l’on s’ennuie, que l’on dorme, ou que l’on attende quelqu'un d’important. Chris se réveille en sursaut et retrouve la chambre comme il l’avait laissée. Cependant, une personne se tient dans l’ouverture de la porte et ce n’est pas celle qu’il espérait voir.
Son passé le rattrape et les secondes passent plus vite. Son coeur résonne dans sa poitrine et son chandail lui colle un peu plus à la peau. Calmement, il ajuste sa posture et rapproche ses mains de sa ceinture d’équipement. Il se donne un air froid et dur; le combat ne sera pas facile.
« Wesker »
« Chris... »
Le premier mot fut prononcé comme un fait indiscutable, dépourvu d’émotion, tandis que le second sous-entendait un mépris profond et était aussi glacial qu’un matin de janvier.
Les deux hommes se regardent et s’évaluent mutuellement en cherchant la meilleure tactique à adopter pour sortir vainqueur de ce duel. Wesker débute la partie en s’avançant sans précipitation vers Chris, ses bras et ses mains bougeant librement à chacun de ses pas.
Le balancement de ses hanches est accentué par l’équipement qu’il porte à la taille, et ses bottes militaires font un bruit étouffé sur le tapis. Arrivé devant son adversaire, il le dévisage intensément en se permettant un petit sourire en coin prétentieux.
Ses lunettes de soleil bloquent le peu de couleurs présentes dans la pièce tout en lui permettant de concentrer son attention sur sa cible qui transpire davantage à chaque seconde.
« J’espère que cette petite sieste t’a rafraîchi »
« Qu’est-ce que tu veux? »
« Toujours aussi impatient, même après toutes ces années »
Wesker, qui avait parlé presque poliment, tend la main vers l’endroit où était appuyé Chris et y essuie un résidu visqueux et froid. Il en enduit le bout de ses doigts et l’examine à la manière d’un chercheur ayant fait une découverte.
Chris est surpris de voir des doigts pâles tachés de rouge se dresser devant lui. Il détourne brièvement le regard vers la fenêtre et y voit son sang étampé sur le mur, l’entaille qu’il s’était fait ce matin n’ayant pas cessé de saigner. Continuant de jouer avec les mots pour dissimuler son mépris, Wesker serre les dents et poursuit d’un ton venimeux:
« Christopher... très cher, nous devons avoir une discussion. Assis toi, ça pourrait être long »
Au moment où Chris allait répondre, il reçoit une gifle violente qui le projette contre le mur avec un bruit qui résonne dans toute la maison. Ses oreilles bourdonnent, un goût métallique provient de sa gorge, et c’est avec toute sa volonté qu’il réussit à rester debout.
« Je vais t’aider »
« Mfff! »
Une botte renforcée aux orteils d’un bout en acier vient frapper le jeune homme directement dans les rotules, et il s’écrase de tout son poids par terre avec une grimace de douleur. Wesker s’installe devant lui à sa hauteur en s’appuyant sur un genou et réajuste minutieusement ses lunettes fumées.
Chris, quant à lui, a le regard calculateur de celui qui ne peut pas compter sur sa force physique pour se sortir d’embarras. Il se retrouve pris au piège dans un coin de la pièce, tout en sachant que son seul espoir de se défendre serait que quelque chose crée une diversion.
Malgré la douleur physique, il maîtrise ses émotions est garde son calme. La meilleure solution est de gagner du temps en attendant qu’un événement quelconque se produise pour qu’il puisse retourner la situation à son avantage. Le jeune homme se décide à parler d’une voix grave mais tremblante :
« Je t’écoute... Parle »
« Avant tout, je veux qu’on parte sur des bases saines. Tu vas m’appeler Capitaine... comme au bon vieux temps... »
« Va te faire foutre! »
Aussitôt l’insulte prononcée, Chris reçoit un sérieux coup de poing dans l’estomac. Le souffle lui manque et du liquide gastrique lui brûle l’oesophage. Il cherche sa respiration en produisant des sons semblables à une personne qui se noie, un long filet de bave s’écoulant par sa bouche entrouverte.
Wesker le saisit brusquement par les cheveux et lui cogne la tête contre le mur. Il s’approche doucement de son oreille, lui effleure la joue du bout des doigts, et murmure en un seul souffle :
« Va te faire foutre, CAPITAINE »
Chris plisse les yeux et lui lance un regard en biais. Il est évident qu’il considère son ancien supérieur comme un désaxé tout droit sorti de l’asile.
À l’extérieur, l’air doux de cet après-midi nuageux réchauffe lentement la maison. L’eau suinte de la fenêtre et s’écoule le long du mur jusqu’à en imbiber le tapis. L’air de la pièce s’humidifie un peu et le bois de la charpente gonfle petit à petit.
Chris n’ose plus bouger et n’est qu’à quelques centimètres de son ennemi qui guette ses moindres gestes. Les planches du plafond, qui avaient pris de l’expansion, choisissent ce moment pour émettre un craquement sec et sonore. Wesker tressaille et Chris en profite pour glisser habilement ses mains sur son couteau et son pistolet.
Malheureusement pour lui, il ne trouve aucun des objets et ne peut rien faire de plus que de regarder avec horreur l’étrange sourire maladif qui se dessine sur le visage de l’autre homme.
Wesker ne peut plus cacher à présent son désir de briser celui qui se trouve devant lui, car des plis creusent son visage vieilli par les années et la rancune. La lumière bleutée, ainsi que les ombres, lui donnent l’effet de porter un maquillage théâtral, et le blond de ses cheveux se perd dans l’obscurité du contre-jour.
« Oh Chrisss! Tu es vraiment dans une sale situation »
Ces mots dits tout bas, et aussi tranchants que les dents d’une scie, atteignent Chris jusqu’au coeur. Sa gorge se ressère et ses mains deviennent froides. Wesker, toujours d’un air fiévreux, continue de déverser son poison :
« Les hommes armés jusqu’aux dents sont les plus vulnérables. Ils se mettent dans toutes sortes de situations dangereuses et il suffit de leur retirer leurs jouets pour que la partie soit terminée. » « Les hommes comme toi, par contre, sont encore plus fragiles... ils sont sentimentaux. Il faut simplement les attaquer sur ce point pour les abattre »
Chris, qui sent sa peur faire place à de la rage, lui coupe la parole:
« C’est tout ce que t’as trouvé? »
Sur un ton méchant et faussement joyeux, Wesker poursuit :
« Haha! Tu te crois encore au-dessus de tout Redfield... pauvre imbécile heureux! » « Le contact que tu attendais en dormant paisiblement travaille pour moi, et il m’a amoureusement livré Jill. » « On peut dire que ton sale caractère a déteint sur elle... Bon, assez perdu de temps et donne moi cette puce »
« Dans tes rêves salope! »
« Attention... tu oublies Jill. » « Qu’est-ce qui t’arrive? Inquiet pour ton amie? »
Chris ne réfléchit pas et crache l’écume qui s’était formée sur les côtés de sa bouche au visage de l’autre homme. Il réalise après coup que c’était un geste très juvénile qui n’aidera pas sa cause désespérée. Il reste interdit devant la tache humide qui glisse avec lenteur vers la bouche de son opposant.
Il y a un moment de silence où le seul bruit est la respiration des deux hommes qui se trouvent nez à nez. Ce bref instant de paix est interrompu lorsque le crachat atteint la bouche de Wesker et que celui-ci le lèche. Chris n’a pas le temps d’être dégoûté par ce geste, car son ex-capitaine reprend la conversation de plus bel, sa voix adoptant une tonalité dangereusement sensuelle.
« Ohh Bravecoeur, tu essaies de défendre cette petite poufiasse? Comme c’est... touchant! Tu te l’es tapée? » « Non!? Tout un exploit! »
Avec un petit rictus et un sourire coquin, il poursuit avec son souffle qui chatouille la nuque frissonnante de Chris :
« Tu t’es déjà demandé ce qu’elle faisait dans mon bureau durant ses nombreuses heures supplémentaires? Elle m’aidait avec des gros dossiers, assez longs à régler. Je regrette de ne pas avoir exigé ta collaboration »
Il prend une légère pause pour savourer la gamme d’émotions qui passe sur le visage du jeune homme, qui semble avoir oublier l’usage de la parole.
« Ses mains féminines qui déboutonnent ma chemise, qui défont ma ceinture... et toi à genoux avec tes lèvres autour de mon - »
« -la ferme!! »
Wesker ne répond pas. Il se contente de sourire légèrement et de mimer un baiser dans les airs.
En dépit d’être actuellement dans cette situation précaire, Chris ne peut s’empêcher de se sentir menotté par de vieilles émotions qu’il croyait disparues à jamais. Il sait que depuis toujours Wesker joue avec ses pensées les plus intimes et qu’aujourd’hui est l’aboutissement d’un long stratagème.
Wesker se sert de son attirance pour Jill, tout comme autrefois il avait utilisé son charisme pour masquer ses intentions de trahir l’équipe.
Avec son esprit cartésien et son manque d’empathie, il est un observateur objectif. Il possède des habiletés manipulatrices qui n’ont d’égal que son génie destructeur.
« J’ai bien pris soin d’elle avant de venir à ta rencontre. Si tu t’approches assez, tu pourras sentir son parfum sur moi »
Wesker a parlé d’un ton bas clairement audible, et Chris ne perd pas de temps pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Il lui flanque son genou dans les reins et profite du déséquilibre de l’autre homme pour se lever et le ruer de coups de pied. Rapidement, Wesker reprend le contrôle en saisissant la botte du jeune homme et en lui tournant la cheville sans toutefois la disloquer.
La douleur envahit Chris de plein fouet et force ce fervent combattant à l’état d’un simple homme que la souffrance affaiblit. Entre des grincements de dents et deux grosses inspirations, il fusille Wesker du regard du mieux qu’il le peut. Le résultat n’est pas très convainquant, ce qui semble être source de triomphe pour l’autre homme.
« Peu importe ce que tu feras, Chris, ta place sera toujours à mes pieds » « Et partout où j’irai, je sais que tu me suivras comme le parfait petit chien de poche que tu es. »
Et pour prouver ses dires, Wesker tire quelques coups secs sur le collet de son chandail. Il lui agrippe ensuite le cou durement, puis desserre son emprise et laisse la paume de sa main glisser sur sa nuque moite.
Il peut sentir le pouls irrégulier du jeune homme et les repousses de sa barbe. Il approche son visage encore plus près de l’autre et, de manière cannibale, lui dit :
« Si... vivant... si fragile. Tu sais te faire désirer! »
Chris essaie d’avaler et est conscient que sa pomme d’adam pousse contre les doigts de Wesker. Il connaît bien l’autre homme et redoute sa prochaine attaque. Contre toute attente, une main lui caresse le cou et descend à l’intérieur de son chandail pour masser la base de ses épaules.
Chris est démuni devant ces avances malsaines et comme dans un film au ralenti, il regarde le visage de son ex-capitaine devenir flou. Son corps est prêt à répondre par la violence, mais sa tête est prisonnière d’un brouillard qui s’intensifie lorsque des lèvres et un nez se posent avec force sur le côté de sa mâchoire.
Wesker se dirige vers la bouche entrouverte du jeune homme en traçant le chemin qui y mène avec le bout de sa langue. Des lèvres minces et tièdes capturent celles de Chris dans une caresse humide.
Ce dernier essaie de répliquer par un coup de tête, mais l’autre homme l’en empêche, le contrôle, et continue de s’imposer.
Wesker brise le contact et Chris remarque qu’il tient fermement le poignet de son ex-supérieur, comme s’il avait peur de perdre l’équilibre. Son emprise sur ce solide avant-bras est le reflet de son combat mental pour garder sa santé d’esprit.
Des pensées qu’aucun homme ne devrait avoir se manifestent sans qu’il ne puisse les chasser, et il sent un vent de panique s’emparer de lui. Il essaie de calmer son trouble intérieur en examinant d’un point de vue stratégique son ennemi.
Il peut voir derrière les allures manucurées de Wesker un quadragénaire narcissique. Les rides sur son visage sont celles d’un homme ayant connu de l’insatisfaction et des soucis à répétition.
Les cheveux parfaitement coiffés, la peau au teint de porcelaine, et les vêtements portés à la perfection sont des détails auxquels un être comme lui ne devrait pas s’arrêter.
Wesker n’a pas beaucoup changé physiquement depuis l’incident du manoir, mais Chris sait qu’il n’est plus que le fantôme de lui-même. Le virus l’a totalement déshumanisé, et si l’ex-capitaine semble encore s’attarder à des futilités esthétiques, c’est que son esprit doit obéir aux souvenirs de son passé à la manière d’un robot programmé par l’homme.
Chris porte ensuite son attention sur la chemise bleu marine que porte Wesker. Le matériel robuste cadre parfaitement avec sa physionomie taillée au couteau. Il fut un temps où cet imposteur portait quotidiennement un uniforme similaire avec ce qui lui semblait être de la fierté.
Il sait maintenant que tout cela n’était qu’un tissu de mensonges et que ce qui étaient autrefois des occasions pour lui de prouver son dévouement à son capitaine, n’étaient en réalité que des mises en scènes montées par cette personne sans scrupule.
Puis, les yeux de Chris, s’arrêtent au niveau du deltoïde sur l’insigne des STARS et l’indignation lui transperce la poitrine. Comment cet homme ose-t-il encore porter ce vêtement?
C’est l’étincelle qui le fait exploser et il perd la raison. Un immense chaos bruyant le pousse à agir.
Avant qu’il ne puisse réaliser ce qu’il est en train de faire, il se jette sur le traître et commence à lui arracher sa chemise. Ses mains se faufilent dans les replis du vêtement comme des serpents qui enlacent leur proie.
En postillonnant et en criant des mots incohérents, il tire sur le devant du tissu et fait sauter presque tous les boutons. Il veut faire payer Wesker pour tout le mal qu’il a causé par le passé, pour celui qu’il fera certainement dans le futur, et pour l’avoir humilié il y a quelques instants.
L’autre homme ne se laisse pas faire et lui étampe fermement sa main en plein milieu du visage. Chris est possédé par sa passion destructrice. Il se moque de la douleur qu’il a au nez et du sang qui lui remplit les sinus et lui coule dans la bouche.
Son visage est rouge de colère et d’émotions refoulées depuis longtemps. Il lui envoie un puissant crochet du droit sur la tempe et fait voler ses lunettes en éclats.
Wesker s’en remet vite et contemple Chris avec des yeux meurtriers. Légèrement échevelé, il s’approche de sa proie son torse pâle visible sous les restes de son vêtement et parsemé d’égratignures.
Voyant deux orbites jaune-orange le dévorer, le jeune homme se relève. Les restes d’un passé douloureux le quittent et la réalité du présent le rejoint. Wesker n’est plus humain et Chris n’est pas de taille à l’affronter à mains nues. Il respire donc profondément, prend ses jambes à son cou et se met à courir comme si le diable était à ses trousses.
Il se précipite dans le couloir étroit et sombre en se frappant les épaules contre les murs. L’urgence du moment lui serre l’estomac et rend difficile le contrôle de sa direction. Ses pieds sont étrangement très légers et bougent presque d’eux-mêmes. La cuisine est la seule pièce éclairée qu’il rencontre et elle lui parait être une sortie possible.
Chris entre en trombe, ses bottes crissant sur la céramique. Il se plante le coin du comptoir dans la cuisse et aperçoit la fenêtre au-dessus de l’évier qui est brisé. Il voudrait s’y lancer, mais Wesker est derrière lui.
Il fonce tête première sur une porte battante juste à temps pour éviter son assaillant. Chris aboutit dans la salle à dîner délabrée, enjambe la table et retourne dans le couloir, mais Wesker, plus rapide que lui, l’a devancé.
Sa seule issue est la fenêtre fracassée. Tout se passe très vite. L’adrénaline qui s’est accumulée dans ses veines lui donne l’impression d’avoir des ailes. Ses jambes le portent jusque dans la cuisine et en un bond, il se retrouve le corps en travers de l’ouverture.
Une main de fer vient mettre un terme à sa fuite et le tire d’un trait à l’intérieur. Au passage, Chris se cogne le devant du crâne sur le robinet en fonte.
Il se trouve prisonnier d’un tourbillon lumineux et ne sait plus où est le haut ni le bas. La nausée s’empare de lui et il prend sa tête entre ses mains dans l’espoir que ce mauvais tour de manège cesse. Sa vision se stabilise et il cligne des paupières pour dissiper l’excédent de larmes.
Il voit autour de lui des portes d’armoires qui jonchent le sol, certaines sont retenues par des pentures rouillées. Les comptoirs et le plancher sont recouverts de céramique jaunie décollée à certains endroits. Partout où il regarde, il n’y a que de la vieille peinture beige. Wesker se penche sur Chris et lui parle d’un ton dur et formel :
« Donne-la moi! »
Chris ne répond pas et continue de l’ignorer en fixant le plafond.
« Comme tu veux »
Sans cérémonie, il ouvre le gilet pare-balles du jeune homme ainsi que sa chemise et son chandail en les déchirant, comme si c’était des feuilles de papier, et il s’installe sur ses hanches en le chevauchant pour le maintenir au sol.
Chris pousse un cri de surprise. Des mains gantées aux doigts nus fouillent les moindres recoins de ses vêtements tandis que des avant-bras effleurent involontairement son torse et son ventre. Son corps se couvre de frissons et il a la chair-de-poule.
Une étrange sensation le parcoure de la tête aux pieds. La pression, les mouvements de bassin et la chaleur de Wesker assis sur lui entourent ses cuisses et le pénètrent jusqu’aux os.
Son ex-capitaine, malgré le virus qui gouverne son corps et son esprit, est bien vivant. Chris peut le voir cligner des yeux et respirer. Il remarque aussi une odeur de savon.
Si Wesker, tout aussi puissant qu’il l’est devenu, ne peut échapper totalement aux limites de son corps d’homme, Chris a la conviction qu’il est possible pour lui de jouer sur ce point.
Il essaie encore de se débattre, mais plus il bouge, plus les jambes de l’autre homme le serrent. Il fait une dernière tentative avec ses poings, mais ils sont rapidement immobilisés sur sa poitrine.
Wesker continue de fouiller les vêtements de Chris en utilisant davantage de force, exaspéré qu’il est de ne pas trouver ce qu’il cherche. Il pourrait étrangler le jeune homme avec une seule main et en être débarrassé en quelques secondes. Combien de fois a-t-il imaginé voir la mort blanchir son visage et effacer cet air combattant plein de franchise?
Wesker ne supporte pas Chris, ce n’est donc ni par pitié ni par considération qu’il ne lui brise pas la nuque, c’est en fait par utilité. Facilement manipulable et tenace, il est le cobaye parfait pour trouver les failles dans ses plans.
Il ne se gêne pas pour frapper allègrement le jeune homme à l’abdomen. Il lui saisit même la peau de l’épaule si fermement qu’elle commence à saigner. Malgré tout, depuis quelques instants, une paire de yeux brun-vert le fixe.
Wesker gifle Chris à plusieurs reprises, mais jamais ses deux orbites ne regardent ailleurs. L’arcade sourcilière droite du jeune homme enfle énormément, une coupure sous son œil gauche laisse un filet de sang s’échapper et ses lèvres sont fendues, mais toujours Wesker est l’objet de sa fixation.
Chris aperçoit, derrière les yeux de reptiles et la façade pleine de méchanceté, l’ancien Wesker, celui qu’il croyait connaître. Les mouvements précis, la musculature, la senteur et la voix. Il peut sentir l’homme au cœur de la machine de guerre.
Chris, en fermant les yeux, se souvient du soleil écrasant qui étouffait le poste de police quelques jours avant que tout ne chavire. Même si la fouille de Wesker est loin d’être tendre, Chris s’y résigne. Il aimerait pouvoir revenir en arrière.
Après quelques secondes, il entend un bruit de velcro qui s’arrache et Wesker pousse une exclamation. Il ouvre les yeux et son champ de vision est entièrement occupé par l’imposante silhouette de l’autre homme.
« Pas très inventif Chris, j’aurais imaginé que tu l’aurais cachée à un endroit plus sécuritaire... le meilleur de ton groupe hein? Pas surprenant que presque tous les autres soient morts » « Ils étaient trop stupides pour survivre, il faut que tu arrêtes de me blâmer pour ça. »
« Ton tour va venir salaud, je vais te faire payer pour chacun d’eux »
« Oh mais j’espère bien, nos rencontres sont intéressantes. Dominer le monde peut devenir routinier, j’ai besoin d’une distraction »
« T’es qu’un putain de malade »
Maintenant qu’il a ce qu’il veut, Wesker ne lui accorde plus d’attention. Il se relève rapidement et se dirige vers le corridor plongé dans la pénombre.
Chris peut sentir le plancher vibrer à chacun de ses pas. Il se redresse en s’appuyant sur ses coudes et essaie de reprendre un semblant de contrôle. Il remarque que la lumière de son cellulaire clignote. Il n’y a qu’une seule personne qui connaît ce numéro.
Un sourire traverse ses lèvres fendues et quelques gouttes de sang rougissent ses dents. Il laisse la senteur de bois moisi lui pénétrer les narines et remplir ses poumons. Rien ne sent aussi bon que l’odeur de la victoire.
Devant lui, dans le noir, il peut apercevoir un carré doré qui scintille et parait flotter en l’air. Wesker serait presque invisible si ce n’était de ses cheveux blonds et du contour de ses fesses qui capturent le peu de lumière.
Une voix ténébreuse en provenance de cette vision fantomatique atteint ses oreilles et fait chavirer son cœur.
« Une copie. Tu croyais me baiser et t’en tirer »
Chris est assis par terre et regarde impuissant Wesker qui le domine. À partir de cet instant, avoir de l’esprit n’a plus aucune influence sur l’issue de cette rencontre.
Le jeune homme ne peut plus agir et la parole est tout ce qui lui reste. Alors, il dit simplement la vérité, car il n’y a plus rien à cacher.
« Je sais que Jill est en sûreté. Elle vient de me laisser un message » « Elle n’était pas ta prisonnière »
Ce n’était pas une question mais bien une affirmation. Chris vient de comprendre que Wesker a une fois de plus utilisé le mensonge et le chantage pour avoir le dessus.
« J’espère que de la savoir à l’abri t’aidera à endurer ce qui t’attend »
Wesker ne peut plus supporter le visage de cet homme trop fier pour s’incliner devant lui. Il s’approche de Chris et en un tour de main il le plaque au sol sur le ventre et lui écrase son pied botté dans le dos.
Dans un ballet de lambeaux verts accompagné d’une symphonie de textile qu’on déchire, le haut du corps de Chris se trouve entièrement dénudé. Puis Wesker reprend chaque morceau et les transforme en confettis qu’il fait pleuvoir dans toute la pièce.
Du haut de ses 183cm, il mitraille d’un coup d’œil la scène de destruction qui se trouve sous lui. Il incruste plus profondément sa botte sur la peau rouge du jeune homme. Grâce à ses mains aussi puissantes qu’une tronçonneuse, les bottes et pantalons sont eux aussi pulvérisés en un instant.
Ce massacre ne laisse qu’un seul endroit possible pour cacher l’objet tant convoité.
« Je vois que tu gardes toutes les choses importantes au même endroit »
Un bruit sec et le caleçon noir est divisé en deux. La puce, partiellement cachée sous la hanche de Chris, laisse échapper une lueur indiscrète. Wesker s’en empare, et c’est avec un rire animal qu’il empoigne le jeune homme par la nuque et lui maintient le visage au sol.
La joue tremblante sur le carrelage froid, Chris se bat pour dégager ses voies respiratoires. C’est avec grande peine qu’il y parvient mais aussitôt, le feu qui brûle en lui, celui qui l’aurait habituellement poussé à combattre, s’éteint. La main impitoyable de Wesker agrippe ses fesses et des doigts creusent sa peau.
Chris est pris en sandwich entre le plancher et l’homme-machine. L’uniforme de Wesker qui bouge lui gruge le dos, mais cette douleur n’est rien comparée à la peur qui le submerge lorsqu’il ne peut plus nier le fait que la dureté qui s’impose entre ses fesses n’est pas le pistolet de l’autre homme.
Les événements prennent un tournant surréel. Wesker baisse la fermeture éclair de ses pantalons en prenant soin d’égratigner avec le métal la peau sensible sur son passage. Il sort son sexe érigé qu’il positionne fermement entre les jambes de Chris. Sans plus de formalité, il le pénètre avec un mouvement lent et constant.
Un immense sourire fend son visage et le rend horriblement laid. Il fixe sans le voir le plafond pendant que le plaisir physique prend possession de son être. En ce moment, son contrôle sur Chris est total et cette pensée, combinée à la pression autour de son sexe, est suffisamment intense pour le faire venir s’il le voulait.
Sous ses mains il ressent les spasmes musculaires du jeune homme. Il peut aussi entendre des faibles plaintes qui vont de pair avec le rythme traînant de son va-et-vient.
Il enlève sa ceinture d’équipement pour être plus à l’aise et met son visage au même niveau que la tête de Chris. Pendant ces quelques instants, il est attentif aux réactions de sa victime qui a les yeux crispés et les dents serrées.
En voyant Chris souffrir et demeurer docile, il découvre que son désir de contrôle a atteint sa limite. Wesker veut beaucoup plus, il a besoin d’une nouvelle difficulté à surmonter.
Il lui effleure donc d’abord la ligne des cheveux, puis il enfonce son nez dans son cou. Il peut sentir les tremblements du jeune homme qui semblent venir de tout son être. Alors il embrasse la peau qui est sous ses lèvres et il laisse glisser sa joue jusque dans ses cheveux. Il lui embrasse ensuite l’oreille et la caresse avec sa langue.
Ces attentions ont un effet sur le jeune homme. Wesker redouble d’efforts dans ses gestes et bientôt, ce sont ses mains qui se joignent au jeu en touchant langoureusement les épaules de Chris. Ses doigts patinent sur la peau moite pour finalement se déposer autour des hanches où il s’ancre plus solidement avec son bras.
L’étreinte et les gestes pourraient aisément passer pour de la tendresse aux yeux d’un inconnu, mais Chris n’est pas dupe. Lui qui jusqu’à présent maintenait ses pensées à l’écart pour ne pas sombrer dans la folie, ne peut plus ignorer ses sensations corporelles. Il sort de son état d’apathie et remue dans tous les sens.
Voyant un début de rébellion, Wesker s’enroule plus fermement autour de lui. Sa main va rejoindre l’entrejambe de Chris et lui masse le sexe jusqu’à ce qu’il ait atteint, contre la volonté du jeune homme, sa taille maximum.
Alors ses entrées et sorties deviennent plus rapides pour se synchroniser avec les caresses faites sur la virilité de Chris. Les deux hommes sont transportés par leur excitation.
Les baisers de Wesker deviennent chaotiques et imprévisibles. Il ne sait plus très bien ce qui se trouve sous ses lèvres ou sur sa langue, car il est complètement absorbé par l’aura de l’autre homme et le plaisir charnel.
Chris, maltraité depuis le début de cette rencontre, ne comprend plus ce qui lui arrive. Son corps est déchiré entre les touchers agréables et la douleur. L’attribut de Wesker le fait souffrir, mais le reste de son corps est caressé par des mains attentives. Il pivote sa tête pour entrevoir l’expression de l’autre homme.
Une ombre obscurcit sa vision, et une bouche le prend par surprise en se glissant sur la sienne et l’embrassant passionnément. Il est entièrement consumé par les mains possessives et les baisers ardents de Wesker. Les deux hommes se perdent l’un dans l’autre et oublient les lieux qui les entourent. Des années de frustrations et de haine revivent à travers cette étreinte.
Leur souffle prend de la rapidité et toutes leurs actions gagnent en férocité. Ils s’échangent des murmures incohérents dont ils ne comprennent pas les mots exacts, mais qui prennent tout leur sens en ce moment.
Le torse du jeune homme colle sur la tuile et Wesker s’y accroche désespérément. Hanches contre fesses, leurs peaux claquent et ce bruit remplit toute la pièce. Les deux hommes, unis par le corps, se combattent sans chercher à gagner, se touchent sans effusion de sang, et partagent le même air sans vouloir se détruire.
Wesker sent son excitation s’approcher du point maximum. Il n’arrive plus à se contrôler pour retarder le moment culminant. Son membre pistonne le jeune homme de plus en plus rapidement. Ses dents se plantent dans l’épaule de Chris et ses yeux roulent dans leurs orbites.
Des cris de jouissance semblent provenir de toutes les directions et il réalise avec effroi qu’il en est la source. Wesker se tait rapidement en se plaquant la main sur la bouche.
Quelques secondes de plus et il sent le liquide traverser son membre et se répandre tout autour de lui au plus profond de Chris. Le souffle lui manque et son sang transporte dans chacune de ses veines une rivière d’ocytocine et d’endomorphines.
Chris est conscient du poids de Wesker qui retombe sur lui. Le flot chaud de l’autre homme qui coule en lui le pousse au bord du précipice. Il se concentre sur les respirations saccadées de son ex-capitaine et sur la main qui continue de s’occuper de son attribut engorgé.
La notion que son ennemi juré s’est laissé aller en lui est l’élément qui met un terme aux dernières craintes qui l’empêchaient d’abandonner le monde terrestre.
De son membre explose sa jouissance tandis que sa tête atterrit sur l’épaule de Wesker et que ses fesses se resserrent autour du sexe intrusif.
Son corps tremble de la racine des cheveux jusqu’aux orteils et Chris est incapable d’ouvrir les yeux. Ses oreilles bourdonnent et son corps est drogué par l’extase qu’il vient de connaître. Il replace son front brûlant sur le carrelage et reste immobile pour reprendre ses esprits.
Les deux hommes restent ainsi effondrés au milieu de la pièce mais pas pour bien longtemps. Quelques secondes suffisent à Wesker pour réaliser l’écart entre la position qu’il occupe et le rôle qu’il est censé jouer. Il se relève, referme la braguette de ses pantalons, et regarde autour de lui comme pour s’assurer que personne n’a été témoin de ce moment.
Chris soulève lentement les paupières et place son ex-capitaine au centre de sa vision. L’autre homme a les cheveux en bataille et ses vêtements déchirés sont tachés, mais il semble trop occupé à remettre sa ceinture en place pour s’en soucier. Lorsque leurs regards se croisent, il est impossible pour le jeune homme de prévoir le sort qui lui est réservé.
Même sans ses lunettes l’expression de Wesker reste indéchiffrable. Avec une démarche cowboy, presque obscène, il se rapproche de Chris.
Aucune pensée n’a le temps de se former dans l’esprit du jeune homme. Un froissement de matériel, un flash noir, et puis plus rien; le néant l’avale.
En ce temps de l’année, dans cette portion du globe, le crépuscule s’installe en fin d’après-midi et alourdis l’atmosphère. Il aspire les couleurs de tout ce qu’il touche et ne laisse que la grisaille sur son passage.
L’air se refroidit et le vent entre par la fenêtre en emmenant avec lui la preuve que l’hiver n’est pas terminé. L’eau ne coule plus dans les gouttières et les gouttes de pluie sur la vitre se sont changées en glace.
Chris revient à lui. Il peut sentir l’odeur d’un feu de bois et pourtant, il a aussi froid que s’il était dans un congélateur. La maison dans laquelle il se trouve doit probablement être à proximité de résidences d’agriculteurs. En ce moment, autour de lui il n’y a que de la désolation.
Il doit quitter ce taudis et rapidement. Chris arpente la demeure en décrépitude à la recherche de quelque chose pour s’habiller. Il fini par trouver une pièce remplie de boites de cartons et autres détritus. La lumière du jour a tellement faiblit qu’il n’arrive plus à distinguer clairement le contour des objets.
Des ombres sont suspendues au mur et à son grand soulagement, il s’agit d’une vieille veste de chasseur et d’une salopette de ski. Il poursuit sa fouille et découvre sous un sac d’ordures des bottes en caoutchouc.
Avec son accoutrement dépareillé il se précipite à l’extérieur en faisant presque sauter la porte de ces gongs. Évidemment Wesker est parti avec l’auto.
Chris marche sur la seule route aux alentours. À l’horizon il n’y a que des immenses champs recouverts de neige séparés par des étroites rangées d’arbres. La terre et le ciel s’accordent de par leur pâleur et leur texture poudreuse.
Avec son manteau à carreaux rouges, il est une abomination à ce paysage monochrome. Ses bottes collent à la mixture de gadoue et de neige qui recouvre la chaussée. Il avance sans savoir où la route le mène, portant sur son dos le lourd bagage de l’échec.
Soudain, les phares d’une vieille voiture américaine ravivent la scène et redonnent espoir au jeune homme. L’engin s’arrête à sa hauteur et la personne au volant lui crie par la fenêtre baissée :
« Chris! Bon sang monte! »
Aussitôt Chris assit, Jill redémarre en vitesse et continue de parler.
« J’ai retracé le signal de ton portable, mais après un instant, je l’ai perdu » « Écoute, le rendez-vous avec le type c’est un piège »
« Je sais »
« Quoi tu l’as déjà rencontré? Bon on n’a qu’à mettre la puce en sûreté. Il doit y avoir moyen de - »
« C’est trop tard »
« QUOI? Tu... QUOI? »
Jill promène compulsivement son regard de la route au visage de Chris. Maintenant qu’elle y porte attention, elle remarque que rien ne va chez son coéquipier de longue date.
« Mais qu’est-ce qui t’est arrivé? Tu as vraiment une sale gueule »
Pour seule réponse elle obtient un haussement de sourcils et un petit balancement de tête.
« Et ta joue! Qui a fait ça? »
Chris se regarde dans le rétroviseur et découvre avec horreur que Wesker lui a laissé deux messages au crayon feutre, un sur chaque joue. Sur le côté gauche, il peut y lire «Là où tout commença », et sur le droit, « Je t’y accueillerai chaleureusement ».
« Wesker... »
« Qu’est-ce qui s’est passé dans cette maison? »
« Il a tout pris... »
Jill sait qu’à chacune de leurs rencontres l’ex-capitaine est habile à redoubler d’ingéniosité dans sa cruauté et ses mesquineries. Cependant, au ton las et à l’air démoli que prend Chris, un frisson lui glace le sang.
Elle tente de cacher son trouble en se préoccupant de formalités mécaniques, comme le réglage du chauffage pour dissiper la buée qui se forme sur les vitres. Et puis elle sursaute lorsque Chris reprend la parole avec une voix d’outre-tombe.
« Le commencement... ça ne peut pas être Racoon City ni le manoir. Tout a sauté. Juste des ruines remplies de cadavres. »
Le jeune homme devient soudainement très sérieux. Les essuie-glaces s’activent sur le pare-brise comme deux métronomes qui battent le rythme de ses pensées. Son front se plisse et il mordille ses lèvres. Il fixe le vide et contracte ses mains à tel point qu’elles tournent au blanc. Ensuite, il sort de sa transe.
Peut-être le clin-d’œil fait à leur moment d’intimité se reflète-il dans son coeur et le consume en entier. Toujours est-il qu’il réussit à épargner aux yeux de Jill le spectacle de son implosion.
« L’Afrique. Il faut que j’y aille. C’est un indice »
« C’est un piège voyons! »
Chris affiche un sourire amer. Il se laisse bercer par l’autoroute cahoteuse et se baigne dans l’éclairage orange. Les événements d’aujourd’hui s’ajoutent douloureusement à la longue liste des raisons pour en finir avec Wesker. Ses efforts pour traquer son ennemi et le confronter de nouveau débuteront dès que ce véhicule qui le transporte arrivera à destination.
Chris sait que ce n’est que partie remise. Et la prochaine fois... sera la bonne.
FIN
Commentaires : Je veux remercier Madame-Aux-Lunettes-Excentriques pour avoir survécu à la correction de cette histoire, et pour m’avoir inspiré dans les moments difficiles. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. T’es la meilleure!